Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1999
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Kristol De StefaniPhilippe Walter, Chrétien de Troyes, Paris (PUF) 1997, 128 p. (Que sais-je? 3241)
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1999
G. Eckhard
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bédiérisme a été atteint par Mario Roques en 1960. La grande fidélité à la copie de Guiot lui a fait reproduire la plupart des bévues du copiste . . . A l’âge de quatre-vingt-cinq ans Mario Roques a consacré les derniers mois de sa vie à la préparation de cette édition. Il est évident qu’il s’est servi d’assistants peu qualifiés, et qu’il n’a pas contrôlé leurs résultats . . . » (323s.). Diese vernichtende Kritik veranlaßte uns, die ersten 1000 Verse von YvainR, also mehr als ein Siebtel des Gesamttextes, mit der Handschrift zu vergleichen. Als Ergebnis ist festzuhalten: Außer den drei von Frau Meyer angeführten Fehlern (324 N3) finden sich noch zwei weitere neben einigen wenigen Ungenauigkeiten 1 . Für den Gesamttext zählt sie 35 Fehler auf mehr als 6800 Verse. Somit ist das Verhältnis von Qualität der Ausgabe zu Form der Kritik zumindest fragwürdig. Obwohl Frau Meyer der Kiblerschen Ausgabe eher positiv gegenüber steht, wirft sie dem Herausgeber vor: « . . .[il] a été très influencé par le bédiérisme de Micha, Jonin et Roques et peu enclin à une critique fondamentale ... » (326). Daß der Vorwurf des Bédierismus und der «unkritischen» Treue gegenüber der Handschrift als Argument dient, den eigenen Rückschritt hin zu einer streng diplomatischen Edition zu rechtfertigen, muß erstaunen. Dankbar sind wir Frau Meyer vor allem für die genaue Beschreibung der Handschrift (11-22) mit Präzisierung der Datierung (1230-40 [12]), für die Notes mit Varianten anderer Handschriften (181-312), auch wenn sie deren Wert relativiert (« . . . ne remplacent nullement le grand nombre de notes et commentaires faites [sic] par les spécialistes . . . » [179]), und für die kritische Besprechung früherer Editionen (323-28). Erfreulich ist auch, daß sich am Ende des Bandes der Faksimileabdruck der Folios 79v°-105r° findet. Bedauerlicherweise ist das Originalformat um ca. 40 % verkleinert worden, obwohl der Satzspiegel bei weitem nicht ausgenutzt ist. Außerdem finden sich auf den rechten Seiten immer die Verso-Seiten des Manuskriptes. Abschließend sei noch ein Satz von Frau Meyer zitiert: «Je pense donc que le texte diplomatique que je présente et les notes qui l’accompagnent peuvent ajouter quelques précisions assez valables pour les travaux continus . . . » (328). Das ist, soweit es die Edition betrifft, fraglich. St. Dörr H Philippe Walter, Chrétien de Troyes, Paris (PUF) 1997, 128 p. (Que sais-je? 3241) Voici comment M. Ph. Walter résume le début d’Érec et Énide, dans le nouveau petit livre de synthèse qu’il consacre à Chrétien de Troyes: «Le jeune Érec, fils de roi et chevalier accompli, participe le lundi de Pâques à la coutume de la chasse au Blanc Cerf. Le valeureux chevalier qui aura capturé la bête merveilleuse aura le droit de donner un baiser à la plus belle jeune femme de la cour. Au cours de la chasse, Érec rencontre la fille d’un noble appauvri par la guerre. Toute pauvre qu’elle est, Énide est très belle et fort bien élevée. Érec en tombe amoureux et, après avoir capturé le blanc cerf, donne le baiser à la jeune fille. Il l’épouse à la satisfaction unanime.» (66). Le lecteur d’Érec et Énide ne manquera pas d’être stupéfait par cette présentation insolite du contenu du premerains vers, et se demande avec inquiétude comment il peut se faire qu’un spécialiste de Chrétien de Troyes, éditeur de Cligès et traducteur d’Yvain dans la Pléiade, auteur de deux livres sur 264 Besprechungen - Comptes rendus 1 V. 187 en B. l. an B; v. 379 mout löst mlt’ auf, besser molt wie auch in v. 394, 792; v. 423 oi l. oï; v. 689 deus l. ij.; v. 756 un l. .j. und öfter; v. 921 desoz l. desus; v. 997 prodon löst prod auf, besser prodom wie v. 998 (dort ausgeschrieben). le romancier champenois 1 , laisse passer un résumé aussi grossièrement fautif de la simple intrigue d’un des contes qu’il se propose de nous présenter 2 . Faut-il que Ph.W. n’ait pas relu la p. 93 de sa Mémoire du Temps pour dépecer