Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2005
641
Kristol De StefaniOlivier Collet/Yasmina Foehr-Janssens/Sylviane Messerli (ed.), «Ce est li fruis selonc la letre»: Mélanges offerts à Charles Méla, Paris (Champion) 2002, 614 p.
121
2005
Amy L. Ingram
vox6410292
le rapport de Chrétien de Troyes à la féerie est bien plus riche et plus problématique. La féerie ne se réduit pas, comme semble le penser l’a., à la seule figure attendue de Morgue 3 ! Chrétien n’épuise pas le féerique, il le rend incertain 4 , et le merveilleux se nourrit justement de cette hésitation subtilement entretenue entre féerie et «réalité». Stephan Fuchs-Jolie («Bedeutungssuggestion und Phantastik der Träume im Prosa- Lancelot», 313-40) revient sur le paradoxe qui fonde la poétique du merveilleux dans le Lancelot en prose: une tendance accusée à la rationalisation de la féerie qui se conjugue à un véritable foisonnement du merveilleux. Se basant sur les songes, en particulier ceux de Galehaut, et comparant les diverses versions (françaises, allemandes et néerlandaises), l’a. montre que le fantastique s’invite paradoxalement au moment où commencent les élucidations allégoriques. Ces discours explicatifs pluriels et partiels, loin de réduire le merveilleux, génèrent de nouveaux manques, facteurs d’incertitude et de malaise, et démontrent in fine la liberté du narrateur: «es [geht] weniger um die Lust am sensationellen Phantasma als vielmehr um das Erzählen selbst. Rationalisierung ist nur die halbe Wahrheit - und die ganze Lüge» (340)! Le recueil se referme sur le seul article consacré à la littérature de la péninsule ibérique: Gerhard Wild, «Verba vana atque risui apta . . . Banalisierung und Politisierung des Wunderbaren in einigen frühneuzeitlichen Ritterromanen der Iberoromania», 363-79. À la fin du Moyen Âge, aussi bien les Demandas que les diverses rédactions du Baladro del Sabio Merlin se caractérisent par une banalisation et une rationalisation du surnaturel. Or, l’a. constate qu’à la Renaissance s’opère une scission entre les romans de chevalerie espagnols et portugais dans le traitement du merveilleux, plus particulièrement celui des songes, des prophéties et des gloses allégoriques. Jeu littéraire dans les romans castillans, les Amadis en tête, les prophéties sont utilisées, par les romanciers portugais, à des fins de propagande dynastique et politique pour accréditer une généalogie fabuleuse à la monarchie, comme en témoigne le Clarimundo de l’humaniste Jo-o de Barro. Barbara Wahlen ★ Olivier Collet/ Yasmina Foehr-Janssens/ Sylviane Messerli (ed.), «Ce est li fruis selonc la letre»: Mélanges offerts à Charles Méla, Paris (Champion) 2002, 614 p. «Ce est li fruis selonc la letre» contains thirty-seven essays, most of which are excellent. With contributions encompassing many of Charles Méla’s scholarly interests and many topics related to his own scholarship, the volume is a fitting tribute to this prominent medievalist. Although the essays are not organized according to themes, most are tied together by common threads. Four of them, for example, focus on the works of Chrétien de Troyes. Luciano Rossi’s «Trere un conte dans le prologue d’Erec et Enide» re-examines the first twenty-six lines of Chrétien’s first romance (which include the often analyzed verses «tret un conte d’aventure, / une moult bele conjunture») and suggests that a deeper significance lies therein than has generally been acknowledged. According to Rossi, «grâce à cette nouvelle lecture, le préambule du poème dévoile une plus grande complexité, même si le concept de ‹conjointure› semble être réduit à une simple modalité du conte» (549). In his «La dédicace du Chevalier de la Charrette et les transferts de l’inspiration», Michel Zink offers a new interpretation of Chrétien’s flattery of his patroness, Marie de Champagne, arguing for 292 Besprechungen - Comptes rendus 3 Cf., parmi d’autres, Laurence Harf-Lancner, «Le Chevalier au Lion, un conte morganien», Bien dire et bien aprandre VII (1989): 107-16. 