eJournals Vox Romanica 55/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1996
551 Kristol De Stefani

HUON DE MÉRY, Le Tournai de l'Antéchrist, texte etabli par GEORG WIMMER, présente, traduit et annoté par STEPHANIE ORGEUR, Orléans (Paradigme) 1994 (Medievalia 13)

121
1996
R. Trachsler
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296 Besprechungen - Comptes rendus temoin supplementaire etait susceptible de modifier completement le visage du Dolopathos frans;ais, auquel Y. Foehr-Janssens consacre la moitie de son ouvrage. La superiorite de ce manuscrit est d'ailleurs indiscutable puisqu'il sert de manuscrit de base ala nouvelle edition qui est en preparation pour ! es SATF (cf. J.-L. LECLANCHE, «La dedicace d'Herbert, auteur du Dolopathos en vers frans;ais, aLouis vrn», Romania 111 [1990]: 563-69). Telles qu'e! les sont, ! es pages de l'Appendice 3 ne sont malheureusement pas tellement utiles, parce qu'elles ne peuvent pas etre utilisees seules. Les donnees sont ou bien trop incmnpletes ou acontr6ler (meme ! es cotes des manuscrits ont ete recopiees sans verification, on lit encore «British Museum» au lieu de «British Library» et on trouve encore, pour Je manuscrit de Turin, la cote Bibi. Naz. 1650 au lieu de l'usuel L. III. 8). 11 est dommage que l'auteur n'ait pas consacre un peu plus de temps ala revision de cette partie bibliographique et documentaire avant de la mettre ala disposition du lecteur. Nous aurions ainsi un instrument de travail de premier ordre en plus d'un commentaire fin et intelligent des Sept Sages. Le present livre est neanmoins du plus grand interet non seulement pour ceux qui souhaitent approcher une reuvre medievale difficile, mais aussi pour tous ceux qui travaillent sur la litterature narrative du Moyen Age en general, dont ! es Sept Sages explorent, comme le montre brillamment Y. Foehr-Janssens, une (autre) voie. R. Trachsler * HuoN DE MERY, Le Tournai de l'Antechrist, texte etabli par GEORG WIMMER, presente, traduit et annote par STEPHANIE 0RGEUR, Orleans (Paradigme) 1994 (Medievalia 13) Le Tournoiement Antechrist d'Huon de Mery est un roman allegorique en vers, dont on a l'habitude de situer Ja composition vers 1250. Pour les historiens de la litterature, le texte est interessant surtout parce qu'il melange adroitement plusieurs traditions litteraires, alliant roman arthurien et poeme allegorique. S'y affrontent, dans un grand tournoi allegorique, ! es forces du Bien, assistees de quelques personnages arthuriens, et les troupes de ! 'Antechrist. Un narrateur explicite, qui pretend avoir assiste ala joute, fournit le recitcadre, ou le lecteur apprend ! es deboires amoureux suivis de la conversion finale du narrateur, qui se retire al'eglise Saint Germein I Des Prez, lez ! es murs de Paris (v. 3520s.). On ne fera jamais la part de l'ironie et de la sincerite de ces affirmations, mais on peut raisonnablement supposer que Hugon de Meri (v. 3526), sur lequel on ne sait que ce qu'il dit lui-meme dans son roman, ne plaisante pas quand il dit qu'il a suivi, pour sa composition, deux modeles: Raoul de Houdenc et Chretien de Troyes. Depuis longtemps ! es chercheurs ont en effet mis en evidence atravers cette double dette d'Huon de Mery a l'egard de ses predecesseurs tout un reseau d'allusions ludiques notamment a Yvain et au Sange d'Enfer. Bref, il ne fait pas de doute que le Tournoiement Antechrist meritait d'etre tire des oubliettes de l'histoire litteraire pour etre presente aun plus vaste public. C'est ce a quoi s'attache Je travail de Stephanie Orgeur, qui fournit au lecteur une introduction (p. 7-45), permettant au novice de situer le texte dans Ja tradition litteraire de son temps, ainsi qu'une traduction (Je texte de l'edition Wimmer est imprime en regard) accompagnee de notes d'ordre philologique, historique