eJournals Vox Romanica 59/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2000
591 Kristol De Stefani

Jacqueline Cerquiglini-Toulet/Christopher Lucken (ed.), Paul Zumthor ou L’invention permanente. Critique, histoire, poésie, Genève (Droz) 1998, 164 p. (Recherches et rencontres/ Publications de la Faculté des lettres de Genève 9)

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Ursula  Bähler
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et des pratiques sociales, demeurent néanmoins ouverts à une infinie variété dans les formes et s’avèrent donc plus souples que les types de textes. Après avoir circonscrit le texte comme unité, puis étudié ses modes d’organisation interne et finalement établi le principe de son ancrage situationnel, Adam aborde la question de sa fonction référentielle. En adéquation avec sa conception du texte, il adopte le terme de schématisation qu’il emprunte à J.-B. Grize. Par ce concept, le travail représentationnel des signes linguistiques est compris dans son fonctionnement dialogique et contextualisé. Cela amène l’auteur à terminer la première partie de l’ouvrage en insistant sur le caractère pragmatique de la linguistique textuelle. La seconde partie présente trois analyses de pratiques discursives. La première explore le dialogisme qui traverse un discours politique. Elle montre en effet que l’appel à la résistance prononcé par le général de Gaulle (18 juin 1940) ne peut se comprendre qu’en réponse aux déclarations proférées la veille par le maréchal Pétain. Dans la deuxième étude, ce sont les contraintes du genre sur la réalisation textuelle qui sont examinées à partir d’un corpus rendu célèbre par les recherches de W. Labov: les insultes rituelles. Et en décrivant la reprise de telles insultes dans des milieux d’adolescents français, l’auteur démontre également l’importance du contexte pour l’établissement d’un pacte communicationnel. La dernière étude est, quant à elle, consacrée à la transposition d’un texte dans une nouvelle formation discursive, à savoir la transformation d’un fait divers journalistique en poème futuriste opérée par Blaise Cendrars. Dans cet ouvrage,Adam entreprend une synthèse des recherches qu’il a menées au cours des quinze dernières années. Faisant en quelque sorte le point sur sa réflexion, il intègre ses travaux et options méthodologiques dans un modèle général. Son objectif essentiel demeure par conséquent le même: l’articulation de l’analyse de discours et de la linguistique textuelle. J. Zufferey H Jacqueline Cerquiglini-Toulet/ Christopher Lucken (ed.), Paul Zumthor ou L’invention permanente. Critique, histoire, poésie, Genève (Droz) 1998, 164 p. (Recherches et rencontres/ Publications de la Faculté des lettres de Genève 9) Romancier et médiéviste, penseur et poète, Paul Zumthor (1915-1995) compte certainement parmi les «chercheurs en lettres» les plus complets et les plus originaux de la deuxième moitié du xx e siècle. Le présent recueil est l’aboutissement d’une journée de réflexion et de discussion autour de sa riche œuvre, organisée le 16 décembre 1996 par le Département de langues et littératures françaises et latines médiévales de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève. Il réunit les communications de cette journée et y ajoute quelques papiers présentés à Paris à l’occasion de deux autres manifestations organisées en hommage au médiéviste disparu (La parole vivante de Paul Zumthor, Maison de la Poésie/ Institut Culturel Italien, 25/ 26 novembre 1996; Paul Zumthor, l’unité d’une œuvre, Collège de France, 13 décembre 1996). Jean Rousset ouvre le volume avec un petit texte suggestif sur la «Présence de l’autobiographie chez Paul Zumthor» (9-13), dans lequel il insiste notamment sur les multiples interactions, dans la pensée et dans l’œuvre zumthoriennes, de ces deux formes de connaissance et d’existence que sont la «poésie» et l’«histoire», problème capital pour Zumthor, on le sait, et sur lequel celui-ci a ouvertement réfléchi à plusieurs reprises. A son tour, Yves Bonnefoy, dans «Paul Zumthor: Errance et transgressions dans une destinée d’historien» (15-26), sonde les pulsions intimes qui motivent et