eJournals Vox Romanica 55/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1996
551 Kristol De Stefani

JOACHIM LENGERT, Regionalfranzösisch in der Literatur. Studien zu lexikalischen und grammatischen Regionalismen des Französischen der Westschweiz, Basel/Tübingen (Francke) 1994, 546 p. (Romanica Helvetica 111)

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1996
Z. Marzys
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Besprechungen - Comptes rendus 333 plesso, questi sei contributi documentano, nelle aree periferiche interessate, una sostanziale assenza sia di fenomeni di reale standardizzazione sia de! l'humus ideologica ehe potrebbe favorirla nella coscienza della comunita parlante: sembra prevalere dappertutto, oggi come nel passato, e indipendentemente dalle dinamiche di sviluppo interne delle parlate, ! 'esprit de clocher. La terza parte ci porta prima in Italia, con un intervento di R. ENGLER (ehe ha provocato vivace discussione il volume ehe stiamo recensendo ha infatti anche il pregio di riportare in appendice ad ogni contributo domande dei partecipanti alla discussione e risposte dei relatori) sulla questione cinguecentesca della lingua in Italia e sulla sua ricezione in Europa e uno di M. CoRTELAZZO (alquanto generico, a vero dire) sulla presenza in Italia dopo il Cinquecento di koinai dialettali; e poi, naturalmente, in Svizzera: G. DARMS informa sulla creazione, avvenuta a tavolino nei primi anni Ottanta e ehe ha ottenuto un certo successo nella comunita parlante, de! rumantsch grischun, una koine scritta destinata alle aree retoromance dei Grigioni; A. NÄF discute, sulla base principalmente del materiale didattico di Schwyzertütsch di M. Zwicky, i problemi connessi con Ja scelta di un'eventuale koine alemannica (sara, en passant, frutto di malcomprensione ehe a p. 259 si affermi ehe nel Canton Ticino esiste largamente una «variete regionale intermediaire [dialetto regionale]» fra le parlate locali e l'italiano standard). Il contributo di W. HAAS, intercalato fra questi ultimi due, interessa anch'esso, sia pure non specificamente, la situazione svizzera, riferendo l'autore, con la consueta competenza, dello stato recente della discussione sull'origine della norma de! tedesco. Una sintesi critica dei lavori, opera di Z. MARZYS, conclude il volume: non possiamo qui seguire MARZYS quando sostiene ehe «! es colloques de ce type, reunissant des specialistes de domaines voisins autour d'un theme precis, sont enrichissants (... ) surtout pour les organisateurs» (279), giacche abbiamo trovato il documentato state of the art rappresentato dai saggi qui riuniti molto stimolante ed estremamente arricchente anche per il lettore non specialista di linguistica galloromanza, e vorremmo dire per ogni linguista! G. Berruto * JOACHIM LENGERT, Regionalfranzösisch in der Literatur. Studien zu lexikalischen und grammatischen Regionalismen des Französischen der Westschweiz, Basel/ Tübingen (Francke) 1994, 546 p. (Romanica Helvetica 111) Version profondement remaniee d'une these de doctorat soutenue a Cologne en 1990, ce volumineux ouvrage se propose d'apporter une contribution a Ja description du frarn; ais regional de Suisse romande sur Ja base d'un corpus de textes litteraires contemporains. Ce corpus comprend en totalite ou en partie l'ceuvre de sept ecrivains romands, dont chacun represente l'un des cantons entierement ou partiellement francophones. De plus, l'auteur a utilise, a titre de comparaison, une collection personnelle d'extraits d'ecrivains romands du XIX e et du XX e s. ainsi que Je fichier de fran�ais regional constitue