ou litteraire visant aassurer la comprehension du texte. Un index des noms propres (p.263-80), un autre recensant des «references bibliques» (p. 281-86) ainsi qu'une bibliographie (p. 287-92) suivent la traduction. Le tout est plut6t reussi et agreable alire, bien que la presentation soit par endroits un peu scolaire. La traduction me semble, compte tenu des difficultes du texte, meme excellente. Deux remarques seulement apropos de ces notes qui accompagnent la traduction. C'est bien connu: il en va des notes un peu comme il en va d'un glossaire. Le lecteur n'y trouve Besprechungen - Comptes rendus 297 jamais ce qu'il y cherche, mais toujours ce qu'il sait deja. Je me contenterai donc d'evoquer un probleme general ainsi qu'un passage qui peut etre important pour l'histoire litteraire. Qu'un ouvrage soit destine aun public de specialistes ou ades lecteurs occasionnels, une note, me semble-t-il, doit permettre deux choses: comprendre un passage donne et, eventuellement, remonter aJa source de l'information pour ceux qui desirent entreprendre une recherche plus ample. Exemplaire acet egard est la N55, oll Stephanie Orgeur ne nous apprend pas seulement quelles etaient les fonctions du chambrier, mais aussi oll nous pouvons nous renseigner sur celles-ci. Malheureusement, Ja plupart des notes sont depourvues de renvoi bibliographique, ce qui est fort dommage, car souvent le contenu des notes est plutöt allechant (cf. par exemple N45, 67, 109, 153). Particulierement dangereuses par l'absence de «contextualisation» sont ! es «explications symboliques» fournies apropos des couleurs contenues dans ! es nombreux ecus. En general, Stephanie Orgeur donne une citation tiree d'une etude de Michel Pastoureau, grand specialiste en la matiere, mais sans indiquer la source precise. Peut-etre aurait-on du eviter certaines generalisations et prendre davantage en consideration le contexte de ses conclusions, qui se fondent le plus souvent sur des etudes ponctuelles: ainsi, M. Pastoureau est cite (N99) apropos de l'escu plein d'Omicides (v. 938): «l'absence de figure, rarissime en heraldique veritable, souligne l'inacheve, l'inquietant, ! 'anormal». Cette note, sans produire de contresens, est beaucoup trop elliptique: l'absence de toute figure empechant precisement l'identification du personnage, elle est bien entendu rare dans la realite. En heraldique imaginaire par contre, en particulier dans ! es romans arthuriens, ce trait est frequent, puisqu'il peut servir de ressort narratif lorsque ! es heros conservent de la sorte l'incognito. L'«effet de sens» reside donc dans l'ecart entre Ja realite et la situation mise en scene dans une reuvre litteraire, il n'y a pas, a priori, de valorisation de l'ecu plein, c'est juste un ecu «hors normes», ce qui, en effet, pour Omicides, va bien. J'en arrive maintenant au detail qui pourrait interesser les historiens de la litterature. A propos de l'ecu de Felonie Oll rampoit Bruns sans pitie (v. 704), on trouve Ja N85, presentee sous forme d'interrogation: «L'ours du Roman de Renart, ou Brun de la Montagne, le geant? ». En d'autres termes, s'agit-il d'un personnage arthurien ou d'un personnage venu du Roman de Renart? Stephanie Orgeur n'est pas la premiere as'interroger sur ce point. KEITH BusBY dans un article cite en bibliographie («Plagiarism and Poetry in the Tournoiement Antechrist of Huon de Mery», NM 84 [1983]: 505-21) a rejete l'hypothese heraldique (Brun = ours) et a propose d'identifier Bruns sans pitie au personnage homonyme du Tristan en prose. Selon lui, en effet, Huon de Mery connaissait le Tristan en prose (ce dont je ne doute d'ailleurs pas), comme le prouverait aussi le passage suivant, Oll Omicides est compare a Gauvain: De ces genz, qui erent venues, I Ert omicides li plus cointes ... I Gaugains, qui fu filz