Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2002
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Kristol De StefaniRichard Trachsler, Merlin l’enchanteur. Étude sur le Merlin de Robert de Boron, Paris (SEDES) 2000, 158 p. (Agrégation de Lettres)
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Alain Corbellari
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«elegiac», et dont la gradation et la savante alternance lui permet d’attribuer à une volonté d’auteure la disposition des textes dans le fameux manuscrit Harley. Le deuxième chapitre se meut dans le domaine du roman arthurien, où l’on sait D. M. particulièrement à l’aise: c’est pourtant peut-être là que ses résultats sont les plus flous. Malgré la pertinence de nombre d’observations, le schéma de la rencontre spéculaire s’y applique à des configurations d’une telle diversité qu’il menace de tourner à la banalité ou au simple prétexte: peut-on réellement mettre sur le même plan la confrontation aux coutumes (thème cher à D. M.), la découverte de son nom par un «jeune» chevalier ou la lecture de son infortune par Arthur lorsqu’il découvre les fresques de Lancelot? Une réflexion plus approfondie sur le double aurait sans doute ici sa place. Le grand sens de la synthèse de D. M. n’est pas toutefois sans apporter des lueurs passionnantes sur l’évolution du roman médiéval, et on notera en particulier la très intéressante remarque que, contrairement à Chrétien de Troyes, «Renaut [de Beaujeu] cultivates a type of fiction in which conflicting values create unresolved tensions» (108). Le troisième chapitre étudie, dans Le Chevalier de la charrette, le Tristan de Béroul, la Folie Tristan d’Oxford et La Châtelaine de Vergy, des cas patents d’«aberrant analysis» (157), où les «informants» sont trompés par des signes, volontairement disposés ou non, qui aboutissent à ce que l’on pourrait appeler, en termes lacaniens, le ratage de la rencontre. Le parallèle proposé par D. M. avec le triomphe, aux XII e et XIII e siècles, de la logique aristotélicienne (163) est subtil et, ici encore, n’est pas sans ouvrir des perspectives peut-être insuffisamment exploitées dans la conclusion. Le quatrième chapitre est davantage que les précédents tourné vers l’analyse socio-historique, puisqu’il s’intéresse aux «fictions of lineage», et en particulier à La Fille du Comte de Ponthieu et au Roman de Mélusine: après avoir rompu, sans grand profit, une lance en faveur des thèses quelque peu discréditées de Köhler (190-91), D. M. propose, à propos de ce «profoundly integrative type of specular encounter» (195) une relecture du concept freudien de «roman familial» qui nous ouvre, sans les développer réellement, quelques perspectives sur le rôle de l’amour dans ce type de récit (deux détails minuscules en passant: on serait heureux de voir cité l’original français de la formule de Lacan «in you, more than you» [198] - quant aux vers attribués à Éluard, ils sont en réalité d’Aragon [199]). Après avoir brassé un si vaste champ d’analyse, le lecteur sera particulièrement heureux d’aborder la substantielle conclusion (201-215) qui renoue les fils avec maestria et propose des prolongements de cette recherche dans des domaines encore non explorés, comme la littérature comique (209). Malgré ce qui nous a semblé des timidités interprétatives (ainsi l’analyse de la littérature narrative médiévale sous l’angle du «désir mimétique» nous semble-t-elle encore tout entière à écrire) et une définition peut-être par trop extensive de son concept clé (mais pour une fois qu’un livre de littérature médiévale est autre chose qu’une compilation ou l’exploitation d’un concept éculé, le reproche est bénin), D. M. nous a fourni ici un maître livre dont on doit espérer qu’il nourrira longtemps la réflexion des chercheurs. A. Corbellari H Richard Trachsler, Merlin l’enchanteur. Étude sur le Merlin de Robert de Boron, Paris (SEDES) 2000, 158 p. (Agrégation de Lettres) Voici rien de moins que le cinquième ouvrage de Richard Trachsler (R. T.), qui, à moins de quarante ans, se pose déjà comme l’un des plus compétents spécialistes de la littérature arthurienne française, domaine embrouillé dans lequel son sens de la synthèse fait merveille. 