structurent l’œuvre 197 Besprechungen - Comptes rendus de Zumthor. Il s’arrête, tout comme Rousset, au rapport complexe entre le «savant» et le «poète», et y ajoute deux aspects supplémentaires: le «nomadisme» - tant physique (on connaît l’itinéraire mouvementé de Zumthor) qu’intellectuel - et le désir d’une «pure immanence à l’univers». Ce dernier point, Bonnefoy le dégage subtilement d’une analyse du concept zumthorien de vocalité, à l’égard duquel il émet, en passant, quelques réserves intéressantes, en insistant sur les difficultés voire l’impossibilité qu’il y a de penser une voix qui serait l’expression d’un corps non déjà structuré par le langage. On entrevoit d’ailleurs facilement, autour de ce «désir de l’immanence pure», une parenté d’âme entre les deux chantres de la présence, et le texte de Bonnefoy se recommande également à la lecture du fait même que celui-ci y expose une nouvelle fois quelques-unes de ses idées sur la poésie. (Une petite remarque d’ordre technique: on comprend mal pourquoi les indications des sources en bas de page font défaut dans cet article.) La contribution de Hans-Ulrich Gumbrecht, «Présence et plénitude» (73-85), reprend à sa manière le problème de la «présence», et l’on regrette que ce texte ne suive pas immédiatement celui de Bonnefoy. D’une façon générale, et c’est la seule critique que je formulerai à l’adresse des deux éditeurs, on aurait souhaité que les différentes contributions soient présentées dans un ordre plus logique, thématique, tant il est vrai qu’elles se regroupent presque spontanément autour de quelques grands sujets. - Gumbrecht propose, comme l’indique le sous-titre de sa contribution, de cerner «une trace philosophique dans l’œuvre de Zumthor». Cette trace, c’est le désir ontologique, qui s’oppose aux visions constructivistes du monde qui ont marqué le xx e siècle. Si rien n’empêche de faire de «l’attirance ontologique», très présente en effet chez Zumthor, une position «philosophique», et de rapprocher celle-ci - comme le propose également Gumbrecht - des idées de Heidegger et, plus loin, d’Aristote, on pourrait aussi, me semble-t-il, rattacher plus simplement ce désir à celui d’explorer et de créer, à travers l’activité scientifique et l’écriture, une vision poétique du monde. Car le désir ontologique - l’aspiration à la présence, à la plénitude - n’est-il pas, ainsi que semble nous le rappeler également le texte de Bonnefoy, l’un des ressorts les plus importants de la création poétique? Symptomatiquement, d’ailleurs, l’article de Gumbrecht quitte peu à peu le domaine philosophique pour finir sur la poésie, celle de Zumthor, justement. On peut regrouper, ensuite, les deux contributions de Roger Dragonetti et de Henri Chopin, dans la mesure où ces deux auteurs insistent, chacun à sa manière et de son point de vue, sur l’importance de la voix dans la littérature et la poésie. Le texte du premier, «Entre l’oralité et l’intimité vocale de l’écriture» (51-62), est en effet plus qu’une réflexion sur la pensée zumthorienne, un hymne qui s’en inspire pour chanter la voix des textes médiévaux. Quant à Henri Chopin, chef de file de la P.S. («poésie sonore», syntagme où, je l’indique à l’intention de ceux qui comme moi l’auraient ignoré, «sonore» n’est pas un adjectif mais un substantif), il évoque, dans «Une très longue rencontre» (109-16), les idées qu’il avait partagées avec le médiéviste poète, celle, avant tout, du primat de la voix et plus généralement du corps. La rencontre entre Chopin et Zumthor avait d’ailleurs abouti à la parution, en 1993, d’un album intitulé Les Riches Heures de l’Alphabet. Quatre articles traitent de l’œuvre médiévistique proprement dite de Zumthor. Dans «Le moyen âge de Paul Zumthor» (27-32), titre qui reprend celui d’une étude consacrée par ce dernier, en 1967, à Victor Hugo, Jacqueline Cerquiglini-Toulet décrit quelques-uns des traits généraux qui caractérisent le moyen âge zumthorien, un moyen âge «des grands espaces» et des «vastes ensembles chronologiques», nettement centré pourtant sur l’époque du «grand chant courtois». L’auteur relève également quelques caractéristiques de l’activité «scientifique» (on sait que Zumthor