le roi Lot, I N'ot pas tant abatu ne pris (v. 930s., 934s.). Selon le critique anglais, cette caracterisation negative du neveu d'Arthur ne se trouve pas avant Je Tristan en prose. En realite, FAITH LYONS, dans un article egalement cite en bibliographie, («Huon de Mery's Tournoiement d'Antechrist and the Queste del Saint Graal», FSt. VI [1952]: 213-18) s'est dejaappuyee sur ces memes vers pour montrer l'influence de Ja Quete, qui parle en effet d'un Gauvain assassin, sur Huon. Mais quand on lit sans parti pris ! es vers de Huon, on se rend campte que la comparaison ne porte pas sur les deux personnages, mais sur la quantite d'adversaires que l'un (Omicides) a tues et l'autre (Gauvain) renverses. Je ne vois pas le noircissement de Gauvain typique des romans arthuriens en prose. D'apres moi, c'est MAx PRINET, lui aussi cite en bibliographie, («Le Langage heraldique dans le Tournoiement Antechrist», Bibliotheque de l'Ecole des Chartes 83 [1922): 43-53) qui a vu juste: Bruns sans pitie designe l'ours. A plusieurs reprises, Huon de Mery designe en effet les figures apparaissant dans les armoiries par les noms que leur donne Je Roman de Renart: on trouve ainsi Noble (v.616, absent de l'index des noms propres, pour le lion), et Raus mastin rechignie (v.703, renvoie sans doute aRoenel le 298 Besprechungen - Comptes rendus mastin, Roenau le rechignie (ed. MARTIN, v.924, v.1127). Moins probant est le troisieme exemple cite par Prinet, a savoir Couardise (v.1186, absent de l'index) qui porte un lievre (Couard) dans son ecu. Vue sous cet angle, la note de la traductrice peut paraitre un peu cavaliere. En ce qui concerne la bibliographie, complete et soignee, on peut juste relever que l'ed. Lebesgue du Sange d'Enfer de Raoul de Houdenc et l'ed.Michelant du Roman des Eles du meme auteur, toutes deux plus que centenaires, ont ete avantageusement remplacees par celle de M.T.MIHM en 1984, pour le Sange, et celle de K. BusBY, en 1983, pour le Roman des Eles. Je voudrais maintenant aborder un probleme plus epineux et examiner le texte qui a servi de base a la traduction de Stephanie Orgeur. D'apres la page de titre, c'est l'edition Wimmer, et a priori, c'est le bon choix. Le Tournoiement Antechrist a ete edite trois fois: en 1851, par PROSPER TARBE, en 1888 par GEORG WIMMER (Marburg [Ausgaben und Abhandlungen 76]) et en 1976 par MARGARET 0. BENDER (University of Mississipi [Romance Monographs 17]). Comme il ne pouvait evidemment etre question de baser une traduction sur l'edition Tarbe, il fallait trancher entre celle de Wimmer et celle de Bender. Or cette derniere a rer,:u des comptes rendus fort defavorables (voir, entre autres, JEAN- CHARLES PAYEN, MA 84 [1978]: 353-56; GILLES ROQUES, ZRPh. 95 [1979]: 527-29, J. KEITH ATKINSON, Cahiers de Civilisation Medievale 26 [1983]: 170-72) et notamment celui de . Jean-Charles Payen a scelle son sort. A cause de multiples erreurs de transcription et d'inexactitudes en tous genres, elle a ete unanimement declaree inutilisable pour tout travail scientifique. Dans le Bossuat (Troisieme Supplement, n ° 5877) on lit la mention laconique: «edition tres mediocre ne remplar,:ant pas celle de Wimmer» et la nouvelle edition du Dictionnaire des Lettres Fram; aises du Mayen Age recommande sechement (p.708): «lui preferer Ja precedente», a savoir celle de Wimmer. C'est ce que fait donc Stephanie Orgeur, qui donne en regard de sa traduction Je texte de l'edition allemande. Or, celle-ci, bien que fort meritoire pour son temps, n'est pas non plus exempte de defauts. C'est ce qu'a remarque aussi la traductrice, qui recourt alors, pour etablir un texte intelligible, a «celle des variantes toutes recensees par Georg Wimmer qu'a choisie Margaret 0. Bender dans son edition de 1976» (p.12). Stephanie Orgeur justifie alors son intervention dans