Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniWolf-Dieter Stempel (ed.), Dictionnaire de l’occitan médiéval (DOM), fasc. 3: adenan – afermat, Tübingen (Niemeyer) 2001, p. 161-241
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P. Sauzet
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IV: 77 [sans traduction, cf. infra]; PL: gasar v.n. ‘bouger’; FEW 21: 358 donne (sous l’entrée ‘se mouvoir’) apr. gasar v.n. ‘bouger, se mouvoir’ (ca. 1290 [sic! ]), Poncins (Forez) gasì ‘branler’ et ausssi mdauph. gazila v.n. ‘branler, vaciller, remuer . . .’ Als letzter hat sich Baldinger (1988: 295) zum Problem geäussert und die Ansicht von FEW 17: 439 übernommen, apr. gazar ‘passer à gué’ (Provence 15. Jh.). Eine Anzahl weiterer Formen könnten in das erklärende Spezialglossar aufgenommen werden, da sie von besonderem lexikalischem Interesse sind, z. B. se asuavar v.réfl. ‘se calmer, s’apaiser’ RdA 956. FEW 12: 326b verzeichnet nur: apr. asuavar v.a. ‘adoucir, apaiser, calmer’ ohne Belegangabe. Die einzige bisher bekannte reflexive Form geht auf Rayn., Lex. 5: 281a zurück: Lo vens atressi e la mars, car ilh fan la tempesta, et, a son comandamen, s’azuauzo stammt aus Liv. De Sydrac, fol. 9, eine Quelle, die ebenfalls auf die Abschrift von Bertran Boysset d’Arles (Brunel 54) zurückgeht. guiron m. ‘guide’ RdA 120. Diese Form ist über Lévy, Suppl. 4: 211 in FEW 17: 601a gelangt, wo eine weitere unzutreffende Datierung (1275) verzeichnet ist. Zweifelhaft scheint mir ein rekonstruierter Infinitiv poysar subj. imp. poyses 177 zu sein: v.refl. ‘se frapper’ s’il non si poyses amb espinas «s’il ne se fût frappé avec des épines». So wie remares (996, 1065, 1147) aus dem Perfektstamm remas gebildet wurde, kann poyses von poys stammen und auf punxit Perfekt von pungere zurückgehen. Als Infinitiv wäre ponher ‘poindre, piquer’ anzusetzen. Auf destre m. ‘mesure, perche de la longueur d’environ quatre mètres’ (RdA 515) als Schlüsselwort für Boysset hat Haupt (194) hingewiesen. In Rayn., Lex. 5: 77 s. ist destres m.pl. nur aus dem Traité de l’arpentage von Boysset aufgeführt. Lévy, Suppl. 2: 173 fügt den Beleg aus RdA 515 hinzu und ergänzt XI. destres aus Chapellenies §132, dessen Ms. aus der zweiten Hälfte des 14. Jh. aus Montpellier stammt. Vielleicht wäre es interessant ein Glossar für Bertran Boysset d’Arles anzulegen anhand folgender zusätzlicher Quellen: Légende de Sidrac (fol. 1-19, BrunelMs 54) Légende de l’Enfant sage, ms. D, version C (fol. 24-29, ib.) Vie de sante Marie Madeleine (fol. 50-70, ib.), cf. Chabaneau, RLaR 25,157 Traité d’arpentage, BrunelMs 82, Ausgabe Pansier, Annales d’Avignon et du Comtat Venaissin 12 (1926), 5s. («edition intégrale des fol. 33-64»). Zum Traité d’arpentage gibt es auf dem Internet die vollständige Ausgabe von Pierre Portet, cf. p. 2 N8 und Bibliographie, p. 324. Es ist zu hoffen, daß eine derart exzellente Leistung auf dem Gebiet der Okzitanistik wie diejenige von Hans-Christian Haupt die gebührende Anerkennung findet. M. Pfister ★ Wolf-Dieter Stempel (ed.), Dictionnaire de l’occitan médiéval (DOM), fasc. 3: adenan - afermat, Tübingen (Niemeyer) 2001, p. 161-241 La publication de ce dictionnaire, systématique, critique et étymologique, de l’occitan des origines à 1550 a déjà été saluée avec les éloges qu’elle mérite et dont on peut seulement regretter qu’ils n’aient pas été plus souvent exprimés.À propos du premier fascicule, Jean-Pierre Chambon a justement parlé «d’événement dans la lexicographie occitane» (J.