4 L. Carasso-Bulow, The Merveilleux in Chrétien de Troyes’ Romances, Genève 1976. the subversion of a common topos used in religious literature. Guillemette Bolen’s «Une hanche de cerf au poivre chaud: Euchariste inversée et castration symbolique dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes» analyzes the polyvalence of the term hanche as signifier as it relates to three different figures in the romance: the Fisher King, Perceval’s father, and Perceval himself. In «Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes sous l’œil du XIII ème siècle: le témoignage d’un exemplaire atypique (Burgerbibliothek Bern, 354)», Wagih Azzam and Olivier Collet situate this particular version of Chrétien’s Perceval within the manuscript tradition, taking into account its contribution to, and influence on, romance conventions that followed it. Three contributors to this volume share an interest in Le Roman de la Rose. Stephen G. Nichols’s «Tel songe songier: Dreaming and Naming in Le Roman de la Rose» draws upon Aristotle’s interpretation of dreams to investigate their use in the Rose and their relationship to the human psyche. At the same time, Nichols investigates the function of names in the romance and why they are significant. In their «L’enquête de Jean de Meun ou les ‹delis› du locus amœnus», Philippe Frieden and Gérard Tirel offer a close examination of the transformation of the locus amœnus motif as it is found within Le Roman de la Rose. The authors focus first on its initial purpose in Guillaume de Lorris’s poem and then on Jean de Meun’s reinvention of this topos - an analysis that proposes, according to Frieden and Tirel, «une lecture transversale du Roman de la Rose et permet d’envisager l’écriture courtoise de Guillaume et la lecture ‹critique› de Jean» (323). Six essays deal with assorted aspects of various romances. Emmanuèle Baumgartner, in her «Quand l’‘ymage’ se fait chair», examines the role of statues in several romances written over the course of the Middle Ages, including Le Conte de Floire et Blancheflor, Le Roman de Troie, Thomas’s Tristan, and Jean de Meun’s Roman de la Rose. Baumgartner notes that «il n’est guère en effet de textes médiévaux qui, à la suite du Conte de Floire et Blancheflor, n’associent statue et mimesis, quitte à engager sur des chemins très divers l’exigence de ressemblance» (134). In «Entre mythe et histoire: quelques sources de la version en prose ‹napolitaine› du Roman de Troie (Prose 5)», Luca Barbieri reevaluates the relationship among the different prose versions of Le Roman de Troie, suggesting that the author of Prose 5 was inspired by the authors of other versions, specifically that of Prose 3. Anne Berthelot’s contribution titled «La sagesse antique au service des prestiges féeriques dans le Roman de Perceforest» explores the symbolism, the significance, and the sources of supernatural knowledge in the Perceforest. Francine Mora, in her «Une lecture de la Consolatio Philosophiæ de Boèce à la fin du XII ème siècle: le Roman de Philosophie de Simund de Freine», demonstrates how Simund’s romance offers «un bon témoignage de l’effort d’acculturation mené vers la fin du XIIème siècle par les tenants à la fois latine et chrétienne auprès d’un public laïc et courtois» (475). Béroul’s Tristan is the subject of Rosanna Brusegan’s «L’‹Arc qui ne faut› et le message des armes» which considers the function of the arc in regard to Tristan’s character. As Brusegan explains, «le héros est devenu la personnification de l’‹Arc qui ne faut› et de la Mort que cet arc représente» (223). Bernard Schlurick also examines Béroul’s Tristan, along with Gottfried de Strasbourg’s version, in his «Le parjure d’amour ou la performance d’un faux serment (Impromptu sur le Lancelot du Lac de Bresson et sur les Tristan de Béroul et de Gottfried de Strasbourg)».Therein, Schlurick lessens the distance between medieval and modern by analyzing the role of the ruse in Bresson’s modern-day film («œuvre . . . très librement inspirée du Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes» (560)) and in these two romances. This volume also includes two essays dealing with the lays of Marie de France. In «Ne jeo sanz vus ou ne