une note. Souvent elle a d'ailleurs reussi a ameliorer J'edition Wimmer en modifiant simplement Ja ponctuation ou Je decoupage des mots. Ces cas-la sont egalement opportunement signales par une typographie particuliere. La traductrice a donc pris toutes ! es precautions necessaires avant de se mettre au travail. Aussi les remarques que je m'apprete a faire s'adressent-elles plutöt a la maison d'edition qui entreprend, a travers sa collection Medievalia, «de diffuser, comme l'indique le quatrieme de couverture, sous forme de reprint des ouvrages disparus ou devenus rares». Or ce livre publie en 1994 n'est pas le reprint, entendons la reproduction anastatique de l'edition de 1888, mais donne une nouvelle transcription du texte etabli jadis par le philologue allemand. D'abord la bonne nouvelle: la saisie a ete tres bien effectuee, de sorte que le texte est pratiquement identique a celui de Wimmer. Je n'ai trouve qu'une seule coquille, touteaus pour tourteaus au v.2013 et un seul cas ou l'edition Wimmer a ete corrigee sans que la modification soit typographiquement mise en evidence: au v.375 a bandon a ete substitue a abandon. Toutes les autres divergences, comme le non-respect des retraits de l'edition Wimmer (qui, verification faite sur le manuscrit, s'averent de toute far,:on plutöt arbitraires) ou la far,:on de signaler les chiffres (bizarrement, on lit toujours .I et jamais ./ . etc.) ne pretent pas a consequence. Moins rejouissant est le parti pris qui consiste a avoir renonce, pour la nouvelle edition Wimmer, a enregistrer toutes ! es variantes soigneusement accumulees par son auteur. Ceux qui ont pratique l'edition Wimmer se souviendront en effet qu'elle etait truffee de signes diacritiques, indiquant ! es variantes, ! es abreviations et ! es corrections en tous genres. L'apparat en bas de page comportait rarement moins de Besprechungen - Comptes rendus 299 vingt lignes, car on connait plus d'une dizaine de manuscrits et Wimmer, semble-t-il, en avait constamment au moins sept sous les yeux. Le choix de la maison d'edition serait sans consequence si Wimmer n'avait pas ete un fils de son temps et un eleve de Stengel, c'est-adire s'il etait intervenu moins frequemment pour rectifier son manuscrit et retablir la «bonne» le�on. Pour donner une idee de l'ampleur du phenomene, voici le texte du debut du roman dans le manuscrit de base et dans l'«edition Wimmer» de 1994. J'ai mis en caracteres gras tous les ecarts. «ed.d. Wimmer» 1994 (v.1-26) N'est pas oiseus, ainz fet bone oevre Li troveres qui sa bauche euvre Pour bone euvre conter et dire; Mes qui bien trueve pleins est d'ire, Quant il n'a de matire point. 5 Jolivete semont et point Mon euer de dire aucun bei dit; Mes n'ai de quoi; car tot est dit, Fors ce qui de novel avient. Mes au troveour bien avient, 10 S'il set aventure novele, Qu'il face tant, que Ja novele De l'aventure par tout aille, Et que son gros fran1;ois detaille Pour fcre oeuvre plus deliee. 15 Pour 1;'ai ma langue desliee - Qui que m'en tieigne a apense - Pour dire mon novel pense; Car tel matire ai porpensee, C'onques mes n'ot en sa pensee 20 Ne Sarrasius ue Crestiens. Pour ce que mors est Cresüens De Troies, eil qui tant ot pris de trover, ai hardement pris De mot a mot rneitre en escrit 25 Le tournoiement Antecrit. PARIS, BN f. fr. 1593, fol. 186a (derniere foliotation: 189a) [N)'est pas oiseus, ainz fet bone oevre Li trovierres qui sa bouche euvre Pour bone euvre conter et dire; Mes qui bien trueve pleins est d'ire, Quant il n'a de matere point. Iniquite semont et point Mon euer de dire aucun beau dit; Mes n'ai de quoi; car tot est dit, Fors ce qui de novel avient. Mes au troveour bien avient Qu'il sache aventure novele, Et face tant que la nov[e]le De l'aventure partout aille, Et que son gros fran9ois detaille Pour fere oevre