Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
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Kristol De StefaniMartin-Dietrich Glessgen/Franz Lebsanft, Alte und Neue Philologie, Tübingen (Niemeyer) 1997 (Beihefte zu editio 8) x + 384 p.
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R. Trachsler
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nicht der Gefahr einer Verdammung der Ökonomie. Vielmehr binden sie diese, wie gezeigt, in ihr Konzept ein, ohne daß sie die Ökologie der Ökonomie deshalb andienen würden. Diese Haltung zeichnet den Ansatz der Autoren generell aus: Sie integrieren die verschiedenen Kräfte, ohne Unterschiede und mögliche Konfliktpunkte, z.B. zwischen moralischen und ästhetischen Standpunkten oder zwischen Ökonomie und Ökologie, zu nivellieren oder zu verschweigen. Trotz des integrativen Charakters läuft das Projekt keinesfalls Gefahr zu verwässern, es erhält im Gegenteil gerade dadurch seine eigenen Konturen. Aus dem Pragmatismus der Autoren und ihrem Einbinden der verschiedenen Kräfte den Schluß zu ziehen, sie verfolgten keine weitreichenden Ziele, wäre grundverkehrt. Sie wollen energisch gegen das Aussterben von Sprachen angehen und sich keinesfalls mit musealen Sprachen, die nur in Wörterbüchern oder ähnlichen Zeugnissen konserviert werden, zufriedengeben. Kritisieren kann man allerdings die Verwendung von global bzw. globalization. Beide Wörter sind in Greenspeak vornehmlich in einem sehr speziellen Kontext, dem der Globalisierung des Umweltdiskurses, zu finden und positiv besetzt - die Verf. begrüßen diese Globalisierung, da sie in ihr einen maßgeblichen Faktor für die Entwicklung einer environmental lingua franca sehen. Daß andererseits gerade die Globalisierung nicht unwesentlich zum Aussterben von kleineren Sprachen beiträgt, wird demgegenüber vernachlässigt. Nicht unproblematisch erscheint mir zudem die Einbindung der Ästhetik. Sie spielt, gerade gegen Ende des Buches, eine zentrale Rolle. Den Verdacht, daß es sich bei der ästhetischen Dimension zum Teil auch um eine Flucht handelt, können die Autoren m.E. nicht völlig ausräumen. Es besteht zumindest die Gefahr, daß diese Dimension mißverstanden und als Vorwand benutzt werden könnte, sich der moralischen Verantwortung zu entziehen bzw. zumindest die moralische Dimension zu vernachlässigen. Letztenendes ist vermutlich das umfangreiche Wissen in bezug auf natürliche Systeme, das es den Verf. verbietet, die Natur nach dem Maßstab moralisch/ unmoralisch zu beurteilen und somit die begrenzte Reichweite der moralischen Dimension aufzeigt, ein gewichtiger Grund dafür, daß sie der heiklen ästhetischen Dimension einen so großen Raum zugestehen. Die Autoren betreten, darauf weisen sie selbst wiederholt hin, mit ihrem Werk Neuland. Der unabgeschlossene Charakter, der dem Buch anhaftet, ist deshalb unvermeidlich. Der eingeschlagene Weg ist zwar mühsam und sehr arbeitsaufwendig, aber sicherlich sehr lohnend. Eine gewisse Langsamkeit ist bei dem gewählten Thema unvermeidlich. Nach Weinrich unterscheidet sich die Ökologie nicht zuletzt dadurch von der Ökonomie, daß für erstere gilt: «tous les problèmes sont longs et toutes les solutions lentes» 3 . Yvonne Stork H Martin-Dietrich Glessgen/ Franz Lebsanft, Alte und Neue Philologie, Tübingen (Niemeyer) 1997 (Beihefte zu editio 8) x + 384 p. Le volume rassemble vingt-trois communications présentées lors d’un colloque intitulé, précisément, «Alte und Neue Philologie» en octobre 1995, à Jena. Pour éviter tout malentendu qui pourrait surgir de l’emploi de ces termes allemands peu usités, il n’est peut-être pas inutile de préciser tout de suite qu’il ne s’agit pas de philologie «ancienne» et «moderne» au sens de «latin-grec» et «langues modernes», mais de «New Philology» et de ce qu’elle 208 Besprechungen - Comptes rendus 3 H. Weinrich, «Économie et écologie dans l’apprentissage des langues», Le Français dans le Monde 270 (1995): 35-41: 38. souhaite remplacer. Le volume constitue toutefois bien plus qu’un simple «débat» avec la «New Philology», car presque toutes les contributions évitent avec bonheur de verser dans la polémique pour présenter leurs observations plutôt comme une réflexion de principe sur la théorie et la pratique de la critique textuelle. Les fondements de notre discipline, donc. Ce qui est frappant, à la lecture suivie de ces contributions, c’est que la «New Philology», à peine cinq ans après le Manifesto paru dans le légendaire numéro de Speculum du printemps 1990, est retombée, tel un feu de paille, pour apparaître comme ce qu’elle est, une nouvelle mode, une tendance parmi d’autres, à l’instar du Nouveau Roman et du New Criticism. Les intervenants du colloque semblent en effet unanimes pour assimiler la «New Philology» à une opération de marketing plus qu’à une véritable remise en question des bases de la philologie traditionnelle. Mais les auteurs ont su saisir l’occasion offerte