eJournals Vox Romanica 62/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2003
621 Kristol De Stefani

Michel Zimmermann (ed.), Auctor et Auctoritas. Invention et conformisme dans l’écriture médiévale. Actes du colloque de Saint-Quentin-en-Yvelines (14-16 juin 1999), Paris (École des Chartes) 2001, 592 p. (Mémoires et documents de l’École des Chartes 59)

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2003
Marie-Claire  Gérard-Zai
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266 Besprechungen - Comptes rendus (215-36), che è diventato una pietra di paragone per tutti gli studi di analogo argomento che si sono infittiti soprattutto negli ultimi decenni; tra le edizioni, si citino quella del francoitaliano Roman de Belris (451-92), o quella dei frammenti della Chanson d’Aspremont conservati nelle biblioteche italiane, che Monfrin conosceva bene per l’assidua frequentazione della Penisola (353-99), o ancora quella della Complainte d’amour del xiii secolo (401-26). Né l’interesse di Monfrin si autolimitava entro i confini, pur già ampi, del volgare (o meglio: dei volgari), e questo volume ben rappresenta anche gli interessi dello studioso francese nei confronti del contiguo terreno latino: sia sul piano strettamente linguistico, come ad es. nell’articolo «Le latin médiéval et la langue des chartes» (107-23), o in «Lexique latin-français du Moyen-Âge» (125-33); sia su un livello letterario, come in «Le problème de l’authenticité de la correspondance d’Abélard et Héloïse» (301-16). Testimoni egregi dell’interesse dello studioso nei confronti della cultura lato sensu, inoltre, sono i suoi studi sulle biblioteche, qui rappresentati da «La bibliothèque de Matteo della Porta et la question de la ‘Sposizione del vangelo della passione secondo Matteo’» (571- 602), «La bibliothèque de Francesc Eiximenis» (603-47), «La bibliothèque Sánchez Muñoz et les inventaires de la bibliothèque pontificale à Peñisola» (649-89), «A propos de la bibliothèque d’Eugène iv» (691-711). Ma sarebbe lunga, e alla fine sterile, una catalogazione completa. Non possiamo che essere grati a G. Hasenohr, M.-C. Hubert e F. Vielliard, che con questa impresa hanno onorato il Maestro in ossequio ai versi di Wace qui messi in exergue, i quali, fin dalla fondazione, hanno segnato programmaticamente la linea della Romania, di cui anche Monfrin fu direttore. E davvero capiamo, leggendo queste pagine, che ha ragione Bernardo di Chartres quando ammonisce, attraverso il filtro di Giovanni di Salisbury, che «nos sumus quasi nanos gigantium humeris insidentes»: che del resto è l’unica condizione che permette ai migliori - mitigando Prisciano - degli iuniores di essere anche perspicaciores. P. Gresti H Michel Zimmermann (ed.), Auctor et Auctoritas. Invention et conformisme dans l’écriture médiévale. Actes du colloque de Saint-Quentin-en-Yvelines (14-16 juin 1999), Paris (École des Chartes) 2001, 592 p. (Mémoires et documents de l’École des Chartes 59) Rappelons que le concept d’auteur est au centre de toute réflexion sur la littérature et l’écriture, mais que l’émergence de l’auteur en tant qu’individu conscient et identifié d’une création originale est relativement récente. Les quelque trente contributions de ce remarquable ouvrage concentrent leurs intérêts sur le phénomène de l’écriture au Moyen Âge. Il permet de recenser les convergences possibles tant épistémologiques qu’heuristiques et de nouer un dialogue entre spécialistes de disciplines diverses. Chap. I. Les lieux de l’écriture: l’atelier, le scriptorium, la chancellerie: O. Guyotjeannin, «Ecrire en Chancellerie» (17-35); le vocabulaire utilisé par les chanceliers, reflet de longues traditions, devient des plus trompeurs quand on y cherche un sens précis: dictare, voire litterare, scribere, relegere, recognescere . . . couvrent de leur voile sémantique les étapes de l’écriture. R. Favreau, «Commanditaire, auteur, artiste dans les inscriptions médiévales» (37-59); l’auteur souligne un point: quand on parle de façon générale des «auteurs» des inscriptions, il faut, en fait, distinguer trois catégories d’intervention. Il y a celui qui ordonne et finance l’œuvre, que l’on peut appeler le commanditaire. Le terme d’auteur pourrait être réservé à celui qui fournit le texte de l’inscription. Il y a enfin celui qui réalise l’inscription 267 