eJournals Vox Romanica 65/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2006
651 Kristol De Stefani

Laurent Filliettaz/Jean-Paul Bronckart (ed.), L’analyse des actions et des discours en situation de travail. Concepts, méthodes et applications, Louvain-la-Neuve (Peeters) 2005, 264 p.

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2006
Pia  Stalder
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re comme fondamentales pour l’organisation des pratiques scientifiques. Ces dimensions, qu’elle a fait «émerger» au cours de son parcours, sont les suivantes: l’organisation des discussions dans les séances de travail, les modes d’élaboration collective des objets de savoir, la gestion des groupes plurilingues, l’imbrication de la parole et des objets dans les activités de recherche. Mondada atteint incontestablement l’objectif qu’elle s’est fixé pour ce livre: introduire le lecteur - appartenant au monde de la recherche ou au grand public - «à une vision contemporaine de la science telle qu’elle peut être observée tous les jours dans les échanges entre chercheurs et experts» (10). Pia Stalder ★ Laurent Filliettaz/ Jean-Paul Bronckart (ed.), L’analyse des actions et des discours en situation de travail. Concepts, méthodes et applications, Louvain-la-Neuve (Peeters) 2005, 264 p. Le présent ouvrage se distingue par son interdisciplinarité. Il réunit des contributions de chercheurs dans les domaines de la psychologie du travail, de la didactique professionnelle, de l’ethnométhodologie, de la linguistique interactionnelle ou de l’analyse du discours autour d’un champ thématique complexe: celui de l’action et du discours dans le contexte professionnel. Le dénominateur commun de ces études se résume dans la volonté de favoriser, au moyen de réflexions approfondies, les discussions méthodologiques, les observations et descriptions des actions et discours en situation professionnelle, ainsi que la connaissance et la compréhension meilleures du travail humain. Néanmoins, dans certains articles, cet objectif se trouve un tant soit peu brouillé par le fait que les auteurs débattent surtout de questions conceptuelles, sans accorder par la suite une juste part à leur application, ce qui faciliterait une re-considération et re-contextualisation des concepts après la lecture de ces travaux. Le livre est organisé en quatre sections dont chacune réunit trois contributions. La première partie traite le statut du langage dans les méthodes d’analyse du travail. Josiane Boutet aborde dans son article la notion de «genre de discours», entendue comme «un niveau intermédiaire entre langue et discours», et analyse des propriétés qui constituent le langage au travail comme genre professionnel. Les contributions d’Yves Clot et de Katia Kostulski s’inscrivent dans le domaine de la psychologie du travail. Yves Clot réexamine en détail la théorie bakhtinienne du dialogue en vue de montrer qu’elle renferme des éléments-clés pour la compréhension des enjeux et des mécanismes à l’œuvre dans les dispositifs de co-analyse du travail que sont l’autoconfrontation simple et croisée. Katia Kostulski s’interroge sur la façon dont l’interaction peut être définie dans un modèle ancré en psychologie, de même que sur les rapports de l’interaction conversationnelle avec l’action. Cette première partie, fort dense en discussions de concepts théoriques, est suivie d’une deuxième section qui est consacrée à l’analyse des activités de services - conseils et gestes - dans divers cadres professionnels. Le travail de Marie Carcassonne et de Laurence Servel a pour objectif une meilleure compréhension de l’activité de Techniciens Conseils, moyennant une analyse de corpus croisant discours sur soi et discours en interaction, en d’autres termes une analyse des rôles représentés et des rôles joués. Cette étude convainc non seulement par son développement théorique succinct qui est ancré en linguistique et en sociologie - la notion de rôle se présentant aux auteurs comme un point d’articulation entre