-P. Chambon, «Un événement dans la lexicographie occitane: la publication du DOM», RLaR 104.2 (2000): 439-58, cf. aussi P. Sauzet, «Compte rendu de: W.-D. Stempel et al., Dictionnaire de l’occitan médiéval (DOM), Tübingen. 1996 fasc. 1: a-acceptar (IX-80 p), 1997 Supplément 1 (VII-157 p)», CCM 178 (2002): 196-201). Le fascicule 3, paru en 2001, confirme les qualités de l’ouvrage: rigueur, exhaustivité, précision. 362 Besprechungen - Comptes rendus Ce fascicule contient quelques 290 entrées dont plus d’un tiers, 110, sont absentes du dictionnaire ‘provençal’-français d’E. Levy (DPF 1 ). Même en tenant compte du caractère hasardeux de ce genre de compte (du fait des choix de lemmatisation, du statut des renvois etc.), même en tenant compte de ce que le DPF laisse délibérément de côté mots douteux, lexique savant et formes trop transparentes, l’enrichissement est notable. Il faut rappeler d’un mot les mérites de l’entreprise aujourd’hui coordonnée à Munich par Wolf-Dieter Stempel, Claudia Kraus et leurs collaborateurs. Poursuivant avec ténacité un projet ancien de Helmut Stimm, elle hausse la lexicographie de l’occitan médiéval au niveau des canons scientifiques contemporains. Le dictionnaire est construit en utilisant l’outil informatique et en exploitant les corpus aujourd’hui disponibles (P. Ricketts, Concordance de l’occitan médiéval, Turnhout 2001/ 04 (http: / / www.brepols.net); R. Distilo, Trobadors: Concordanze della lirica trobadorica, Tavarnuzze 2001 (http: / / www.sismel.it)). Les références du très riche corpus textuel d’appui sont rassemblées dans le précieux «Supplément 1» qui donne la clef des renvois systématiques que comportent les articles. On peut ainsi à peu près toujours remonter d’une forme, d’un sens à l’attestation textuelle. Le DOM est donc un outil incomparable de connaissance de l’occitan médiéval (et de l’occitan tout court). Presque autant que l’enrichissement, est bienvenu le nettoyage des entrées reçues du lexique occitan médiéval auquel procède le DOM. Disparaissent ainsi (avec la justification voulue): *adestrar (DPF) issu d’une fausse lecture de Raynouard dans Jaufré, *adulren lu faussement dans la Chirurgie d’Albucassis (J. Grimaud/ R. Lafont, La chirurgie d’Albucassis, Montpellier 1985) pour azukem (que nous trouverons dans le fascicule qui contiendra la forme zuchem ‘rhume’), *adusari (Rayn., Lex.) fausse lecture d’une abréviation d’adversari, *adosiscar admis par le FEW sur la base d’un adosisqua des Mystères rouergats, subjonctif de ado(l)cir ~ adoussir pris pour un indicatif . . . La forme *afacha posée par William Shepard dans son édition des poésies de Gausbert de Puicibot (W. P. Shepard (ed.), Les Poésies de Jausbert de Puycibot, troubadour du XIII e siècle, Paris 1924) est tout aussi utilement évoquée que récusée par la reprise d’un argument convaincant de Levy qui repérait dans l’expression mentir coma afacha une corruption contextuellement explicable de la formule mentir coma gacha (‘mentir comme une sentinelle’). Le nettoyage peut ne porter que sur le sens, ainsi d’afanament qui est bien «effort, travail», mais non pas «produit du travail, gain» comme le donne le DPF et le FEW à sa suite. Le DOM fait progresser notre intelligence de diverses formes rares ou communes de l’occitan médiéval. Citons quelques cas d’éclaircissements ou d’enrichissements particulièrement bienvenus. L’entrée lemmatisée [afachanhar] selon les principes généraux du DOM (choix du produit «-ch-» du groupe latin -ct-) propose une interprétation liée à afachar, soit «simuler, donner