Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2004
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Kristol De StefaniMartina Drescher, Sprachliche Affektivität. Darstellung emotionaler Beteiligung am Beispiel von Gesprächen aus dem Französischen, Tübingen (Niemeyer) 2003, 243 p. (Linguistische Arbeiten 468)
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2004
N. Pepin
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schaftlichen Kontext eingebettet und überhaupt mit weniger Redundanz, mehr Eigenständigkeit und v. a. mehr Fachkompetenz dargelegt hätte. Das Buch kann bedauerlicherweise keiner der eingangs erwähnten Zielgruppen guten Gewissens empfohlen werden. Es bleibt aber die Hoffnung, dass es dem Verf. gelingt, das Interesse der Fachwelt auf einige erforschungswürdige Erscheinungen dieser äußerst komplexen und hochinteressanten Sprachlandschaft zu lenken. G. Rocco ★ Martina Drescher, Sprachliche Affektivität. Darstellung emotionaler Beteiligung am Beispiel von Gesprächen aus dem Französischen, Tübingen (Niemeyer) 2003, 243 p. (Linguistische Arbeiten 468) La présente publication reprend, en le condensant et en y apportant un certain nombre de modifications, le travail d’habilitation que Martina Drescher a présenté à l’Université de Bielefeld en 1997. L’auteure, maintenant professeure à l’Université de Bayreuth, y traite de ce qu’elle nomme l’affectivité langagière (sprachliche Affektivität) dans une perspective linguistique et interactionniste, à partir d’un corpus de français oral (entretiens journalistiques et débats radiophoniques surtout). La réflexion de Martina Drescher articule plusieurs enjeux. D’abord, offrir une conceptualisation des moyens d’expression des sentiments intégrant le matériel linguistique au flux interactif. Ensuite, poursuivre la description des formes et structures affectives du français, en s’attachant aux catégories grammaticales potentiellement pertinentes dans la représentation des émotions par les locuteurs. Enfin, proposer une analyse microet macrostructurelle de la fonctionnalité des émotions dans l’interaction. Ces enjeux sont abordés au long de neuf chapitres que je parcours sommairement ici. Après une présentation du travail, de la méthode et des données, M. Drescher dégage quatre grands axes empruntés par la linguistique pour conceptualiser les relations entre langue et sentiments/ émotions. Les approches de type fonctionnaliste d’abord (Sprachfunktionalistische Positionen, 22), représentées par des auteurs tels que K. Bühler (Ausdrucksfunktion dans le modèle Organon), R. Jakobson (emotive/ expressive function), A. Martinet (l’expression distinguée de la communication) ou encore P. Léon (en phonostylistique). La position stylistique (Sprachstilistisch, 29) ensuite, l’auteure renvoyant essentiellement aux travaux de Ch. Bally, qui fut l’un des premiers à aborder l’expression langagière des émotions dans un cadre théorique systématique. Le troisième axe concerne les approches énonciatives de E. Benveniste, puis C. Kerbrat-Orecchioni. Enfin, l’auteure évoque les approches sémantiques qui partent soit des unités lexicales porteuses de sens émotionnel, soit des indicateurs discursifs d’émotion ou de subjectivité. De ce panorama surgit un double constat: d’une part, la place réduite accordée à la dimension pragmatique du langage, et d’autre part la focalisation sur des mots ou expressions censés représenter un condensat émotionnel. Or, les nombreuses grammaires du français qu’a dépouillées M. Drescher laissent à penser qu’il existe d’autres moyens langagiers pour exprimer l’affectivité. Le chapitre 3 est ainsi consacré aux catégories de l’expressivité dans les grammaires du français. L’auteure passe en revue des phénomènes aussi variés que l’intonation, la suffixation, l’emploi des pronoms personnels, verbes et adjectifs, les interjections ou encore la variation syntaxique et ses incidences sur la représentation de l’expressivité. Au terme de ce parcours, il ressort qu’aucune relation biunivoque ne peut être établie entre formes et fonctions grammaticales. La position de M. Drescher rejoint alors celle d’un auteur comme H. Frei pour qui «ce n’est pas telle ou telle