Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
1999
581
Kristol De StefaniPaul Vincent Rockwell, Rewriting Resemblance in Medieval French Romance. Ceci n’est pas un graal, New York/Londres (Garland) 1995, 246 p. (Garland Studies in Medieval Literature)
121
1999
A. Corbellari
vox5810275
Paul Vincent Rockwell, Rewriting Resemblance in Medieval French Romance. Ceci n’est pas un graal, New York/ Londres (Garland) 1995, 246 p. (Garland Studies in Medieval Literature) Le problème auquel s’attaque Paul Vincent Rockwell (= P. V. R.) dans ce livre de dimensions modestes est sans doute l’un des plus fascinants et des plus difficiles de la littérature médiévale, dans la mesure où il pose directement la question du socle épistémologique sur lequel s’est bâtie l’écriture romanesque au Moyen Âge. L’auteur n’ignore pas cet enjeu puisqu’il cite, dès les premières pages de son livre, les noms de Foucault et de Deleuze, qui parrainent la réflexion moderne respectivement sur la ressemblance et la répétition. On se souvient que dans la première partie de Les Mots et les Choses (Paris 1966) Foucault amalgamait à travers ce qu’il nommait «épistémè de la Renaissance» des concepts en réalité pour la plupart médiévaux. Et de fait, l’on attend toujours que le problème soit repris à la base, tant les vues de Foucault sont, en cet endroit de sa démonstration, gravement inférieures à ses considérations sur les épistémès «classique» et «moderne». P. V. R., disonsle d’emblée, n’est pas philosophe et l’on n’a pas à attendre de lui une vision de l’histoire de la pensée comparable à celle de l’auteur de l’Histoire de la Folie. On n’en est pas moins un peu frustré, après une introduction si riche d’ambitions et de promesses, de voir P. V. R. se restreindre très vite au seul domaine littéraire et laisser ses trop rares propositions pour une révision de l’idée foucanldienne de l «épistémè de la ressemblance» sombrer dans l’implicite d’une discussion certes menée avec rigueur, mais rapidement confinée à l’explicitation de termes qui ne sont jamais séparés de leur contexte d’écriture. Seul le chapitre introductif (chap. 1: «Introduction: A Turbulence with Resemblance») déborde quelque peu la pure littérature: partant de la question de Deleuze «Faut-il représenter la différence? » (5), P. V. R. propose, dans un questionnement rhétorique qui se souvient de la leçon de Dragonetti, un intéressant parallèle avec la Poetria Nova de Geoffroy de Vinsauf pour qui la ressemblance «was open to rhetorical amplification» (6 et 11); Martianus Capella, la Rhétorique à Herennius et surtout Cicéron ouvrent à la figure du litigator, «who in the process of refutation was to seek, among other things, to debunk the resemblances supporting the interpretive narrative of his opponent» (22). Le terrain est ainsi préparé pour reconnaître dans les formes romanesques qui s’élaborent aux xii e et xiii e siècles une vision de la ressemblance tout à fait irréductible à celle développée par la modernité. Une telle démarche ne contredit pas les nombreuses recherches qui tentent aujourd’hui, après une longue période d’obscurantisme «classicisant», de relier le «roman» médiéval à toute la tradition de ce qui, jusqu’au xx e siècle, s’est approprié ce nom; elle s’en présente bien plutôt comme l’indispensable complément: s’il est nécessaire d’affirmer qu’un Chrétien de Troyes possède toutes les qualités qui peuvent faire de lui un «romancier» au sens plein du terme, c’est-à-dire un écrivain conscient et responsable, il n’est pas moins urgent de souligner que les modalités de l’écriture médiévale, sans en être indignes, ne sauraient se réduire à celles de notre modernité. Le livre de P.V. R. examine tour à tour le problème des jumeaux dans Le Fresne et dans Galeran de Bretagne (chap. 2: «Twin Mysteries/ Ceci n’est pas un Fresne»), la question de la fausse Guenièvre dans le Lancelot en prose (chap. 3: «The Falsification of Resemblance»), celui de la conjointure chez Chrétien et dans le Lancelot en prose (chap. 4: «On the Vicissitudes of Juncture: The Insufficiencies of Resemblance»), celui des diverses translatios mises en scène par l’Eneas, autour de l’image du rains (= «rameau»), qui permet à l’auteur, par un jeu de mots (rains = «reins») de bifurquer sur la Queste del Saint Graal (chap. 5: «The Repeatings Rains»), avant de revenir sur les rapports de Chrétien et du Lancelot en prose dans un ultime chapitre (chap. 6: «The Localization of the Conte: Ceci n’est pas un graal») qui, à vrai dire, ne débouche pas sur une conclusion très ferme, mais laisse plutôt au lecteur le soin de mettre ensemble les différents concepts traversés. 