par les tenants de cette dernière approche pour réfléchir sur ces bases 1 . Une fois posé comme principe qu’une édition doit fournir au lecteur, dans la mesure du possible, toutes les informations qui lui permettent de comprendre un texte donné, il s’agit surtout de savoir comment l’éditeur va faire franchir à l’usager le fossé qui le sépare de l’œuvre. Comme le rappellent les éditeurs du volume, Martin-Dietrich Glessgen et Franz Lebsanft, dans leur stimulante introduction («Von alter und neuer Philologie oder: Neuer Streit über Prinzipien und Praxis der Textkritik», 1-14), les «ponts» construits par l’éditeur font inévitablement à la fois gagner et perdre de l’information par rapport à l’original. Le tout est de trouver l’équilibre idéal, en fonction du public visé. Les contributions des différents auteurs mettent en lumière les difficultés et les moyens qui permettent de parvenir à cet équilibre toujours à redéfinir. Autour de cette interrogation centrale, les éditeurs ont regroupé les contributions en quatre grandes sections dont on pourrait traduire les intitulés par «Traditions philologiques et débats dans différents pays et différentes disciplines» (sept contributions, 17-141), «Formes d’édition et approches de documents médiévaux» (six contributions, 145-235), «Formes d’édition et approches de documents modernes» (six contributions, 239-334) et, finalement, «Textes romans transmis dans des écritures autres que latines» (quatre contributions, 337-84). Afin de ne pas allonger outre mesure le présent compte-rendu et, surtout, pour ne pas trop outrepasser le domaine de mes compétences, je me concentrerai ici sur les deux premières sections. Les lecteurs dont les domaines de recherche sont complémentaires aux miens (ou simplement plus vastes) trouveront, en outre, dans le volume les contributions suivantes, toutes de très haut niveau, richement documentées et suivies de bibliographies substantielles: Jens Lüdtke, «Zur Edition von Quellentexten zur Geschichte des kolonialen Spanisch» (239-53); Günter Berger, «Mouvance, variance und die Folgen: Griselda und ihre Nachkommen » (255-65); Maria Lieber/ Fabio Marri, «Edition italienischer Texte des 18. Jahrhunderts im Umkreis Muratoris» (267-82); Kurt Kloocke, «Editionstheorie und Editionspraxis bei französischen Texten der Neuzeit: Die Œuvres complètes de Benjamin Constant» (283-94); Sergio Lubello, «Ecdotica e interpretazione del testo: il capitolo dei materiali epistolari» (295-307); Ralph Ludwig, «Die Edition mündlicher Texte. Exemplarische Beispiele aus der französischen und spanischen Philologie» (309-34); Rainer Schlössler, «Editionsprobleme bei romanischen Texten in griechischer Schrift» (337-45); Till Raczek, «Editionstypen bei Aljamiadotexten» (347-57); Reinhold Kontzi, «Die Edition von Panzavecchias Übersetzung von Bibelteilen ins Maltesische - Blick in die Werkstatt eines Übersetzers» (359-69); Wolfgang Dahmen, «Editionsprobleme bei Balkanica» (371-84). 209 Besprechungen - Comptes rendus 1 Bien entendu, cette convergence est due, au moins partiellement, à la provenance des participants: sauf erreur, ils sont tous Européens (bien que travaillant, pour certains, outre-Atlantique). Or on sait qu’en Europe, la «New Philology», hormis quelques voix agacées par ce nouveau tapage médiatique, n’a jamais trouvé un véritable écho. La première section concerne donc les «Philologische Traditionen und Kontroversen», notamment par rapport à la «New Philology». C’est Philippe Ménard qui, sous le titre, quelque peu trompeur, de «Réflexions sur la nouvelle philologie » (18-33) se livre à un démontage en règle - et en trois parties - des ambitions des nouveaux philologues. Après une esquisse des tâches de la philologie «traditionnelle», il caractérise rapidement le nouveau mouvement en soulignant son éclectisme méthodologique qui n’a d’égal que son ignorance de l’ancien français. En s’appuyant sur des exemples que lui fournit avec une générosité insoupçonnée l’œuvre de R. Howard Bloch, Philippe Ménard n’a pas de mal à mettre en évidence les faiblesses philologiques (toujours au sens traditionnel) de ceux qui désirent « . . . saisir le passé non tel qu’il est . . . », mais « . . . souhaitent lui substituer une autre vision, apparemment plus compliquée, en fait simpliste et sans nuances . . . » (33) 2 . Infiniment moins acerbe que le réquisitoire de Philippe Ménard (qui, on s’en souvient, avait été pris comme cible de façon à peine voilée par certain nouveau philologue) est la contribution d’Alberto Vàrvaro («La ‹New Philology› nella prospettiva italiana», 35-52) qui, lui aussi, réfléchit sur les rapports entre la nouvelle vague et son activité à lui, la filologia romanza. Vue d’Italie, la «New Philology» n’a pas plus de quoi impressionner que vue de la Sorbonne, mais pour des raisons différentes: c’est que les philologues italiens pratiquent, en matière d’édition, une forma astratta ed irragionevole