par le Centre de dialectologie de l'Universite de Neuchatel. La plus grande partie de l'ouvrage (environ 400 pages) est constituee par un glossaire contenant un millier d'articles et ordonne thematiquement selon Je modele du Begriffssystem de von Wartburg et Hallig. Chaque article comprend, apres l'en-tete: une breve definition en frarn; ais; un, parfois deux exemples tires du corpus; l'extension geographique du mot; des indications sur sa frequence dans Je corpus (en chiffres absolus) et en Suisse romande termes generaux: «selten», «gängig», «geläufig», «frequent»); un historique avec, dans Ja mesure du possible, la premiere attestation; des remarques facultatives sur Ja phonetique, la graphie et la morphosyntaxe; enfin, des references bibliographiques. Le 334 Besprechungen - Comptes rendus glossaire est precede de trois chapitres contenant une breve presentation du corpus analyse, une discussion de la notion de frarn;:ais regional et des considerations methodologiques; il est suivi d'une tentative de recapitulation statistique intitulee «Grundstrukturen des regionalen Wortschatzes», puis d'un certain nombre de remarques complementaires concernant la «creativite lexicale» du franc,;ais regional et les particularites grammaticales observees dans le corpus. Le dernier chapitre de trois pages, intitule «Ausblick», esquisse les täches de Ja recherche future, apartir de ce que l'auteur reconnait Ioyalement comme Ies insuffisances de son propre travail. L'ouvrage se cl6t par un index alphabetique et une bibliographie abondante, faisant etat de plusieurs centaines de titres. L'ensemble est presente avec grand soin, abstraction faite de quelques maladresses de langage et de quelques menues erreurs d'impression. L'auteur fait preuve d'une tres banne connaissance theorique du sujet, ce qu'il montre notamment dans le chapitre 2, concernant Ja definition du franc,;ais regional. L'ordonnance thematique du glossaire ne va pas sans problemes, car d'une part l'attribution de tel mot a tel domaine du lexique n'est pas evidente, et d'autre part certains mots polysemiques apparaissent a deux ou plusieurs places. En revanche, eile revele d'emblee Ja structure semantique du corpus: representation importante de certains domaines («statalismes», terminologie agricole, expression des attitudes et des sentiments) et tres faible ou presque nulle de certains autres (mots abstraits, termes concernant les arts ou l'activite intellectuelle). La microstructure comme Ja macrostructure du glossaire appellent bien des remarques de detaii 1 ; je m'en abstiendrai toutefois, en me concentrant sur quelques reflexions plus generales. M. Lengert intitule son livre Regionalfranzösisch in der Literatur; il a donc bien conscience que son corpus represente un ensemble de faits linguistiques utilises a des fins litteraires par des auteurs d'äge, d'origine et de formation differents. Des lors se pose Ja question du rapport entre la langue et la parole, c'est-a-dire entre le franc,;ais regional conc,;u comme une variete diatopique du franc,;ais standard et l'usage personnel de chacun des auteurs etudies. M. Lengert en est conscient; mais il renonce a une interpretation stylistique (12), utilisant ses materiaux comme des temoignages du franc,;ais regional, sans s'occuper de leur mode d'insertion dans Ies textes. Or ce mode d'insertion differe profondement d'un cas al'autre 2 . Ainsi Alexis Peiry (FR), ne dans Ja campagne gruyerienne en 1905, ecclesiastique puis instituteur, auteur sans pretentions Iitteraires, a manifestement grandi dans une civilisation rurale qui s'exprimait en patois, avant