eJournals Vox Romanica 60/1

Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2001
601 Kristol De Stefani

Jacques Merceron, Le Message et sa fiction. La communication par messager dans la littérature française des xiie et xiiie siècles, Berkeley/Los Angeles/London (University of California Press) 1998, 399 p. (University of California Publications in Modern Philology 128)

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2001
A.  Corbellari
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tutto ex abrupto con considerazioni varie sui termini per automobile in patois, senza gratificare il lettore di alcuna nota conclusiva che riprenda e tiri le fila del discorso, qua e là forse un po’ troppo analiticamente frammentate - rappresenta un’applicazione valida e statisticamente aggiornata della tradizionale inchiesta di sociologia delle lingue mediante questionario, arricchita da un’accurata documentazione storica. G. Berruto ★ Jacques Merceron, Le Message et sa fiction. La communication par messager dans la littérature française des xii e et xiii e siècles, Berkeley/ Los Angeles/ London (University of California Press) 1998, 399 p. (University of California Publications in Modern Philology 128) La communication est un terme à la mode, et ce qu’il y a de sympathique chez Jacques Merceron (J.M.) c’est qu’il ne s’en cache pas. Invoquant conjointement, dans son Introduction, des arguments historiques (1: «le renouveau [au xii e siècle] de la circulation des biens, des hommes et des idées») et actuels (3: «l’essor de la cybernétique et des systèmes d’information»), il n’a pas de mal à nous faire admettre la pertinence d’une étude consacrée à un thème finalement assez négligé de la littérature médiévale, et sur lequel, la thèse de J.- Cl. Vallecalle sur les messagers épiques (1992) étant encore inédite, Le Message et sa fiction se trouve être la première synthèse d’envergure. Le Message et sa fiction est un livre d’une clarté exemplaire, un peu scolaire diront peutêtre certains, mais on ne peut se lancer dans une telle étude thématique sans évoquer les meilleurs jours de l’ancienne histoire littéraire et J.M. sait fort subtilement et fort à-propos dépasser ce que son étude pourrait avoir par moments de mécanique, par des références aux plus modernes recherches sur la topique littéraire médiévale et par une attention toujours en éveil à la spécificité des œuvres (et elles sont nombreuses! ) qu’il convoque. Par le classicisme de son architecture, son travail se rattache davantage à une certaine tradition érudite française, voire allemande, qu’aux approches américaines, auxquelles on aurait pu s’attendre, étant donné la collection dans laquelle le livre est publié. Le premier chapitre est, très logiquement, consacré aux «dénominations du messager» et s’ouvre sur la bonne surprise d’une fine enquête onomasiologique qui dénote chez J.M. un scrupule philologique qui se fait hélas de plus en plus rare chez les littéraires. Un deuxième chapitre sur les messagers historiques pourrait nous faire craindre que J.M. ne plaque l’histoire sur la littérature, d’autant plus que le chapitre viii introduit pareillement la troisième partie par une analyse (fort bien documentée au demeurant) des relations de l’oral et de l’écrit entre les ix e et xiii e siècles; mais J.M. se garde bien des amalgames, et des dérapages comme le passage où il prétend que Le Moniage Guillaume «atteste» le fait qu’il était exceptionnel au xii e siècle de voir des aristocrates sachant lire (149) sont heureusement rares. Au contraire, non seulement J.M. subordonne généralement l’illusoire fonction mimétique des textes à leur fonctionnement topique, mais, par de nombreuses notations de fréquence des motifs, il décline les différents degrés de conformité des textes envisagés par rapport à des schémas structurels plus ou moins contraignants, ce qui lui permet, en plus d’une place, de faire des remarques très fines sur certaines oeuvres particulières: on ne sera pas étonné de voir souvent soulignée l’originalité de Chrétien de Troyes et, surtout, de Béroul, à propos duquel on peut citer cette remarque qui suit une analyse détaillée de la scène du message de Tristan à Marc: «en définitive, tous ces détails décalés concourent à faire de cette scène tendue une sorte de ‹contre-texte› par rapport à la classique scène de message» (180). On a ici en germe le principe d’une analyse passionnante du texte de Béroul. 