pour réel» de l’hapax afaitanhar dans un vers de Jaufré Rudel, Quan lo rius de la fontana, qui donne une meilleure intelligence de ce difficile passage (présent dans une partie seulement des manuscrits et rejeté par Jeanroy) que le sens «affecter, occuper» proposé dans Rayn., Lex. ou «to tame» suggéré par Rupert Pickens dans son édition (R. T. Pickens, The Songs of Jaufré Rudel, Toronto 1978). La distinction de deux entrées afachar pourrait sembler discutable puisque d’une part les auteurs renvoient ces deux mots à un croisement de affect re et de factus et que d’autre part le terme couvre en toute hypothèse un champ sémantique vaste où cohabitent acceptions générales et très spécialisées. L’afachar 2 du DOM (affaytar dans le texte de quelques Rec(ettes) méd(icales) qui ne semblent correspondre à aucune de celles dont le Supplément 1 donne les références, mais ce supplément est explicitement provisoire) serait en fait une 363 Besprechungen - Comptes rendus 1 E. Levy, Petit Dictionnaire Provençal-Français, Heidelberg 1909. variante reformée sur factus, ou sur fait, de afectar, mais restée sémantiquement proche de ce dernier mot. Cette hypothèse a des prolongements intéressants hors de la période de référence du DOM, qui concernent les formes occitanes modernes du type fachar. Ce terme, dont les dérivés sont chez Bellaud ou Tronc (F. Vernet, Petit lexique du provençal à l’époque baroque, Nice 1996), qui est attesté chez Godolin, peut n’être pas (ou n’être pas seulement) l’emprunt de la forme française fâcher (dialectale et issue de fasticare pour Wartburg comme pour Dauzat). Un (a)fachar ‘affecter’ a bien pu glisser au sens de fâcher, attiré ou rencontré par cette forme française. Mistral 2 (TdF) réunit à tort - pour l’étymologie - fachar (d’où qu’il vienne) avec haishar, heishar (formés sur hèish fascem) qui peut représenter en domaine gascon une convergence sémantique avec le français fâcher analogue à celle que l’on suppose pour fachar affectare fach. On notera dans le TdF (s. ‘facha’ = fachar) l’intéressante expression s’afacha de la tèsta «il se plaint de la tête» qui vient à l’appui d’un lien entre afachar du DOM et (a)fachar de l’occitan moderne. Une autre forme du fascicule 3 du DOM présente un grand intérêt pour l’interprétation de formes modernes: aderen. La forme est plus ou moins savante (qu’elle soit issue de adhærente(m) ou formée sur aderir). Adjectif employé prédicativement dans un tour èsser aderent a: «se joindre à, prendre part à une action», c’est une source plausible de la locution provençale notée souvent a de reng (TdF s. ‘à-de-rèng; rèng’) qui en serait une réinterprétation adverbiale. Pour l’ensemble des formes occitanes (on trouve aussi un type adarré [adarr'e]), il faudra sans doute poser la rencontre de aderent avec une forme apparentée à arré, arrezar °arr d re de base germanique (cf. fr. a(r)réer, arroi). Alors qu’on voit mal comment dans DPF adolterar v.a. (i. e. transitif) prend le sens de ‘prostituer’, le DOM distingue un v.intr. ‘violer la fidélité conjugale’ et un v.tr. dir. adulterar son cors ‘se prostituer’ (construction qu’on peut considérer comme quasi-pronominale, son còrs valant un pronom réfléchi, encore que l’emploi en soit ici motivé). On tombera d’accord que afadiar (que donne en particulier le ms. B du Roman de Jaufré) ne doit pas recevoir le sens de «refuser». Les auteurs admettent celui d’«essuyer un refus». On pourrait aussi bien proposer «attendre en vain» comme pour le simple fadiar que présente le ms. A. On peut se demander s’il est absolument nécessaire de distinguer un adornar 2 ad-ordinare de adornar 1 issu d’ad-ornare. La forme n’est attestée qu’une fois, dans un des manuscrits des miracles de Saint Honnorat édité par Antoine-Léandre Sardou (cf. A.