plus deliee. Pour ce ma langue ai desll'iee - Qui que m'en tieigne a apense - Pour dirc mon novel pense; Que tel matere ai porpensee, C'onques rnes n'ot en sa pensee Ne Sarrasin ne Cresl! ens. Pour ce que mors est Crest'iens De Troies, eil qui tant ot pris De trovcr, ai hardement pris Pour mot a mot meitre en escrit Le tournoiernent Antecrist. Dans ces vingt-six vers, il n'y a pas moins de seize interventions, dont quinze, selon les criteres d'edition modernes, ne s'imposent sans doute pas. La plupart concernent en effet la graphie, qui a ete «normalisee» d'apres les habitudes de l'epoque. Un peu genante, toutefois, est la forme Antecrit du v. 26, qui a donne le titre a l'reuvre et qui de 1a est passee dans toutes les histoires de la litterature. C'est une correction de Wimmer, qui ne repose sur aucun de ses manuscrits de contr6le. Mais toujours est-il que son apparat enregistre les le9ons originales, (avec, cependant, une erreur pour le v. 12, ou le manuscrit ne donne pas li noule, comme le pretend Wimmer, mais la noule) ce qui permet de reconstituer Je texte du manuscrit. On apprenait de la sorte ce que le lecteur de l'«ed. Wimmer» 1994 ne saura jamais que Jolivete au v. 6 provient d'un manuscrit de contröle et que le manuscrit de base donne iniquete et que son plus proche parent D porte inclinete. Voici un autre passage, plus lang, qui permet de suivre l'eloignement progressif du manuscrit de base. A gauche, ma transcription du manuscrit de base selon les criteres modernes, au milieu l'edition de Wimmer (moins l'apparat), a droite l'«ed. Wimmer» 1994. Je conserve les signes diacritiques de Wimmer: ce qui est entre crochets a ete corrige a l'aide des manuscrits de contr6le, ce qui est precede d'un asterisque est une conjecture. 300 Besprechungen - Comptes rendus En gras et petites capitales ! es ecarts entre le manuscrit de base et l' «ed. Wimmer» 1994, ! es petites capitales dans Ja colonne de gauche indiquent les erreurs de lecture de Wimmer. PARIS BN f. fr. 1593, fol. 198a ed. Wimmer (v.1975-2030) «ed. Wimmer» 1994 (v. 1975-2030) 1975 [E]ntre Largesce er Cortoisie [E]ntre largesce et cortoisie Entre largesce et cortoisic Et proesce orent de mesnie Et proesce orent de mesnie Et proesce orent de mesnie Touz ceus de Ja Table Roonde Touz ceus de Ja tabJe roonde Touz ceus de Ja tabJc roonde Artu, Je meillor roi du monde, Artu, le meillor roi du monde, Artu, Je meillor roi du monde, Qui fu fiuz au roi Pandragon, Qui fu fiuz [Uterpendragon], Qui fu fiuz UTERPENDRAGON, 1980 Qui portoit rescu au DAGRON Qui portoit l'escu au dragon Qui portoit l'escu au DRAGON De geules en argen! asis. De geules en argent asis. De geules cn argent asis. Gauvains ) ses nies, ce m'est avis, Gauvains, ses nies, ce m'est avis, Gauvains, ses nies, ce m'est avis, 0 li d'Esperance parti. 0 li d'Esperance parti. 0 li d'Esperance parti. Gauvcins porte l'cscu parti Gauveins [portoit] J'cscu parti Gauveins PORTOIT l'escu parti 1985 De proesce et de corteisie. De proesce et de corteisie. De proesce et de corteisie. Ivains ert en sa compaignie, Ivains ert en sa compaignie, Ivains ert en sa compaignie, Qui ot escu de bele guise Qui ot escu de bele guise Qui ot escu de bele guise Parti d'amour et de franchise. Parti d'amour et de franchise, Parti d'amour et de franchise, A .1. lioucel de proesce, A. r. J'ioucel de proesce, A I. J'ioncel de proesce, 1990 A meins overtes de largesce, A meins overtes de Jargesce, A meins overtes de largesce, C'orent Cliges et Lancclot C'orent Cliges et LanceJot C'orent Cliges et Lancelot Et tuit li enfant Je roi Lot, Et tnit li enfant Je roi Lot, Et tuit li enfant Je roi Lot, Qui s'entresembloient de vis. Qui s'entresembloient de vis. Qui s'entresembloient de vis. Colagruans et Meraugis [Gorvains Cadrns] et Meraugis GoRVAINS CADRUS et Meraugis 1995 Ont fet de lor genz .II. parties Ont fet de lor genz .11. parties Out fet de lor genz II. parties Et orent armes mi parties Et orent armes mi parties Et orent armes mi parties De beautc et de courtoisie De beaute et de courtoisie De beaute et de courtoisie Pour Ja tenchon de LEUR amie, Pour la *tenfon de Jour amie, Pour Ja TENC,ON de LOUR amie, Qui avoit non Ja bele ydoine. Qui ot non Ja bele *Lydoine. Qui OT non Ja bele LYDOINE. 