di integralismo, à savoir ce que l’on appelle de façon commode, quoique faussement généralisante, comme le précise, pour son compte, Vàrvaro, le «néo-lachmanisme» (35). Dans une quinzaine de pages alertes, le professeur de Naples explique aux étrangers les raisons de cette «exception italienne», dont il voit l’origine dans l’activité du philologue classique Giorgio Pasquali et de l’italianisant Michele Barbi, puis, surtout, de Gianfranco Contini. En la personnalité de Contini, aussi à l’aise dans la discussion sur un opuscule d’un écrivain portugais mineur que sur un millésimé quelconque, Varvaro voit pour la première fois réalisé ce qui caractérisera tous les professeurs de filologia romanza de d’Arco Silvio Avalle à Cesare Segre, à savoir une certaine ouverture sur le monde et les nouvelles méthodes scientifiques. Cette constante «mise à jour» de la discipline, à travers l’évolution, en fin de compte toute naturelle de quelqu’un comme Segre, dispense la filologia romanza de ressentir le besoin d’une cure de jouvence et lui épargne d’avoir constamment à se justifier vis-à-vis des autres disciplines. En effet, personne, en Italie, ne pense au philologue comme à un être borné pratiquant une activité poussiéreuse de façon ringarde. Il en résulte une certaine quiétude: même si les chercheurs italiens ont, eux aussi, abandonné la quête de l’Original à jamais fuyant pour privilégier les documents concrets, personne ne songerait à proclamer la naissance d’une «New Philology»: au-delà des Alpes, cela s’appelle depuis toujours filologia materiale. Le point de départ de Johannes Kramer, «Romanistische Schlußfolgerungen aus den Editionsprinzipien der Klassischen Philologie und der Papyrologie» (43-59) est le simple constat que le dialogue entre les philologues classiques et modernes, autrefois de règle puisque c’étaient les mêmes personnes, est aujourd’hui rompu. Il rappelle donc à l’attention des romanistes ce qui se pratique aujourd’hui en matière d’édition pour les textes de l’Antiquité, en refaisant l’historique des différentes attitudes: en accord avec les premiers lecteurs grecs ou romains, les philologues classiques ont toujours été «autorenzentriert». Il en découle que mouvance et variance ne les intéressent pas ou uniquement dans la mesure où une variante peut leur permettre de cerner le texte original. Au lieu de «l’éloge de la 210 Besprechungen - Comptes rendus 2 Ceux qui n’ont jamais eu à juger par eux-mêmes les connaissances en ancien français de R. Howard Bloch consulteront avec profit, outre les pages de Ph. Ménard, la contribution de D. Rieger contenue dans le présent volume (en particulier p. 106s., et l’article «fondateur» de Barbara N. Sargent-Baur, «Philology through the Looking-Glass», in: Keith Busby [ed.], Towards a New Synthesis? , Amsterdam 1993: 97-118). variante», on pratique «la chasse aux variantes». Cette attitude quelque peu «normative» peut bien entendu s’appuyer sur le constat qu’il existe, dans l’Antiquité romaine, des normes, même orthographiques, qui feront complètement défaut aux langues romanes, mais il n’empêche que jusqu’à Lachmann l’emendatio tenait de la divinatio: on se rapprochait de cette norme idéale à l’aide de l’intuition, d’ailleurs souvent juste. La contribution de J. Kramer révèle au romaniste une analogie tout à fait frappante avec son propre domaine: les fragments les plus anciens, qu’il s’agisse d’Homère et de la Bible, offrent tous un état de texte «éclectique», c’est-à-dire qu’ils recoupent, mais souvent différemment, les familles de manuscrits médiévaux, ce qui tend à prouver que sont apparues, très tôt, de véritables versions «parallèles». Plus on avance dans le temps, plus ces versions conservées s’alignent sur un texte standard, sous l’influence sans doute des philologues d’Alexandrie, qui ont procuré, pour nous, non pas le texte de l’auteur, mais un textus receptus. Et c’est ce textus receptus qui figure tout en haut du stemma lachmanien sous le nom d’archétype. Que la méthode (néo)lachmanienne fonctionne de façon assez satisfaisante pour les textes latins et grecs, sans avoir suscité une réaction de type bédiériste, tient au fait que les copistes de l’Antiquité font preuve d’un respect bien plus grand pour leur modèle que nos scribes médiévaux, et que les philologues d’Alexandrie pouvaient s’appuyer, au moment de procéder à leur «purge», sur des manuscrits d’excellente qualité. Pour le philologue moderne, le seul moyen de dépasser l’archétype d’Alexandrie et de remonter à la lettre de l’auteur reste - la divinatio, éventuellement secondée par un fragment de papyrus. Après ce rapport d’activité des philologues classiques, Rüdiger Schnell («Was ist neu an der ‹New Philology›? Zum Diskussionsstand in der germanistischen Mediävistik», 61- 95) propose, dans un article infiniment riche et bien documenté, à la fois un historique et un état présent des tendances éditoriales chez les