Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2002
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Kristol De StefaniReineke Bok-Bennema, Bob de Jonge, Brigitte Kampers-Manhe et Arie Molendijk (éds.), Adverbial Modification. Selected Papers from the Fifth Colloquium on Romance Linguistics, Groningen, 10-12 September 1998, Amsterdam-Atlanta (Rodopi), 2001, 208 p.
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2002
A.-M. De Cesare
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Reineke Bok-Bennema, Bob de Jonge, Brigitte Kampers-Manhe et Arie Molendijk (éds.), Adverbial Modification. Selected Papers from the Fifth Colloquium on Romance Linguistics, Groningen, 10-12 September 1998, Amsterdam-Atlanta (Rodopi), 2001, 208 p. Ce volume regroupe douze communications présentées lors du Cinquième Colloque de Linguistique Romane à l’Université de Groningen en septembre 1998. Comme l’indique le titre de ce volume, les articles qu’il contient s’articulent autour du thème de la modification adverbiale dans les langues romanes (les communications regroupées ici s’intéressent en réalité surtout au français et à l’espagnol, et occasionnellement aussi au catalan et au roumain). Le cadre d’analyse choisi pour discuter la modification adverbiale repose essentiellement sur celui de la Grammaire Générative et celui de la Grammaire Fonctionnelle (exception faite de l’article de Montolio, cf. infra). La première partie du volume, qui sert d’introduction à l’ensemble de l’ouvrage, pose les jalons terminologiques et conceptuels adoptés. Il s’agit en particulier pour Bok-Bennema et alii de présenter leur conception de l’adverbe, ou mieux de l’adverbial, tout en clarifiant la signification du titre de l’ouvrage édité. Le titre Adverbial Modification se réfère à une définition non traditionnelle du concept d’adverbial (à noter que, même si Bok-Bennema et alii continuent à utiliser le terme adverbe tout au long de l’introduction, nous lui préférons celui d’adverbial). A l’instar des nombreux travaux de la deuxième moitié du XX e siècle (cf. par exemple H. Nølke, Les adverbes paradigmatisants: fonction et analyse, Copenhague, 1983), Bok-Bennema et alii rejettent d’entrée une conception de la classe de l’adverbial basée sur 1) la capacité de ses membres à modifier des verbes, des adjectifs et des adverbes et 2) la propriété morphologique d’indéclinabilité de ses membres. On sait en effet très bien aujourd’hui, d’une part, que les formes traditionnellement appelées adverbes modifient d’autres structures que les verbes, les adjectifs et les adverbes et que, d’autre part, il existe d’autres groupes de mots indéclinables (cf. les interjections, les conjonctions et les prépositions). Après avoir reconnu que certaines formes appartenant à la catégorie de l’adverbial possèdent des propriétés spécifiques qui les distinguent des autres formes adverbiales, Bok- Bennema et alii proposent la formation de différentes catégories indépendantes. Deux exemples de catégories ainsi formées sont les negative words et les degree words (les intensificateurs). Etant donné que ces formes modifient typiquement des adjectifs et des adverbes, il devrait s’ensuivre que les adverbiaux au sens strict ne modifient que le verbe. Cela n’est toutefois pas le cas. Les adverbiaux modifient d’autres structures, notamment plus complexes d’un point de vue syntaxique, comme la phrase entière. Un autre point important de l’introduction du volume Adverbial Modification consiste à reconnaître une propriété sémantico-fonctionnelle commune à tous les adverbiaux. Il s’agit de la fonction de modification («modifying function», 8). La reconnaissance de cette propriété conduit Bok-Bennema et alii à adopter une classe relativement grande de modificateurs adverbiaux, ou d’adverbiaux tout court. Cette classe comporte en effet non seulement des adverbes au sens strict, mais aussi des syntagmes prépositionnels, des expressions nominales et adjectivales, des phrases, et même ce que les auteurs appellent «paradigmatic forms of verbs». Dans le but de mieux comprendre de quoi il s’agit, nous proposons maintenant un bref résumé des articles du volume Adverbial Modification. L’article de F. Ocampo, «Word order variation in constructions with a verb and two adverbs in spoken Spanish», s’intéresse aux structures qui réalisent deux adverbes modifiant le verbe en espagnol argentin. Le but de l’article consiste à déterminer les facteurs qui règlent les différentes combinaisons verbe + adverbe 1 + adverbe 2 . Ocampo montre que, loin d’être fortuites, ces constructions sont déterminées d’une part par le type d’adverbe utilisé et d’autre part par la fonction pragmatique qu’assure l’énoncé. 