eJournals Vox Romanica 65/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2006
651 Kristol De Stefani

Lorenza Mondada, Chercheurs en interaction. Comment émergent les savoirs, Lausanne (Presses polytechniques et universitaires romandes) 2005, 142 p.

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2006
Pia  Stalder
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Lorenza Mondada, Chercheurs en interaction. Comment émergent les savoirs, Lausanne (Presses polytechniques et universitaires romandes) 2005, 142 p. Dans ce livre, issu d’une recherche commencée en 1997, Lorenza Mondada s’intéresse aux manières dont le savoir est élaboré dans des équipes de recherche scientifique. L’auteur privilégie dans son approche l’articulation entre la nouvelle sociologie des sciences et la linguistique interactionnelle venant de l’analyse conversationnelle d’origine ethnométhodologique. L’ouvrage, de format pratique, se distingue non seulement par la prise en compte des dimensions internationales et interdisciplinaires qui affectent aujourd’hui un nombre croissant de contextes professionnels, mais aussi par le bon équilibre entre théorie et application. En effet, dès les premières pages, l’auteur propose des discussions de cas concrets, c’est-à-dire des transcriptions d’extraits de réunions résultant d’enregistrements audio et vidéo. L’ouvrage comporte six chapitres dont le premier fournit non seulement le cadre théorique, mais aussi une «mentalité analytique» particulière - et indispensable - qui consiste en l’examen des pratiques scientifiques in situ, telles qu’elles se déploient dans leurs contextes ordinaires de production. L’étude de l’organisation des interactions dans les réunions de travail est au centre du deuxième chapitre. L’auteur examine différents modes de participation des intervenants et diverses catégories d’appartenance (comme «modérateur», «orateur» ou «expert») qui rendent légitimes les interventions de ceux-ci. Dans le troisième chapitre, Mondada s’intéresse aux procédés interactionnels par lesquels un objet de discours est proposé dans un premier tour de parole pour être ensuite transformé dans les tours suivants. Elle montre que la dynamique des accords et des désaccords est constitutive du travail scientifique et que celle-ci se situe effectivement au cœur de processus au fil desquels non seulement les objets se transforment, mais également le langage qui sert à en parler. Le quatrième chapitre porte sur le côté de plus en plus international des pratiques scientifiques qui demeurent - comme le souligne Mondada - largement plurilingues, malgré l’omniprésence fictive de l’anglais. Tout d’abord, l’auteur fait le constat d’une grande diversité de modèles de gestion d’équipes plurilingues. Elle montre ensuite que les choix de langue dans les équipes plurilingues sont loin d’être effectués une fois pour toutes: ils sont constamment renégociés dans les interactions. Aussi retient-elle que le plurilinguisme peut être ressenti soit comme facteur négatif (ralentissement ou complication des interactions), soit comme facteur positif (amélioration de l’intégration des participants ou diversification des points de vue). Elle se demande finalement si les discussions scientifiques plurilingues déclenchent une forme particulière de collaboration. Ses analyses rendent manifeste que, effectivement, dans les équipes internationales où les chercheurs discutent en plusieurs langues, les objets de savoir sont enrichis et différenciés par le recours à des ressources linguistiques plurielles. Malgré le fait que la parole joue un rôle fondamental dans les interactions, elle n’est pas la seule ressource disponible. L’interaction s’organise également à travers l’exploitation de «ressources multimodales», telles que les gestes, la disposition des corps dans l’espace ou le recours à des artefacts variés (textes, cartes ou croquis). Cette thématique est abordée dans la cinquième partie de l’ouvrage où Mondada propose des analyses de deux cas de manipulation de documents - la production collective d’arguments écrits d’une part et la production d’un discours oral à partir d’un texte écrit d’autre part. Le sixième et dernier chapitre résume non seulement le parcours qu’a effectué Mondada à travers les cinq chapitres précédents, mais aussi les quatre dimensions qu’elle considè- 162 Besprechungen - Comptes rendus re comme fondamentales pour l’organisation des pratiques scientifiques. Ces dimensions, qu’elle a fait «émerger» au cours de son parcours, sont les suivantes: l’organisation des discussions dans les séances de travail, les modes d’élaboration collective des objets de savoir, la gestion des groupes plurilingues, l’imbrication de la parole et des objets dans les activités de recherche. Mondada atteint incontestablement l’objectif qu’elle s’est fixé pour ce livre: introduire le lecteur - appartenant au monde de la recherche ou au grand public - «à une vision contemporaine de la science telle qu’elle peut être observée tous les jours dans les échanges entre chercheurs et experts» (10). Pia Stalder ★ Laurent Filliettaz/ Jean-Paul Bronckart (ed.), L’analyse des actions et des discours en situation de travail. Concepts, méthodes et applications, Louvain-la-Neuve (Peeters) 2005, 264 p. Le présent ouvrage se distingue par son interdisciplinarité. Il réunit des contributions de chercheurs dans les domaines de la psychologie du travail, de la didactique professionnelle, de l’ethnométhodologie, de la linguistique interactionnelle ou de l’analyse du discours autour d’un champ thématique complexe: celui de l’action et du discours dans le contexte professionnel. Le dénominateur commun de ces études se résume dans la volonté de favoriser, au moyen de réflexions approfondies, les discussions méthodologiques, les observations et descriptions des actions et discours en situation professionnelle, ainsi que la connaissance et la compréhension meilleures du travail humain. Néanmoins, dans certains articles, cet objectif se trouve un tant soit peu brouillé par le fait que les auteurs débattent surtout de questions conceptuelles, sans accorder par la suite une juste part à leur application, ce qui faciliterait une re-considération et re-contextualisation des concepts après la lecture de ces travaux. Le livre est organisé en quatre sections dont chacune réunit trois contributions. La première partie traite le statut du langage dans les méthodes d’analyse du travail. Josiane Boutet aborde dans son article la notion de «genre de discours», entendue comme «un niveau intermédiaire entre langue et discours», et analyse des propriétés qui constituent le langage au travail comme genre professionnel. Les contributions d’Yves Clot et de Katia Kostulski s’inscrivent dans le domaine de la psychologie du travail. Yves Clot réexamine en détail la théorie bakhtinienne du dialogue en vue de montrer qu’elle renferme des éléments-clés pour la compréhension des enjeux et des mécanismes à l’œuvre dans les dispositifs de co-analyse du travail que sont l’autoconfrontation simple et croisée. Katia Kostulski s’interroge sur la façon dont l’interaction peut être définie dans un modèle ancré en psychologie, de même que sur les rapports de l’interaction conversationnelle avec l’action. Cette première partie, fort dense en discussions de concepts théoriques, est suivie d’une deuxième section qui est consacrée à l’analyse des activités de services - conseils et gestes - dans divers cadres professionnels. Le travail de Marie Carcassonne et de Laurence Servel a pour objectif une meilleure compréhension de l’activité de Techniciens Conseils, moyennant une analyse de corpus croisant discours sur soi et discours en interaction, en d’autres termes une analyse des rôles représentés et des rôles joués. Cette étude convainc non seulement par son développement théorique succinct qui est ancré en linguistique et en sociologie - la notion de rôle se présentant aux auteurs comme un point d’articulation entre les deux disciplines -, mais aussi par sa méthodologie claire et logique, laquelle mène 163 Besprechungen - Comptes rendus