germanistes, présentation axée tout entière sur la «New Philology». A l’instar de ce qui s’est passé dans le domaine roman, les germanistes ont depuis les années cinquante largement anticipé - et réalisé - l’aspect proprement philologique de la «New Philology», à savoir l’élaboration de méthodes de critique textuelle spécifiquement «médiévales». Depuis les années 90, on assiste cependant à une sorte de retour des mêmes approches caractéristiques des années 60 et 70, avec, cette foisci, un soubassement fait de théorie du discours et de postmodernisme qui fait que ceux qui recherchent l’intentio auctoris dans une foule de leçons divergentes, se voient objecter avec dédain des arguments de Foucault visant à souligner la vanité de leur entreprise. Afin de mieux comprendre ce dialogue de sourds, Schnell examine d’abord les tendances en matière d’édition et ensuite les influences de la théorie du discours sur l’exégèse de la littérature médiévale. Je résumerai ici assez longuement les deux, dans la mesure où elles intéressent fortement les romanistes: jusque dans les années 50 et 60, les médiévistes allemands lisaient essentiellement la «littérature des cimes» (Höhenkammliteratur). Or, lorsqu’on a commencé à se pencher sur d’autres corpus, (traités scolastiques, sermons, légendiers etc.) on s’est vite aperçu que pour établir des éditions de ce type de textes, la méthode lachmanienne n’était pas la plus performante et que la notion d’auteur y apparaissait moins nettement que pour la Höhenkammliteratur. A Munich et Würzburg sont créés des centres de recherche sur la Gebrauchsliteratur, et en matière de critique textuelle, on commence à parler, pour un corpus déterminé, du texte médiéval «instable». Dans les années 70, le pas est franchi et des voix s’élèvent pour décréter l’instabilité de toute la littérature médiévale. Ce mouvement coïncide avec le changement de perspective qui affecte la critique littéraire au même moment puisqu’on passe d’une esthétique de la production à une esthétique de la réception. Ces 25 dernières années, c’est surtout la réception des textes durant la période médiévale qui s’est taillé la part du lion dans les universités et dans les subventions de la DFG. Parallèlement, on est passé, en matière d’édition, d’une «autorenorientierte Textkritik» à une «textorientierte Textkritik», même si plusieurs tendances coexistent aujourd’hui de fa- 211 Besprechungen - Comptes rendus çon œcuménique, et on est revenu, surtout dans le domaine de la poésie lyrique, à des moyens plus radicaux pour tenter de reconstituer le texte «original». Le romaniste aura noté au passage que pour ce qui est de la «réception» de Bédier, elle n’a pas eu lieu et que c’est aujourd’hui que s’impose pour la littérature allemande un autre de ses enseignements: «tous les cas sont spéciaux», et l’éditeur doit trouver, pour la constellation à laquelle il est confronté, la meilleure des solutions possibles. Pour bien comprendre cette évolution dans le domaine des éditions de textes, il est nécessaire de la situer devant les changements qui ont soufflé sur les différentes approches exégétiques. Parallèlement à l’émergence de l’intérêt pour la réception, c’est une certaine lecture sociologique des textes qui a relégué dans l’arrière-plan l’auteur. Celui-ci pouvait tout à coup apparaître comme une simple émanation d’une classe sociale particulière, et l’étude des mentalités, elle aussi émergente vers la même époque, n’a rien fait pour rendre la place à l’individu. L’intertextualité affichée de l’œuvre médiévale a également contribué à «ouvrir» les frontières de l’œuvre, et partant celles de l’auteur. Le terrain était mûr pour accueillir la théorie foucauldienne du discours, où le sujet disparaît au profit de discours multiples, qui s’articulent en et à travers lui. A partir de là, tous les chevaux de bataille qui se trouveront embrigadés (mais bien plus tard) par la «New Philology» pouvaient s’y joindre: autonomie du texte par rapport à l’auteur, polyvalence du signe, caractère forcément fragmentaire de l’œuvre d’art etc. La suite des observations de Rüdiger Schnell montre que la plupart de ces thèses ne s’appliquent pas mieux à la littérature allemande que romane, mais qu’elles permettent évidemment des prises de positions fracassantes et remarquées dans le débat scientifique. La contribution de Dietmar Rieger, «New Philology? Einige kritische Bemerkungen aus der Sicht eines Literaturwissenschaftlers» (97-109), souligne, elle aussi, le caractère surfait de la «New Philology», mais s’efforce de tenir compte des retombées positives que peut avoir une remise en question des acquis de notre discipline. Rieger, après avoir scruté les articles contenus dans le fameux fascicule de Speculum, regroupe les recommandations «concrètes» des nouveaux philologues pour une mutation de la discipline en cinq points (105s.). Les quatre premiers (ouverture à ce qui se passe dans d’autres