Vox Romanica
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2002
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Kristol De StefaniJean-Yves Tilliette, Des mots à la Parole. Une lecture de la Poetria nova de Geoffroy de Vinsauf, Genève (Droz) 2000, 199 p. (Recherches et Rencontres, Publications de la Faculté des lettres de Genève 16)
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2002
Alain Corbellari
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Besprechungen - Comptes rendus Jean-Yves Tilliette, Des mots à la Parole. Une lecture de la Poetria nova de Geoffroy de Vinsauf, Genève (Droz) 2000, 199 p. (Recherches et Rencontres, Publications de la Faculté des lettres de Genève 16) Jean-Yves Tilliette (J.-Y. T.) est, on le sait, le seul professeur ordinaire de littérature latine médiévale à enseigner dans une université francophone. Cela ne l’engage pas pour autant à faire œuvre de vulgarisateur tous azimuths, et il serait malséant de le lui reprocher eu égard à sa modestie exemplaire et à sa grande probité de chercheur. Au demeurant, à qui lui demanderait pourquoi il a choisi de consacrer une monographie à un ouvrage d’apparence si austère, il peut tranquillement rappeler - le fait n’est pas assez connu - qu’«aucun poème latin du moyen âge ne rencontra une telle popularité, ne fut autant lu et autant étudié, sinon sans doute l’Alexandréide» (15); précisons d’ailleurs, pour faire bon poids, que J.-Y. T. prépare une traduction de l’épopée (contemporaine de son homologue vernaculaire qu’est le Roman d’Alexandre) de Gautier de Chatillon. La Poetria Nova et l’Alexandréide étant connus tous deux par plus de deux cents manuscrits (ce qui égale presque leur diffusion à celle du Roman de la Rose), qui dira encore, après cela, que la littérature latine médiévale, dont le XII e siècle est véritablement le siècle d’or, n’a jamais passionné qu’une minorité d’intellectuels? Leur retour sur le devant de la scène n’est donc que justice. Certes, depuis la publication des Arts poétiques latins par Edmond Faral en 1924, la Poetria Nova de Geoffroi de Vinsauf n’était pas ignorée des médiévistes; on était loin, pourtant, de se douter de la subtilité de sa construction et de la hardiesse de son propos. En digne représentant de l’école de Genève (dont il n’hésite pas à se réclamer: cf. 7 et 122 N11 - Charles Méla est d’ailleurs salué comme l’auteur d’un des rares articles consacré à ce sujet), mais en ne se départissant jamais d’une prudence qui l’honore (quoiqu’il faille le connaître pour être certain qu’il n’y a pas de snobisme dans ces inlassables captationes), J.-Y. T. élabore un réseau d’analyse serré que soutiennent, en exergue, au coeur et en conclusion de l’ouvrage, trois séries de «perspectives» qui délimitent bien la place charnière de la Poetria Nova en aval de l’Art poétique d’Horace et en amont des directions qu’elle trace et des échos qu’elle entretient avec les plus modernes interrogations sur la poésie. Là où des chercheurs trop pressés se verraient taxés d’imprudence, J.-Y. T. prépare si bien le terrain que telle allusion à René Char nous fait immédiatement reconnaître l’archaïsme d’une image comme celle du «marteau sans maître» (133). Et si telle inférence dragonettienne sur un I initial (144) peut paraître fragile, des références à Saint-John-Perse (122) ou à Yves Bonnefoy (182) savent, bien placées et peu appuyées, nous convaincre d’une lecture renouvelée de ce que l’on a trop longtemps pris pour un traité didactique dépourvu d’âme. De fait, l’originalité de la Poetria Nova, pour ne pas dire son inépuisable modernité, tient dans le fait qu’elle est, au sens fort défini par Barthes, un acte d’écriture, et non d’écrivance, à quoi semblait la condamner son statut de métadiscours. «On a le sentiment que, pour son auteur, la seule façon d’énoncer ce que doit être un poème, c’est d’énoncer ce poème même: comme si le meilleur moyen d’expliquer ce que doit être un poème, c’est d’énoncer ce poème même» (17). Davantage qu’une lecture philologique et détaillée, J.