2000 D'outre les porz de Macedoine D'outre les porz de Macedoine D'outre ! es porz de Macedoine Vint au tornoi la baronnie. Vint au tornoi Ja baronnie. Vint au tornoi la baronnie. Les armes Je roi d'Orcanie Les armes Je roi d'Orcanie Les armes le roi d'Orcanie Furent pourtretes de merveilles. Furent pourtretes de merveilles. Furent pourtretes de mervei! les. Perceval ot armes vermeilles, Perceval ot armes vermeilles, Perceval ot armes vermeilles, 2005 Qu'iJ toli jadis en Illande Qu'iJ toli jadis en Illande Qu'il toli jadis en Illande Au Vermeil de Ja Rouge Lande, Au vermeil de Ja rouge lande, Au vermeil de Ja rouge lande, Quant il fu noveax chevaliers. Quant il fu [chevaliers noviax], Quant il fut CHEVALIERS NOVIAX. Misire Quiex li mauparliers, Misire Quiex li [senesciaus], Misire Quicx li SENESCIAUS, Ot ! es armes detraccion, Sans fere autre descrepcion, 5ANS FERE AUTRE DESCREPCYON, 2010 Sans fere autre descrepdon, Ot Ies armes *detracClon, 0T LES ARMES DETRACCION, Endentes de felonie, Endentees de felonie, Endentees de felonie, A rarnposnes de vilenie, A ramposnes de vilenie, A ramposnes de vilenie, A, 111. tourteaus fet et farsis A. m. tourteaus *fez et *farsiz A ]Il TOUTEAUS FEZ et FARSIZ De ramposnes et de mesdiz, De ramposnes et de mesdiz, De ramposnes et de mesdiz, 2015 Qui trop bien en l'escu aviudrent. Qui trop bien en l'escu avindrent. Qui trop bien en l'escu avindrent. Ices genz darrains i vindrent, [Iccstc gent daarainsJ vindrent, lCESTE GENT DAARAINS vindrent, Qui n'i avoit que du lacier [Que] n'i avoit que du lacier QUE n'i avoit que du lacier Les hiaumes, mcs pour soulacier Les hiaumes, mes pour soulacier Les hiaumes, mes pour soulacier Selonc lour anc'ien deduit, Selonc Jour anc'ien deduit, Selonc Jour anc'ien deduit, 2020 Orent chevauchie tote nuit Orent chevauchie tote nuit Orent chevauchie tote nuit Par bois et par forest oscures Par bois et par *forez oscures Par bois et par FOREZ oscures Querant depors et aventures Querant depors et aventures Querant depors et aventures Par Cornouaille et par Illande Par Cornouaille et par Illandc Par Cornouaille et par Illande Et vindrent par Broueeliande, Et vindrent par Brouceliande, Et vindrent par Brouceliande, 2025 Ou par poi ne furent tuit mort, Ou par poi ne furent tuit mort, On par poi ne furent tuit mort, Car Perceval, qui par deport Car Perceval, qui par deport Car Perceval, qui par deport Quida arouser Je perron, Quida arouser Je perron, Quida arouser Je perron, L'arousa par tel desresou, L'arousa par tel desreson, L'arousa par tel desreson, Que Ja fondre ocist plus de .C. Que Ja foudre ocist plus de .C. Que Ja foudrc ocist plus de C. 2030 De lor mesnee et de lor gent. De lor *mesniee et de lor gent. De lor MESNIEE et de lor gent. Besprechungen - Comptes rendus 301 En 56 vers on releve pas moins de treize divergences, dont certaines concernent des noms propres et l'ordre des vers. Tous ces ecarts, me dira-t-on, sont sans importance puisque Wimmer a fait un bon travail, comme l'attestent, a la suite du premier Manuel Bossuat, tous ceux qui se sont penches sur l'edition Bender. A vrai dire, l'appreciation de Bossuat (n ° 3516: «bonne edition») est etrange dans la mesure Oll le compte rendu de Mussafia, auquel il renvoie, est tout sauf elogieux et s'explique uniquement si l'on prend comme point de reference l'ed. Tarbe. Voici ce que disait MussAFIA, (Lbl. 9/ 9 [1888]: 403-08) a propos de l'edition Wimmer: «Mit der Constituirung des Textes wird man sich schwerlich zufrieden geben ... Wenn auch AD [ = la redaction snivie par Wimmer] keineswegs frei von Fehlern sind, so darf man behaupten, dass in der bei weitem grösseren Zahl der Fälle, in welchen von AD oder bloss von A abgewichen wurde, dies ohne Grund und sehr oft zum Schaden des Textes geschehen ist.» (404). Il etait difficile, dans ces conditions, de donner une traduction sans remettre en question le texte etabli par Wimmer, car assurement, le contr6le par l'edition Bender ne pouvait fournir une garantie quelconque etant donne les fautes de plus simple lecture qu'y a relevees Atkinson dans son compte-rendu. Et parfois, on aurait meme mieux fait de garder le texte du philologue allemand. Ainsi, Ja correction de angevine (Wimmer) en engeignie (Bender) au v.659 (Vanterie porte un ecu A l'angevine de dangier) est completement erronee: une angevine (ou angemme), en heraldique, designe une fleur avec un nombre variable de petales (cf. L.HouwEN/ P.ELEY, «A Fifteenth-Century French Heraldic Bestiary», ZRPh. 108 [1992]: 461) et se justifie parfaitement bien a cet endroit. Voici maintenant trois exemples qui il! ustrent Ja relative faiblesse de l'ed. Wimmer. Dans ! es trois cas, des corrections a mon avis tres satisfaisantes ont ete proposees par Mussafia il y a plus de cent ans. (Je ne mentionne pas tous ! es autres passages Oll les corrections de Stephanie Orgeur rejoignent celles du savant viennois.) Malheureusement on n'en trouve aucune trace dans l'«edition Wimmer» de 1994: v.240, 1065 et 3248 couche: Mussafia recommande d'imprimer r;ouche, car il s'agit de 'souche', ce qui aurait permis a Ja traductrice de reconnaitre ]es deux dernieres occurrences (traduites par 'couche' et 'cuve'). V.1196: Dans la description de Couardie on lit: Tel paour a, que sanz mellee / Fu, ainz que venist a la place traduit par 'Elle etait tellement apeuree qu'elle n'avait combattu a aucun moment avant d'atteindre Je champ clos'. Mussafia propose de lire sangmelee ('malade de peur'), ce qui est evidemment la bonne lec;on. Le v.2556 Car el' ne vient s 'en fuiant non [Il est question de Chastete] rendu par «car elle n'attaque qu'en fuyant», me semble insatisfaisant. Est-ce que la proposition de Mussafia, lire veint a la place de vient, ne resoudrait pas la difficulte? Pour finir, il faut noter qu'a plusieurs endroits la traduction, correcte, diverge du texte imprime, souvent incomprehensible. Ainsi, v.1054-56, ou il est question de Sodomie, Mes sachiez, que je n'en ment pas, / Que ci o la gent Antecrit / Vos aige rien d'amours descrit ne peuvent etre traduits par 'Mais soyez certains que je ne vous mens pas, car en vous parlant comme je l'ai fait de la suite de l'Antechrist, je ne vous ai rien raconte au sujet d'Amour'. A moins de prendre aige comme un subjonctif (? ), il faut couper ai ge. Mais on s'attendrait de toute fai;;on a trouver une negation, comme Je suggere d'ailleurs la traduction. (Le manuscrit E porte en effet nien au lieu de rien.) L'autre possibilite, proposee en partie par Mussafia, consiste a remplacer je n'en mens pas par entent pas, lei;;on donnee par plusieurs manuscrits. Au v.1094, le mysterieux aucuerre (Ivresse porte un ecu d'Orlien bende d'aucuerre) a ete correctement traduit par 'Auxerre'. Pourquoi ne pas avoir mis en harmonie texte et traduction en imprimant Aw;;uerre ou aw,;uerre (pour ne pas rompre avec le systeme de Wimmer, qui ne donne pas les majuscules)? Meme question pour le long passage v.3205-10, qui ne devient comprehensible que si l'on imprime s'i au lieu de si v.3206 et si l'on modifie completement la ponctuation (! es deux interventions ont ete proposees par Mussafia). Autrement, Ja traduction, par ailleurs correcte, ne peut etre mise en rapport avec Je texte original. 