-L. Sardou (ed.), La vida de Sant Honorat. Légende en vers provençaux par Raymond Féraud, Nice 1874; les autres manuscrits ont adorava qui ne donne pas de sens possible et l’éditeur envisage une correction en adobava), le sens est voisin et les auteurs du DOM parlent d’une confusion entre les deux termes. Peut-être aurait-il suffi d’évoquer dans la discussion étymologique d’adornar un croisement possible avec des aboutissants d’adordinare, ou dans celle d’adordenar la possibilité de formes syncopées? Dans le doute néanmoins il vaut mieux faire le choix de la discrimination excessive. Je m’interroge sur le sens d’un passage de cet article. Les auteurs disent que adornar «présente le traitement régulier fr. avec syncope . . . » Cela suggère-t-il que ce traitement ne serait pas régulier dans ce cas en occitan? L’apocope occitane (fraxinu fraisse vs. la syncope française fresne) ne s’applique pas devant une finale en -a. ad-ordinat doit donner asórdena, syncopable en ador(d)na s’il n’est pas réaccentué en asordéna. Peut-on affirmer si catégoriquement (s. adusamen) que «li adusamen» «est certainement une faute pour lo» dans un texte nord auvergnat du XIV e siècle? Il faudrait renvoyer l’interprétation à l’éditeur ou avancer un argument (qui exclue en particulier un cas sujet plu- 364 Besprechungen - Comptes rendus 2 F. Mistral, Lou tresor dóu Felibrige ou Dictionnaire provençal-français, embrassant les divers dialectes de la langue d’oc moderne, Aix-en-Provence 1879-87. riel). Il aurait valu la peine d’éclairer les relations (ou l’absence de relation) d’adusament et d’adusement. L’explication «action d’amener (les eaux)» du dernier terme donnée par le DOM tire vers un sens tout particulier la traduction «conduite» du DPF, qu’une lecture non avertie aurait plutôt pris au sens donné par le DOM à adusament: «pratique, manière d’agir». Le fait que le même texte auvergnat ait aussi le verbe a(d)usar, et qu’ adusement ne soit attesté (avec son sens hydraulique) que dans le cartulaire de Montpellier, assure la lecture a(d)usamen de l’hapax auvergnat dont on aurait pu douter sur la base du DPF. Évoquons encore pêle-mêle au mot adrech la mise en évidence de l’importance du sens de ‘courtois, loyal’ absent du DPF, la discussion intéressante de la difficile forme afan, qui souligne la précédence du supposé déverbal sur le verbe, des discussions étymologiques classiques telle celle d’adolhar qu’on propose de tirer de °ad-oculare ou °ad-doliare, la seconde hypothèse étant néanmoins justement donnée avant tout pour mémoire. En marge du constat de qualités massives et évidentes on se permettra quelques regrets. Pourquoi ne pas donner systématiquement les formes fléchies, les féminins d’adjectifs par exemple, la forme rhizotonique des verbes? Surtout on regrettera que l’aperture vocalique ne soit pas notée. Elle pouvait être reprise du DPF, quitte à indiquer le cas échéant son caractère mal établi, et à laisser prudemment non-spécifiées les formes où tout indice manque pour la déterminer. Ainsi aimerait-on savoir, au moins savoir ce que l’on sait ou savoir que l’on ne sait pas, ce qu’il y a à dire sur le timbre d’adop et d’adobar, etc. Cette question de la notation de l’aperture vocalique nous conduit à évoquer deux discussions étymologiques