position en soi qui est expressive, mais l’opposi- 357 Besprechungen - Comptes rendus tion du normal et de l’inédit» (cité p. 65). Cette position a des implications méthodologiques qui conduisent à dépasser la seule exploitation des grammaires, pour envisager les travaux empiriques, en particulier ceux consacrés au code oral. De fait, l’inventaire des formes isolées ne suffit pas: il est nécessaire d’observer et de décrire la dimension affective de la communication dans la pertinentisation des formes au sein d’interactions enregistrées et transcrites. Cet intérêt pour les données empiriques implique également de se détacher d’une conception statique de l’interaction pour étudier sa dimension dynamique. Le chapitre suivant est consacré à la question de l’affectivité dans l’interaction. L’idée générale est de conceptualiser l’émotion (la terminologie reste d’ailleurs flottante: émotion, sentiment, expressivité, affectivité, subjectivité, . . .) en tenant compte de la dimension interactive. De fait, l’auteure considère l’émotion comme un phénomène élaboré dans la dynamique de l’interaction par les locuteurs et s’appuie sur la notion d’engagement émotionnel (emotionale Beteiligung) des acteurs et sa représentation dans l’interaction. Dans cette approche, les émotions ne sont pas des phénomènes uniquement individuels, ou intrapsychiques, mais bien une réalité sociale partagée qui se manifeste dans une forme spécifique du comportement. M. Drescher affirme à juste titre qu’une part seulement de ce comportement est d’ordre linguistique. En d’autres termes, les émotions représentent une pratique interactive qui implique à la fois l’indexicalisation et la conventionalisation des moyens d’expression. L’auteure parle d’une approche interactive-sémantique (Interaktionssemantisch) et pose que les catégories relevant de la sphère émotive peuvent aussi relever d’autres sphères. La sphère émotionnelle est pointée par un travail d’évaluation (Bewerten), d’intensification (Intensivieren), de subjectivation (Subjektivieren) et de représentation (Veranschaulischen) des moyens d’expression mis en jeu dans l’interaction, c’est-à-dire un travail de spécification de significations émotionnelles complexes. Martina Drescher poursuit son étude par une analyse des interjections (chapitre 5) et des phénomènes de réduplication (chapitre 6). Concernant les interjections, l’auteure montre leur potentialité dans le domaine émotionnel, tout en insistant sur la dimension contextuelle de leur spécification expressive (une interjection n’est pas en soi un moyen d’expression de l’émotion, mais un moyen potentiellement approprié pour représenter l’engagement émotionnel en contexte, mis en œuvre par les participants à l’interaction). Les interjections ne servent pas tant à pousser hors de soi des sentiments qu’à émettre des signaux à l’attention des interlocuteurs, procédé avant tout coopératif, dans le travail de synchronisation des interactants et de construction de sens. Les interjections peuvent être opérationalisées pour la représentation de l’engagement émotionnel, parmi d’autres fonctions qui ont à voir avec la coordination des interlocuteurs et, plus généralement, le déroulement de l’interaction. À mon sens, l’emploi spécifique de ces moyens participe de l’établissement, du maintien et de la modification de la relation entre les locuteurs et entre un locuteur et son dire. Par réduplication, l’auteure entend la répétition littérale et contiguë de constituants discursifs d’extension différente («die in unmittelbarem Kontakt stehende, wortwörtliche Wiederholung von diskursiven Konstituenten unterschiedlicher Ausdehnung», p. 146), du type très très bête, c’est dingue c’est dingue ou incroyable incroyable. Des procédés apparentés, dans lesquels la séquence de réduplication est brisée par un élément intercalé, sont également abordés dans ce chapitre. La réduplication concerne aussi bien des lexèmes que des unités plus complexes et peut servir à signaler un changement de point de vue ou d’énonciateur dans le discours. Comme pour les interjections, la fonctionnalisation émotionnelle est rendue possible prioritairement par le caractère iconique de la réduplication, en