mei sanz vus? Un problème de critique textuelle réexaminé à la lumière des recherches en syntaxe du français médiéval (Marie de France, Chievrefoil, v. 78)», Gilles 293 Besprechungen - Comptes rendus Eckard discusses the variant versions of this celebrated verse and the implications of each. The significance of vegetal names assigned to female characters in Marie’s Freisne and two romances - Galerin de Bretagne and Floire et Blancheflor - is the focus of Romaine Wolf- Bonvin’s essay titled «Du Lai du Freisne à Galeran de Bretagne: La fabrique des fillesfleurs», which is primarily concerned with aspects of fertility and infertility and points out both differences and similarities among the three works. The theme of women is a prominent one for two contributors. For Yasmina Foehr-Janssens, the purpose of dreams - particularly those of female characters - in the fabliaux érotiques is the focal point of her «‹Contes et songes de bonnes femmes›: les fabliaux et l’insignifiance des rêves». The author concludes by noting that «à prendre ainsi la fonction du songe, comme une machine à enchérir sur la fiction, on découvre l’ambition du fabliau: inverser les mécanismes de la valorisation littéraire de la fable, étendre au plus loin les territoires du fictif, tout peindre en couleur de chimère» (322). In «La voie des femmes dans l’Alexandréide de Gautier de Châtillon», it is the absence of female figures (and the function of the few found therein) that interests Géraldine Châtelain. Aspects of medieval rhetoric or composition provide another important subject in five essays. Alain Michel’s «L’Art du récit au moyen âge: rhétorique et poétique, philosophie, théologie» examines the function of rhetoric and poetics in various genres of medieval texts and, at the same time, refutes the notion that the two are without importance in sacred and religious literature of the Middle Ages. Michèle Gally, in her «Le livre éloquent ou le plaisir du texte», studies the art of composition inspired by love, as reflected in lyric poetry and romances. For Michèle Gérard, language as a means of expressing visions is of primary importance in «Le saint et le poète: La vision inspirée et le Verbe d’Amour chez saint François d’Assise et Dante». In «La voix de la baleine: séduction et persuasion dans Le Naufrage de la Pucelle de Jean Molinet», François Cornilliat studies the effects of using varied discourses in verse and prose to express the same event. Allegory is the focal point of Anne Paupert’s contribution titled «Soubz figure de metaphore: théorie et pratique de l’allégorie chez Christine de Pizan, ou: Une ‹Poetria Nova› du début du XV ème siècle». Paupert’s essay is limited primarily to Christine’s use of allegory in her Le livre de l’advision Cristine. Four other essays also deal with later medieval texts. In «Les yeux sont faits pour regarder: Sur la fortune d’un vers d’Alain Chartier», Pierre-Yves Badel considers how other late-medieval authors were inspired by Chartier’s work, most notably by conventions used in his Belle Dame sans Mercy and by the debate that surrounded it. The originality of the chess motif in the fourteenth-century Les Vœux du paon is the focus of Hélène Bellon- Méguelle’s contribution titled «Mener ‹joieuse vie›: la partie d’échecs dans les Vœux du paon de Jacques de Longuyon (v. 2682-2882)». As Bellon-Méguelle explains, «cet auteur innove en inaugurant une nouvelle voie interprétative, dans laquelle le jeu n’est ni anecdotique ni décisif: il vaut pour lui-même et pour le plaisir qu’il procure, tout comme l’échiquier, œuvre d’art, vaut pour la seule beauté qui en irradie» (158). Jacqueline Cerquiglini-Toulet explores the different types of readings («privé et public, amoureux et moral) proposed by Le Livre du Voir Dit, in her «Ne sont pas mos de cabarès: la lecture selon Guillaume de Machaut». For Christopher Lucken, it is the depiction of love that provides the subject of his «Fiction et défection de l’amour: Le Dit du Prunier ou la disjointure du roman courtois». Over the course of his essay, Lucken analyzes how this fourteenth-century dit «se situe