de prendre des distances face aux realites et au langage de son enfance. Exception faite de quelques regionalismes connus de tous et frequemment utilises comme armailli ou benichon, il exclut en quelque sorte de sa propre langue Ja plupart des mots locaux qui figurent dans son texte, en les marquant par divers procedes: guillemets, definition, description du refärent, attribution aun autre locuteur, etc. Il s'agit d'ailleurs en partie de mots patois non adaptes formellement en franc,;ais, tels que chaula 'chaise a traire', chole 'plancher superieur du chalet' ou modzene 'berger des genisses'; leur appartenance au dialecte est parfois explicitement indiquee par l'auteur, ainsi «garc,;on de chalet bouebo en patois gruyerien» (269). II est difficile d'attribuer de telles attestations au franc,;ais regional; et on peut hesiter ale faire meme apropos d'elements que l'auteur cite dans une forme franc,;aise en Ies traitant comme dialectaux: «Je les entends encore dire en patois 3, cette langue que je comprenais sans la parler jamais: <Il fait mauvais temps; c'est de nouveau Ja bise noire»> (51). On ne voit pas tres bien, dans l'usage de l'ecrivain, la difference entre ces mots et trintzaobio, que M. Lengert definit comme «xenisme» et qui se 1 Cf. le campte rendu d'Andre Thibault dans RLiR 59 (1995): 247-63. 2 Les ecrivains depouilles par M. Lengert sont classes ci-dessous par ordre chronologique. 3 C'est moi qui souligne. Besprechungen Comptes rendus 335 trouve dans un contexte semblable: «La piece principale du chalet, du moins par ses dimensions, est naturellement l'etable; le chalet est d'abord la maison des vaches et des genisses; quarrt a la piece la plus typique, c'est le trintzaobio, c'est-a-dire le local Oll l'on fait le fromage, mais c'est aussi le ccrur de cette demeure primitive» (485). Corinna Bille (VS), nee a Lausanne en 1912, Valaisanne d'adoption, a connu elle aussi une civilisation traditionnelle et dialectale; mais au contraire de Peiry, elle la prend a son compte et fait du regionalisme un procede de «couleur locale». La plupart des mots regionaux qu'elle emploie designent en effet des realites valaisannes: ainsi arolle, arvine, bancelle, barillet, barillon, bottille, brante ... C'est chez elle que se trouvent Ja plupart des noms locaux de plantes releves par M. Lengert: bourrache 'viperine', chamois bleu 'aster des Alpes', esparcette 'sainfoin', feuille forte 'oseille sauvage', fille-nee-avant-la-mere 'hepatique des jardins', etc. 4 Georges Haldas (GE), ne en 1918 a Geneve oll il a grandi et etudie, est notamment l'auteur d'une serie d'ouvrages plus ou moins autobiographiques. Ses «genevoisismes» designent egalement, pour une bonne partie, des realites locales, mais d'un tout autre type: fetes (escalade, margotton, vogue), vie scolaire et universitaire (aula, carnet, demilicence, petite ecole, juxta 'edition d'un texte en langue etrangere avec traduction juxtalineaire en frans;ais'); a cöte de cela, on trouve chez lui quelques termes familiers: bicle-ceil 'loucheur', caquer 'defequer', glin-glin 'petit doigt', zeze 'individu' ... Jean-Pierre Monnier (BE), ne en 1921 a Saint-Imier, petite ville Oll le patois avait deja disparu, professeur de frans;ais, ecrit une langue tres peu localement marquee. Ses regionalismes, qui sont en partie des archa'ismes frans;ais, se rapportent aussi, le plus souvent, aux realites locales ou plus generalement campagnardes: emposieu 'trou circulaire en forme d'entonnoir dans le sous-sol calcaire' 5, lang bois, boitier 'fabricant de boites de montres', pivoteur 'horloger qui lime et arrondit l'axe