où les hypothèses retenues le sont malgré ce qu’on peut savoir de cette aperture. Les auteurs soutiennent une étymologie °ad id ipsum de adès, malgré les «quelques difficultés» que pose le [ ε ]. Ces difficultés, ainsi que celles que constitue le consonantisme, sont déjà évoquées par Anglade (GA: 358) 3 . Ce choix est d’autant plus étonnant que l’influence analogique de après est récusée (elle ne pourrait valoir, nous dit-on, que si adès venait de °ad-densu). La possibilité de prendre en compte °de ex et son aboutissant dès dans la discussion n’est pas évoquée (malgré l’identité de timbre dans ce cas). En revanche la difficulté liée au timbre est évoquée (avec raison), pour mettre en doute la formation de adesar, adesa sur adhaesus (qui fait attendre -è-) au profit de l’étym. du FEW, soit addens re. Les auteurs acceptent la forme afelesit dans la Cançon de la Crosada plutôt que de la corriger en afeblesir. Le verbe afelesir ainsi retenu est rattaché à l’adj. fel germ. fillo, dont «l’aveyronnais moderne» (rouergat) attesterait un sémantisme généralisé: «mauvais» 4 . Cela pose toutefois deux problèmes. D’une part on attend °afelnesir 5 (comme on a felnia et jamais *felia). D’autre par l’adj. rouergat est fèl et non pas *fel (cf. TdF s. ‘fèl’). Plutôt donc que le cas sujet de felon, on peut voir dans ce mot une adjectivisation de fèl lat. fe˘ l, évolution inverse de l’usage attesté en français de l’adjectif «amer» pour désigner le fiel (cf. BlWtbg. s. fiel). Si l’usage rouergat est ancien, afelesir pourrait effectivement dériver d’un fèl ainsi adjectivé. On ne peut pas exclure non plus la formation directe sur le nom fèl d’un parasynthétique en a- -esir. Les parasynthétiques en a-/ en- -ir se forment sur des adjectifs (anoblir . . .), mais aussi sur des noms (asenhorir . . .). Issue de formes du type atebesir, la variante -esir du formant verbal -ir forme des dénominaux comme des désadjectivaux dans la langue moderne (acodesir, apartesir cf. DOF 6 ) et déjà dans la langue ancienne: enfuguesir 365 Besprechungen - Comptes rendus 3 J. Anglade, Grammaire de l’ancien provençal, Paris 1921. 4 On trouve aussi cette valeur à Vinzelles: luna fèla (A. Dauzat, Morphologie du patois de Vinzelles, Paris 1900: 23). 5 Eventuellement °afelon(es)ir, comme on a enfelonir, avec un sémantisme tout autre. 6 L. Alibert, Dictionnaire occitan-français, sur la base des parlers languedociens, Toulouse 1966. (DPF) pour enfoguesir, envermesir (toutefois je ne connais pas d’exemple médiéval en a- [nom]-esir). En reliant afelesir à fèl lat. f eø l, on rejoindrait le FEW qui, s. f eø l ‘galle’, recommande de rattacher plutôt à cette base qu’au germ. fillo la forme esfelar ‘devenir furieux’. La lemmatisation du DOM a été visiblement pensée de manière systématique et avec soin. Les variantes phonétiques sont renvoyées selon des critères uniformes 7 , tandis que les formes (apparemment) synonymes mais de matériau morphologique distinct, par exemple de adunar et adunir, forment des entrées séparées, ce qui constitue le meilleur choix méthodologique. Pour les choix graphiques, comme noté dans le compte rendu du premier fascicule, on peut se réjouir d’une distance prise avec le DPF, qui rapproche des choix normatifs (et par là lemmatiques) modernes. C’est le cas pour la notation respective de «-s-» [z] et de «-ss-» [s]. Le présent fascicule (adenant-afermat) confronte massivement le lecteur au choix de lemmatiser sur la forme adles mots dont le préfixe remonte au latin ad-. Ce choix a l’avantage