en quelque sorte au point de bascule de la tradition romanesque médiévale», reflecting «à la fois l’origine et le terme» of the romance genre (387). The remaining eleven essays do not sort themselves into particular categories and will be mentioned in alphabetical order, beginning with Giovanna Angeli’s «Le comique cruel dans Wistasse et Trubert». Therein, she discusses humor as a reflection of morality/ immorality and licitness/ illicitness in these two thirteenth-century texts. François Ansermet and 294 Besprechungen - Comptes rendus Marie André’s «Éve dans Marie: L’énigme de la procréation» argues that the Virgin Mary engendered Eve, her own creator. In «Rivages d’oubli, lac de mémoire: lire Rousseau sous l’éclairage d’Ovide», Jacques Berchtold demonstrates the importance of Ovidian elegies to Jean-Jacques Rousseau’s La Nouvelle Héloïse. Michel Burger’s contribution, titled «Le mariage de saint Alexis», compares and contrasts the presentation of Saint Alexis’s marriage in the Vita and the Chanson, in an effort to resituate the composition of the latter text, placing it in the middle of the eleventh century. Brigitte Cazelles considers courtly literary works as «entremés», or as reflections of the complexity of the cosmos, in her «L’œuvre courtois comme ‹entremés›». Pierre-Marie Joris’s «Urgent moyen âge: Les Grands Lyriques provençaux de Charles- Albert Cingria, ou ‹l’admiration de l’admiration›» explains and defends the purpose of this unpublished work. In his «Le diable emprisonné au moyen âge: réflexions sur un motif de conte», Philippe Ménard examines the various treatments of the entombed demon motif in numerous medieval texts, including Gerbert de Montreuil’s Continuation du Conte du Graal and the Lancelot en prose. The centrality of the tale of Œdipus to stories problematizing incest and parricide (as well as its influence on L’Histoire ancienne) is the focus of Sylviane Messerli’s «Œdipe en Judas: la figure d’Œdipe dans l’Histoire ancienne jusqu’à César». Emmanuelle Métry, in «‹La vie est courte, l’art est long, l’occasion fugitive . . .› Quelques considérations sur l’acquisition pour la Bibliotheca Bodmeriana de deux manuscrits de l’ancienne collection Beck», discusses the acquisition of Les Vœux du paon and Guillaume de Conches’s Dragmaticon, explaining at the same time their importance to the Bodmer collection. In «François Villon à l’école de la lettre pervertie: le début du Testament ou la satire impossible», a reexamination of Le Testament leads Jean-Claude Mühlethaler to reject the notion that Villon’s attack against Thibaut d’Aussigny is an attempt at satire. It is the influence of uncited sources and the reason for their omission that concerns Marylène Possomaï-Perez in «La légende thébaine dans l’Ovide Moralisé: un exemple de contamination des sources». Jean-Yves Tilliette’s «Un art de lire» traces the literary invention of reading as an art form and considers literature as a provider of guidelines for how to read. The brief commentary offered for each of these essays is by no means adequate to convey their richness or the value of this volume. The contributors merit congratulations no less than does the distinguished honorand, Charles Méla. Amy L. Ingram ★ Ulrich Mölk (ed.), Herrschaft, Ideologie und Geschichtskonzeption in Alexanderdichtungen des Mittelalters, Göttingen (Wallstein) 2002, 424 p. (Literatur und Kulturräume im Mittelalter 2) Vor einiger Zeit ist nun auch der zweite Band zur mittelalterlichen Alexanderdichtung aus dem Kreis des Göttinger Sonderforschungsbereichs 529 Internationalität nationaler Literaturen 1 erschienen. Sein unmittelbarer Vorgänger 2 hat für die Bearbeitung des Alexanderstoffes, wohl eine der herausragenden literarischen Karrieren des Mittelalters, bereits viel 295 Besprechungen - Comptes rendus 1 U. Schöning (ed.), Internationalität nationaler Kulturen. Beiträge zum Ersten Symposium des Göttinger Sonderforschungsbereichs 529, Göttingen 2000. 2 J. Cölln/ S. Friede/ H. Wulfram (ed.), Alexanderdichtung im Mittelalter. Kulturelle Selbstbestimmung im Kontext literarischer Beziehungen, Göttingen 2000.