des rouages des montres', caisson 'coffre menage sous le siege d'une voiture', ancien d'Eglise, catechete; il emploie aussi quelques expressions regionales peu marquees, placees dans un contexte familier: a bien plaire 6 , n'en pouvoir rien, avoir meilleur temps, tenir la vie 7 . Mais, dans l'ensemble, ses regionalismes semblent bien trop rares pour qu'on puisse voir dans leur emploi un procede systematique. Alexandre Voisard (JU), ne en 1930, ecrivain assez academique, apporte peu de chose: quelques termes regionaux tres peu caracteristiques (cluse, coudrier, pruneau, carre de chocolat, buffet 'armoire'), deux ou trois noms d'institutions sociales ou politiques (contemporains, police des etrangers), des exclamations ou des mots familiers dorrt le caractere specifiquement romand est plutöt douteux (dame! youyou! vingt dioux! merdaille) 8; de 4 Il est assez aberrant d'attribuer a ces composes comme en-tete leur premier element, avec lequel ils n'ont souvent qu'un tres lointain rapport semantique: ainsi chamois bleu figure sous chamois, fille-nee-avant-la-mere sous fille, etc. 5 Ce mot, essentiellement neuchätelois mais adopte au xrx e s. par la terminologie scientifique des geologues, est atteste comme nom de lieu depuis 1464 et non depuis 1163: M.Lengert a confondu, dans le GPSR (5: 337b), la date avec le numero de la Carte nationale de la Suisse Oll figure le toponyme en question. 6 Qui n'est pas une «Lehnübersetzung» du dialecte, mais une expression du langage juridique romand empruntee par le patois, d'oll sa presence dans le Glossaire du patois de Blonay de LoursE ÜDIN (qui precise d'ailleurs bien, p.423a: «frv. [frans; ais vaudois] a bien plaire»). 7 L'auteur eprouve le besoin de preciser: «Dans le village, Oll ! es gens disaieut couramment: tenir la vie ...» (219), ce qui prouve que, dans ce cas du moins, il s'agit d'un regionalisme conscient. 8 Un des rares regionalismes evidents d'A.Voisard est l'expression miner le plot 'casser la tete' («il commence a nous miner le plot, cet olibrius», 306); il est vrai que M.Lengert ne l'a pas 336 Besprechungen - Comptes rendus telle sorte que Je Jura, region Oll le patois s'est pourtant conserve jusqu'a nos jours et Oll les regionalismes ne manquent pas 9 , est sous-represente dans le corpus. Jacques Chessex (VD), ne en 1934, professeur de frarn;:ais comme Jean-Pierre Monnier, mele quelques regionalismes a la langue de ses ceuvres proprement «litteraires» et destinees a un ! arge public francophone, telles que L'Ogre qui lui a valu le prix Goncourt. En revanche, dans Portrait des Vaudois, il «en rajoute»: noms de realites locales, expressions familieres ou pittoresques, emplois regionaux de mots fran9ais, tout y passe. Ce n'est pas pour rien qu'une bonne partie des mots reunis dans le chapitre intitule «Essen und Trinken» proviennent de Chessex: atriau, biscome, bonbon 'biscuit', boucle de saucisse, boule de Bale, boutefas, bricelet ... A l'occasion, mais toujours dans Portrait des Vaudois, iI ne dedaigne pas d'elargir le sens de ses regionalismes: ainsi caisson 'muret qui soutient une terrasse de vigne' ou gicler 'partir precipitamment'10. Le cas d'Anne-Lise Grobety (NE) est encore different. Nee a La Chaux-de-Fonds en 1949, elle n'a, bien entendu, aucun souvenir du patois, eteint dans sa region au debut de ce siede; elle ne semble pas connaitre davantage l'ancienne civilisation rurale et le fran9ais local qui la portait apres l'extinction du dialecte. Mais elle ecrit un langage familier ou se glissent, consciemment ou non, des elements regionaux: aller pour 'partir' («il faut que tu ailles»), baboler, bec pour 'baiser', c'est ba:uf 'c'est stupide', brasser la neige, bringue 'dispute', brique 'debris, fragment', etc. Plus souvent que Chessex, elle emploie les regionalismes dans un sens inattendu: ainsi greppon, litt. 