ainsi la conjointure? On pensera plutôt que son petit livre, évidemment bien informé, généralement intéressant et suggestif, a été écrit parfois avec une hâte ou une désinvolture dont on relèvera d’autres exemples. Mais donnons d’abord un aperçu des contenus de cette étude et de ses réelles qualités: le chapitre i («Chrétien de Troyes et son temps») rassemble le peu de données biographiques accessibles, en s’en tenant prudemment aux termes assurés par les dédicaces à Marie de Champagne et à Philippe d’Alsace, qui situent respectivement le Chevalier de la Charrette après 1164 et le Conte del Graal avant 1191 (l’auteur passe sur les discussions érudites relatives à la première de ces dates, et sur les indices qui orientent vers 1177 pour la Charrette). Ph. W. replace ensuite cette carrière dans sa perspective historique (situation des poètes de cour par rapport aux divers «cercles de pouvoir» de la société féodale, émergence de la bourgeoisie; appartenance des écrivains au monde des écoles et influence de la culture scolaire, en particulier par l’entraînement à la dialectique). «Maître Chrétien» est un clerc champenois, et Ph. W. argumente - avec prudence - en faveur de l’identification souvent discutée avec Cristianus, chanoine de Saint-Loup à Troyes, connu par une charte de 1173. Certains points de l’argumentation sembleront douteux: Ph. W., très versé comme on le sait dans l’étude des mythologies et traditions légendaires, tire argument de la présence dans Érec et Énide d’un «mot relevant du folklore champenois», «un être fabuleux nommé ‹corquatrille› (v. 6721 de l’éd. de la Pléiade) qui n’est autre que le ‹cocatrix› bien connu en Champagne comme animal fabuleux associé à la figure légendaire de saint Loup de Troyes» (21). Retiré de son contexte, le passage autorise toutes les spéculations: il faut donc rappeler que dans le conte, le mot ne renvoie nullement à un être fabuleux, mais que c’est une forme du nom du crocodile en a.fr.; l’animal est mentionné à côté du léopard dans la description de la décoration des fauteuils jumeaux d’Artur et d’Érec (deux des pieds représentent des léopards, les deux autres des crocodiles), et le sens de cette précision est à chercher dans la symbolique des bestiaires plutôt que dans le folklore local (note de l’éd. P. F. Dembowski dans la Pléiade, Paris 1994: 1111, et R. R. Bezzola, Le sens de l’aventure et de l’amour, Paris 1968: 237; Ph. W., «Érec et le cocadrille», ZRPh. 115 [1999]: 56-64). Le chapitre ii («La découverte d’une vocation littéraire») s’attache aux premières œuvres de Chrétien, tournées vers la matière antique et marquées déjà par la réaction au mythe tristanien. La question de la signature de Philomena est un faux problème, car selon l’auteur c’est le texte tout entier de l’Ovide Moralisé - et non seulement la Métamorphose que l’on suppose reprise à Chrétien de Troyes - qui est attribué à Crestiiens li Gois, qui est donc le nom du remanieur du xiii e s. et non celui de notre auteur (27). Ph. W. se prononce contre l’attribution à Chrétien de Guillaume d’Angleterre (34), mais pense que le texte pourrait émaner d’une «école de poésie narrative», une équipe dirigée par Chrétien de Troyes (37). Les poèmes lyriques font l’objet d’un commentaire développé et d’une belle analyse (30-34); ne perdons pas de vue cependant que c’est par pure hypothèse que ces pièces impossibles à dater sont assignées par Ph. W. à la période de formation de Chrétien: si l’on suit les suggestions d’A. Roncaglia, on est conduit à retenir 265 Besprechungen - Comptes rendus 1 Ph. Walter, Canicule. Essai de mythologie sur Yvain de Chrétien de Troyes, Paris 1988; id., La mémoire du temps: fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à La Mort Artu, Paris 1989. 