eJournals Vox Romanica 60/1

Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2001
601 Kristol De Stefani

Erdmuthe Döffinger-Lange, Der Gauvain-Teil in Chrétiens Conte du Graal. Forschungsbericht und Episodenkommentar, Heidelberg (C.Winter) 1998, 398 p.

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2001
A.  Corbellari
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passant quelques détails, qui sont sans doute pour la plupart de simples coquilles: «se complémenter» (53), «taxer» pris dans le sens d’ ‘accuser’ (122), «minuscule carolingienne» (132), «destinaires» (134), «volonté d’impulsion» (196), «pose» pour «pause» (226). Par ailleurs, était-il utile de gloser «culture littéraire» par le mot anglais literacy (148)? Quant au roi du Roman de Renart, il ne s’appelle bien sûr pas «Lion» (134 - Walt Disney serait-il passé par là? )! Autres traces du fait que l’auteur travaille aux USA, il est étrange de voir Ganshof cité en anglais (138s.) et, plus grave, de ne trouver les citations latines qu’en traduction anglaise (p. ex. p. 102), ce qui peut faire douter des compétences de l’auteur dans la langue de Cicéron. J.M. jargonne assez peu (malgré une tendance au greimasisme: cf. p. 94); relevons tout de même une faute de goût caractérisée: il est grotesque d’appeler les manuscrits des «systèmes d’idéation multi-médias» (138). Cette concession à la mode n’était vraiment pas utile. La bibliographie, appelée par un système de renvoi pratique quoique parfois un peu lourd, est riche et bien conçue: tout au plus peut-on se demander pourquoi J.M. arrête la parution du FEW en 1962 (371) . . . Deux index («auteurs et œuvres» et «matières et personnages») se révèlent d’une grande utilité. Ajoutons enfin que la typographie du livre, sobre et classique, est d’une élégance simple que beaucoup de parutions modernes pourraient lui envier! En conclusion, le livre de J.M., maniable et d’une conceptualisation claire, est sans doute l’une des meilleures de ces études thématiques qui se multiplient actuellement dans le domaine de la littérature en ancien français: dépassant le simple répertoire, il offre des pistes de recherches passionnantes et attire opportunément l’attention sur des problèmes structurels dont l’analyse peut mener à une meilleure compréhension de l’art narratif du Moyen Âge. A. Corbellari ★ Erdmuthe Döffinger-Lange, Der Gauvain-Teil in Chrétiens Conte du Graal. Forschungsbericht und Episodenkommentar, Heidelberg (C. Winter) 1998, 398 p. La bibliographie de la souvent délaissée seconde partie du Conte du Graal s’est enrichie coup sur coup de deux nouveaux et importants volumes aux démarches diamétralement opposées. L’un, Le Chevalier, l’Autre et la Mort d’Henri Rey-Flaud (Paris 1999), fait suite au volume dédié par le même auteur à la première partie du dernier roman de Chrétien de Troyes (Le Sphinx et le Graal) et en poursuit sans grandes surprises l’interprétation psychanalytique. L’autre est la dense synthèse d’Erdmuthe Döffinger-Lange (E. D.-L.), aussi patiente et prudente que le livre de Rey-Flaud est échevelé et conquérant. On pourrait quasiment les opposer terme à terme; un élément résumera leur antagonisme: Rey-Flaud ne donne pas de bibliographie, E. D.-L. dresse en quarante-quatre pages un inventaire à peu près complet de la littérature consacrée au sujet; c’est là un travail d’une conscience extraordinaire et l’on rougit presque de signaler l’absence du (de surcroît assez marginal) Graal fiction de Roubaud, qui contient des réflexions intéressantes sur le personnage de Gauvain: c’est vraiment là une goutte d’eau dans un océan de savoir. Pourtant, ce qui semble faire la force du livre d’E. D.