284 Besprechungen - Comptes rendus La contribution de B. Kampers-Manhe, intitulée «Le comportement syntaxique des adverbes de manière», pose l’existence de trois groupes d’adverbes de manière en français. Ce regroupement est accrédité par le fait que ces trois groupes d’adverbes de manière se distinguent non seulement d’un point de vue morphologique (1. les adverbes se terminant par le suffixe -ment comme lourdement, soigneusement, 2. les adverbes dont la forme est différente de celle des adjectifs correspondants comme bien, mal et 3. les adverbes présentant la même forme que l’adjectif comme haut, fort, bas, etc.) mais aussi syntaxique. C’est sur ce deuxième aspect que se concentre la contribution de Kampers-Manhe en se basant en particulier sur l’étude que Cinque (1997, Adverbs and functional heads, a cross-linguistic perspective, Ms.) formule dans le cadre de la Grammaire Générative. Tout comme le précédent, l’article de R. Bok-Bennema, «Manner adverb climbing as an epiphenomenon», traite des adverbes de manière dans le cadre de la Grammaire Générative. Cet article s’attache principalement à montrer que, contrairement à l’analyse traditionnelle, on ne peut pas postuler la montée de l’adverbe de manière (Manner adverb climbing) pour expliquer les données du français et de l’espagnol, en particulier pour expliquer les contextes dans lesquels ces adverbes se réalisent en même temps qu’un verbe modal et un infinitif. L’approche alternative consiste à analyser le verbe modal comme un auxiliaire, l’infinitif comme un complément et l’adverbe de manière comme une forme qui ne monte pas dans la structure de phrase. La communication de A. Molendijk, «Frequency, iteration and tense use in French», s’intéresse aux expressions qui dénotent la récurrence et distingue les concepts d’itération et de fréquence. A partir de cette distinction, Molendjik est en mesure de proposer une explication quant à la possibilité d’utiliser les structures adverbiales plusieurs fois (itération) et souvent (fréquence) avec l’imparfait et le passé composé en français. L’article de B. de Jonge, «Spanish subjunctive mood: One form, more than one meaning? », qui s’inscrit dans le cadre de la Grammaire Fonctionnelle, propose de reconnaître un sens particulier au mode subjonctif (par rapport au mode indicatif). Cette hypothèse permet à de Jonge d’expliquer la distribution différente des modes subjonctif et indicatif en espagnol, notamment dans les constructions relatives. De manière similaire à la contribution précédente, l’article de J. Quer, «Mood and varieties of concessives», s’intéresse aux modes indicatif et subjonctif. Selon Quer ces deux modes jouent un rôle important dans l’interprétation des concessives conditionnelles (de trois types: universelles, alternatives et scalaires) dans les langues romanes en général et en espagnol et en catalan en particulier. H. de Swart, dans sa communication intitulée «Négation et coordination: la conjonction ni», s’intéresse à la forme française ni et à la place qu’elle occupe dans le système de la négation du français. L’hypothèse avancée par de Swart est que ni est un élément à polarité négative (c’est-à-dire qu’il figure toujours dans un contexte négatif) qui se combine uniquement avec des opérateurs anti-additifs comme personne et jamais. J. Doetjes, dans son article «Beaucoup est ailleurs. Expressions de degré et sous-spécification catégorielle», s’attache à rendre compte de la distribution des quantificateurs de degré dans le cadre de la Grammaire Générative. En particulier, Doetjes s’attache à montrer que les quantificateurs de degré du type beaucoup sont sous-spécifiés d’un point de vue catégoriel. Cela signifie qu’ils ne sont pas sensibles à la catégorie grammaticale du constituant qu’ils modifient. Ils peuvent en effet être utilisés aussi bien dans le domaine nominal