320 Besprechungen - Comptes rendus Nous ne nous appesantirons pas sur l’aspect parfois laborieux des trop nombreux résumés, ni sur des commentaires ponctuels qui peuvent sembler tomber sous le sens; on ne cherchera certes pas dans ce Merlin une lecture révolutionnaire du texte de Robert de Boron. Mais il faut souligner d’emblée que là n’est pas son but, l’ouvrage appartenant à ce type de littérature de circonstance bien connu en France sous le nom de «préparation à l’agrégation» et inaugurant apparemment à cet effet une nouvelle collection des éditions SEDES. Or, dire que l’auteur excelle dans ce genre ne relève pas de l’éloge paradoxal; R. T. représente en effet un excellent exemple de ce que l’on pourrait appeler une critique «postmoderne». Non seulement il a tout lu, mais il tente, conscient de la variété des efforts de ses prédécesseurs, de juger le moins possible, convaincu, comme il le dit dans son avant-propos, «que rien ne va de soi et que tout, ou presque, est sujet à controverse» (10). Sa minutie passionnée se retrouve ainsi aux antipodes du positivisme, même si elle avoue une fascination certaine pour la Quellenforschung, discipline pour laquelle R. T. se fend d’un utile plaidoyer (18-19), et qu’il faut d’ailleurs entendre ici au sens large, en y englobant l’ensemble de la réception critique des oeuvres étudiées. Le livre abonde en effet en notules de mise en perspective qui sont autant de jalons d’une histoire de la médiévistique; ainsi des considérations sur l’obsolescence du débat sur les sources celtes (18), de celle sur la christianisation du graal (53 N1), ou encore de celle consacrée aux vieux travaux de Zimmer (138 N2). On notera la position mesurée de R. T. sur Dragonetti «qui rappelle utilement quelques excès commis par les ‘positivistes’, mais en commet au moins autant dans l’autre sens» (38 N2); ou sa mention honnête des théories qui voient dans les proses du graal une anticipation du nouveau roman (106), même si elles ne semblent que moyennement le convaincre. Outre la largeur et l’œcuménisme (plutôt qu’«œcuménie» [50 N2]) de l’information, le livre vaut par la mise en situation du Merlin au sein non seulement de la trilogie de Robert de Boron (nombreuses remarques intéressantes, par exemple, sur l’ouverture du texte vers les deux volets qui l’entourent, à l’instar de «la merveille [qui] se situe donc à la charnière du passé et du futur» [105]), mais aussi sur l’ensemble de la tradition arthurienne. Certes, ces considérations architectoniques peuvent par moments sembler prendre par trop le pas sur l’analyse de détail (volontiers laissée à l’initiative de quelques grands prédécesseurs, tel Dubost), mais on n’est pas pour rien l’auteur des Clôtures du cycle arthurien (Genève, Droz, 1996) et du tout récent Conjointures-Disjointures. Étude sur l’interférence des matières narratives dans la littérature française du Moyen Âge (Bâle-Tübingen, Francke, 2000)! Quant à l’éditeur de textes, il pointe aussi le bout de son nez, et pas seulement quant il voit dans une prophétie faite à Uter un «terminus a quo» (128). Une note de la «remarque préliminaire» montre le lecteur de manuscrit passionné qu’est R. T. (15 N2) et nous laisse espérer qu’il entreprendra bientôt à plus large échelle la révision dont l’édition du Merlin par Alexandre Micha a apparemment grand besoin. La langue de R. T. est fluide et on appréciera d’y lire que tel manuscrit «ne paie pas de mine» (26) ou que Merlin fait des «effets de manche» (100); on le remerciera aussi d’accorder un statut littéraire à la bande dessinée (7) et de nous divertir avec une citation (en l’occurrence étonnamment pertinente! ) du Sacré Graal des Monthy Python (52 N2). Par contre, les coquilles sont assez nombreuses, sans doute dues en partie à des problèmes de copier-coller; ainsi lira-t-on «contrôler le texte du manuscrit A à partir de celui de B» (13, l. 8 depuis la fin), «de plus en plus» (47, 4): et «recèle» plutôt que l’inexistant «concèle» (141, §4, l. 2). La bibliographie est, on l’a rappelé, l’un des points sur lesquels R. T. n’a personne à craindre; tout au plus pourra-t-on donc le «coller» sur les marges de sa discipline. Ainsi