275 Besprechungen - Comptes rendus On pourrait s’interroger sur la commensurabilité des paradigmes juxtaposés dans l’ouvrage, mais c’est précisément le pari de P. V.R. que de proposer une théorie globale de ces «ressemblances» apparemment disparates et de nous conduire à y reconnaître à l’œuvre une même pensée analogique. Y a-t-il réussi? D’emblée, plus que dans les rencontres onomastiques («The distinction between the woman and the tree, between Le Fresne and le fresne, although obvious, is relegated to the realm of the insignificant» affirme p. 27 l’auteur), ce sont à travers des concepts (l’umbre) et des métaphores (la flur) que la ressemblance se fait jour, subsumée par l’idée (on sent ici planer l’ombre de Derrida) du sourplous qui n’est pas «the ‹solution› to the obscurity of the past, but rather the problem itself» (39). S’égrènent ainsi, au long du livre, plusieurs concepts (umbre, fuissel, rains, remembrance, conjointure, sanblanz, etc.) dont on ne sait pas toujours s’ils font système ou s’ils sont introduits à la faveur des différents textes glosés. A cet égard, le glossaire sur lequel s’achève le livre (229-31) est extrêmement décevant: il n’aidera que le lecteur anglophone totalement ignorant de l’ancien français et laissera sur sa faim le spécialiste qui y cherchera en vain les références des diverses occurrences des lexèmes cités, où se côtoient de surcroît simples termes de civilisation et véritables mots-clés. Le problème de la complétude narrative (lié à celui de la restauration des objets brisés ou incomplets) inspire à P. V. R. d’intéressantes vues sur la conjointure et la difficulté des narrateurs postérieurs à Chrétien à légitimer leur pratique d’écriture: comme il le dit, «the prose texts motivate and legitimize their own rewriting of Chrétien’s discourse by reinscribing the poet’s metaphors of poetic production into the distinction between ‹insufficiency› and the soffisanz» (100). Dans le dernier chapitre, c’est la possibilité même de la fiction après Chrétien qui se trouve liée à la fois à la revendication d’une filiation et à sa négation: « . . . the genealogy of the text would contain an oubli that would threaten the cycle’s whole narrative machine . . . » (198). On retiendra aussi les très stimulantes considérations sur le concept, encore trop négligé par les chercheurs, de la remembrance qui, en tant que «process of reproduction from which emerges an object that shares a certain resemblance with the poetry of the past» (106), mérite pleinement d’être glosé dans cet ouvrage sur la ressemblance et qui permet de surcroît à P. V. R. de proposer, via les problèmes du voyage et de l’eau d’oubli du Léthé, une interprétation de l’Eneas où « . . . the questions of remembrance, oblivion, resemblance, rewriting, and narrative authority all converge in a way that anticipates the convergence of these notions in the allegory of the Queste . . . » (137). Cette idée de la naissance de l’allégorie romanesque à partir du problème de la commensurabilité ne manque pas de force, même si on peut se demander si le glissement du rains d’or (le rameau d’or de l’Eneas) aux rains chastes de Galaad, et par extension à la thématique de la procréation (alors que le terme rains n’est employé dans ce sens que dans la citation de la p. 162) n’est pas quelque peu artificielle. Dans le même ordre d’idées, on pouvait se demander si la différence entre «li mieldres chevaliers dou monde» et «li mieldre chevaliers del monde» (69ss.) valait bien toute la discussion qu’elle suscite? Enfin, on ose espérer que le lien suggéré à l’extrême fin du chapitre 5 entre l’or du rameau et l Or de «dist le conte» (185) n’est qu’une facétieuse pirouette. En fin de compte, le parcours, pour brillant qu’il soit, semble quelque peu manquer d’assises et il n’est pas rare qu’un long développement se termine avant qu’une conclusion vraiment ferme ait été tirée du jeu des concepts mis en présence. Le livre de P. V.R. nous laisse ainsi une impression mitigée: il s’inscrit dans une ligne apparentée à la psychanalyse