Besprechungen - Comptes rendus et l’œuvre, l’artiste. P. Geary, «Auctor et Auctoritas dans les cartulaires du haut Moyen Âge» (61-71); le cartulaire existe uniquement de seconde main; à un moment donné, les chartes qui se trouvaient dans une armoire ou dans un chartier ont été transcrites dans un codex et il semble absurde d’accorder le titre d’«auteur» au compilateur de ces matériaux. L. Morelle, «La mise en ‘œuvre’ des actes diplomatiques. L’auctoritas des chartes chez quelques historiographes monastiques (IX e -XI e s.)» (73-96); le propos de la contributrice touche au traitement «littéraire» de l’acte diplomatique et à l’image que l’auteur donne de celui-ci. Elle observe ce que l’auctor retenait de l’acte et comment il accueillait cet élément chargé d’auctoritas. L’exposé tente une esquisse de typologie à partir de quelques exemples, issus d’ateliers monastiques de France septentrionale. Chap. II. L’écriture continuée, ou du bon usage des autorités: G. Giordanengo, «Auctoritates et Auctores dans les collections canoniques (1050-1140)» (99-129); le droit canonique a été la pierre d’angle de la Réforme grégorienne. Toute décision, toute entreprise, toute condamnation doit s’appuyer sur des autorités canoniques sans cesse invoquées et citées au besoin. Ces collections sont un témoignage excellent de cette nécessité du droit comme base de tout gouvernement pleinement efficace. P. Gautier Dalché, «Sur l’‘originalité’ de la ‘géographie’ médiévale» (131-43); les questions méthodologiques qui se posent sont les suivantes: Quelles sont les conditions réelles de la production d’un savoir sur l’espace du monde au Moyen Âge? Qu’en est-il des auteurs originaux repérés par l’opinion? Comment apprécier les cas d’intervention plus réels? M. Paulmier-Foucart, «L’Actor et les Auctores. Vincent de Beauvais et l’écriture du Speculum majus» (145-60); comme toutes les encyclopédies médiévales, le Speculum majus du dominicain Vincent de Beauvais est une compilation, c’est-à-dire une succession organisée de textes venus d’ailleurs, pris aux auctores. S. Mula, «Les modèles d’autorité religieuse dans la narration profane (XII e -XIII e s.)» (161- 73); l’auteur veut montrer comment la littérature fictionnelle a trouvé le moyen de se rendre indépendante en exploitant la vogue de la narrative religieuse en latin: recueils de miracles, exempla et vies de saints. Il concentre son attention sur un aspect central de la narration religieuse qui sera utilisé et intégré dans la littérature profane des XII e et XIII e siècles: les modèles d’autorité. L’hypothèse présentée est que, avant de se démarquer de la littérature religieuse, la littérature profane a pendant un certain temps jonglé avec les formes et les formules d’authentification des récits présentes dans les récits cléricaux (162). Cette utilisation relève d’une intertextualité diffuse, grâce à laquelle les auteurs pouvaient jouer sur le statut ambigu de leurs histoires. M.-A. Polo de Beaulieu, «L’émergence de l’auteur et son rapport à l’autorité dans les recueils d’exempla (XII e -XV e s.)» (175-200); la posture de l’auteur adoptée par Césaire de Heisterbach puis Thomas de Cantimpré se place en bout de chaîne d’une évolution non linéaire, qui a vu l’affirmation de l’auteur au haut Moyen Âge, à travers les écrits de Grégoire le Grand et plus tard de Pierre Alphonse. Le Dialogus miraculorum et le Bonum universale de apibus sont des jalons importants dans une évolution globale de la littérature, qui ne prétend plus transmettre une vérité transcendentale, mais qui se donne comme le produit d’une conscience. D. Lett, «Deux hagiographes, un saint et un roi. Conformisme et créativité dans les deux recueils de Miracula de Thomas Becket» (201-16); s’émancipant du culte des saints et s’enrichissant des apports de l’anthropologie historique, l’écriture hagiographique devient un objet d’étude spécifique de l’histoire. L’auteur s’intéresse particulièrement à l’une des composantes de l’hagiographie: les miracula post mortem. Peu après l’assassinat de l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket, le 29 décembre 1170, deux recueils de miracles sont rédigés, l’un par Benoît de Peterborough, l’autre par Guillaume de Cantorbéry, deux moines de Christchurch, témoins du meurtre de la cathédrale. L’étude de ces deux recueils prouve que «l’hagiographie comme littérature devient le miroir au travers duquel on perçoit la société de l’écrivain» (214). 