n’aimait pas ce qualificatif) du médiéviste, son sentiment permanent d’urgence, par exemple, ou l’importance qu’il accordait au «plaisir» (barthésien) et à la «saveur du savoir», mais aussi sa décision affichée de ne pas s’occuper de l’établissement des textes. Et J. Cerquiglini-Toulet d’amorcer une réflexion intéressante sur 198 Besprechungen - Comptes rendus le conflit, dans la pensée de Zumthor, entre le sens de l’histoire et la peur de l’origine, conflit qui serait en partie résolu par l’appel à la voix, origine et permanence à la fois. En prenant une position quelque peu provocatrice, Stephen G. Nichols («Et si on repensait le grand chant courtois », 33-50) juge très sévèrement la tentative entreprise par Zumthor dans son Essai de poétique médiévale de saisir le «grand chant courtois» comme une structure formelle, et regrette que le savant, arrivé, dans Langue et techniques poétiques à l’époque romane, à un «carrefour», n’ait pas pris le chemin de la poésie populaire, «précourtoise» (celle des jarchas notamment), qu’il y avait également traitée, et avec enthousiasme, mais seulement pour l’expulser aussitôt de son cadre de réflexion. L’entreprise de l’Essai est donc aux yeux de Nichols celle d’une réduction appauvrissante, née du courant structuraliste de l’époque - «[i]l ne s’agit pas d’interpréter une chanson particulière, ni [l’]œuvre d’un poète en tant que tel[le], mais d’expliquer le principe lyrique» (47) - et s’opposant aux travaux du même Zumthor sur la performance et la matérialité de la voix menés à bien dans les années 1980. Le protagoniste de la new philology finit alors par inviter ses collègues à repenser, sinon à rejeter complètement de leur vocabulaire l’expression même de «grand chant courtois», consacrée par Zumthor et Dragonetti, ces deux «colosses des études lyriques médiévales de la deuxième moitié du xx e siècle» (33). Emmanuèle Baumgartner, dans «Paul Zumthor et le roman médiéval» (63-72), se situe d’emblée en terrain «sensible», puisque le rapport de Zumthor aux romans médiévaux était tout sauf facile. E. Baumgartner n’hésite pas à insister sur ce que les déclarations, parfois délibérément polémiques, de Zumthor sur les œuvres romanesques médiévales, celles que l’on trouve dans La lettre et la voix notamment, ont souvent de schématique et de réducteur - en gros: le roman comme manifestation de l’«écriture» qui tue la «voix» -, et souligne en même temps combien les réflexions du savant sur la poésie lyrique sont justement capables d’ouvrir également de nouvelles perspectives à l’étude des romans, lieux de manifestation, eux aussi, de multiples présences vocales. Rosanna Brusegan («Les parcours de l’invention chez Paul Zumthor», 87-107) tente de montrer comment les discours savant et poétique, séparés dans la première phase de l’activité de Zumthor, deviennent de plus en plus solidaires à partir des années 1980. Le parcours proprement scientifique aurait ainsi amené le médiéviste du formalisme à la dynamisation des structures et, finalement, à l’intégration de la corporéité, de la sensibilité et de la sensualité. Et R. Brusegan d’en venir également, comme déjà J. Cerquiglini-Toulet, à la question de l’origine: «Les deux discours, critique et poétique, ne suivent plus deux parcours différents, mais parlent désormais à travers une seule voix: l’histoire personnelle filtre et métaphorise l’histoire passée. L’origine, niée au niveau conscient de la pensée - la critique de la philologie des sources - resurgit au niveau inconscient» (99). Le dernier quart du volume est occupé par le texte d’une interview que Paul Zumthor avait accordée à Helen Solterer en 1991 («Performer le passé. Rencontre avec Paul Zumthor», 117-59). Conformément aux intérêts spécifiques de H. Solterer, l’entretien est centré sur l’expérience théophilienne du jeune Zumthor dans les années 1933-1936. Nous apprenons ainsi que l’impact de cette expérience pour les travaux de Zumthor n’avait nullement été immédiat. La troupe de Cohen, ce fut d’abord, à l’époque, un lieu de sociabilité pour le jeune étudiant. Ce n’est que beaucoup plus tard que Zumthor a consciemment intégré cette expérience dans ses réflexions sur la théâtralité. Zumthor s’explique également, dans cet entretien, sur ce qu’il entend par «intelligence poétique», c’est-à-dire un raisonnement par analogie opposé à l’«intelligence purement scientifique», fondée quant à elle sur la déduction. Le volume se clôt sur une bibliographie, établie par Marie-Louise Ollier, des travaux de Zumthor parus entre 1987 et 1997 (161-64), complément de la bibliographie chronologique de 1943 à 1987 publiée dans Le Nombre du Temps, mélanges offerts à Zumthor en 1988. 