eJournals Vox Romanica 64/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2005
641 Kristol De Stefani

Lucia Lazzerini, Letteratura medievale in lingua d’oc, Modena (Mucchi), 2001. 296 p. (Studi, testi, manuali Nuova serie 2; «Subsidia» al «Corpus des troubadours» Nuova serie 3)

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2005
Richard  Trachsler
vox6410361
in IT senza che vi siano lacune nella numerazione progressiva dei testi). Anche innovazioni come quella che c’è in IT «Ben» contro «Gent» per l’incipit del testo I 542 = K 539, primo testo della sezione di Uc de San Circ quindi ornato di miniatura nella lettera iniziale (in IM anche ultimo testo del fascicolo xv), deriva dalla sequenzialità delle tappe di allestimento. Necessità di non sgualcire il lavoro, parti rubricate che si devono asciugare: il volume non si può sfogliare avanti indietro, indietro avanti con impazienza (e rabdomanzia) pascoliana. Paola Allegretti ★ Lucia Lazzerini, Letteratura medievale in lingua d’oc, Modena (Mucchi), 2001. 296 p. (Studi, testi, manuali Nuova serie 2; «Subsidia» al «Corpus des troubadours» Nuova serie 3) Sobrement intitulé Letteratura medievale in lingua d’oc, le manuel de Lucia Lazzerini offre, en un peu moins de trois cents pages, un panorama clair et informé de la production littéraire en langue occitane du Moyen Age. Si le livre est conçu comme une introduction, la présentation en est rigoureusement «universitaire», le manuel s’adressant avant tout à ceux qui peuvent rencontrer, dans les maquettes de leurs facultés, un cours de littérature occitane. Ce n’est donc pas un ouvrage de vulgarisation «grand public» comme il en sort de temps à autre en France, mais un manuel qui s’inscrit, pour dire les choses clairement, dans un cursus de filologia romanza. Le livre intéressera toutefois aussi des lecteurs en dehors de l’Italie, car il comble une vraie lacune dans le paysage éditorial actuel: si l’on dispose, en effet, de plusieurs bons manuels traitant des troubadours, il n’existe aucune publication récente visant à faire le tour de l’ensemble de la littérature occitane médiévale. Avec 23 euros, le prix est suffisamment raisonnable pour attirer à la fois chercheurs et étudiants et l’on ne prend aucun risque en affirmant que les deux catégories en tireront profit, pas de la même façon et, pour ce qui concerne les néophytes, pas sans faire quelques efforts, mais, sans aucun doute, avec bénéfice. C’est dire que le livre est une réussite. Il contient, après un court préambule, neuf chapitres thématiques qui oscillent pour la plupart entre vingt et quarante pages, sauf le dernier, peut-être un peu court, qui est consacré à la production dramatique et qui n’en compte que trois. Ces chapitres se suivent, autant que faire se peut, dans l’ordre chronologique et abordent ainsi, l’une après l’autre, toutes les grandes thématiques de la littérature occitane. En voici la liste: 1. Le origini (11- 42) qui comporte une présentation d’un certain nombre de textes qui sont, de fait, quelquesuns des premiers monuments en langue romane: les formules magiques du manuscrit de Clermont-Ferrand, les Passions d’Augsburg et de Clermont-Ferrand, l’Aube bilingue de Fleury, l’hymne de Saint-Martial de Limoges, le Sponsus, les deux strophes vernaculaires récemment découvertes dans le Harley 2750, le Boeci, la Chanson de Sainte Foi et le fragment de l’Alexandre. Les présentations sont prudentes sans être neutres et sont faites avec une indéniable compétence. Les questions soulevées par ces premiers documents resteront toutefois nombreuses, même après la lecture des notices de Lucia Lazzerini, tant ces textes relèvent de l’hapax, mal rattachables à des traditions vernaculaires encore embryonnaires ou reliés de manière souterraine à la culture cléricale, populaire, voire, pour certains, musulmane. Pour ces textes très anciens, la situation est particulièrement épineuse puisqu’il ne s’agit pas seulement de savoir devant quel horizon littéraire il faut les situer, mais aussi comment les comprendre au premier degré. Pour certains de ces textes, la critique a proposé des interprétations incompatibles, qui correspondent en fait à des divergences dans la compréhension de la lettre même. Comme il s’agit des tout premiers documents