que dans le domaine verbal. A partir de la constatation que d’autres formes apparaissent lorsque les quantificateurs du type beaucoup modifient un adjectif (on ne dit pas beaucoup grand mais très grand), Doetjes propose la condition nommée Elsewere condition. Cette condition stipule que les formes du type beaucoup ne sont pas utilisées lorsqu’il existe une forme concurrente ayant des restrictions distributionnelles plus strictes. La formulation de 285 Besprechungen - Comptes rendus cette condition permet ainsi à Doetjes de rendre compte de l’apparition de formes du type très dans le domaine adjectival, tout en maintenant l’hypothèse de la sous-spécification catégorielle des quantificateurs de degré comme beaucoup. L’article «Predicate displacement within the adjectival system. Evidence from degree modification in Rumanian» de N. Corver, s’inscrivant lui aussi dans le cadre de la Grammaire Générative, consiste à démontrer que le déplacement du prédicat (Predicate displacement), ici entendu comme le mouvement d’un prédicat dans une position à gauche du sujet, est opérant non seulement dans le domaine nominal mais aussi dans le domaine adjectival. Cet article s’intéresse en particulier aux constructions adjectivales roumaines qui contiennent une modification de degré (dont un exemple est extrem + adjectif). L’article d’A. Le Draoulec, «Les différents types d’interprétation des subordonnées introduites par ‘avant que’», s’intéresse en particulier aux subordonnées introduites par avant que dont le contenu n’est pas présupposé (par opposition à celles dont le contenu est présupposé). Que l’on compare par exemple Pierre est revenu avant que Marie (ne) parte en vacances, où Marie est partie en vacances est présupposé, avec Pierre a assassiné Marie avant qu’elle (ne) parte en vacances, où la même présupposition n’est pas valable puisque, dans ce dernier cas, Marie n’a pas pu partir. Globalement, cet article s’attache à montrer que, pour comprendre une subordonnée introduite par le connecteur avant que en français, il est nécessaire de savoir à quel moment se situe l’action exprimée dans la proposition subordonnée. J. Schroten, dans son article «Locating time and place», s’interroge sur les différences quantitatives entre expressions idiomatiques (lexical idioms) de temps et de lieu dans plusieurs langues (anglais, néerlandais, français et espagnol). Son article rend notamment compte du fait que la plus grande quantité d’expressions idiomatiques de type temporel repose sur une différente conceptualisation du temps et du lieu. Plus particulièrement, Schroten maintient que le concept de temps est plus ordonné et plus transparent que celui de lieu. Pour terminer, l’article de E. Montolio, intitulé «¡Si no he sido yo! On retortative siclauses in conversational Spanish», s’intéresse aux constructions du type illustré dans le titre de sa contribution. L’intérêt de cet article repose tout d’abord sur la description des propriétés linguistiques des structures comme ¡si no he sido yo! . Ces structures ne contiennent jamais le mode subjonctif et se prononcent avec une intonation distinctive (montante-descendante ainsi qu’avec un accent important sur la dernière syllabe tonique). L’intérêt de l’article de Montolio repose en outre sur l’explication de la fonction que les structures du type ¡si no he sido yo! assurent au niveau du discours. Ces structures expriment un contraste, parfois renforcé par la présence du connecteur adversatif pero. Finalement, la prise en considération de la dimension diachronique permet à Montolio de montrer que, contrairement à ce que l’on retient traditionnellement dans les grammaires de l’espagnol, il existe un rapport entre la construction que Montolio appelle retortative si-clause (188, en référence au fait qu’une des caractéristiques de cette construction consiste à contredire la proposition précédente de l’interlocuteur) et la construction hypothétique (la première dérivant de la deuxième). La structure retortative peut en effet être vue comme le produit d’une grammaticalisation, au cours de laquelle d’une part la forme si a perdu sa valeur hypothétique et d’autre part le mode subjonctif a peu à peu disparu au profit du mode indicatif. A.-M. De Cesare H 286 Besprechungen - Comptes rendus