Vox Romanica
vox
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2006
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Kristol De StefaniSandor Kiss/Luca Mondin/Giampaolo Salvi (ed.), Latin et langues romanes. Études de linguistique offertes à József Herman à l’occasion de son 80ème anniversaire,Tübingen (Niemeyer), 2005, xx+606 p.
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2006
Adrian Chircu
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Besprechungen - Comptes rendus Sandor Kiss/ Luca Mondin/ Giampaolo Salvi (ed.), Latin et langues romanes. Études de linguistique offertes à József Herman à l’occasion de son 80 ème anniversaire, Tübingen (Niemeyer), 2005, xx + 606 p. Ce recueil constitue un hommage sincère et respectueux que des latinistes et romanistes, collègues, amis et collaborateurs, offrent à l’un des érudits qui a le plus marqué l’avancement des études de linguistique latine et romane: József Herman. Celui-ci a réussi en effet à s’imposer dans le monde des lettres comme un maître hors pair. Dans la plupart des articles, les auteurs tentent de reconstituer quelques-unes des étapes essentielles de l’évolution du latin vers les langues romanes. Souvent, les analyses prennent comme point de départ les idées de József Herman, qu’il avait «semées» dans les pages d’un grand nombre de revues et de livres de linguistique latine et romane, en parvenant ainsi à maintenir «la linguistique dans le sillage de la tradition humaniste, sans proclamation bruyante, avec élégance et sobriété, alliées à la tenace et silencieuse passion du travail» (ix). Malgré l’hétérogénéité que suppose un recueil de ce type, les éditeurs ont réussi à lui conférer «une certaine unité, par le groupement thématique des contributions, visant parfois des problèmes généraux ou consacrés, le plus souvent, aux questions complexes du fonctionnement du latin ou des langues romanes, à tel ou tel moment de leur histoire» (ix). Mis à part la Préface dans laquelle les rédacteurs saluent l’événement qui a permis la parution du recueil, à savoir le quatre-vingtième anniversaire du savant hongrois, les premières pages comprennent des Remerciements (x) adressés à ceux qui en ont soutenu matériellement la publication, ainsi que la Bibliographie des travaux de József Herman, rédigés le plus souvent en français et en hongrois, et portant généralement sur le latin et sur les différentes langues romanes. Cette bibliographie a été structurée par les éditeurs en fonction de critères éditoriaux: livres et brochures, publications de recueils, articles, comptes rendus et hommages. Les études contenues dans le livre ont été réparties en quatre sections: Théorie et histoire de la linguistique (3-24), Indo-européen et latin classique (25-102), Latin vulgaire et tardif (103-396), Langues romanes (397-606). Dans la première partie, L. Renzi, Techniche della linguistica storica. Gli etimologi francesi e le «quattuor species» (3-14), met en évidence le lien et la continuité qui existent entre les «quattuor species» des grammairiens latins (Consentius) et les lois phonétiques dont parlent les humanistes et les comparatistes. Il illustre sa démarche par les travaux de ceux qui ont contribué à la naissance de la linguistique historique (par exemple Jacques Dubois d’Amiens, Charles Bovelles, Joachim Périon, Jacques Bourgoing, Gilles Ménage, etc.). Selon L. Renzi, «questi eruditi hanno aggiunto ai loro scheltri - nutriti . . . delle quattro specie di classica memoria - la polpa di un materiale documentario di grande interesse» (12). R. Müller s’attarde sur les Antike Periodisierungsmodelle des Lateinischen et essaie d’identifier les raisons pour lesquelles les linguistes déterminent des étapes dans la vie du latin. La section suivante débute avec l’étude de Ph. Baldi et P. Cuzzolin, Considerazioni etimologiche, areali e tipologiche dei verbi di «avere» nelle lingue indoeuropee, où sont exposées quelques considérations «di carattere etimologico, tipologico et areale dello sviluppo dei vari predicati che presentano il significato di ‹avere› all’interno della famiglia indoeuropea» (27). Ch. Lehmann, Sur