'crampon'11, au fig. 'qqch. qui accroche, �ui retient' 12; de meme four grele 13 , hop-la-glisse/ 14, lardasser 15, grabons 16 , debattue 17 , grelu 8, serpilliere mouillee 1 , etc. M.Lengert qualifie cet emploi d'«idiolectal»; il vaudrait retrouvee ailleurs, mais eile est attestee pour Vaud, a la forme pronominale: «II ne faut pas se miner le plot, on trouvera bien une solution » (communication orale de M.H.Chevalley, redacteur au GPSR). 9 Cf. par ex. P. HENRY, Le Parler jurassien et l'amour des mots, Porrentruy 1990, vol.2, 1992. 10 Et non 'deraper' comme l'interprete M.Lengert: «II gicle an Coteau. Personne. Le garage vide? II traverse le premier hangar, toujours personne, pas un chat dans le deuxieme non plus» (432). 11 Cite par W. PIERREHUMBERT, Dictionnaire historique du parler neuchatelois et suisse romand, Neuchätel 1926, dans l'historique de l'article greppe, avec renvoi a ÜDIN, op. cit.; donc sans rapport avec la famille *krepp- 'rocher' a laquelle tente de le rattacher M.Lengert. 12 Et non 'masse de neige durcie, petit amas de neige': «A chaque pas, il faut arracher le pied plns profond du greppon de la neige » (54). 13 «Je les entends vibrer derriere moi un bruit dur et grele furieuses furieuses elles sont sur moi visent piquent leur aiguillon dans ma chair » (93). 14 «Ils sont peut-etre au cinema. A regarder une scene d'amour; une de ces scenes ou, hop-laglisse! comme dit Trognon, en deux temps trois mouvements les amants atteignent les sommets de volupte! » (105). - M.Lengert traduit glisse par 'action de glisser, glissade' et indique avec serieux: «Der Kontext, in dem glisse bei Grobety auftritt, ist nicht weiter belegt. » On s'en serait doute! 15 «Et puis le violoncelle lardasse ! es murs, ! es ouvre ... » (106). - Derive occasionnel de lardasse 'coupure, balafre' (cf. PrnRREHUMBERT, op. cit.). 16 «La nourriture se tasse en petits grabons au fond de mon estomac » (138). - M.Lengert, qui indique Je sens premier de grabons 'residus du lard fondu', n'a pas l'air de se rendre campte qu'il s'agit, ici encore, d'un emploi figure. 17 «On s'interroge a avoir la debattue dans la tete» (184). - Litt. 'onglee'; ici, guere au sens 'trouble du a une epreuve, a un deuil', tire on ne sait d'ou par E.Pmoux (Le Langage des Romands, Lausanne 1983) et cite par M.Lengert. 18 «Ab, pointes grelues du froid dans Ja plante du pied ...» (188). - M. Lengert commente: «Ein noch gebräuchlicher Archaismus mit neuerer semantischer Entwicklung im Regionalfran- Besprechungen - Comptes rendus 337 mieux parler de metaphores, encore qu'on se demande si A.-L.Grobety connait toujours bien le sens premier des regionalismes dont elle se sert ainsi. On pourrait faire des remarques semblables sur les faits que l'auteur reunit dans le chapitre intitule «Die lexikalische Kreativität des Regionalfranzösischen» (467-86). La grande majorite des derives cites comme neologismes proviennent de J.Chessex et de A.- L.Grobety: 26 sur 38 verbes en re-/ re-, les 4 parasynthetiques en en-lem- 20, les 8 derives nominaux en -ee, ! es 6 adjectifs en -eux; sur ! es trois verbes en -oter, un est de G.Haldas (bruloter), ! es deux autres encore de A.