disciplines, prise en compte de la variance des textes médiévaux, attention à accorder au contexte de l’acte de communication que constitue le texte, prise en compte de la matérialité des documents médiévaux) étant déjà largement entamés avant même l’apparition de la «New Philology», c’est le cinquième, l’«antipositivisme», qui lui paraît mériter une discussion à part. Dans la mesure où la philologie n’est pas une science exacte, il faut prendre en considération la possibilité d’une signification multiple du texte. La littérature, y compris la littérature médiévale, participe, pour quelqu’un comme Bloch, d’une aura de mystère, d’un «soubassement théologique» (theological underpinning) qui la caractérise (nous citons ici les paroles du chercheur américain) «as richly complex, as contrived and perverse, as self-contradictory and problematic, as deceptive and falsely seductive, as opaque, and thus as needy of interpretation, as any literary work of any age». En principe, tout médiéviste souscrirait sans hésiter à cet énoncé, rappelle Rieger, c’est la systématisation, et la radicalisation, de cette position qui comporte en elle le risque de la dérive interprétative postmoderniste et de l’arbitraire exégétique. Sous la plume du nouveau philologue, la littérature devient «mystère», alors que la philologie traditionnelle s’efforce de rendre les choses limpides. Le clivage entre les deux positions est irréductible. Mais tant que l’on attribue à la philologie la mission de comprendre les textes, elle doit procéder sur des bases «positivistes», sous peine de se transformer en un jeu où chacun joue selon ses propres règles. Nous avons besoin, selon la formule percutante de Rieger, non pas d’une théologie du texte, mais d’une philologie du texte. Les deux contributions suivantes, venant de la part de deux linguistes, pourraient précisément fournir des bases méthodologiques rigoureuses à une science du texte. Wulf 212 Besprechungen - Comptes rendus Oesterreicher, «Sprachtheoretische Aspekte von Textphilologie und Editionstechnik», (111-26) et Wolfgang Raible, «Das ‹Lob der Variante› aus der Sicht des Sprachwissenschaftlers» (127-41), s’occupent tous deux de variance en tant que phénomène linguistique et des questions qui se posent à l’éditeur de texte s’il veut rendre compte de ce phénomène. Le premier, Wulf Oesterreicher, élève le débat à un niveau d’abstraction maximale, puisqu’il rappelle en ouverture les caractéristiques universelles de toute langue, dans une hiérarchie élaborée sur la base de travaux de Coseriu et Seiler. L’intérêt de ce rappel, pour l’éditeur de textes, c’est de formuler ce dont le linguiste peut avoir besoin pour travailler correctement. Ce qui intéresse ce dernier, c’est la façon dont se réalisent ces «universaux» dans leur variété. De ce point de vue, Oesterreicher regrette à juste titre que nos éditions privilégient dans leurs apparats des variantes qui relèvent d’un niveau hiérarchique relativement bas (phonème, morphème, lexème) et ne parviennent pas à intégrer ce qui relève de la syntaxe, mais il admet qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, de remède concret à ce malaise. Le même souci de saisir la variété fait que le linguiste a besoin de connaître exactement la «norme descriptive» dans laquelle s’insère un texte, ce qui devrait amener l’éditeur à ne pas brasser, dans l’apparat critique, tous les témoins comme une masse homogène, mais à traiter séparément ce qui ressort à des contextes différents. De même, les renvois ponctuels à des phénomènes régionaux ou dialectaux ne peuvent pas non plus faire l’affaire du linguiste qui a besoin d’informations systématiques, mais là encore, comment faire? Le recours à l’ordinateur prôné par Bernard Cerquiglini ne paraît pas, aux yeux de Wulf Oesterreicher, la solution miracle, surtout s’il n’est pas accompagné d’une réflexion méthodologique dont il vient d’esquisser quelques éléments. Wolfgang Raible, qui connaît bien toutes les implications fondamentales de l’édition, aborde le même problème par un autre biais. Il démontre la coexistence ancienne, et peutêtre universelle, des deux types d’attitude face à un «texte», attitudes que le romaniste n’aura pas de peine à transposer dans le domaine de l’édition: d’un côté, il y a ceux qui ne s’intéressent qu’au sens (et pour lesquels la lettre est donc secondaire), de l’autre se trouvent ceux qui respectent scrupuleusement la lettre, même lorsque celle-ci aura perdu son sens, pour la conserver en tant que parole rituelle. Wolfgang Raible rappelle que le «culte de l’auteur», qui va de pair avec la recherche d’un texte original et fixe est une invention relativement récente et qui, de surcroît, rend mal compte des pratiques de certains écrivains même modernes, parce que Kafka ou, dans une moindre mesure Flaubert et Proust, ne sont pas ce que l’on pourrait appeler les champions du texte unique. Mais l’apport principal des