en langue romane, on manque de points de repère, si bien que l’on se demande si Lucia Lazzerini n’aurait 361 Besprechungen - Comptes rendus pas pu élargir l’assise de son étude pour envisager ces documents occitans à la lumière des quelques rares témoins contemporains situés plus radicalement dans le domaine d’oïl. Dans les deux cas, au nord et au sud de la Loire, il s’agit toujours de l’émancipation d’une langue vernaculaire romane face au latin, et les difficultés rencontrées par les scribes des deux côtés de la Loire sont vraisemblablement assez similaires, comme le sait très bien Lucia Lazzerini, qui s’appuie, par exemple, pour expliquer la forme sacramente du Harley 2750, entre autres sur le célèbre sagrament des Serments de Strasbourg (32). Naturellement, l’intégration de l’ensemble des premiers documents en langue romane dépasse probablement ce qu’on peut offrir à un lecteur débutant en trente pages, mais il vaudrait sans aucun doute la peine de préparer un volume à part sur les textes romans les plus anciens. Toujours est-il que ce chapitre initial offre une introduction commode et bien informée aux premiers documents du domaine d’oc et a le mérite de rappeler que la littérature des troubadours, dont il est question aux chapitres suivants, n’est pas née ex nihilo. - Voici les autres chapitres: 2. La poesia dei trovatori: gli esordi (43-82) sur Guillaume IX, Jaufre Rudel, Marcabru et Cercamon - 3. Il dibattito trobadorico intorno al 1170 (83-110) sur Peire d’Alvernha, Guiraut de Bornelh, Bernart de Ventadorn, Raimbaut d’Aurenga et les trobairitz - 4. Generi poetici e codice tematico (111-32) sur Bertran de Born, Arnaut Daniel, mais aussi les rapports entre la lyrique des troubardours et l’hérésie - 5. Continuità e novità (133-47) sur Arnaut de Maruelh, Raimon Jordan, Rigaut de Berbezilh, Folquet de Marselha, Raimon de Miraval, Peire Vidal, Gaucelm Faidit, Aimeric de Peguilhan, Raimbaut de Vaqueiras, et le Moine de Montaudon - 6. L’età albigese e la ricezione della poesia trobadorica in Italia (149- 68) sur les vidas et razos, la Croisade albigeoise, Peire Cardenal, ainsi que les cours de Provence et Rodez - 7. L’elaborazione della norma linguistica e letteraria (169-84) sur les traités normatifs, comme le Donat proensal, les différentes razos de trobar, les ensenhamens et le Breviari d’Amor de Matfre Ermengau. C’est dans ce chapitre que prennent place aussi les textes hagiographiques et allégoriques. - 8. L’«eccezione narrativa» (185-228) sur la production épique et romanesque (y compris les novas) - 9. Gli esordi del teatro (229-31) sur les rares œuvres dramatiques. Ces chapitres sont suivis d’une Bibliografia essenziale (233- 72) qui épouse à son tour l’ordre de présentation du manuel et permet donc d’approfondir les sujets évoqués dans le cours de l’étude. Cette bibliographie est très exhaustive; on complétera juste le renvoi à l’édition de Hans-Christian Haupt du Roman d’Arles, sous presse au moment où Lucia Lazzerini achevait son livre, et l’on ajoutera la monographie récente d’A. Huber, sur un problème d’ailleurs passionnant 1 . Le volume est complété par un utile glossario di terminologia metrica e retorica (273-78) dû aux soins d’Anna Radaelli - qui aurait avantageusement pu accueillir aussi des termes comme adespoto et anepigrafico (41, dans une même phrase à propos du fragment de l’Alexandre) sur lesquels un débutant est susceptible de buter - ainsi que par un index des auteurs, œuvres et critiques cités (279-91). Le tout est fait avec soin, compétence et, surtout, un vrai sens pédagogique. En effet, le grand risque d’un tel manuel, qui doit s’imposer un effort de concision constant en même temps qu’il doit présenter une matière considérable d’une façon qui ne soit ni superficielle ni partielle, est naturellement la dérive vers la succession de fiches, ou, son corollaire, l’exposé grandiloquent qui se déploie dans le vide au-dessus des textes. Les deux écueils sont assez heureusement évités parce que Lucia Lazzerini a pris soin de «doper» ses fiches, là où c’était nécessaire, pour les transformer en véritables petits mémoires: ainsi, le chapitre sur Guillaume IX n’est pas simplement un rappel de ce que l’on doit savoir du premier trou- 362 Besprechungen - Comptes rendus 1 H.