2 Pour mémoire: Érec, délibérément, ne participe pas à la chasse au Blanc Cerf; il s’éloigne au contraire de la cour, à la poursuite du chevalier Yder et de son nain qui ont offensé la reine et maltraité sa suivante; c’est à la faveur de l’épreuve de l’épervier qu’il épouse Énide; c’est Artur qui capture le Blanc Cerf, puis accueille Énide à la cour en lui donnant le baiser rituel. un terminus a quo de 1172, qui placerait ces poèmes plus près de la Charrette que des ovidiana 3 . Le chapitre iii («Un romancier en quête de son art»), consacré à l’esthétique littéraire de Chrétien, est peut-être le plus intéressant de l’ouvrage: Ph. W. reconstitue ce qu’a pu être pour Chrétien l’invention d’une «manière nouvelle», lorsqu’à l’exemple de Marie de France (dont Ph. W. a sans doute raison de supposer les Lais antérieurs à la mutation de l’inspiration de Chrétien), il se détourne des adaptations antiques pour se consacrer à la matière de Bretagne. On peut lire ici des pages éclairantes sur le processus d’adaptation de contes bretons d’aventure par a) transposition dans le cadre arthurien tel qu’il était représenté dans le Brut (ce qui implique l’historicisation des contes); b) amplification rhétorique (selon les techniques de développement et d’analyse: dialogues, monologues, commentaires; selon les techniques de construction narrative: point de vue adoptant la vision d’un personnage au lieu de celle du narrateur omniscient, retour des personnages, entrelacement, effets de symétrie); c) actualisation et adaptation à la vie contemporaine, qui permet de traiter par la fiction des «problèmes moraux et psychologiques (comme ceux du couple, de l’amour, des limites et du sens de la prouesse chevaleresque)» (44-47). Ph. W. s’attache ensuite à caractériser une «culture romanesque» (dont les piliers sont l’exigence de vérité, l’imaginaire amoureux 4 et l’aventure merveilleuse [47-56]) et à évoquer «la recherche d’un style» (selon la quasi-devise «bien dire et bien apprendre» [Érec: v. 12], principe hérité des Anciens qui n’exclut pas l’humour et l’ironie, «symptôme le plus évident de la présence et ainsi de l’affirmation de l’écrivain dans son œuvre» [64]). Ph. W. aborde rapidement les problèmes de la transmission manuscrite et de la diffusion des œuvres: on a du mal à le suivre quand il semble envisager (60s.) que les romans ont circulé sous une forme véritablement orale (mémorisée et récitée); il est nécessaire de distinguer entre des genres comme la chanson de geste qui ont pu connaître une période de transmission orale, et le roman qui n’a jamais été publié que par le livre manuscrit (en lecture publique et «vocalisée» pour les romans en vers du xii e s., certes, mais il ne faut pas confondre le mode de «performance» et le mode de circulation). Les chapitres suivants sont consacrés à l’examen de chacun des romans; ils paraissent d’intérêt inégal: à notre avis, c’est sur Érec et Énide (chap. iv), Cligès (chap. v) et surtout sur le Conte del Graal (chap. viii) que Ph. W. apporte les suggestions les plus intéressantes, lorsqu’il remarque par exemple avec perspicacité que «pour Érec et Énide, l’amour civilise; pour Tristan et Yseut, il marginalise. Érec et Énide est donc bien déjà un anti-Tristan.» (70). Commentant Cligès, Ph. W. met l’accent sur le motif de la clergie: ce sont les interventions de Thessala la magicienne et de Jean l’architecte qui permettent de résoudre le conflit, ce qui confère au roman un aspect «hermétique» 5 . Dans l’étude de Perceval, Ph. W., tout en reprenant des perspectives traditionnelles (le graal originel renvoie à un mythe celtique relatif à des talismans féeriques), montre de façon convaincante que le parallélisme de construction entre les aventures de Perceval et de Gauvain suggère une interprétation plausible du mythe du graal comme une sorte d’inversion du mythe sous-jacent à la Charrette (113 s.): dans ce dernier «l’autre monde, par un de ses émissaires, jette le trouble dans ce monde-ci jusqu’à ce qu’un héros venu de celui-ci pénètre dans l’autre monde pour y châtier le perturbateur. Dans le Conte du Graal, au contraire, le trouble règne dans l’autre monde, et c’est le héros venu de celui-ci qui vient rétablir le bon ordre». 266 Besprechungen - Comptes rendus 3 Chrétien de Troyes, Chansons, ed. Marie-Claire Gérard-Zai, in: Chrétien de Troyes, Romans, Paris 1994: 1214, 1222. 4 On aurait attendu dans ce paragraphe des développements plus nourris sur le «mariage courtois», représentation fondamentale depuis Érec et Énide. 