-L.Grobety (embrassoter, frappoter). Jusqu'a quel point peut-on ! es considerer comme caracteristiques des tendances derivationnelles du fran9ais de Suisse romande, et dans quelle mesure illustrent-ils seulement les choix stylistiques de ces auteurs? Deux remarques encore a propos des germanisrnes. On comprend que M.Lengert classe parmi les emprunts non integres dans le fran9ais local des mots comme burg, musicant ou meme prosit, employes par ! es auteurs comme «xenismes» conscients; on comprend moins bien pourquoi il y ajoute schnaps, dont il dit lui-meme: «im Gesamtkorpus mehrfach belegt, im Gebrauch verankert», donc aussi «romand» que yass ou wienerli. Quant a vogueler, que l'auteur traduit par «koitieren» et rattache a l'allemand vögeln, tout en me faisant l'honneur de citer (485 N176) une autre interpretation que je lui ai suggeree, je continue a penser qu'il a tort: tant le contexte 21 que ce qu'on peut savoir des habitudes de l'auteur suggerent qu'il s'agit d'un derive idiolectal de voguer, semblable a embrassoter et frappoter cites ci-dessus. Enfin, pour ce qui est des particularites grammaticales, la moisson est maigre et n'apporte guere que des faits bien connus: place de certains pronoms entre le verbe auxiliaire et le participe («s'il n'y avait personne eu»), archai"smes de regime verbal («personne ne lui aide»), omission du pronom reflechi devant l'infinitif («peut-on promener avec vous? «), emploi adverbial de l'adjectif («tu es belle grasse»), quelques specialites dans la distribution des adverbes et des prepositions («entrez seulement»; «on va contre les beaux jours»). On ne prendra donc pas l'ouvrage de M. Lengert pour une etude exhaustive du fran9ais de Suisse romande du xx c s., ce que d'ailleurs il ne pretend pas etre; on n'acceptera pas sans reserve toutes ! es interpretations proposees par l'auteur et l'on contr6lera les references qu'il cite. Cela dit, il reste que, par son ampleur et son serieux, cet ouvrage constitue Je zösischen», mais definit grelu d'apres ses sources lexicographiques: 'pauvre; miserable', ce qui ne convient guere ici. 19 «Tout a ! 'heure tu avais envie ... , et maintenant tu reste [sie] comme une serpilliere mouillee» (195). - Variation individuelle sur patte-mouillee 'individu saus volonte, mou et irresolu' (PIERREHUMBERT, op. cit., p.416). 20 Emperruque (Chessex), empommade, s'encoler de qqch. 'mettre qqch. a son cou', encravate (tous trois chez A.-L. Grobety). M.Lengert, tout en les classant parmi ! es neologismes, dit qu'ils sont «als Archaismen zu deuten». Si emperruque, qui figure chez V.Hugo puis dans des dictionnaires fran�ais jusqu'en 1930, peut en effet passer pour un archai"sme, les trois autres, attestes en fran�ais trop anciennement (encoler: du xn c s. a CoTGRAVE, 1611; cf. FEW2: 914b) ou trop occasionnellement pour qu'il y ait continuite, sont bien plut6t des recreations individuelles. 21 «"Mais tu sais, tu te poses trop de questions a ce sujet, on se fait des theories, et quand Je gosse est en toi, tout est resolu, tu eprouves une joie instinctive ..." L'instinct, il faut laisser parler l'instinct, c'est 9a, c'est bien, ne pas se poser de questions, continuer a etre ! 'irresponsable femelle des premiers temps de l'humanite. se laisser vogueler aux lois de la nature, n'y a que 9a a faire; et si justement 9a me paraissait un peu facile, fade comme solution? mais voyons, voyons si 9a te parait fade, c'est un pretexte pour cacher tes raisons egoi:stes de ne pas avoir d'enfant ... » (A.-L.GROBETY, Zero positif, Vevey 1975: 180). 