eJournals Vox Romanica 64/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2005
641 Kristol De Stefani

Eugenio Coseriu/Reinhard Meisterfeld, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft. Von den Anfängen bis 1492, Band 1, Tübingen (Gunter Narr Verlag) 2003, 376 p.

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2005
Marie-Claire  Gérard-Zai
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Romania occidentale et finit par le représentant de la Romania orientale. Cette partie comprend les deux types de termes romans, les latinismes «réels» et les «latinismes apparents», leur classe grammaticale étant indiquée «seulement si elle est distincte de la classe grammaticale à laquelle appartient le mot latin» (19). Dans cette section, le lecteur trouve aussi certaines informations utiles concernant l’histoire du mot (première attestation) et sa vitalité (rare ou vieilli). Quant au sens des mots, il n’est traité que de manière sommaire. Dans la partie latine, les auteurs se contentent en général d’indiquer le sens premier ainsi que «les sens qui ont pu se trouver à l’origine des sens romans des emprunts». Pour les langues romanes, nous trouvons des «renseignements d’ordre sémantique seulement si l’on ne peut pas mettre en relation le mot roman avec le mot français équivalent du point de vue étymologique; si le terme français manque, le sens des termes romans est rapporté au sens de l’étymon» (19). Pour exemplifier la nature des informations fournies, nous pensons qu’il suffit de reproduire deux articles du dictionnaire, à savoir le premier et le dernier; en règle générale, les autres articles suivent de près la même structure, extrêmement dense: abbatia (tard.), s. f. → port. |abadia|; esp. |abadía, hér.|; cat. |abadia|; fr. |abbaye, hér.|; it. |abbazia, av. 1556/ / DEI: d.-sav.; roum. |aba ò ie, it.| zoologicus (mod.), adj. → port. |zoológico|; esp. |zoológico| ; cat. |zoológic|; fr. zoologique, 1754; it. |zoologico|; roum. |zoologic, fr.|. L’ouvrage est complété d’une riche bibliographie (443-56) qui témoigne des repères théoriques qui le sous-tendent. En guise de conclusion, soulignons que cet outil lexicographique illustre pleinement ce que M. Sala et S. Reinheimer Rîpeanu anticipaient il y a quinze ans 7 : «La circulation des latinismes dans la Romania confère aux langues romanes un retour à la latinité, ce qui rend l’unité altérée autrefois par les évolutions si divergentes des mots hérités.» Adrian Chircu ★ Eugenio Coseriu/ Reinhard Meisterfeld, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft. Von den Anfängen bis 1492, Band 1, Tübingen (Gunter Narr Verlag) 2003, 376 p. C’est le premier des quatre volumes prévus qui voit le jour; le second s’étendra de Nebrija à Celso Cittadini, le troisième couvrira la période 1601-1818 et le quatrième ira de 1818 au romaniste Wilhelm Meyer-Lübke. Dans des exposés théoriques très solides, le grand linguiste Eugenio Coseriu, né en 1921, s’est toujours attaché à la restauration de l’unité de la linguistique romane. Son ouvrage fondamental pour la méthode historique et historicocomparative reste Sincronía, diacronía e historia. El problema del cambio lingüístico, Montevideo 1958, dont la seconde édition augmentée fut publiée à Madrid en 1973. Parmi ses nombreux écrits, l’ouvrage d’initiation à la linguistique et au langage en général Teoría del lenguaje y lingüística general. Cinco estudios, Madrid 1962, 1967 2 , 1973 3 (Traduction allemande: Sprachtheorie und allgemeine Sprachwissenschaft. Fünf Studien, München 1975) demeure incontournable pour tout philologue roman. Eugenio Coseriu, décédé le 7 septembre 2002, n’aura pas eu la chance de voir la version définitive de son œuvre. Les manuscrits destinés à son enseignement universitaire ont été rédigés avec un tel soin et une telle minutie que - dès les débuts - l’auteur prévoyait une publication de ceux-ci, mais ses multiples charges et les affres de la maladie des dernières années ont empêché sa réalisa- 206 Besprechungen - Comptes rendus 7 M. Sala/ S. Reinheimer Rîpeanu 1996: 516. tion. Les élèves et