5 Il est vrai que P. Nykrog avait déjà insisté en ce sens sur le personnage de Jean (Chrétien de Troyes, Romancier discutable, Genève 1996). Ce livre souvent riche et constamment intéressant est malheureusement déparé, comme nous l’avons déjà dit, par un assez grand nombre d’inexactitudes factuelles ou d’interprétations hasardeuses qui laissent l’impression que l’auteur ne s’est pas donné le temps ou les moyens de rédiger l’ouvrage avec toute la rigueur souhaitable. Au fil de la lecture: P. 10, est-il vraisemblable que les vers 21-27 du prologue du Graal soient une critique implicite de Marie de Champagne, dont Chrétien s’est (peut-être) séparé pour se mettre sous la protection de Philippe d’Alsace? Une telle insolence est-elle imaginable de la part d’un clerc de cour, et une telle discourtoisie de la part de Chrétien (Vilain gap ne parole estoute)? P. 15, Bernard de Clairvaux n’est pas le fondateur de l'ordre cistercien, même s’il en est le principal docteur. P. 19, développement «étymologique» sur clerc, qui «vient du lat. clericus signifiant instruit », et affirmation que le clerc «ne relève pas obligatoirement du clergé»: autant de raccourcis qui produisent des affirmations inexactes. P. 20, dans le Prologue de Cligès, v. 34, lire «de la clergie». P. 52, parler comme d’une donnée acquise du «matriarcat originel indo-européen» est problématique. P. 53, il est inconcevable aujourd’hui de rattacher André le Chapelain à la cour de Champagne, après les travaux de A. Karnein (De Amore in volkssprachlicher Literatur, Heidelberg 1985). P. 67, dans Érec, Ph. W. évoque «une enceinte mystérieuse . . . dénommée Joie de la cour», alors que c’est le nom de l’aventure ellemême (v. 5462): simple maladresse d’écriture, évidemment, mais qui montre que Ph. W. ne s’est pas relu. P. 68, le mariage d’Aliénor et d’Henri date de 1152, et non de 1154 (date de l’accession d’Henri ii au trône). P. 71, Énide ne saurait faire naître la «convoitise» de Guivret, chevalier belliqueux et loyal qui ne connaît pas de sentiments bas (v. 5047-51). P. 93, dans les propres termes du narrateur, qui ne sont pas sans importance pour la signification du roman, la charrette n’est pas celle des «condamnés à mort», mais l’équivalent d’un pilori (les v. 336-38 prouvent que le passager de la charrette perd l’honneur, mais non la vie, même si plus loin une foule haineuse envisage son exécution, v. 410). P. 94, Ph. W. ne mentionne pas la cause première de la froideur de Guenièvre, les «deux pas» d’hésitation de Lancelot. P. 96, Guenièvre n’a pas «murmuré contre Arthur en le quittant», mais a fait appel à Lancelot in petto: Ph. W. fait allusion aux v. 209-11 du Lancelot, dans lesquels toutes les éditions - à l’exception de celle, déplorable, de M. Roques - corrigent la leçon Ha rois du ms. de Guiot. P. 110, l’effondrement de la culture religieuse en est-il arrivé au point qu’il faille préciser au lecteur dans une parenthèse qu’une hostie - étrange définition - est une «pâtisserie légère [sic] destinée à la communion lors de la messe»? On ne saurait conclure sans songer à comparer le livre de M. Ph.Walter avec le volume que J. Frappier avait consacré jadis à Chrétien de Troyes dans la collection Connaissance des Lettres (Paris 1968): les deux ouvrages répondent au même projet d’introduction générale à la lecture de Chrétien, visent donc à présenter une synthèse des connaissances disponibles à un moment du développement des études, s’adressent au même type de public (principalement étudiant), et le livre de M. Walter est probablement destiné à remplacer celui de Frappier qui n’est plus disponible en librairie. Il nous semble que M. Walter, en s’en tenant d’ailleurs généralement à une interprétation traditionnelle des romans, a réussi dans une certaine mesure à renouveler la problématique, grâce aux nombreux développements consacrés à l’écriture de Chrétien, dans sa dimension rhétorique, à la lumière de la narratologie et plus généralement par rapport aux spécificités de la création littéraire au Moyen Âge (reflet d’une lecture moderne et «théorisante» des auteurs médiévaux, qui a relayé la perspective d’histoire littéraire dans laquelle se situait encore largement Frappier). Mais ce dernier (qui disposait il est vrai du double des pages d’un Que sais-je? ) ne nous semble guère avoir été surclassé dans la densité et la précision de l’information, ni dans la fermeté des jugements. Dans la mesure surtout où l’auteur n’indique que rarement les références précises à la littérature érudite sur laquelle