-Y. T. nous propose donc avant tout l’exégèse d’un projet, ce qui ne l’empêche pas de se livrer à quelques fort belles explications de texte insistant sur le jeu des doubles sens, comme celle des vers 469-507, «magnifique appel à la Croisade» (109) qui conjoint la poésie païenne et la personne du Christ dans la figure de l’homo novus, ou celle de la dédicace à Innocent III, «cet Innocens que refuse le mètre et qui semble aussi se situer au-delà de toute formulation poétique possible» (171). Une telle lecture a pour objet avoué d’exalter la «renaissance du XII e siècle», en rappelant que ses productions latines ne sont nullement indignes des œuvres vernaculaires qui les accompagnent. Corrollairement, J.-Y. T. semble juger avec sévérité la (trop vantée? ) «renaissance carolingienne»: «Si la culture carolingienne rêvait, en vain d’ailleurs, d’une restauration à l’identique, celle du XII e siècle se laisse plutôt définir comme un bricolage inventif à partir des modèles et des sources» (67); cette reconnaissance d’une certaine «pensée sauvage» à la veille du triomphe de la scolastique est passionnante: «la définition du poème comme connaissance parce qu’écriture» (181) nous rapproche, on l’a dit, des poétiques post-classiques; reste cependant à savoir si l’oeuvre de Geoffroi de Vinsauf représente en son temps une exception, le cas extrême d’une tendance ou un exemple parmi d’autres d’une pratique courante; sur ce point, J.-Y. T. hésite visiblement à se prononcer. Une enquête plus générale reste donc à mener. Il n’en demeure pas moins que la tentation est grande de chercher dans cette vision neuve des pistes pour une étude renouvelée de la littérature vernaculaire, et lorsque J.-Y. T. se demande «à moins que la question ne paraisse inconvenante [mais non, mais non! ], si la série des trois derniers procédés de l’amplificatio - destinée, répétons-le encore, à mettre en lumière une vérité profonde et secrète - ne recoupe pas celle des trois voies d’accès à la connaissance de Dieu définies par la théologie médiévale» (95), on en vient à soupçonner que les liens entre la théologie et la littérature allégorique en ancien français aient pu être plus étroits qu’on ne l’imagine souvent. En conclusion, par sa densité, sa rigueur, sa richesse de perspectives, ce livre, dont l’auteur nous assure qu’il fut écrit rapidement avec une sorte d’exaltation heureuse, apparaît comme une des contributions les plus significatives de ces dernières années à la compréhension d’une des littératures les plus méconnues de l’Occident, dont il faut vivement espérer que les exégèses et les traductions (le monde francophone accuse de ce point de vue un déplorable retard sur le monde anglo-saxon) puissent se multiplier. A. Corbellari H Klaus Fetkenheuer, Die Rezeption der Persius-Satiren in der lateinischen Literatur. Untersuchungnen zu ihrer Wirkungsgeschichte von Lucan bis Boccaccio, Bern (Peter Lang) 2001, 309 p. (Lateinische Sprache und Literatur des Mittelalters 31) Im Vorwort dankt Fetkenheuer u. a. den Herren Professoren Ulrich Schindel (dem Doktorvater), Fidel Rädle und Peter Stotz für fördernde Hilfe bei der Drucklegung dieser Göttinger Dissertation. Es ist nicht erstaunlich, dass mit solchen sachverständigen Helfern ein schönes Buch zustandegekommen ist. Die Hauptrubriken lauten wie folgt: Einleitung 11-17; Die Rezeption der Persius-Satiren bis zur Spätantike 19-90; Die Rezeption der Persius-Satiren in der lateinischen Literatur des Mittelalters 91-248; Die Rezeption der Persius-Satiren in der italienischen Frührenaissance 249-68; Schlussbemerkungen 269-70. Es folgt u. a. ein Index der behandelten Persius-Stellen, in dem Fetkenheuer für jede Persius-Zeile sämtliche von ihm gefundenen Belegstellen in der Literatur verzeichnet; dies ist ein sehr nützliches Arbeitsinstrument. Diese Arbeit ist deswegen besonders wichtig, weil sowohl Literarhistoriker als auch Editoren patristischer und allgemein mittelalterlicher Texte Persius weniger Aufmerksamkeit geschenkt haben als etwa Vergil, Horaz, Ovid. Ich gehe hier nicht auf eine Einzelkritik ein, sondern beschränke mich auf einen Hinweis darauf, dass sich Fetkenheuers Untersuchung auch im Neulatein fortsetzen liesse. Ich habe 272 Besprechungen - Comptes rendus