-L. en fait aussi la faiblesse: cette documentation irréprochable réduit son étude à un vaste «état de la question» qui, s’il frise l’exhaustivité, ne propose guère de perspectives très nouvelles. Le livre se divise, après une introduction, en deux parties dites respectivement «allgemeine» et «spezielle»: la première (31-120) se subdivise elle-même en une discussion sur le vieux problème de l’unité de la dernière œuvre de Chrétien de Troyes et en considérations 302 Besprechungen - Comptes rendus sur la signification d’ensemble des épisodes dédiés au neveu d’Arthur; la seconde partie, deux fois plus longue (123-350), est un commentaire suivi des sept épisodes dont Gauvain est le héros. On peut regretter l’absence d’un index qui aurait aidé à retrouver les références aux divers critiques commentés; il est vrai que ceux-ci sont si nombreux et, pour certains, si fréquemment sollicités que l’index s’en serait vite trouvé encombré! Il apparaît donc difficile de résumer le livre d’E. D.-L. en en excluant les critiques mis en perspective, et à qui elle laisse trop souvent le dernier mot: si elle semble se décider pour l’unité de l’œuvre, c’est apparemment parce que la discussion se clôt sur une citation d’Haidu qui y est favorable (71); ailleurs, désireuse de ne pas choisir entre les opinions de Frappier et de Vial, l’auteur se donne les gants de citer un troisième critique qui renvoie lui-même dos-à-dos les deux chercheurs précités et dont la citation, purement négative, clôt tout simplement le chapitre 3 de la seconde partie (190). Et si E. D.-L. se permet tout de même de trouver l’interprétation dragonettienne de l’interruption du Conte du Graal (on se souvient que le critique genevois prétendait que l’œuvre était achevée) «anachronistisch und philologisch nicht haltbar» (337), c’est sans doute parce qu’aucun critique n’avait jusqu’ici jugé utile d’énoncer cette évidence (p. 120, elle confiait à un collègue le soin de critiquer Dragonetti). Mais des oppositions aussi tranchées sont elles-mêmes rares et, en dehors de la question idéologique que l’on traitera plus loin, l’œcuménisme d’E. D.- L. plaira à plus d’un partisan de la «political correctness»: des philologues aussi prudents que Kellermann, Frappier et Busby sont cités au même titre que Chandès, Jung/ Von Frantz ou Gallais (100: une hypothèse discutable «wirkt plausibel»), voire Ribard pour les idées farfelues de qui on se permettra tout de même de juger quelque peu coupable l’indulgence de l’auteur (188, 216, 311). De manière générale, on trouvera fastidieuses nombre de discussions qui ne font que résumer le débat sur les sources mythiques de Chrétien. En fin de compte, l’apport original d’E. D.-L. peut se résumer à une vision extrêmement soutenue de la construction du récit et des «Bedürfnisse seiner Erzählung» (256), qui se traduit par des réflexions d’une précision bienvenue sur les initiales du manuscrit (123, 191) et, surtout, par le développement du postulat que Chrétien poursuit «mehr ästhetische als didaktische Ziele» (273). Insistant tout au long de son analyse sur la subtilité de l’art narratif de Chrétien qui «lenkt die Aufmerksamkeit des Publikums» (134), E. D.-L. argumente de cette complicité avec l’auditoire pour minimiser la part de la critique sociologique dans le texte, et corollairement, pour mettre à mal les tentations que l’on pourrait avoir de juger à l’aune de la partie Perceval la partie Gauvain, en ne voyant dans la seconde qu’un double négatif de la première: «Von der massvollen Bewertung des ‹Kontrastes› zwischen Perceval und Gauvain-Handlung eines Wilhelm Kellermann hat sich die spätere Gauvain-Kritik weit entfernt» (273). Il y avait là l’esquisse d’une étude bien plus originale, ce dont l’auteur, dans sa modestie, est d’ailleurs consciente puisqu’elle déclare dans sa dernière page, sans davantage préciser sa pensée: «Ein Ziel künftiger Chrétien-Forschung müsste es sein, die zahlreichen bereits vorhandenen Deutungsvorschläge kritisch aufeinander zu beziehen» (350). Évidemment, et malgré la haute dignité de l’abnégation que cette phrase révèle, on comprendra qu’il ne fallait peut-être pas en demander davantage à quelqu’un qui estime que «Die Wahrheit über Gauvain wird (wie die Wahrheit über den Gral), nur gesucht, nie gefunden» (347)! A. Corbellari ★ 303 Besprechungen - Comptes rendus