l’évolution du pronom possessif, examine le développement de l’idée de possession en indo-européen et en latin (y compris dans les langues romanes). O. Panagl, Archaisierende Tendenzen in der lateinischen Sprachgeschichte, illustre son propos par des exemples rencontrés dans différents genres de textes chez des auteurs latins. Il dresse une liste - Lateinische Archaismen: Typen und Beispiele - dans laquelle il mentionne les principales classes d’archaïsmes: la réactivation de la voyelle -o-, quand celle-ci suit un -v- (voster, vortere, advorsus); les gérondifs qui présentent des thèmes en -u- (perdundus, agundi); l’apparition de la voyelle -uà la place de -i- (optumus, maxume, lubet); la terminaison de l’infinitif passif en -ier (dedier, miraier); des formes syncopées (repostus, surrexe); l’utilisation des mots avec leur ancien sens (necessitudo, templum); des syntagmes obtenus par parataxe (Iuppiter optimus maximus). H. Pinkster, The use of is and ille in Seneca Rhetor, propose une analyse détaillée des emplois de ces deux démonstratifs latins dans un texte majeur de Sénèque (57-64). A. Orlandini présente un article sur la morphologie, Polysémie et modalité de l’expression périphrastique avec l’adjectif verbal en «-urus» en latin (65-75). Ch. Touratier a élaboré une intéressante Esquisse de l’histoire de la complétive en quod (77-86). A. Marinetti et A. L. Prosdocimi, Le dediche del lucus pesarese CIL I, 378, 379, proposent une interprétation linguistique de l’inscription de Pesaro qui permet de percevoir «il senso della maternità in sé e nella sua espressione linguistica» (96). L. Mondin, Ausonio e il testo di Sallustio (97-102), a réalisé un excellent essai sur l’écriture ausonienne. Les auteurs des articles groupés dans la troisième section offrent des aperçus ponctuels de l’évolution du latin. M. Banniard, Prérequis de réceptibilité du latin tardif en période de transition (105-13) met l’évolution du latin en relation avec des facteurs sociolinguistiques, en analysant le latin de l’Afrique romaine. Selon lui, «au V e siècle, en Afrique citadine romaine, les prérequis de réceptibilité du latin parlé littéraire conduisent à la conclusion obligatoire que la parole commune entretient avec la parole augustinienne un rapport inter-dialectal (même type de langue) et non inter-lingual (types de langues différents)» (113). A. Varvaro, La latinizzazione delle province come processo di lunga durata, s’intéresse au processus de latinisation des provinces romaines. En s’appuyant principalement sur des inscriptions et des graffiti retrouvés dans différentes provinces de l’Empire (Europe et Afrique romane), il montre que «dal sec. IV in poi, accanto al modello che possiamo chiamare Becoming Roman si era collocato, ed alla fine prevalse, quello di Becoming Christian, di cui faceva parte almeno in Occidente il latino. Questa prevalenza premise (o facilitò) la fine dell’imperio d’Occidente ma assicurò il futuro della romanità linguistica» (132). M. Mancini dévoile quelques-unes des tendances qui témoignent de la Formazione del «neostandard» tardolatino. À cela s’ajoutent d’autres contributions parmi lesquelles nous signalons en particulier L. Calebat, Expressivité familière et création littéraire (155-64), G. Haverling, Sur les fonctions de l’imparfait dans le latin tardif (165-76), M. Cennamo, Passive auxiliaries in Late Latin (177-94), S. Kiss, Évolution des possibilités présentationnelles en syntaxe latine (219-25), J. Kramer, Graecitas togata: coemeterium (237-42), B. Adamik, «Fehlerhafte» lateinische Inschriften aus Panonien (256-66), A. Zamboni, Dalmatica quaedam: note in margine ad una silloge recente (267-82), M. Fruyt, La corrélation et la proposition relative dans l’Itinerarium d’Egérie (337-52), B. Löfstedt, Sprachliches und Stilistisches zu Juan Mariana (393-95). Dans la quatrième section du recueil, les Langues romanes sont étudiées surtout en diachronie. G. Holtus, A. Overbeck et H. Völker, Ergebnisse des Trierer Urkundensprachenprojektes (399-410), reviennent sur leurs travaux consacrés aux textes luxembourgeois anciens. Ils observent la variation en diatopie et en diastratie et insistent sur les questions ouvertes que soulève leur projet. 