disciples de Coseriu, Brigitte Schlieben-Lange (décédée en 2000) et Johannes Kabatek ont poursuivi un double plan: la création des Archives des manuscrits d’Eugenio Coseriu et la préparation de la publication du premier texte. La volumineuse Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft, que Coseriu se contentait de nommer «esquisse» («Skizze») s’appuie sur les notes de six cours universitaires que l’auteur donna de 1970 à 1976 à l’Université de Tübingen. Moins de 90 pages manuscrites de Coseriu et de longs entretiens avec Reinhard Meisterfeld aboutiront à l’ouvrage de plus de trois cents pages (avec index et tables) et une bibliographie complètement remise à jour. Pour la chronologie, c’est la période qui s’étend du X e au XV e siècles et pour le domaine spatial, ce sont les régions qui englobent la France, le Pays d’oc (la Catalogne), l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et les Flandres qui sont l’objet du premier volume de cette vaste histoire scientifique de la Romania linguistique. L’auteur dresse un état présent de la situation de l’histoire de la linguistique romane et s’interroge sur ses buts, sur la périodisation de celle-ci et sur son sens. Chaque chapitre est pourvu d’une abondante bibliographie. Il décrit, dans le second chapitre, les débuts de la linguistique de la Romania. Lo Donatz Poensals de Uc Faidit et Las Razos de trobar de Raimon Vidal de Besalú sont les premiers témoignages que nous possédions de «manuels» destinés à enseigner les usages du provençal pour un lecteur italien pour le premier et catalan pour le second. C’est l’affirmation de la langue d’oc comme «langue littéraire» (26); à la fin du XIII e siècle, les Regles de trobar du catalan Jofre de Foixà s’inspirera fortement du texte de Raimon Vidal ainsi que Terramagnino da Pisa dans sa Doctrina d’Acort. La grammaire de Las Leys d’Amors (XIV e s.) occupe une place privilégiée dans l’ouvrage, suivie des traductions en ancien français de l’Ars minor. L’auteur retrace les débuts de la lexicographie française (53-85): l’héritage latin, les glossaires, Abavus maior, Aalma, le Dictionarius de Firmin Le Ver et le Catholicon, dictionnaire trilingue breton-latin-français du XV e s. de Jehan Lagadeuc. Les premiers pas de la lexicographie occitane (86-98): une Summa grammaticalis du XIII e s., avec gloses provençales, des listes de formes verbales et le Rimarium tiré du Donatz Proensals, le glossaire provençal-italien de la Laurentienne (Ms. Plut. 41, 42) le Derivator du notaire Johannes de Senolheto, le Floretus et le Glossarium. Dante inaugure les débuts italiens (117-41): l’auteur analyse la signification du De Vulgari Eloquentia pour la linguistique romane et aborde la désormais fameuse «Questione della lingua», dont la problématique dépasse largement les frontières italiennes et suscite jusqu’à nos jours une vaste discussion historico-culturelle sur la littérature et la langue nationales. L’ouvrage fait une place non négligeable à Li Livres dou Tresor du florentin Brunetto Latini, première «encyclopédie» rédigée dans un volgare roman [en français] «por çou que la parleure est plus delitable et plus commune a tous langages» (I,1,7, éd. Francis J. Carmody, reprint, Genève 1975). Le quatrième chapitre est consacré à la période de l’Humanisme italien, la Renaissance (149-224). Les débats florentins sur le latin parlé sont amplement commentés, suivis d’autres contributions dans de nombreux textes des Humanistes et de l’apport de l’ecclésiastique de Sienne, Bartolomeo Benvoglienti, De analogia huius nominis ‹verbum› et quorundam aliorum, et latina lingua graecam antiquiorem non esse. (182-91) L’auteur analyse les premières grammaires italiennes et les débuts de la lexicographie du parler populaire en Italie. Le chapitre cinq prend en considération les langues romanes dans les autres pays (238- 94): L’Arte de trovar du comte de Villena (238-47), les débuts de la lexicographie dans la péninsule ibérique et les plus anciens glossaires catalans, espagnols et portugais (248-56); la description du français hors de France (257-94), avec le témoignage de Roger Bacon, le Livre des Mestiers, l’Orthographia gallica et le Tractatus ortographie gallicane, ainsi que la plus ancienne grammaire française et les débuts de la lexicographie française en Angleterre. 