300 Besprechungen - Comptes rendus La première partie se poursuit sur deux chapitres traitant respectivement des réseaux de communication et des attributs des messagers. La deuxième partie (chapitres v-vii) s’intéresse aux messages oraux, la troisième (ch. viii-xii) aux messages écrits, la dernière, la plus longue (ch. xiii-xvii), aux «clichés, enchaînements, schèmes et fonctions narratives». J.M. s’y souvient des travaux de Jean Rychner et de J.-P. Martin et, malgré des listes de formules un peu fastidieuses, dégage avec une remarquable précision les éléments d’une analyse topique des scènes de messagers: le ch. xvii, en réfléchissant de manière plus vaste sur la fonction macrostructurelle des scènes de messagers, amorce d’une réflexion,ici encore,riche de potentialités. Le développement, certes, ne va pas toujours sans lourdeur: est-il, par exemple, nécessaire de développer de grands schémas narratologiques pour conclure que «l’absence de salutation au destinataire ou l’interdiction expresse de saluer laisse généralement présager la nature hostile du message qui va être transmis» (209)? Mais les remarques subtiles abondent: on notera l’analyse du «bruit» (au sens où l’entend Serre) comme «sorplus de sen», les recherches sur le motif de la lettre falsifiée (ch. xi) et, en particulier la proposition d’y voir «une métaphore du travail nécessaire à la production d’une œuvre de fiction» (183), les remarques sur le rôle de la scène de message à la fin du Conte du Graal (289), et on pardonnera l’anachronisme de l’allusion pour la joliesse de la formule lorsqu’il est dit du Tristan en prose que «comme dans une tragédie racinienne, chaque protagoniste poursuit une ombre ou un être qui ne cesse de se dérober» (98). Très intéressant paraît aussi le bref ch. ix, qui traite de la complémentarité de l’écrit et de l’oral: on peut rêver de ce que Derrida aurait dit de la lettre confiée à un singe dans Ami et Amile ou de celle cachée dans un cygne dans le lai de Mélion. J.M. est attentif à l’homophonie signe/ cygne, mais le lecteur pourra, suivant son idéologie critique, le féliciter ou au contraire le blâmer de ne pas avoir souligné le fait que signe était l’anagramme de . . . singe. En quelques endroits, J.M. aurait pu développer son propos davantage qu’il ne l’a fait: il évoque par exemple le concept de «polyphonie» (70), sans citer Bakthine et sans approfondir l’idée; ailleurs, il parle de rumeurs sans faire référence aux «choeurs» de Béroul (86), magnifiquement analysés par Varvaro, et dont l’évocation eût ici apporté de l’eau à son moulin. On s’étonne d’ailleurs, à ce propos, de voir cités les poèmes tristaniens dans la vieille et médiocre édition Payen (12), d’autant plus que J.M. cite aussi Béroul d’après Muret (176), mais c’est un détail minime. Le corpus est large, mais privilégie, comme on pouvait s’y attendre, la chanson de geste. Le roman est aussi très largement représenté, et J.M. propose quelques réflexions intéressantes sur ce qui, au vu des scènes de messagers, différencie ce genre de la chanson de geste. Quant aux textes brefs, ils sont nettement moins présents: le peu d’importance du messager dans les fabliaux explique la faible représentation du genre (à propos duquel J.M. a une formule tout à fait spirituelle: le fabliau serait «le promoteur de l’amour de près», 59); en revanche, on trouvera peut-être un peu trop succinctes les remarques sur les lais et les textes merveilleux en général, J.M. semblant rester quelque peu prisonnier d’une définition pragmatique du messager. De même les douze pages consacrées à la lyrique donnent-elles l’impression d’être un peu plaquées dans cette étude (264-75): on y lit la conclusion peu surprenante que, dans la canso, «le messager représente ainsi l’outil rhétorique et psychologique permettant à l’écart entre le Moi masculin désirant et l’objet féminin inaccessible de se perpétuer» (274). Le Message et sa fiction laisse en fait peu de place à l’idée qu’un messager puisse être vecteur d’autre chose que d’une information