les deux disciplines -, mais aussi par sa méthodologie claire et logique, laquelle mène 163 Besprechungen - Comptes rendus à des résultats pertinents qui prennent en compte la dimension institutionnelle et les processus de construction identitaire des agents. Patrick Mayen et Antonietta Specogna s’intéressent à la manière dont la forme d’activité professionnelle de conseil évolue et comment cette évolution s’accomplit dans la coactivité des conseillers et de leurs clients. Mayen et Specogna explorent les différences entre les deux formes du conseil que sont le «conseil disant ce qu’il faut faire» - considéré comme modèle historique ancien et inadapté, et la «co-construction d’une solution personnalisée» - correspondant à la forme en devenir, autrement dit à la forme d’expertise à construire. Outre l’analyse d’une séquence d’interactions verbales d’un entretien de conseil, les auteurs proposent dans leur travail une modélisation intéressante des principaux éléments organisateurs de l’activité de conseil, selon ses formes actuelle et en devenir. Isabelle Dumas étudie quant à elle l’interdépendance des actes de langage et des gestes praxiques dans les interactions de commerce et de service. La première et principale partie de sa contribution est consacrée à l’examen des formulations directes et indirectes de requêtes, ainsi qu’aux modes de délivrance des biens. Dans la deuxième partie de l’article, Dumas donne un aperçu des éléments verbaux et non-verbaux en jeu lors d’un échange autour du paiement. Au cœur de l’ouvrage se trouvent les contributions de Lorenza Mondada, de Laurent Filliettaz, d’Anne Condamines et Pascale Vergely. Cette troisième partie est centrée sur la coordination, la prise de décision et l’expertise dans les interactions spécialisées. Les articles portent sur des pratiques professionnelles qui se caractérisent par un haut degré d’interactivité et par l’importance cruciale qu’y jouent des objets techniques ou des artefacts. Lorenza Mondada consacre son article aux procédures de co-conception d’une exposition lors d’une réunion de travail. Conformément à ses autres travaux, sa perspective est inspirée de l’ethnométhodologie et de l’analyse conversationnelle. Moyennant une démonstration pertinente qui est non seulement commentée verbalement, mais aussi documentée visuellement, Mondada met en évidence les processus d’émergence, d’acceptation ou de rejet, de stabilisation ou d’abandon de propositions, ainsi que les ressources multimodales - à savoir les gestes, les manipulations et les constitutions locales d’objets (textes, croquis ou maquettes) - mobilisées et configurées au fil de ces processus. Le travail de Laurent Filliettaz se propose de contribuer au développement des théories de l’interaction par l’étude d’une situation de travail en milieu industriel. L’auteur souligne l’importance de prendre en compte pour l’analyse des activités en situation de travail les spécificités des échanges polylogaux, la polyfocalisation de l’action et ainsi le fait que la parole ne peut plus être conçue comme centrée sur une tâche unique. Dans son analyse - illustrée et présentée d’une manière convaincante (transcriptions, photos, graphiques) - Filliettaz démontre l’imbrication des mécanismes langagiers dans les environnements matériels et les activités qui y sont en jeu. Cette imbrication est selon lui la preuve qu’il convient d’abandonner au niveau des modèles du discours une vision verbocentrique de la communication «pour prendre au sérieux la complexité des questions qui se posent lorsqu’on cherche à rendre compte de la dimension praxéologique de l’usage du langage» (173). Pour leur part, Anne Condamines et Pascale Vergely traitent du champ professionnel de la navigation aérienne. Elles proposent une analyse portant sur un corpus de communications téléphoniques ayant trait au dysfonctionnement technique d’un des outils de contrôle. Leur but est d’élaborer une grammaire de l’Expression du Dysfonctionnement Technique (EDT), moyennant une recherche