207 Besprechungen - Comptes rendus Un index des œuvres historiques (310-18), des noms (319-23), un index rerum (324-41), un registre lexical (342-58), une liste des abréviations les plus couramment utilisées (359), un index des auteurs (360-73) ainsi qu’un tableau chronologique (374-5) complètent utilement cet ouvrage de références. Marie-Claire Gérard-Zai ★ Ana María Cano Gonzáles, Jean Germain, Dieter Kremer (ed.), Dictionnaire historique de l’anthroponymie romane. Patronymica Romanica (PatRom), vol. II/ 1 (L’homme et les parties du corps humain, première partie), Tübingen (Niemeyer) 2004, x + 806 p. Réaliser un Dictionnaire historique de l’anthroponymie romane est une tâche difficile qui doit tenir compte d’une multitude d’aspects. Aussi les anthroponymes (noms de famille, prénoms, surnoms), à cause de leur origine et de leur étymologie, continuent-ils à surprendre et à fasciner les meilleurs spécialistes dans ce domaine. À l’origine, une bonne partie des noms de personnes sont des sobriquets ou des surnoms, et c’est un aspect qui apparaît très clairement dans cet ouvrage lexicographique de grande envergure. Nous rappellerons à ce propos une remarque de A. Candrea, faite il y a plus d’un siècle, mais toujours actuelle 1 : «Le sobriquet, devenu surnom, perd assez souvent la notion primitive péjorative . . . Le surnom s’accole à ce moment-là au nom de la personne et soit il disparaît en même temps que la personne, soit il survit et passe à ses héritiers, en tant que nom de famille». La même observation se trouve également chez G. Pitrè, cité par A. Candrea, et qui peut constituer une clé d’accès aux noms qui ont fait l’objet de ce travail de lexicologie et de sémantique: «I soprannomi son personali o di casato; gli uni, nati con chi la porta, finiscono con lui, o lui vivente si dimenticano per imprevedute circonstanze; gli altri, più fortunati e vitali, nascono sì con l’individuo, ma diventano generali e gli sopravvivono» 2 . Au commencement, derrière chaque anthroponyme, se cache l’histoire d’une personne et, ensuite, celle d’une famille ou de toute une communauté. Dans la description de ce genre de faits de langue, le chercheur est donc obligé de faire appel non seulement à la linguistique, mais aussi à l’histoire, à la sociologie, à l’anthropologie et même à la géographie pour ne rappeler que les disciplines connexes les plus importantes pour ce type d’investigation. En effet, en consultant ce dictionnaire des noms propres appartenant aux différentes langues romanes, on se rend facilement compte de toutes les méthodes appliquées et des nombreuses connaissances complémentaires véhiculées par cet ouvrage qui pourrait être appelé sans réserve Trésor de l’anthroponymie romane. De plus, en parcourant ce «recensement» des noms propres, on constate que ce dictionnaire ne se limite pas à une perspective historique: la diachronie et la synchronie contribuent ensemble à l’inventaire et à la découverte des noms oubliés du passé et des noms actuels. Ce deuxième tome du Dictionnaire historique de l’anthroponymie romane (PatRom) inaugure concrètement le projet présenté dans les pages du premier volume 3 , paru il y a quelques années, qui annonçait le but et les destinataires de l’ouvrage. Celui-ci témoigne, avant tout, de l’unité et de la diversité des héritiers de la culture et de la civilisation romaine, à travers les changements internes et les influences externes auxquels ils ont été soumis dans le temps. 208 Besprechungen - Comptes rendus 1 A. Candrea, Poreclele la Români [Les sobriquets chez les Roumains], Bucure ó i 1895: 9. 2 G. Pitrè, Usi e costumi, credenze e pregiudizi del popolo siciliano, vol. II, Palermo 1889: 381, cité d’après Candrea 1895: 9. 3 D. Kremer (ed.), Dictionnaire historique de l’anthroponymie romane. Patronymica Romanica (PatRom), Vol. I (Présentation d’un projet), Tübingen 1997.