199 Besprechungen - Comptes rendus Paul Zumthor ou L’invention permanente offre donc un premier panorama, très riche déjà, de différents aspects de l’œuvre de Paul Zumthor. D’autres études sont appelées à compléter les perspectives ici ouvertes et à élucider des domaines non encore abordés, celui, par exemple, de la réception des thèses zumthoriennes sur la mouvance dans d’autres disciplines. Ainsi, tout un groupe d’historiens, avant tout suisses (Roger Sablonier) et allemands (Hagen Keller) tentent de cerner les «Verschriftlichungsprozesse» au moyen âge en faisant appel, entre autres, aux travaux de Zumthor. Mentionnons pour conclure l’existence d’un «Fonds Paul-Zumthor», qui vient d’être créé à Montréal et qui est destiné à «assurer le rayonnement de l’œuvre de P.Z. dans la diversité de ses aspects, grâce surtout à l’octroi de bourses de recherches et, éventuellement, à d’autres formes d’aide (tenue de colloques, publications, etc.)» (165). Ursula Bähler H Jacques Moeschler, Théorie pragmatique et pragmatique conversationnelle, Paris (Armand Colin) 1996, 255 p. (U Linguistique 331) Der von Jacques Moeschler hier vorgelegte Band umfaßt einen Avant-propos (7-9), eine Introduction: Pragmatique et conversation (11-18) und zwölf Kapitel, die in drei Teile gegliedert sind. Neu sind nur das Vorwort und die Einleitung; der ganze Rest ist zwischen 1989 und 1994 an den unterschiedlichsten Stellen in der Form von Aufsätzen bereits vorgelegt worden 1 . Es handelt sich im einzelnen um die folgenden Arbeiten: im ersten Teil (Théorie pragmatique: acte de langage, argumentation, pertinence) 1. «Pragmatique et linguistique de la parole» (21-36), 2. «Topos et inférence» (37-50), 3. «Lexique et pragmatique» (51-70); im zweiten Teil (Analyses pragmatiques: métaphore et idiome, négation, référence temporelle) 4. «Pragmatique de la métaphore» (73-90), 5. «Métaphore et idiome» (91-105), 6. «Pragmatique de la négation» (107-26), 7. «Pragmatique de la négation» (127-47), 8. «Pragmatique de la référence temporelle» (149-72); im dritten Teil (Pragmatique conversationnelle: structures, connecteurs et inférences conversationnelles) 9. «L’analyse de la conversation» (175- 94), 10. «Actes de langage et conversation» (195-206), 11. «Signification et interprétation dans la conversation» (207-16) und 12. «Enchaînement et interprétation dans la conversation» (217-32). Den Abschluß machen eine ausführliche Bibliographie (233-46) und ein Namenindex (247-49). Moeschler geht es darum zu zeigen, was eine Pragmatik natürlicher Sprachen sein und leisten kann, er fragt nach den Implikationen einer derartigen Option für die Beschreibung sprachlicher Phänomene und für die Konsequenzen des pragmatischen Ansatzes für die Diskurs- und Konversationsanalyse. Sein Ansatz ist unter dem Einfluß von Grice und Sperber/ Wilson ein radikal-pragmatischer; eine in die Linguistik integrierte Pragmatik wird entschieden abgelehnt, was sicher zu weit geht; Linguistik und Pragmatik bedingen sich vielmehr gegenseitig, ohne daß man die eine der beiden Betrachtungsweisen in die andere integrieren müßte. Das findet sich letztlich ansatzweise auch bei Moeschler, wenn er (im Anschluß an Sperber/ Wilson) betont, daß die Informationsverarbeitung auf zwei Ebenen, einer sprachlichen und einer pragmatischen, stattfinde. Die hier vereinten Arbeiten lassen sich zwei unterschiedlichen Bereichen zuordnen: demjenigen einer allgemeinen Pragmatiktheorie und demjenigen einer konversationellen Pragmatik. Gemeinsam ist ihnen, daß sie sich um eine pragmatische Theorie bemühen, die 200 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. p. 6 das Verzeichnis der originären Publikationsstellen.