signalant une intensification de certains segments autour de mots pleins («Inhaltswörter»). S’appuyant sur une distinction entre microet macrostructure de l’interaction (distinction qui ressemble plus à un artifice analytique qu’à une véritable réalité ontologique), le 358 Besprechungen - Comptes rendus chapitre 7 est consacré aux liens entre émotion et structure de l’interaction. L’idée centrale est qu’il existe des cadres discursifs affectifs (affektive Gesprächsrahmen), que l’auteure divise en affektive Interaktionsschemata (s’appuyant sur la notion de schémas d’interaction de W. Kallmeyer et F. Schütze) et affektive Diskursmuster (notion inspirée des prototypes de J.-M. Adam). En résumé, les cadres affectifs se caractériseraient par la place centrale de l’engagement émotionnel comme élément constitutif de leur pertinence, activant par là même des attentes spécifiques. En conséquence, un cadre non affectif peut voir un engagement émotionnel, mais il ne le présuppose ni le privilégie pas, et la représentation de l’engagement émotionnel y est alors marquée (conception à la Bally). Les liens entre schémas et prototypes discursifs sont à chercher dans la préférence qu’un schéma interactif a vis-àvis de certains prototypes «textuels» (l’auteure illustre ce point en se penchant sur le schéma de la plainte et le prototype narratif). Suit une étude de cas qui présente l’organisation séquentielle de la représentation de l’engagement émotionnel dans un entretien en français, où l’auteure applique les éléments méthodologiques et théoriques qu’elle a développés au préalable. Une conclusion remet brièvement le travail en perspective et évoque quelques pistes de réflexion ouvertes. De mon point de vue, l’ouvrage de M. Drescher propose une conception très intéressante de l’émotion, articulée autour du matériel verbal et ancrée dans sa réalisation en contexte. Cette conception, qui lie les moyens d’expression de l’affectivité à la dynamique de la communication, décrit les émotions comme une sphère actualisable par la fonctionnalisation de certaines formes qui, sans être spécialisées dans cette seule tâche, permettent de modifier la charge émotive de l’interaction. Elle associe de manière étroite catégories grammaticales et flux conversationnel dans la représentation des émotions par les interlocuteurs. De fait, les réflexions de M. Drescher font évoluer le débat sur des bases que de nombreux chercheurs peuvent partager, et à partir de quoi il est possible de le faire progresser sans cloisonnement disciplinaire, en s’engageant dans la voie prometteuse de la linguistique interactionnelle (cf. p. ex. M. Selting/ E. Couper-Kuhlen 2000, in: Gesprächsforschung 1, ou L. Mondada 2001, in Marges linguistiques 1). Et surtout, elles ramènent au premier plan une dimension essentielle de l’agir communicationnel (J. Habermas) que les linguistes ont eu parfois tendance à négliger. N. Pepin ★ Hans-Christian Haupt (ed.), Le Roman d’Arles dans la copie de Bertran Boysset. Manuscrit Aix-en-Provence, Musée Paul Arbaud, M. O. 63, Tübingen/ Basel (Francke) 2003, xiii + 326 p. (Romanica Helvetica 121) Die vorliegende, überarbeitete Zürcher Dissertation führt erfreulicherweise die Tradition der 70er Jahre des 20. Jh. weiter: Okzitanische Textausgaben mit sprachlichem Kommentar. Ich denke dabei an die Arbeiten von F. Derrer: Lo Codi, eine Summa Codicis in provenzalischer Sprache aus dem XII. Jahrhundert (Zürich 1974), U. Gschwind: Le Roman de Flamenca (Bern 1976), H.-R. Nüesch: Altwaldensische Bibelübersetzung (Bern 1979). Als Charakteristikum dieser Schweizer Beiträge zur Okzitanistik betrachte ich neben der philologischen Leistung die vertiefte Beachtung der sprachwissenschaftlichen Komponente, die Untersuchung der Sprache der behandelten Autoren. Die Arbeit von Hans-Christian Haupt steht in dieser Tradition und zählt zu den besten Leistungen auf dem Gebiet der Okzitanistik in den letzten zwanzig Jahren (neben Martinena 1988, Glessgen 1989, Tausend 1995 und Rossi 1997). Der Roman d’Arles gehört zwar nicht zu den Meisterwerken altokzitanischer Literatur, verdient aber durchaus eine Würdigung, die der im Jahre 1944 359 Besprechungen - Comptes rendus