302 Besprechungen - Comptes rendus En resume on peut dire qu'il etait une tres banne idee de traduire Je Tournoiement Antechrist et que Ja traductrice s'est acquittee de la täche de fa�on tres honorable. On peut acheter le livre pour cela. Le probleme reside dans l'ed. Wimmer, telle qu'elle existe et, en particulier, telle qu'elle est imprimee en regard. II est difficile de faire une traduction fiable sans texte de base fiable, et l'edition Wimmer meme expurgee par celle de Bender ne l'est pas et ne Je sera jamais. En ce qui concerne l'«ed. Wimmer 1994», je laisse au lecteur Je soin de juger de Ja valeur scientifique d'un texte a propos duquel Mussafia rappelait en 1888 «dass mit dem Publiciren von Texten und Erläuterungen, welche allzu zahlreicher Berichtigungen bedürftig sind, der Wissenschaft kein sonderlicher Dienst geleistet wird» (408), quand on l'ampute, de surcroit, de son apparat critique. On ne peut que souhaiter que Stephanie Orgeur ait Je courage d'entreprendre un jour Je travail d'editer ce texte qu'elle nous a deja rendu familier gräce a sa belle traduction. R. Trachsler * EVA AHLSTEDT, Andre Gide et le debat sur l'homosexualite, de L'Immoraliste (1902) a Si Je grain ne meurt (1926), Surte (Acta Universitatis Gothoburgensis) 1994, 291 p. (Romanica Gothoburgensia 43) Neun Jahre nach Erscheinen ihrer Dissertation unter dem Titel La Pudeur en Crise 1 veröffentlicht Ahlstedt eine zweite, gleichartige Studie. Im ersten Buch ging es um die moralische Debatte, welche die Werke Prousts in der Presse auslösten. In der vorliegenden Arbeit beschäftigt sich die Verf. mit der Diskussion um Moral und Homosexualität, wie sie in über tausend Besprechungen (und besprechungsähnlichen Beiträgen) ausgewählter Bücher Gides (L'lmmoraliste, Corydon, Les Faux-monnayeurs, Si le grain ne meurt) ihren Niederschlag fand. Die Einführung (7-14) skizziert die Fragestellung und die materiellen Aspekte der Studie und situiert ganz knapp die methodische Behandlung der «critique journalistique» in einer rezeptionsgeschichtlichen Perspektive. Nicht die theoretischen Überlegungen von Jauss und Iser zum impliziten Lesesubjekt nimmt Ahlstedt als Basis ihrer Arbeit, sondern die Methode und die Resultate, welche Jurt 1980 in seiner Untersuchung La reception de la litterature par la critique journalistique 2 formulierte. Im Zentrum steht der konkrete historische Leser, genauer gesagt: der Rezensent. Das erste, sehr kurze Kapitel (15-18) beschäftigt sich mit der Zeit vor dem Erscheinen des lmmoraliste (1902), als Gide noch fast durchwegs als ein Moralist angesehen wird. Ich zitiere hier die einzige Definition, die Ahlstedt zum Begriff «Moralist» liefert (dazu kommt nur noch eine vage Definition Beauniers [54]): «Le terme de <moraliste> a plusieurs sens en fran�ais et peut avoir des connotations aussi bien positives que negatives. Les critiques de Ja fin du xrx e et du debut du xx e siede se servent du mot pour decrire un auteur qui depeint ! es mceurs ou les caracteres de son temps, qui reflechit sur Ja condition de l'homme et sur ! es mecanismes sociaux. Dans ce sens-la, Je mot a evidemment une signification positive. Mais Je mot peut aussi avoir un sens negatif; par Je terme <moraliste> on peut designer un ecrivain pedant et ennuyeux, qui confine la litterature dans une sphere qui n'est pas Ja sienne propre» (17). Man kann davon ausgehen, daß es in der Folge beim Gebrauch des Begriffs <Moralist> meistenteils um den ersten Sinn geht. Aber die Ausführungen der Verf. sind diesbezüglich einfach zu mager. Überhaupt, dies sei hier nur nebenbei erwähnt, ist die 1 EvA AHLSTEDT, La Pudeur en crise. Un aspect de l'accueil d'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust, 1913-1930, Göteborg 1985. 2 J.JuRT, Lectures de Bernanos 1926-1936, Paris 1980.