133 Besprechungen - Comptes rendus A. Nocentini, Du latin aux langues romanes: la contribution de la typologie (411-18), cherche à démontrer que la typologie linguistique peut encore «donner une réponse définitive aux grandes questions de la linguistique romane et, avant tout, pour expliquer l’évolution grammaticale des langues romanes par rapport au latin» (411). Il s’occupe en particulier du passage du type synthétique (latin) au type analytique (roman), et aborde le débat sur «le principe de sérialisation naturelle» en analysant l’évolution de l’ordre des mots (SOV SVO). Sa démarche est bien argumentée, mais il lui arrive de se tromper sur certains aspects. Ainsi, il affirme que «les relations des cas grammaticaux . . . sont représentées en latin par des désinences flexionnelles, tandis que dans les langues romanes elles sont marquées par des prépositions ou n’ont pas de marques» (411). Ce disant, il oublie le roumain qui dispose d’une riche flexion casuelle et, par conséquent, de formes synthétiques: cf. fr. la maison des parents, en roumain casa pùrint , ilor (génitif); fr. j’ai offert des fleurs à la dame, en roumain i-am oferit flori doamnei (datif). Mais on est bien d’accord avec l’auteur que dans d’autres situations «une langue ou un groupe des langues peuvent présenter en même temps des aspects synthétiques et analytiques» (411). M. Loporcaro, La sillabazione di muta cum liquida dal latino al romanzo (419-30), confirme une fois de plus qu’il est un excellent connaisseur des changements phonétiques qui sont survenus lors du passage du latin aux langues romanes. M. Maiden, La ridistribuzione paradigmatica degli «aumenti» verbali, examine l’évolution de deux suffixes grammaticaux latins (*-esk/ *-isk) et leur situation dans les langues romanes actuelles. Son but principal consiste à «orientare il dibattito sugli aumenti verbali romanzi, mettendo in dubbio l’opinione secondo la quale si tratterebbe, grosso modo, di una eliminazione di allomorfie collegate all’accento» (438). N. La Fauci, Il fattore HABEO . Prolegomeni a una nuova considerazione delle genesi del perfetto e del futuro romanzi (441-51), offre une intéressante étude consacrée à l’importance du verbe habere dans la création et dans l’évolution du parfait et du futur romans. Comme l’article de M. Fruyt mentionné ci-dessus, celui de G. Salvi, Coordinazioni asimetriche nelle lingue romanze antiche (453-62) se penche sur des échantillons de langue contenant des structures corrélatives. Plusieurs articles illustrent l’apport du domaine ibéro-roman à la compréhension de l’apparition et la formation des langues romanes: R. Wright, Romance and Ibero-Romance in the Descort of Raimbaut de Vaqueiras (463-72), G. Hilty, La herencia visigótica en el léxico de la Peninsula Ibérica (473-80); J. A. Correa, Aféresis en topónimos latinos hispánicos (481- 89); A. M. Badia i Margarit, Entorn del concepte de «romanització». A propòsit dels orígens de la llengua catalana (491-98). J. Wüest, La linguistique historique et [la] linguistique de la langue (499-506), essaie de trouver une réponse à la question «La linguistique historique doit[-elle] nécessairement rester une linguistique de la langue? » (499), en empruntant ses exemples à la phonologie où l’argumentation lui semble la plus claire. Après avoir abordé le problème du bouleversement quantitatif en français contemporain, il s’arrête sur la prétendue unité du protoroman et combat les idées d’ordre phonétique avancées par Krefeld, spécialement son «missing link». Et il conclut: «Tant que la linguistique historique reste une linguistique de la langue, elle sera nécessairement réductionniste. Cependant, les documents qui nous restent ne nous permettent guère de savoir ce qui s’est passé au niveau de la parole. Une linguistique historique qui cherche à tenir compte au moins de certains phénomènes qui relèvent de la parole sera alors forcément très spéculative. C’est peut-être la raison pour laquelle on n’ose pas trop toucher à certains dogmes en linguistique historique» (506). Les contributions