et surtout au déconstructivisme (comme en font foi les nombreuses allusions aux travaux d’A. Leupin), mais semble souvent reculer devant la perspective d’interprétations vraiment neuves qui feraient participer les concepts dégagés d’un projet d’écriture qui installerait la narration médiévale dans la véritable conscience de sa nature «supplémentaire». Caractéristique à cet égard apparaît la trop rapide évacuation de la figure du diable, seulement 276 Besprechungen - Comptes rendus évoquée aux p. 223s. Faute d’être assumés dans leurs dernières conséquences, certains jeux de mots apparaissent alors quelque peu gratuits et ne rendent peut-être pas justice à une pensée dont nous devons cependant gager qu’elle n’a pas dit son dernier mot. A. Corbellari H Le canzione di Eustache le Peintre, edizione critica a cura di Maria Luisa Gambini, Fasano (Schena) 1997, 337p. (Biblioteca della Ricerca. Medio Evo di Francia 6) Eustache le Peintre oder Eustache de Reims lauten die beiden Namen, mit denen ein trouvère benannt wird, dessen dichterisches und kompositorisches Schaffen in das frühe 13. Jahrhundert zu datieren ist, und die zum einen als Berufsbezeichnung (oder bereits etablierter Familienname), zum anderen als Angabe der geographischen Herkunft dieses Dichters zu verstehen sind. Viel ist über ihn nicht bekannt, außer daß er sich selbst in einem seiner Gedichte sowohl mit Tristan als auch mit den ihm einige Jahre vorausgehenden Dichtern Chastelain de Coucy und Blondel de Nesle vergleicht, von denen ihm keiner in der Intensität seiner Liebe gleichkomme (i, 33ss.). Eine vage zeitliche Zuordnung findet sich in der Zueignung eines seiner Lieder an den Conte de Forez, der wohl im Jahre 1241 gestorben ist, wodurch ein terminus ante quem gegeben ist. Sieben Eustache zuzuschreibende Gedichte bzw. Lieder sind in insgesamt neun Handschriften erhalten, wobei es sich ausschließlich um Kanzonen handelt. Die Einschätzung seines dichterischen Vermögens ist bislang von zurückhaltender bis abwertender Haltung geprägt. So schreibt A. Långfors, der als erster und vor Gambini einziger die komplette Eustachesche Lyrik ediert hat (Romania 58 [1932]: 353-74), über eine der Kanzonen: « . . . comme poésie elle est parfaitement banale, de même que les autres chansons du même auteur . . . » (p. 357). Nicht viel Positiveres liest man von A. Vitale Brovarone in LexMa 4: 110: «E.s Werk (ausschließl. Liebeslieder) ist sehr konventionell und auch in metrischer Hinsicht gleichförmig. Charakteristische oder zumindest in bezeichnender Weise häufig wiederkehrende Themen fehlen weitgehend, eine Ausnahme bildet vielleicht nur die Tendenz, einige Gemeinplätze sentenzartig zu stilisieren . . . ». Und offensichtlich von Långfors beeinflußt ist das Urteil von G. Muraille und F. Fery-Hue in DLF 2 432b: « . . . bien qu’il se prétende plus épris que ces poètes et ce héros célèbres [s. oben], la profondeur du sentiment et l’originalité de l’inspiration manquent à ses compositions qui se recommandent surtout par la qualité de leur style . . . ». Letzte Aussage wiederum ist inspiriert von Tarbé, der zurecht meinte: « . . . ses plaintes amoureuses sont écrites d’un style pur et . . . ses vers ont parfois une élégante concision . . . » (zitiert nach Långfors 1932: 357). Stellt man nämlich in Rechnung, daß die Dichtung der mittelalterlichen höfischen Gesellschaft inhaltlich nichts weiter ist als ein unaufhörliches Umkreisen der Lebenswerte dieser Gesellschaft, wie Köhler es ausdrückt, so ist bei der Beurteilung der Qualität eben dieser Dichtung der formalen Originalität eine verstärkte Aufmerksamkeit zuzuwenden. Und hier braucht sich Eustache wahrhaftig nicht zu verstecken. Die Kriterien zu einer Beurteilung sind bequem zugänglich in dem immer noch zu wenig berücksichtigten, von Frau Gambini mit Gewinn konsultierten Répertoire métrique von U. Mölk und F. Wolfzettel 1 . Gedicht i (RS 1892; MölkWolf 670) ist ein isometrischer Zehnsilber in Strophen zu acht Versen mit rimes internes, coblas doblas und einem envoi régulier, zu dem es bei gleichem Reimschema keine Entsprechung gibt. Zu ii (RS 2116; Mölk- 277 Besprechungen - Comptes rendus 1 U. Mölk/ F. Wolfzettel, Répertoire métrique de la poésie lyrique française des origines à 1350, München 1972, in der Folge abgekürzt MölkWolf; die hier verwendeten Sigel sind die des DEAF.