observations de Wolfgang Raible se situe dans la deuxième partie de son exposé: s’appuyant sur deux versions d’un document juridique mérovingien (la première écrite dans un latin passablement macaronique, l’autre à peu près correcte), il affirme que la première, représentant un état de langue «composite», où apparaissent simultanément des traits relevant d’un système linguistique ancien et d’un système nouveau, ne peut être comprise qu’à l’aide de la tradition du discours dans lequel elle s’insère. Ainsi, un document juridique se caractérisera par une tendance à la désambiguïsation, ce qui entraîne sur le plan de la langue un certain nombre de conséquences, mais il sera également héritier d’un fonds formulaire etc. Pour évaluer de façon adéquate le caractère «composite» d’un état de langue, il faut tenir compte de cette tradition générique. D’où une question simple, que tout éditeur doit se poser: est-il raisonnable de chercher le texte fixe dans la tradition générique qui le concerne ? Il y a des constellations où un codex optimus ne peut exister, et à ce moment-là, le linguiste se fera le chantre de la variance. S’il m’est permis de tirer, en tant que «philologue-éditeur-de-textes-médiévauxfrançais», quelques conclusions des observations des deux «linguistes-de-la-variance», je retiendrai ceci: les observations de Wolfgang Raible nous obligent à réfléchir sur la vieille notion du «bon manuscrit» qui signifie autre chose qu’un texte intelligible et «bien écrit». 213 Besprechungen - Comptes rendus Le linguiste veut avoir accès à un texte linguistiquement intéressant et c’est dans l’intérêt de tout le monde de lui en fournir les moyens. A priori, les éditeurs de texte seraient ravis de travailler sur, par exemple, Marie de France d’après un manuscrit lorrain du xiv e siècle, dont les leçons n’apparaissent jamais dans aucun apparat puisque le document lui-même est jugé trop loin de la version originale. Seulement, et c’est ici que je ferai le lien avec les remarques de Wulf Oesterreicher, il faudra être clair sur le point suivant: étant donné les limites techniques imposées par le principe de l’apparat critique (qu’il s’agisse d’un livre ou d’un support informatique), l’éditeur, s’il veut tenir compte des desiderata formulés par les linguistes, n’aura guère d’autre possibilité que de limiter ce qu’il mettra dans l’apparat. Au lieu d’y inscrire - même de façon organisée - les leçons de, mettons, trente manuscrits, il y consignera systématiquement les divergences de deux ou trois témoins soigneusement choisis (dont, par exemple, le ms. lorrain du xiv e siècle de Marie de France) dont il aura clairement défini le statut d’un point de vue géographique, chronologique et social. Mais on touchera vite (pas tout de suite, et pas pour tous les types de texte au même rythme) aux limites de ce qui est faisable, et, surtout, rentable: si l’on veut vraiment fournir au linguiste toutes les données intéressant, par exemple, l’ordre des mots, on atteindra à un moment donné le seuil à partir duquel il devient plus économique, dans tous les sens du terme, de fournir une impression synoptique, avec un texte continu sur plusieurs étages, sur plusieurs colonnes, ou, ce qui revient au même, dans un autre volume. J’en déduis qu’il est impératif que linguistes et éditeurs se rencontrent pour débattre, sur des corpus concrets, de ce seuil dont dépendra finalement l’exploitabilité du travail d’édition par la linguistique. C’est sur ces deux contributions que s’achève la première partie historico-théorique du recueil, et nous passons aux Editionsformen und Fragestellungen bei mittelalterlichen Quellen. Avec Gilles Roques («La critique des éditions de textes», 145-51) nous glissons même doublement de l’autre côté du miroir, puisqu’il parle non seulement de textes concrets, mais aussi d’un «genre» bien spécifique dont il est le maître incontesté: le compte rendu critique d’une édition de texte, nous nous trouvons donc du côté du lecteur. A travers Gilles Roques lecteur, «animé d’un esprit ludique» qui consiste «à prendre en défaut l’éditeur dans l’établissement de son texte», se construit, par son expérience personnelle, le portrait-robot d’une édition idéale, dépourvue d’un certain nombre de travers courants. En retraçant ici son propre parcours biographique, le critique Gilles Roques confirme ce que tous les auteurs de la première section déclaraient du point de vue du théoricien, à savoir qu’il n’y pas, en matière d’édition, de «recette passe-partout» et que seule la (longue) pratique des textes permet de trouver la bonne approche. Frankwalt Möhren («Edition et lexicographie», 153-66) abonde dans le même sens. Dans cette réflexion pas toujours tendre sur l’édition idéale - fondée, forcément, sur des éditions existantes - il épargne «délibérément» (155 N11) les travaux de néophytes pour se concentrer sur ceux de chercheurs établis. La moisson est néanmoins riche