268 Besprechungen - Comptes rendus Chap. III. Faire du neuf avec de l’ancien: citations, remplois, appropriations: F. Mora, «Remplois et sens du jeu dans quelques textes médio-latins et français des XII e et XIII e siècles: Baudri de Bourgueil, Hue de Rotelande, Renaut de Beaujeu» (219-30); une bonne partie de la production littéraire latine s’est construite grâce aux procédés de la «technique allusive», conséquence du principe de l’agôn qui domine toute la création poétique de l’Antiquité: reproduire en les transformant légèrement des vers ou des fragments de vers extraits de l’œuvre d’un écrivain que l’on admire, sans le citer, constitue à la fois un hommage rendu aux prédécesseurs dont on s’inspire et une revendication d’originalité. L’auteur s’appuie sur quelques exemples: l’Ipomédon de Hue de Rotelande qui reprend plusieurs «mises en roman» des années 1150-1160, notamment le Roman de Thèbes, et d’autre part celui de Renaut de Beaujeu, auteur du Bel Inconnu, roman en vers du début du XIII e siècle, où se lit très nettement en filigrane un travail de récriture opéré à partir de l’œuvre de Chrétien de Troyes. E. Ornato, «L’intertextualité dans la pratique littéraire des premiers humanistes français. Le cas de Jean de Montreuil» (231-44). A. Grondeux, «Auctoritas et glose. Quelle place pour un auteur dans une glose? » (245-54); l’auteur concède que vouloir attribuer une glose n’est pas toujours raisonnable. Tant de personnages ont gravité autour d’un texte que, si quelques noms surgissent, ce ne sont pas forcément les bons. G. Dahan, «Innovation et tradition dans l’exégèse chrétienne de la Bible en Occident (XII e -XIV e s.)» (255-66); l’exégèse chrétienne de la Bible se situe constamment dans une tradition, mais elle est vouée à l’innovation, du fait même des présupposés herméneutiques qui la gouvernent. A. Boureau, «Peut-on parler d’auteurs scolastiques? » (267-79); la question peut sembler absurde si l’on pense à de grands auteurs comme Thomas d’Aquin, Bonaventure, Duns Scot ou Guillaume d’Ockham. A la fin du XIII e siècle, la notion d’auteur avait pris une consistance certaine. Il n’est pas sûr que l’université de la fin du Moyen Âge ait pu conserver la maîtrise de cet habitus individualiste de maîtrise intellectuelle, du fait de la concurrence d’autres lieux de pensée, mais la scolastique a certainement contribué à la figure globale de l’individu créateur dont hérita la Renaissance (279). Chap. IV. Vaincre la routine: de la créativité en diplomatique: J. Belmon, «‘in conscribendis donationibus hic ordo servandus est . . .’ L’écriture des actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (IX e -X e s.)» (283-320); l’analyse envisage les actes de la pratique produits dans le Midi de la France à l’époque carolingienne, du règne de Charlemagne à celui de Hugues Capet. S. Barret, «‘ad captandam benevolentiam’. Stéréotype et inventivité dans les préambules d’actes médiévaux» (321-36); le préambule ou arenga, qui reste toujours optionnel, a la fonction d’introduire le reste du texte, en l’insérant dans un réseau de considérations de nature générale, souvent morales ou transcendantes, il permet au rédacteur une ceraine liberté dans la composition. M. Zimmermann, «Vie et mort d’un formulaire. L’écriture des actes catalans (X e -XII e s.)» (337-58); la contribution propose en annexe les quatre formules du recueil de Ripoll (A. Corona d’Aragó, ms 74, fol. 145v-156). Chap. V. En quête d’auteurs: P. Bourgain, «Les verbes en rapport avec le concept d’auteur» (361-74); les étymologies d’auctor mettent bien en avant augere et agere mais ces verbes n’apparaissent jamais dans les textes en rapport avec auctor. Pour pallier ce manque, on a utilisé un certain nombre de verbes dont scribere et ses variantes conscribere, perscribere, componere, tractare (très fréquent), desudare, elucubrare, invenire, qui correspond à inventio, redigere, digerere, ordinare, fingere, utilisé pour les œuvres de fiction, cudere ‘frapper, forger, produire en frappant, fabriquer’, conflare (c’est le soufflet de la forge qu’évoque à l’origine ce terme), pangere (graver dans la cire), compingere ‘fabriquer par assemblage’, texere ‘tisser’, ordiri ‘ourdir, monter la trame d’un tissage’, on