-C. Haupt (ed.), Le roman d’Arles dans la copie de Bertran Boysset. Manuscrit Aix-en- Provence, Musée Paul Arbaud, M. O. 63, Tübingen (Francke) 2003, (Romanica Helvetica 121) et A. Huber, La Fable dans la littérature provençale du Moyen Âge, Lausanne (Faculté des lettres de l’Université de Lausanne, Section de français) 2001 (Publications provençales 2). badour, mais comporte également un développement sur l’amour des troubadours, les rapports entre l’amant et la domna, etc. De même son chapitre Il dibattito trobadorico intorno al 1170 contient un exposé sur les différents styles poétiques (87-91) et plus loin (98s.), une mise au point générale sur la pratique «dialogique» des troubadours, qui seule permet de comprendre les faits discutés. Dans le chapitre sur Continuità e novità, enfin, prend place (141-44) un rappel sur le rayonnement européen de la poésie d’oc, etc. C’est toute la différence entre l’information brute et l’information contextualisée, utile. Dans le même registre, on louera le parti pris d’accompagner la présentation de chaque texte narratif d’un résumé succinct. Personnellement, j’ai été particulièrement sensible au charme des analyses des textes hagiographiques, qui prennent, par la grâce de la plume de Lucia Lazzerini, une tournure légèrement fantastique et donnent envie de lire les œuvres. Éventuellement, après avoir ainsi fait le tour complet de la littérature en langue d’oc, on aurait pu s’interroger sur l’existence de quelques «cases vides», qui ne correspondent pas, naturellement, à des lacunes dans le livre de Lucia Lazzerini, mais reflètent au contraire la production littéraire du Sud de la France telle que nous la percevons. Pourquoi n’a-t-on que des témoignages indirects de fables en occitan? Pourquoi a-t-on si peu de traces d’une production narrative en prose? Mais on ne saurait naturellement reprocher à l’auteur d’un précis de la littérature d’oc de ne pas avoir écrit sur ce qui n’existe pas. Tel qu’il est, le manuel est donc efficace et circonspect, soucieux d’un public néophyte. C’est du travail sur mesure pour l’étudiant italien ou, d’ailleurs, français, qui ignore souvent tout de son pays et de sa culture. La petite précision in Rouergue à côté du nom de Bertran de Paris (173) est donc tout aussi bienvenue que d’autres informations concernant la géographie française ou les realia de la culture littéraire médiévale, voire le résumé de la parabole des dix vierges (27). Bien que le souci de bien servir les principianti italophones entraîne parfois l’auteur à faire parler ses sources directement en italien, comme c’est le cas pour Martín de Riquer (179) ou Nadine Henrard (231), et à ne pas encombrer sa bibliographie de traductions françaises ou anglaises, le fait que l’auteur appartienne à la lingua del sì et non à l’actuelle Occitanie est probablement une bonne chose pour le volume: d’un bout à l’autre, il évite les jugements de valeur, sentiments nostalgiques ou revendications régionalistes dont les productions françaises, souvent destinées à des lecteurs passionnés, mais non «professionnels», ne sont pas toujours exemptes. Ici, pas de partis pris, pas de jugements esthétiques, seule est prise en compte la doxa universitaire actuelle. Le prix de ce choix est un certain écrasement de l’histoire de la discipline et des débats sensibles plus que centenaires, par exemple sur l’antériorité de la littérature d’oc sur sa sœur du Nord, dans des discussions où interviennent idéologie et préjugés politiques autant que scientifiques. L’on peut estimer qu’il faut, même (ou surtout) à l’étudiant débutant, un minimum d’information pour apprécier correctement une étude critique émanant d’une certaine «école» ou appartenant à une certaine époque, et l’on peut alors regretter que Lucia Lazzerini ait courtoisement choisi de s’en tenir à une sorte d’objectivité clinique. Il est clair, toutefois, qu’une présentation plus soucieuse de la perspective historique des problèmes n’aurait pas seulement alourdi quantitativement le volume, mais aurait aussi considérablement compliqué l’exposé des données, au point, probablement, d’ôter au livre sa qualité essentielle: celle d’être actuellement le meilleur précis de la littérature d’oc. Richard Trachsler ★ 363 Besprechungen - Comptes rendus