et, surtout, instructive. Tout en se gardant d’usurper, en tant que lexicographe, le rôle de précepteur de l’éditeur, Frankwalt Möhren rappelle qu’il peut néanmoins arriver que le lexicographe ait parfois à passer derrière tous les points traités par l’éditeur, ce qui donne lieu au parcours illustratif suivant: pour bien comprendre un mot et interpréter correctement une graphie, il faut connaître les habitudes du scribe. En principe, l’éditeur est le mieux placé pour en parler et il serait bon que soient mentionnées, par exemple dans le cadre de la description du manuscrit, les faiblesses du scribe. Viennent ensuite des observations sur la séparation des mots, les variantes et, finalement, le glossaire. Celui-ci doit permettre de saisir le sens du texte, mais ne saurait être remplacé par une traduction. Il doit contenir aussi tout ce qui fait problème et, en troisième lieu, servir les lexicographes. Pour chacun des points ici mentionnés, sont donnés des exemples qui, bons ou mauvais, permettent immédiatement de saisir la pertinence des remarques avancées. Si besoin était, la contribution de Frankwalt 214 Besprechungen - Comptes rendus Möhren démontre de façon éclatante que s’il est un domaine où la maxime publish or perish s’applique mal, c’est bien celui de l’édition de textes. Et si, à l’intérieur du domaine de l’édition, il y a un champ où il vaut mieux ne pas être pressé, c’est sans doute celui de la lexicographie. Ingrid Neumann-Holzschuh, «Syntax und Editionstypen» (167-87), s’appuie pour ses réflexions sur le domaine hispanique où la discussion théorique des principes d’édition connaît un certain renouveau depuis les années 80. A l’aide de trois textes du xiv e siècle (Libro de Buen Amor, Libro del caballero Zifar et Libro de Alexandre), pour lesquels on dispose de plusieurs éditions modernes établies selon des critères différents, l’auteur montre que le choix de travailler sur telle ou telle édition concrète peut directement déterminer le résultat de l’étude. Cela est particulièrement flagrant dans le domaine de la syntaxe. Examinant en détail le traitement de l’accusatif introduit par une préposition, l’emploi et la place des pronoms compléments clitiques et des déterminants possessifs, Ingrid Neumann-Holzschuh n’a pas de mal à démontrer qu’il peut être fatal de se fier aveuglément à un seul texte imprimé. Elargissant ses considérations sur des problèmes de ponctuation dans des textes en prose, l’auteur réitère la préférence, partagée par tous les linguistes qui se sont exprimés dans ce colloque, pour une édition non interventionniste, restituant le plus fidèlement possible, mais néanmoins de façon «critique», le texte d’un seul manuscrit. La contribution de Thomas Städtler («Für eine philologische Interpretation altfranzösischer Motettentexte», 189-200) à l’aide d’une réédition du motet Gennrich n° 168 (= éd. Raynaud, n° xi), met en pratique une nouvelle approche éditoriale de ce genre lyrique. Celle-ci se veut, et elle l’est, exemplaire: c’est en effet une démonstration lumineuse qui conduit le lecteur, avec pédagogie et science, d’une situation de grande confusion à un Nirvana philologique, en vertu de deux simples prémisses: le texte d’un motet doit être cohérent et pas excessivement hétérométrique. Surtout la seconde prémisse ne va pas tout à fait de soi, car depuis Raynaud, il s’est installé une sorte de consensus parmi les médiévistes pour considérer que ces pièces « . . . ne sont . . . soumises à aucune règle de composition: destinées à n’être que l’accessoire de la musique, elles en suivent servilement la contexture . . . ». D’où une certaine licence à l’égard des contraintes sémantiques et une hétérométrie, voire irrégularité métrique, très visible, qui expliquent les deux prémisses de Th. Städtler. C’est le recours à l’ensemble de la tradition manuscrite qui permet de mettre en application les deux nouvelles exigences. Dans l’exemple Raynaud n° xi, les résultats sont spectaculaires: pour ne citer que le quadruplum, on passe d’un schéma: a7 a7 a7 a3 a7 b7 b9 b4 b5 b4 b5 b5 b2 b7 b3 b4 b9 b5 b4 b3 c7 b8 c4 chez Raynaud à a7 a7 a10 a7 b7 b9 b9 b9 b7 b7 b7 b9 b9 c10 c12 après l’intervention de Th. Städtler, c’est-à-dire qu’au lieu d’avoir des vers de 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9 syllabes, on n’en a plus que de quatre types! Au passage, a été éliminée aussi une incongruité sur le plan sémantique, qui avait, certes, tout pour plaire à un nouveau philologue, puisque le duplum, chez Raynaud, se lamentait de l’amour au début de sa partie, pour déclarer ensuite brusquement que moult m’agree. Sous la plume de Städtler, sans forcer, tout devient limpide. Et à l’attention des philologues qui ne souhaitent rien laisser au hasard, l’auteur s’empresse de signaler que les notations musicales (dans les manuscrits, les fins de vers sont souvent marquées à l’aide d’un trait) appuient en grande partie ses