trouve également dictare, exprimere, canere. Parmi les métaphores, exarare, arare, qui renvoient à l’opération technique du labourage, caraxare. Vient ensuite la diffusion: edere; quant au technique publicare, il n’existe au sens de ‘publier’ que chez les humanistes. «Que fait donc un 269 Besprechungen - Comptes rendus auteur? Il compose, il traite, il assemble, il combine, il rédige, il met en ordre, il répartit, il forge, il tisse, il entrelace, il comprime. Mais surtout il dit et il écrit. Ou encore il met la main à la plume, il gribouille, il laboure la page. Il peut mentir, si c’est un auteur païen à qui tout est permis. Il invente fort peu, il ne crée jamais. Et évidemment, jamais non plus il n’autorise, ce type de concept étant à chercher plutôt dans la famille doctor/ docere. Les verbes en rapport avec la notion d’auteur se concentrent sur la fabrication de l’œuvre, avec un déploiement de métaphores artisanales qui rappellent au lettré que son acte est du domaine du labeur et du travail bien fait» (374). F. Vielliard, «Auteur et autorité dans la littérature occitane médiévale non lyrique» (375-89); la tradition manuscrite de la littérature médiévale occitane est tout à fait originale vis-à-vis de celle des autres littératures vernaculaires par le petit nombre de manuscrits subsistants: 376 manuscrits, dont 95 chansonniers, recensés par Clovis Brunel. La littérature occitane semble avoir opéré autour des troubadours un processus original d’«autorisation» en utilisant les procédés traditionnels de l’écriture médiévale. Si la lyrique provençale a germé et fructifié dans toute l’Europe, malgré la diversité des langues qui ont chanté à sa suite les valeurs de la fin’amors et de la cortezia, c’est vraisemblablement, plus que par des contacts directs entre poètes, par le biais du livre, dépositaire et vecteur de ces «auteurs» au sens plein que sont devenus les troubadours (389). E. Baumgartner, «Sur quelques constantes et variations de l’image de l’écrivain (XII e -XIII e s.)» (391-400); le terme d’«auteur» est trop chargé de connotations. Le terme d’«écrivain» désigne en ancien français le «copiste» et n’apparaît au sens moderne, mais pour désigner des philosophes ou des auteurs scientifiques, qu’à la fin du XIII e siècle sous la plume de Jean de Meun (cf. F. Lecoy, ed., Roman de la Rose, v. 16138-43). J. Cerquiglini-Toulet, «Polyphème et Prométhée. Deux voies de la ‘création’ au XIV e siècle» (401-10); la littérature du XIV e siècle offre, en abîme, à travers des récits mythologiques qu’elle insère, des modèles de création. L’auteur en retient deux: l’engendrement par la voix, le façonnement par la main, le chant et l’écriture. Le premier exemple porte sur Polyphème tel qu’il apparaît dans le Voir Dit de Guillaume de Machaut. Le second est offert par Jean Froissart dans la Prison amoureuse. La richesse de la réflexion sur la «création» à la fin du Moyen Age est patente; si elle s’appuie sur des mythes très connus, celui d’Orphée ou celui de Pygmalion, elle s’empare aussi de personnages mythologiques plus discrètement présents dans la littérature de l’époque. Ce faisant, ces poètes montrent leur conscience d’auteur et le souci d’une réflexion qui, se mirant dans les exemples antiques, essaie de penser l’art en regard de la création divine. Chap. VI. Signes, signatures: les voies de l’attribution: B. Fraenkel, «L’auteur et ses signes» (413-27); l’auteur se situe délibérément en dehors du champ littéraire et de l’histoire du livre. Une lente transformation affecte tout au long du Moyen Age le système des signes de validation des actes écrits.Au XVI e siècle, au terme du processus, l’usage du sceau, encore vivace dans la moitié nord de la France, est abandonné au profit de la signature. S. Lefèvre, «Signatures et autographes. L’exemplaire Antoine de La Sale» (429-56); philologie, anthropologie et esthétique sont convoquées dans cette étude illustrée par de nombreux tableaux comparatifs. C. Jeay, «La naissance de la signature dans les cours royale et princières de France (XIV e -XV e s.)» (457-75); les exemples cités sont ceux de Jean le Bon, Charles V, Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII ainsi que ceux de Jean de Berry, Charles de Navarre et Louis d’Orléans. T. Kölzer, «Le faussaire au travail» (477-85); la falsification est limitée aux