n’est-ce pas sans un certain étonnement que l’on lit (49 N1) que les textes apocryphes tournant autour du Nouveau Testament seraient difficiles à trouver en français, alors que la 321 Besprechungen - Comptes rendus Pléiade en avait déjà publié un volume avant 1999. Détail qui pose la question de l’élargissement du champ d’investigation, on note que R. T. cite à propos de la largesse d’Arthur (142 N) une étude de 1923; n’aurait-il pas été utile, dans ce livre d’initiation, de citer aussi le classique Essai sur le don de Mauss, même s’il ne parle pas directement de littérature médiévale? Enfin, on signalera un article récent paru sans doute trop tard pour que R. T. en prenne connaissance et qui renouvelle la discussion sur la genèse du personnage de Merlin en proposant de lier son émergence à la lutte entre culture savante chrétienne et culture populaire païenne: M. Banniard, «Adaptations et compromis entre rationalité et irrationnalité: l’invention littéraire de Merlin (VII e -XI e siècle)», in J.-C. Faucon (éd.), Temps et Histoire dans le roman arthurien, Toulouse, 1999: 33-45. Rappelant dans son avant-propos que Paul Zumthor s’était lourdement trompé en estimant en 1943 dans son Merlin le Prophète que le mythe merlinien était en voie d’extinction, R. T. répond également par son titre à l’auteur de l’Essai de poétique médiévale: certes, on peut comprendre qu’en pleine Guerre Mondiale Zumthor ait trouvé plus urgent d’exalter un prophète plutôt qu’un enchanteur (à quoi bon des poètes en temps de détresse? ), mais, au delà de son aspect attendu, le titre de R. T. nous rappelle que, si le mot n’est pas médiéval, l’idée de l’enchantement subsume bel et bien les activités de «cet être étrange, réunissant et transformant des traditions éparses, [et qui s’inscrit] au coeur de l’évolution spirituelle de la chrétienté» (146). A. Corbellari H Olivier Collet, Glossaire et index critiques des œuvres d’attribution certaine de Gautier de Coinci, Genève (Droz) 2000, cx + 591 p. (Publications Romanes et Françaises 227) Gautier de Coinci, 1177 oder 1178 geboren, zunächst Mönch des Klosters St-Médard bei Soissons, alsdann Großprior in Vic-sur-Aisne und ab 1233 Großprior in St-Médard und dort 1236 gestorben, verdankt seinen literarischen Ruhm in erster Linie der mehr als 36000 Verse zählenden und insgesamt 58 Mirakel umfassenden Sammlung Les Miracles de Nostre Dame (1218-30). Diese Sammlung besteht aus zwei Büchern, von denen jedes durch einen Prolog und sieben Chansons eingeleitet wird. Das erste Buch enthält 35 Mirakel, gefolgt von drei Gedichten zu Ehren der hl. Léocade; das zweite Buch umfaßt 23 Mirakel sowie die zwei moralisierenden Gedichte De la chasteteé as nonains und De la doutance de la mort, hier gefolgt von Les saluts mit einem Prolog, einer Chanson und vier Gebeten. Bereits vor Abfassung der Miracles hatte Gautier zwischen 1214 und 1218 als sein «Erstlingswerk» die Vie de Sainte Cristine geschrieben, mit der er die erste und zugleich auch einzige altfranzösische Fassung der Christinen-Legende schuf. Außerdem soll er noch eine Vielzahl weiterer Werke verfaßt haben, wobei allerdings seine Autorschaft in den meisten Fällen keineswegs gesichert ist. Einzig bei den beiden Dichtungen La Nativité Nostre Dame und L’Assomption Nostre Dame ist nahezu mit Sicherheit davon auszugehen, daß Gautier deren Autor ist. Wie O. Collet in der Einleitung (cf. XV-XXXII) treffend hervorhebt, stellen die Werke Gautiers de Coinci einen Meilenstein in der Geschichte der altfranzösischen Literatur sowie auch der altfranzösischen Sprache dar. Was die literarische Position des Dichters angeht, so ist festzustellen, daß er «ne fut pas le simple adapteur de la tradition latine» (XV), sondern vielmehr «l’un des spécimen les plus précoces d’une volée d’écrivains marqués par un souci de mainmise sur tous les aspects de leur art» (XVIII). Gautier hat insbesondere durch die feinstrukturierte Gestaltung der Miracles und deren «organisation soigneusement mûrie» (XVII) für die nachfolgende Zeit beispielgebend gewirkt und damit zu einem «renouveau essentiel de la littérature française» (XVIII) beigetragen. Insbesondere auch 322 Besprechungen - Comptes rendus