suivantes traitent de l’ancien français ou du français contemporain: B. L. M. Bauer, Innovation in Old French syntax and its Latin origins (507-21), R. Sornicola, Sintassi e stilistica dei pronomi soggetto nel Saint Alexis (529-46), L. Löfstedt, Observa- 134 Besprechungen - Comptes rendus tions sur la toponymie dans la traduction en ancien français du Decretum Gratiani (547-60); J. Perrot, Existe-t-il en français une marque préfixée zde pluriel? (523-27). R. Liver Zur Wortgeschichte von bünderromanisch tedlar ‘hören, horchen’ (561-67), refait l’histoire du verbe tedlar ‘écouter, écouter attentivement’ qu’elle met en relation avec l’histoire spécifique du rhétoroman et les significations particulières de ses synonymes: «Die Vermutung liegt nahe, dass dabei die Zugehörigkeit des Typus titulare zu einem sprechsprachlichen Register eine Rolle spielt» (567). L. Vanelli, Avverbi di luogo (deittici e anaforici) in italiano antico (569-80), offre une analyse systématique des adverbes de lieu déictiques - un «genere di avverbi, esemplificati dall’it. mod. qui/ qua, lì/ là, la cui interpretazione fa riferimento, in ogni loro occorrenza, alla posizione nello spazio dei partecipanti all’atto comunicativo» (569) - des points de vue diachronique et synchronique. Après une analyse détaillée des textes, elle constate que l’italien ancien possédait un système ternaire, utilisant trois formes adverbiales - quinci, linci et costinci - et qu’il possédait également des adverbes de lieu employés parallèlement aux adverbes déictiques avec une valeur anaphorique. P. Benicà se penche sur les Pronomi e complementatori (581-92) dans les dialectes septentrionaux de l’italien et leurs graphies anciennes. M. Pfister rend compte de La contribution de la lexicologie italienne au lexique non attesté du latin vulgaire (593-600). Il compare les étymons présents dans le REW et le LEI, et fait état des progrès apportés par ce dernier. L’analyse porte sur la lettre B. Un seul exemple suffit pour se faire une idée de l’importance du LEI pour la linguistique romane: «REW 916: balneum ‘Bad’, 2. *baneum/ LEI 4,939: balneum/ baneum; Meyer-Lübke avait bien vu que les formes des langues romanes: roum. baie (lat. banea), fr. bain, occit. a. banh, cat. bany, spagn. baño, port. banho, sardo (campid. a.) baniu remontent à une base baneum/ banea e non balneum. C’est pour cette raison qu’il a postulé *baneum. Or, après la découverte de baneum à Pompei . . . l’astérisque n’est plus nécessaire» (593). Dans d’autres cas, «des lemmas sans astérisques dans le REW . . . ne sont pas attestés en latin: *binare (REW 1108)» (599), des onomatopées «sans astérisque chez Meyer-Lübke sans être attestées en latin: p. ex. *bab (REW 852)» (593), des «étymons considérés comme germaniques dans REW . . ., classés comme prélatins dans le LEI: fränk. bukk (REW 1378)» et «des dérivés latins . . . présentés dans le LEI comme des lemmas à part : bracarius (REW 1252 s. v. braca)» (600). Le recueil s’achève avec les Considérations sur l’évolution sémantique du lat. mergere de M. Iliescu (601-06) qui souligne le fait qu’«à la différence des autres langues romanes, le roumain emploie pour le sens générique de ‘aller, se déplacer’, le mot neutre a merge dont l’étymologie incontestée est lat. mergere, ‘noyer, submerger, faire descendre dans l’eau’; fig. ‘faire descendre dans la malheur’» (602). Après avoir parcouru les principaux ouvrages des linguistique roumaine et romane afin de mieux percevoir le sens du mot latin en roumain, elle est persuadée que, dans ce cas précis, «le roumain est arrivé par un procédé cognitif de généralisation à un sens nouveau ‘aller’, se distançant ainsi d’autres langues romanes» (605). Cette argumentation est appuyée par une observation de Joszéf Herman qui soutient qu’on a sans doute affaire «à une phase entièrement nouvelle, celle des langues romanes distinctes du latin et distinctes entre elles» (606). Les contributions qui forment ce riche recueil illustrent très bien les intérêts scientifiques majeurs de Joszéf Herman: le Latin et les langues romanes. Adrian Chircu ★ 135 Besprechungen - Comptes rendus