chartes et aux diplômes. D. Nebbiai, «L’originale et les originalia dans les bibliothèques médiévales» (487-505); l’auteur donne en annexe la liste complète des inventaires anciens consultés. L. Kendrick, «L’image du troubadour comme auteur dans les chansonniers» (507-19); des 2542 poèmes de troubadours conservés dans près de quarante chansonniers, environ 250 sont anonymes et 90 % des poèmes sont attribués à environ 460 troubadours. Nombre de ces attributions risquent d’être fausses si on les repense 270 Besprechungen - Comptes rendus à la lumière des critères d’attribution reçus aujourd’hui. Il n’y a pas dans les chansonniers une seule image d’un troubadour en train d’écrire son poème. Dans le cas d’Uc Brunet, on voit un homme en train de lire un livre (chansonnier K, fol. 86v), dans le chansonnier I (fol. 46), Arnaut de Meruoill porte une tenue ecclésiastique et lit un codex sur un lutrin; dans le chansonnier M (fol. 1), Guiraut de Borneill discourt avec des gestes indiquant qu’il parle sur son texte poétique représenté par un volume ouvert sur un lutrin. Ces quelques exemples suggèrent que les compilateurs de la poésie des troubadours ont pris modèle sur certaines compilations de textes bibliques ou classiques pour leur mise en page et pour leur appareil visuel, comme pour leur appareil textuel. Chap. VII. Les voies de la revendication: vers l’humanisme: M. Gally, «Invention d’une langue et signature» (523-30); l’auteur choisit quelques jalons: Wace, Marie de France, Jean de Meun, Dante, tous «traducteurs-translateurs» du latin, le dernier produisant une œuvre bilingue où il repose, sans cesse, la question de la langue. P. Boucheron, «L’architecte comme auteur. Théorie et pratique de la création architecturale dans l’Italie du Quattrocento» (531-52); Brunelleschi est la figure même de l’inventeur et il est représenté comme tel sur son monument funéraire, placé en 1447 dans la cathédrale de Florence et qui fut le premier monument public dressé à la mémoire d’un artiste moderne, comme le remarque P. Boucheron. J.-Ph. Genet, «L’auteur politique: le cas anglais» (553-67); l’auteur a dénombré 591 textes, dont les trois quarts en latin, appartenant à 243 auteurs, dans le domaine anglais exclusivement. Ce superbe ouvrage se termine par une «Table ronde conclusive» (569-87), animée par J. Dalarun, R. Chartier, M. Zink et A. Compagnon. M.-C. Gérard-Zai H Jan Cölln, Susanne Friede, Hartmut Wulfram (ed.), Alexanderdichtungen im Mittelalter. Kulturelle Selbstbestimmung im Kontext literarischer Beziehungen, Göttingen (Wallstein), 2000, 486 p. (Serie A: Literatur und Kulturräume im Mittelalter Bd. 1) Le thème d’Alexandre dans la littérature médiévale suscite un regain d’intérêt; nous citerons, dans le domaine roman, entre autres les volumes Alessandro nel Medioevo occidentale, édités par P. Boitani, C. Bologna, A. Cipolla, M. Liborio, avec une introduction de P. Dronke, publiés en 1997 (Fondazione Lorenzo Valla/ Arnoldo Mondadori Editore; Milano) ou l’étude de M. Gosman, La légende d’Alexandre le Grand dans la littérature française du XII e siècle. Une réécriture permanente, Amsterdam, Atlanta, GA, 1997 ou encore celle de C. Gaullier-Bougassas, Les Romans d’Alexandre. Aux frontières de l’épique et du romanesque, Paris, 1998; ce recueil de treize contributions s’inscrit dans cette lignée. Dans la littérature mondiale, peu de personnages historiques ont joué un rôle aussi prépondérant qu’Alexandre Le Grand: on ne compte plus les épopées, les romans, les légendes hagiographiques ou profanes, ainsi que les poèmes lyriques et dramatiques dont il est le pivot. D’Islande jusqu’au désert du Sahara, d’Ethiopie en Espagne et jusqu’en Chine, c’est en près de trente-cinq langues que les exploits d’Alexandre nous sont parvenus. Les contributions de ce volume étudient l’interdépendance littéraire médiévale, les rapports intertextuels et historiques des versions latines, romanes (essentiellement françaises) germaniques et tchèques, ainsi que les aspects linguistiques, lexicaux, métriques et codicologiques des textes conservés. U. Mölk, «Alberics Alexanderlied» (21-36): U. Mölk est l’auteur, avec G. Holtus, d’une excellente édition critique avec commentaire et traduction en allemand du fragment francoprovençal d’Albéric, parue dans ZRPh. 115 (1999): 582-625 et d’une contribution com-