338 Besprechungen - Comptes rendus repertoire le plus important des «romandismes» depuis le dictionnaire de Pierrehumbert et en attendant la parution, prochaine esperons-le, du Dictionnaire des particularites lexicales contemporaines du fram; ais en Suisse romande, actuellement en preparation a Neuchätel. Z.Marzys * Tresor de la langue fram; aise. Dictionnaire de la langue du 19 e et du 2o e siede (1789-1960) elabore par le Centre national de la recherche scientifique (Institut national de la langue frarn;:aise, Nancy), tome 16 (teint-zzz ...), Paris (Gallimard) 1994, xvm + 1452p. Früher als in unserer Besprechung des Bandes 15 (cf. VRom. 53 [1994]: 353-59) angenommen ist im Spätherbst 1994 mit dem Erscheinen des vorliegenden Bandes die Herausgabe des Tresor de la langue franqaise (TLF) abgeschlossen worden. Damit hat ein großes lexikographisches Unternehmen, das die Darstellung des Französischen seit der Französischen Revolution zum Gegenstand hat, seinen Abschluß gefunden. Bevor wir uns mit dem Inhalt dieses letzten Bandes eingehender befassen, soll zunächst auf die Postface (vrr-rx) von Bernard Quemada eingegangen werden, die dem eigentlichen Wörterbuchteil des Bandes vorangeht. In diesem Nachwort, mit dem Quemada auch Rechenschaft über die Zeit seiner Tätigkeit an der Spitze des TLF ablegen will, greift er noch einmal die wichtigsten Fakten auf, die die Entstehungsgeschichte des TLF geprägt haben. Nach dem altersbedingten Ausscheiden von Paul Imbs, der als Initiator des TLF auch die Herausgabe der ersten sieben Bände geleitet hatte, hat bekanntlich B. Quemada 1977 die Leitung des TLF übernommen und zeichnet damit für die restlichen Bände verantwortlich. In diesem Zusammenhang ruft Quemada in Erinnerung, daß die Übernahme der Leitung des TLF durch ihn zugleich mit einer organisatorischen Umstrukturierung verbunden gewesen ist. Fortan wird der TLF nicht mehr eine eigenständige Institution sein, sondern eine Komponente des Institut national de la langue franqaise (INaLF), womit der TLF leichteren Zugang zu anderen Sprachdokumentationen (Archives du franqais contemporain; Materiaux pour l'histoire du vocabulaire franqais) bekommt. Quemada macht deutlich, daß er auch die inneren Strukturen des TLF, die verschiedenen mit seiner Ausarbeitung beschäftigten Abteilungen, reorganisiert hat, um sie effizienter zu machen. Dabei stand für ihn fest, daß sich an der ursprünglichen Zielsetzung des Wörterbuches nichts ändern durfte: «Je me suis efforce d'appliquer et de faire respecter les choix methodologiques initiaux sans toujours les partager» (vrr). Um die innere Einheit des Werkes zu gewährleisten, kamen für Quemada nur behutsame Änderungen an der Ausführung des TLF nach dem Prinzip «inflechir oui, transformer non» (vrr) in Frage. In einem anderen Punkte bleibt Quemada nur übrig, Irreparables zu konstatieren. In der Tat eignet dem TLF eine innere Unausgewogenheit, die sich darin äußert, daß die Behandlung der ersten Buchstaben - oder genauer A - Cage extrem viel Platz in Anspruch nimmt, nämlich vier Bände, während eine konzentriertere Form der Darstellung sich erst mit Band 5 durchsetzt. Dabei erweist sich der TLF von Band 5 an keineswegs als weniger informativ; er geht lediglich ökonomischer mit dem Platz um, indem er einen weniger großzügigen Satzspiegel als in den ersten Bänden verwendet. Aber auch mit anderen Mitteln hat der TLF eine maximale Nutzung des Raumes erreicht, so etwa durch die Verwendung von Groß- und Kleinsatz für wichtiges und weniger wichtiges Wortgut, durch die Integrierung von weniger häufigen Ableitungen in den Artikel des Grundwortes, durch kumulative Artikel für Präfixe, Suffixe und andere Wortbildungselemente, die es gestatten, Wortbildungen mit geringem Häufigkeitsgrad zusammenzufassen. Die Disproportion im Gesamthaushalt des Werkes ist sicher bedauerlich; letztlich ist sie aber wohl unvermeidlich bei