il se fonde, son livre n’est guère utilisable comme mise au point sur «l’état présent des recherches», comme l’était celui de 267 Besprechungen - Comptes rendus Frappier. Nous n’en disposons pas moins, avec l’ouvrage de M. Walter, d’une nouvelle introduction utile à l’étude de Chrétien, qui ouvre bien des pistes de réflexion et se lit avec plaisir et intérêt. G. Eckard H Marie de France, Les Fables, édition critique, accompagnée d’une introduction, d’une traduction, de notes et d’un glossaire par Charles Brucker, 2 e édition revue et complétée, Paris/ Louvain (Peeters) 1998, vii + 400 p. (Ktemata 12) Le présent volume est une version signalée comme «revue et complétée» de l’édition des Fables de Marie de France par Charles Brucker, parue une première fois en 1991 chez la même maison d’édition. Il est probable que le tirage de 1991 a été épuisé et que l’on a voulu rendre cette œuvre toujours un peu méconnue de la poétesse médiévale à nouveau disponible pour le public. L’auteur et la maison Peeters avaient alors le choix entre une simple réimpression et une mise à jour. Ils ont opté pour la deuxième solution et il faut leur en savoir gré.Tout auteur sait combien il peut être pénible de remettre sur le chantier un travail dont on s’est éloigné au fil des années, au gré de nouveaux intérêts. Charles Brucker a eu le courage de rouvrir son dossier Marie de France pour faire profiter la communauté scientifique d’une version améliorée de son travail de 1991, et la maison d’édition a suivi: la mise en page a été complètement modifiée, ce qui a certainement entraîné un surcoût et un effort de travail supplémentaire. L’Avant-Propos de l’édition 1998 ne mentionne pas ces faits, mais indique qu’il a été « . . . tenu compte des observations qui . . . ont été faites [à propos de l’édition 1991], tant pour l’introduction que pour le texte, la traduction et le glossaire. Ce dernier a été augmenté d’un certain nombre de termes. La bibliographie a fait l’objet d’une mise à jour . . . » (vii). Le dernier point notamment est indéniable, même dans la table des abréviations, on a procédé à une actualisation: ainsi la parution des derniers volumes des grands dictionnaires a été soigneusement enregistrée et on y trouve maintenant aussi le DEAF. Dans la bibliographie proprement dite, les nouvelles entrées ne paraissent pas bien nombreuses, mais qui veut s’informer sur les dernières publications sur Marie de France, peut facilement recourir au 2 e supplément de la Bibliography de Glyn Burgess, datant de 1997. On note avec satisfaction la présence d’un article fondamental de Françoise Vielliard, «Sur la tradition manuscrite des Fables de Marie de France», Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 147 (1989): 371-97 que Charles Brucker ignorait en 1991. Pour ce qui est des «observations» dont il a été tenu compte, il doit s’agir des comptes-rendus, dont aucun n’est mentionné dans la bibliographie et dont à une exception près on ne trouve pas trace non plus dans les notes où, justement, l’éditeur aurait pu manifester son désaccord ou son approbation à l’égard de ce qui a été dit. À ma connaissance, l’édition de 1991 a fait l’objet des recensions suivantes: Gilles Roques, Revue de Linguistique Romane 55 (1991): 605-06; Leslie C. Brook, Medium Aevum 61 (1992): 333-34; Glyn S. Burgess, French Studies 46 (1992): 434; Peter F. Ainsworth, Modern Language Review 88 (1993): 452-53; Gabriella Parussa, Studi Francesi 37 (1993): 352; Sahar Amer, Romance Philology 48 (1994s.): 306-11; Marie-Claire Gérard-Zai, Vox Romanica 53 (1994): 327-28, et Günter Holtus, Zeitschrift für romanische Philologie 108 (1992): 744-45. Six de ces huit auteurs apportent des compléments souvent importants qui ont parfois été tacitement intégrés, parfois non 4 . Et là est tout le problème de cette «révision»: on ne sait pas 268 Besprechungen - Comptes rendus 4 Dans le cas de G. Holtus 1992, il s’agit d’une «Kurzanzeige», pour ce qui est du compte-rendu paru ici même, c’est une notice purement informative. On pourrait ajouter à la liste des travaux utiles à la compréhension du texte des Fables le Lexique de Marie de France d’Yorio Otaka (Tokio 1994) et le long compte-rendu par Claude Buridant, Revue de Linguistique Romane 61 (1997): 72-80.