d’être toujours possible, que la forme soit ou non savante, puisqu’il coïncide avec la forme latine. Il n’oblige pas à traiter à part des formes cataloguées d’avance savantes et notées en adcomme adibir, adibicion ou aderir, et des formes populaires comme asautar, asemprar ou asirar qui sont ici sous adautar, ademprar (fasc. 2) et adirar. En revanche, le choix de adinduit un certain nombre de lemmes non attestés (adolhar, adorbar, adonglar . . .) du fait qu’il ne correspond pas au traitement majoritaire et spécifique de l’occitan -d- -s- [-z-] (asolhar, asorbar, asonglar). Mais l’inconvénient est relatif, puisque précisément on sait toujours quelles sont les formes attestées (alors que °adorbar sert de première entrée du DPF, sans mention restrictive de statut). Une lemmatisation comme asorresanar, pour une forme attestée assorizanar, ne peut découler de principes généraux, aussi élaborés soient-ils. Elle constitue une véritable interprétation et elle peut assurément se soutenir, encore qu’il faille distinguer le principe d’un rattachement à une base issue de horridus et le fait de poser que cette forme est dérivée d’un «participe présent orresan ‘avilissant, vil’ de orresar». Il faudrait justifier qu’un tel dérivé du part. présent ne manifeste pas de trace de -taprès la nasale. Un apport essentiel du DOM est la finesse de la discrimination sémantique. Elle est précieuse pour les mots outils comme adonc, adonca . . . ou pour des notions clés de la langue d’oc médiévale comme adobar, afaire . . . dont l’analyse par l’article du DOM constitue une véritable étude. Si la discrimination est un souci constant et bienvenu, on peut parfois s’interroger sur l’ordre des sens donnés dont le principe n’est pas explicité dans le Supplément 1. Ce qui y est affirmé, c’est le choix d’une structuration simple, sans trop de hiérarchisation, d’où le parti de traiter les emplois particuliers (constructions spéciales ou locutions plus ou moins figées) comme des nuances de sens. Il est certain que ce choix conduit à un certain émiettement où l’ordre ne peut être qu’implicite. Le lecteur ne manque pas de reconstruire le lien entre les nuances d’afachar ou d’adordenar. On pense pouvoir repérer ce qui fonde l’ordre implicite des sens de adobar (et de ses dérivés qui sont traités parallèlement pour autant que les nuances soient attestées, selon un principe constant très judicieusement suivi dans le DOM): la primauté du sens féodal et militaire suit sans doute de l’adhésion à une hypothèse étymologique qui en postule l’antériorité chronologique. Toutefois les premières attestations du mot (dans Santa Fe ou chez Guilhem de Peitieus) lui donnent déjà une valeur générale. Le problème est classique (il se pose pour trobar qui présente dès les premiers documents - on pourrait citer les mêmes - une valeur générale supposée dérivée). Un autre problème que pose le traitement sémantique tient au souci de concision des auteurs: souvent ils traduisent en français moderne plus qu’ils ne définissent les termes oc- 366 Besprechungen - Comptes rendus 7 L’étrange renvoi de adius à acli(n) est sans doute une coquille (l’article acli(n) dans le fasc. 2 ne signale aucune forme lue adius qui serait à corriger en aclins . . .). citans. Donné comme premier sens de adormit, «endormi» en partage à peu près les ambiguïtés: c’est l’énumération de valeurs particulières («indolent», «engourdi») qui induit de limiter la première au sens propre. Il y a dans ce dictionnaire un problème des formes occitanes modernes qui