et un examen des régularités de fonctionnement linguistique dans leur corpus de dialogues «opératifs». La quatrième et dernière partie de l’ouvrage concerne les actions et les discours à l’œuvre dans deux types de situations de formation: l’enseignement scolaire et la formation professionnelle d’adultes. L’étude d’Ingrid de Saint-Georges porte sur des réunions d’évalua- 164 Besprechungen - Comptes rendus tion du travail de jeunes stagiaires dans un centre de formation. L’objet de son article est d’examiner des discours qui portent sur des «situations à venir» d’une part et sur les négociations engagées au cours de ces réunions d’autre part. Outre le langage clair de la contribution - malgré le fait qu’il s’agit d’une traduction - et le bon équilibre entre théorie et application, ce travail est particulièrement porteur parce qu’il prend en compte l’identité et les appartenances multiples de l’individu, ainsi que les systèmes de représentations pluriels en jeu dans les interactions, professionnelles ou non. Jean-Paul Bronckart et Anna Rachel Machado proposent une analyse comparative de documents éducatifs brésiliens et genevois. Ils montrent comment l’étude des situations d’actions et des propriétés discursives de certaines composantes de leur corpus permet de mettre en évidence des modalités différentes de saisie de l’agir. L’article d’Itziar Plazaola Giger et de Janette Friedrich porte sur des entretiens semi-directifs conduits entre des chercheurs et des enseignants-formateurs après une leçon filmée. Elles s’intéressent à la manière dont les agents mettent les actions en mot dans leurs discours et, plus particulièrement, aux commentaires qui rompent la linéarisation de ces rétrospectives sur l’agir. En guise de conclusion, soulignons que l’ouvrage tient ce que promet son titre. Il offre effectivement une panoplie intéressante de concepts, méthodes et applications. Néanmoins, cette offre a aussi son prix: une fatigue de lecture qui résulte non pas du contenu des articles, mais de la typographie de l’ouvrage imprimé en caractères trop petits que les efforts illustratifs - graphiques, tableaux, photos - de certains auteurs n’arrivent pas à désamorcer. Pia Stalder ★ Wolfgang Eichenhofer, Die Stellung der Nomen-Nomen-Komposita in Rumantsch Grischun zwischen Deutsch und Italienisch, Tübingen/ Basel (Francke) 2005, 176 p. In seiner Tätigkeit als Redaktor der Neuauflage des Pledari sutsilvan - tudestg, Wörterbuch deutsch - sutsilvan (Chur 2002), sah sich Eichenhofer u. a. mit der Schwierigkeit konfrontiert, für Nominalkomposita des Deutschen sutselvische Entsprechungen finden zu müssen. Es gab keine Untersuchungen in diesem Bereich, auf die er z. B. hinsichtlich Gebrauch der Junktoren oder adjektivischer Attribute hätte zurückgreifen können. Hingegen stiess er bei der Konsultation anderer Rätoromanisch-Wörterbücher auf nicht wenige Äquivalente, die sich beim Zurückübersetzen ins Deutsche als «kaum akzeptabel» erwiesen (7). Eichenhofer zitiert dazu als Beispiel einen Beleg aus dem Deutsch-Surselvischen Wörterbuch von 1981 1 : Lackschuh calzer da lac, der, übersetze man ihn zurück ins Deutsche: ‘Schuh von/ aus Lack’ laute, was angesichts der Tatsache, dass ‘Lackschuh’ einen ‘Schuh aus Lackleder’ bezeichne, im Rätoromanischen «falsch wiedergegeben» worden sei (7) 2 . Diese «kaum akzeptable» Bildung finde sich als chalzer da lac auch in den Materialien des Rumantsch Grischun (= rg = vereinheitlichte bündnerromanische Schreibnorm). Und diese Datenbank rg 1998 3 übe die Funktion einer Vorlage für die Wörterbücher der rätoromanischen Idiome (regionale Schreibnormen) aus (9), so dass eine aus einer Schreibnorm ins rg übernommene «unakzeptable» Bildung auf alle Schreibnormen übertragen werde. 165 Besprechungen - Comptes rendus 1 Ramun Vieli/ Alexi Decurtins, Vocabulari romontsch, Deutsch - Sursilvan, Cuera 1981. 2 An sich ist auch denkbar, dass calzer da lac eine Verkürzung aus calzer da curom da lac ist. 3 Pledari Grond - digitalisierte Version, Red. div., Cuira 1998.