langagière (l’oiseau mort du Laüstic n’est-il pas un message à sa manière? ). C’eût été là, on l’admet, considérablement modifier la visée de l’ouvrage, et l’on se contentera de dire qu’il y reste sans doute ici place pour de nouvelles recherches. La langue de J.M. est d’un agrément certain, quoique parfois un peu mécanique: les formules du genre «il est frappant de constater que» sont omniprésentes, et on notera en 301 Besprechungen - Comptes rendus passant quelques détails, qui sont sans doute pour la plupart de simples coquilles: «se complémenter» (53), «taxer» pris dans le sens d’ ‘accuser’ (122), «minuscule carolingienne» (132), «destinaires» (134), «volonté d’impulsion» (196), «pose» pour «pause» (226). Par ailleurs, était-il utile de gloser «culture littéraire» par le mot anglais literacy (148)? Quant au roi du Roman de Renart, il ne s’appelle bien sûr pas «Lion» (134 - Walt Disney serait-il passé par là? )! Autres traces du fait que l’auteur travaille aux USA, il est étrange de voir Ganshof cité en anglais (138s.) et, plus grave, de ne trouver les citations latines qu’en traduction anglaise (p. ex. p. 102), ce qui peut faire douter des compétences de l’auteur dans la langue de Cicéron. J.M. jargonne assez peu (malgré une tendance au greimasisme: cf. p. 94); relevons tout de même une faute de goût caractérisée: il est grotesque d’appeler les manuscrits des «systèmes d’idéation multi-médias» (138). Cette concession à la mode n’était vraiment pas utile. La bibliographie, appelée par un système de renvoi pratique quoique parfois un peu lourd, est riche et bien conçue: tout au plus peut-on se demander pourquoi J.M. arrête la parution du FEW en 1962 (371) . . . Deux index («auteurs et œuvres» et «matières et personnages») se révèlent d’une grande utilité. Ajoutons enfin que la typographie du livre, sobre et classique, est d’une élégance simple que beaucoup de parutions modernes pourraient lui envier! En conclusion, le livre de J.M., maniable et d’une conceptualisation claire, est sans doute l’une des meilleures de ces études thématiques qui se multiplient actuellement dans le domaine de la littérature en ancien français: dépassant le simple répertoire, il offre des pistes de recherches passionnantes et attire opportunément l’attention sur des problèmes structurels dont l’analyse peut mener à une meilleure compréhension de l’art narratif du Moyen Âge. A. Corbellari ★ Erdmuthe Döffinger-Lange, Der Gauvain-Teil in Chrétiens Conte du Graal. Forschungsbericht und Episodenkommentar, Heidelberg (C. Winter) 1998, 398 p. La bibliographie de la souvent délaissée seconde partie du Conte du Graal s’est enrichie coup sur coup de deux nouveaux et importants volumes aux démarches diamétralement opposées. L’un, Le Chevalier, l’Autre et la Mort d’Henri Rey-Flaud (Paris 1999), fait suite au volume dédié par le même auteur à la première partie du dernier roman de Chrétien de Troyes (Le Sphinx et le Graal) et en poursuit sans grandes surprises l’interprétation psychanalytique. L’autre est la dense synthèse d’Erdmuthe Döffinger-Lange (E. D.-L.), aussi patiente et prudente que le livre de Rey-Flaud est échevelé et conquérant. On pourrait quasiment les opposer terme à terme; un élément résumera leur antagonisme: Rey-Flaud ne donne pas de bibliographie, E. D.-L. dresse en quarante-quatre pages un inventaire à peu près complet de la littérature consacrée au sujet; c’est là un travail d’une conscience extraordinaire et l’on rougit presque de signaler l’absence du (de surcroît assez marginal) Graal fiction de Roubaud, qui contient des réflexions intéressantes sur le personnage de Gauvain: c’est vraiment là une goutte d’eau dans un océan de savoir. Pourtant, ce qui semble faire la force du livre d’E. D.-L. en fait aussi la faiblesse: cette documentation irréprochable réduit son étude à un vaste «état de la question» qui, s’il frise l’exhaustivité, ne propose guère de perspectives très nouvelles. Le livre se divise, après une introduction, en deux parties dites respectivement «allgemeine» et «spezielle»: la première (31-120) se subdivise elle-même en une discussion sur le vieux problème de l’unité de la dernière œuvre de Chrétien de Troyes et en considérations 302 Besprechungen - Comptes rendus