reflète la misère de la lexicographie moderne de cette langue, conséquence elle-même de la situation sociolinguistique globale, plutôt que la carence des auteurs. Dans le DOM, les formes et leurs graphies viennent généralement du FEW (cité pour chaque article, éventuellement pour constater que la forme en est absente), où elles sont reprises dans l’incohérence de leurs sources diverses. Quand les auteurs nous donnent par exemple s. afatar: «oc. mod. fato n.f. chiffon; . . . verbe simple fatá ‘envelopper d’un linge, étouper’» on n’est ni dans la graphie mistralienne qui serait ‘fato, fata’, ni dans la graphie classique qui serait fata, fatar. Un participe passé afairá «qui a des dettes; affairé» nous est donné pour languedocien, alors que le TdF, qui doit être la source, indique bien pour ce dialecte inf. ‘afaira’ part. pass. ‘afairat’. De manière générale, il est souhaitable que les travaux linguistiques qui évoquent des formes occitanes modernes le fassent dans une orthographe cohérente (à côté de graphies de citation, bien sûr, et des notations phonétiques). Ce qui n’est que gêne légère peut devenir embarras quand on tombe sur une forme comme «périg. orrî» (s. adorrir). Faute de connaître le système graphique de l’auteur il est difficile de savoir si ce mot périgourdin est une variante potentielle du simple orrir ou d’un préfixé a(b)orrir. Terminons sur deux grands regrets: que ce dictionnaire ne se publie pas plus vite (quand pourrons-nous lire l’article zukem? ), qu’il ne cite pas les passages dont il donne la référence (une partie d’entre eux du moins). Le lecteur peut bien sûr faire la démarche et aller chercher la citation (à condition d’avoir sous la main un bon concordancier et une bonne bibliothèque). Mais puisque la publication n’est pas précipitée et les fascicules pas trop épais, ils pourraient faire au lecteur ce cadeau de l’explicitation de ces riches coupes successives dans la langue occitane médiévale que constituent les entrées de ce dictionnaire exemplaire. C’est ce que fera la publication du DOM en CD-ROM dont la publication prochaine est annoncée sur le site Internet du DOM (http: / / www.dom.badw-muenchen.de), dissipant l’un et l’autre de ces regrets. P. Sauzet ★ Annegret Bollée/ Ingrid Neumann-Holzschuh, Spanische Sprachgeschichte, Stuttgart (Klett) 2003, 176 p. (Uni Wissen) Eine auf Deutsch verfasste Geschichte der spanischen Sprache gehörte bislang zu den dringlichsten Desiderata auf dem Lehrbuchsektor im Bereich der romanistischen Linguistik. Umso erfreulicher ist es, dass sich nun mit Annegret Bollée und Ingrid Neumann-Holzschuh zwei in diachroner Sprachwissenschaft hervorragend ausgewiesene Forscherinnen dieser Aufgabe angenommen haben. Dass es sich dabei um eine höchst anspruchsvolle Synthesearbeit handelt, sei hier besonders hervorgehoben: es gilt den älteren Forschungsstand, wie er sich etwa in Lapesas Historia de la lengua española darbietet, aufzubereiten, zu ergänzen und vor allem punktuell auf den aktuellen Stand zu bringen. Die Autorinnen haben sich dabei auf die in spanischer Sprache erschienenen Sprachgeschichten bzw. historischen Grammatiken von Lleal (1990), Cano Aguilar (1992) und Penny (1993 [1991]) sowie die sprachgeschichtlichen Skizzen gestützt, die in den Einführungswerken von Berschin et al. (1995), Dietrich/ Geckeler ( 3 2000) und Koch/ Oesterreicher (1990) enthalten sind. Ein Blick in die umfangreiche Bibliographie, die fast auf dem letzten Stand ist, und schließlich die genaue Lek- 367 Besprechungen - Comptes rendus
