eJournals Vox Romanica 59/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2000
591 Kristol De Stefani

Jean-Michel Adam, Linguistique textuelle: des genres de discours aux textes, Paris (Nathan) 1999, 208 p.

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2000
J.  Zufferey
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Besprechungen - Comptes rendus Jean-Michel Adam, Linguistique textuelle: des genres de discours aux textes, Paris (Nathan) 1999, 208 p. L’ouvrage se compose de deux parties: la première consiste en un exposé théorique et la seconde propose l’analyse de quelques pratiques discursives. Le propos débute par un panorama bibliographique des études consacrées à l’objet texte. À travers le parcours de nombreux titres, J.-M. Adam souligne la diversité des points de vue qui ont été portés sur la textualité. L’évocation de ces multiples recherches permet tout d’abord de réaffirmer l’intérêt de l’objet texte et le bien-fondé de son étude. Mais l’enjeu consiste également à rappeler les positions théoriques qui sont à l’origine de la linguistique textuelle et qui ont par la suite contraint cette dernière à un long travail d’émancipation déterminé par une volonté d’homogénéité et de cohérence. Une constatation initiale lance la réflexion: dans la communication ordinaire, l’unité linguistique est bien le texte. L’objet linguistique, qui avait traditionnellement été restreint à la phrase, voit ses limites étendues au texte, développement qui s’accompagne d’une rupture théorique. Il s’agit désormais d’établir «une théorie des assemblages d’unités textuelles qui ne soit pas purement compositionnelle (du bas vers le haut, des petites aux grandes unités), mais une dialectique des relations très complexes du local et du global» (26). Si l’organisation des textes dépend en partie, comme le reconnaît l’auteur, des contraintes internes de la langue, elle est également tributaire des circonstances particulières de la communication. Ainsi, du phonème au texte, chaque unité de rang supérieur se caractérise par une plus grande liberté dans ses modes d’assemblage. Et en particulier au niveau englobant du texte, la prépondérance de l’enracinement situationnel empêche l’établissement d’une grammaire normative des discours. C’est pourquoi il est nécessaire pour le linguiste de faire intervenir les genres «comme facteurs de régulation de la créativité langagière des hauts niveaux» (30). Dans cette perspective, les textes se donnent comme traces des actions langagières que les sujets entreprennent dans les cadres régulateurs du domaine social. On comprend ainsi la complémentarité que défend l’auteur entre une linguistique de la langue et une linguistique du discours. Il revient donc au linguiste de développer des moyens descriptifs aptes à caractériser les textes en fonction de leur contexte de communication. Au niveau le plus bas de la composition textuelle, l’auteur prend en compte la proposition, entendue comme composé logique minimal marqué par une prise en charge énonciative. Plusieurs propositions peuvent former, par empaquetage, des périodes ou, potentiellement plus étendues encore, des séquences. Le dernier niveau étant celui du texte même et de ses plans d’organisation toujours singuliers. À relever le peu d’intérêt consacré à la phrase ainsi que la disparition des parenthésages qui, dans les travaux antérieurs de l’auteur, constituaient un palier intermédiaire entre la période et la séquence. La complexité de l’organisation textuelle amène Adam à rejeter l’idée de types de textes au profit du concept moins normatif de genre. Ce parti pris rejoint l’intention d’étudier et de décrire les textes en fonction de la singularité de leur inscription historico-sociale: «Un genre relie ce que l’analyse textuelle parvient à décrire linguistiquement à ce que l’analyse des pratiques discursives a pour but d’appréhender sociodiscursivement» (83). L’avantage est donc que les genres, enregistrant certes des régularités sous le poids de l’interdiscours et des pratiques sociales, demeurent néanmoins ouverts à une infinie variété dans les formes et s’avèrent donc plus souples que les types de textes. Après avoir circonscrit le texte comme unité, puis étudié ses modes d’organisation interne et finalement établi le principe de son ancrage situationnel, Adam aborde la question de sa fonction référentielle. En adéquation avec sa conception du texte, il adopte le terme de schématisation qu’il emprunte à J.-B. Grize. Par ce concept, le travail représentationnel des signes linguistiques est compris dans son fonctionnement dialogique et contextualisé. Cela amène l’auteur à terminer la première partie de l’ouvrage en insistant sur le caractère pragmatique de la linguistique textuelle. La seconde partie présente trois analyses de pratiques discursives. La première explore le dialogisme qui traverse un discours politique. Elle montre en effet que l’appel à la résistance prononcé par le général de Gaulle (18 juin 1940) ne peut se comprendre qu’en réponse aux déclarations proférées la veille par le maréchal Pétain. Dans la deuxième étude, ce sont les contraintes du genre sur la réalisation textuelle qui sont examinées à partir d’un corpus rendu célèbre par les recherches de W. Labov: les insultes rituelles. Et en décrivant la reprise de telles insultes dans des milieux d’adolescents français, l’auteur démontre également l’importance du contexte pour l’établissement d’un pacte communicationnel. La dernière étude est, quant à elle, consacrée à la transposition d’un texte dans une nouvelle formation discursive, à savoir la transformation d’un fait divers journalistique en poème futuriste opérée par Blaise Cendrars. Dans cet ouvrage,Adam entreprend une synthèse des recherches qu’il a menées au cours des quinze dernières années. Faisant en quelque sorte le point sur sa réflexion, il intègre ses travaux et options méthodologiques dans un modèle général. Son objectif essentiel demeure par conséquent le même: l’articulation de l’analyse de discours et de la linguistique textuelle. J. Zufferey H Jacqueline Cerquiglini-Toulet/ Christopher Lucken (ed.), Paul Zumthor ou L’invention permanente. Critique, histoire, poésie, Genève (Droz) 1998, 164 p. (Recherches et rencontres/ Publications de la Faculté des lettres de Genève 9) Romancier et médiéviste, penseur et poète, Paul Zumthor (1915-1995) compte certainement parmi les «chercheurs en lettres» les plus complets et les plus originaux de la deuxième moitié du xx e siècle. Le présent recueil est l’aboutissement d’une journée de réflexion et de discussion autour de sa riche œuvre, organisée le 16 décembre 1996 par le Département de langues et littératures françaises et latines médiévales de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève. Il réunit les communications de cette journée et y ajoute quelques papiers présentés à Paris à l’occasion de deux autres manifestations organisées en hommage au médiéviste disparu (La parole vivante de Paul Zumthor, Maison de la Poésie/ Institut Culturel Italien, 25/ 26 novembre 1996; Paul Zumthor, l’unité d’une œuvre, Collège de France, 13 décembre 1996). Jean Rousset ouvre le volume avec un petit texte suggestif sur la «Présence de l’autobiographie chez Paul Zumthor» (9-13), dans lequel il insiste notamment sur les multiples interactions, dans la pensée et dans l’œuvre zumthoriennes, de ces deux formes de connaissance et d’existence que sont la «poésie» et l’«histoire», problème capital pour Zumthor, on le sait, et sur lequel celui-ci a ouvertement réfléchi à plusieurs reprises. A son tour, Yves Bonnefoy, dans «Paul Zumthor: Errance et transgressions dans une destinée d’historien» (15-26), sonde les pulsions intimes qui motivent et structurent l’œuvre 197 Besprechungen - Comptes rendus