conclusions. Au terme de l’exposé de Thomas Städtler, qui inaugure, il faut le dire, une nouvelle ère dans l’édition des motets, le lecteur reste favorablement impressionné par l’humilité du philologue, dont la démonstration relève de la philologie critique (et donc «normale»), «wie immer man diese auch nennen möchte» (200). Maria Selig, « Mündlichkeit in mittelalterlichen Texten» (201-25), s’occupe de deux notions fondamentales qui ont pris ces dernières années une importance grandissante pour la compréhension de la culture médiévale: «oralité» et son corollaire, pour lequel il existe en allemand le terme consacré de «Schriftlichkeit». Il est clair, rappelle l’auteur, qu’il ne 215 Besprechungen - Comptes rendus s’agit pas exclusivement d’une question de médium. Pour rendre compte de traits typiques d’un état de langue «oral» ou «écrit», Maria Selig propose donc de se servir d’un modèle qui tient compte de la «distance» (spatiale, mais aussi émotionnelle, thématique etc.) caractérisant l’énoncé: plus celle-ci est grande, plus on tend vers l’«écrit». Parfois, il peut y avoir concordance entre le médium et une «distance» donnée et c’est ce qui explique l’usage, courant mais non exempt de risque de confusion, du terme «écrit» pour désigner des textes caractérisés soit par une grande «distance» (Distanzsprachlichkeit), soit par le médium (Schriftlichkeit). Afin d’évaluer correctement un énoncé, il faut en outre prendre en considération sa «médialité», notion qui ne se confond pas avec la question de la matérialité des signifiants, mais qui comprend toute une série de paramètres déterminant un acte de communication. Armée de ce soubassement notionnel, Maria Selig entre, dans la seconde partie de son exposé, dans le champ des textes médiévaux pour y mettre en lumière quelques implications concrètes de ses observations. Je n’en retiendrai ici qu’une seule, qui me semble particulièrement importante: il découle des observations de Maria Selig qu’un document donné ne reflètera jamais qu’une partie des possibilités linguistiques d’une époque, voire que la plus grande partie de nos documents ne rendent compte que très imparfaitement de l’état réel de la langue parce qu’ils sont tous caractérisés par une forte dose de Distanzsprachlichkeit et Schriftlichkeit. Il est donc impératif de les scruter aussi pour déterminer tout ce que l’on n’y trouve pas, afin de croiser ces relevés négatifs avec les enseignements procurés par d’autres sources, un peu comme on a pu le faire pour le latin vulgaire. Richard E. F. Straub, «Gedruckt oder elektronisch. Zu neuen Formen von Textausgaben» (227-35), esquisse une sorte de prototype d’une édition de texte qui exploiterait les ressources informatiques et traditionnelles et qui se présenterait à la fois sous forme de livre et comme CD-ROM ou disquette. Evidemment, il ne s’agit pas de reproduire deux fois la même chose, mais de «cibler» avec chacun des deux produits un public spécifique. Constatant un réel intérêt du grand public pour les textes du Moyen Age, Richard Straub propose de publier à son attention une «version light» consistant en texte, traduction et notes, sur support papier. Cette version imprimée, maniable et bien plus aisée à fréquenter que l’équivalent sur écran, pourrait aussi être utilisée par les spécialistes souhaitant simplement lire le texte. A côté du «texte à lire», le spécialiste recourrait au «texte à consulter» sur CD- ROM, qui, lui, contiendrait en plus tout l’«habillage scientifique»: apparat critique, glossaire, index etc., avec d’autres options qui restent à définir. Les avantages sont évidents: on pourrait ainsi stocker bien plus d’informations que sur papier et échapper de la sorte aux contraintes de l’apparat critique, avec la possibilité de fournir des transcriptions complètes de plusieurs manuscrits, hiérarchisées ou non, et avec, bien entendu, toutes les exploitations que permet aujourd’hui l’ordinateur. Il est important de voir que ce que propose ici Richard Straub, n’est pas la réalisation du rêve de Bernard Cerquiglini, mais un projet concret, à peine utopique, c’est la base pour notre travail à tous, facilité le plus possible 3 . Afin de permettre à ce volume de «percer» en territoire francophone, où l’allemand, à quelques rares exceptions près, non legitur, il a paru judicieux de résumer ici assez longuement certaines contributions. Le jeu en vaut largement la chandelle, puisqu’il s’agit là, sans conteste, d’un des meilleurs volumes d’actes de ces dernières années, à mille lieues de certaines rencontres «scientifiques» publiées, certes, au grand profit des participants et des organisateurs, mais presque en dépit de la communauté scientifique. R. Trachsler H 216 Besprechungen - Comptes rendus 3 Sur l’utilité de fournir plusieurs transcriptions in extenso, indubitable pour Giraut de Calanso, qui sert d’exemple, on pourra comparer les remarques de W. Oesterreicher dans le même volume.
