eJournals Vox Romanica 65/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2006
651 Kristol De Stefani

Noboru Harano, Vocabulaire de l’ancien français. Actes du Colloque de Hiroshima du 26 au 27 mars 2004, Hiroshima (Keisuisha) 20051, 187 p.

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2006
Frankwalt  Möhren
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d’œuvres médiévales témoignent non seulement de l’érudition du critique, mais offrent des rapprochements suggestifs, propices à de futures investigations. L’ensemble est complété par une riche bibliographie (qui s’arrête à l’année 2000) et un index nominum et rerum fort utile. Remercions Friedrich Wolfzettel de mettre à notre disposition ce recueil aussi riche que stimulant, un modèle aussi par la volonté de toujours discuter (avec) la critique, de se situer au sein du débat scientifique! Jean-Claude Mühlethaler ★ Noboru Harano, Vocabulaire de l’ancien français. Actes du Colloque de Hiroshima du 26 au 27 mars 2004, Hiroshima (Keisuisha) 2005 1 , 187 p. Le respect dont témoignent nos collègues japonais à l’égard des fruits de l’esprit humain en général et des sciences humaines en particulier devient tangible lorsqu’on tient en main ce petit volume d’actes: belle reliure à dos brisé, beau papier durable, belle impression, signet fixe de soie dont la couleur bronze rehausse le bleu de la toile. Quel contraste avec les pauvres plaquettes moins bien confectionnées que l’annuaire des téléphones et que l’on croit suffisantes dans nos contrées pour contenir nos efforts en philologie. Par politesse, on a placé en tête du volume une contribution de M. Zink, intitulée «Dénaturer» (5-20). Celui-ci part de l’observation que afr. mfr. nature ne désigne pas la (belle) nature, mais la ‘puissance génératrice et régulatrice de l’univers’ et le ‘caractère inné (de qn. ou de qch.) appelé à se développer et essence dynamique’, et où «l’idée du changement est toujours essentielle» (8), et finit par analyser les sens de desnaturer ‘changer la nature’ [dans le sens précité]. Le verbe desnaturer paraît toujours être péjoratif en afr. 2 , mfr. et occ., sauf dans une chanson de Bernard de Ventadour (P. C. 70, 44, 2) où le sens serait positif: Tant ai mo cor ple de joya Tot me desnatura: Flor blancha, vermelh’ e groya Me par la frejura . . . 3 (12). L’analyse du passage est fine, mais il ne semble pas nécessaire de conférer au verbe un sens inhabituel: c’est l’amour et ses répercussions qui sont positifs, mais la dénaturation des sens de l’enflammé reste négative; au contraire, une tension supplémentaire bénéfique semble se glisser dans la chanson. [Dans un exemple tiré de EvrartContyEchH desnaturer serait un «doublet» d’entosiquer: c’est un emploi insolite de doublet et les deux verbes ne semblent pas s’associer pour décrire un même phénomène (9).] Y.-H. Yi, «Et Gieffroy le suit l’espee traicte: constructions prédicatives adjointes avec participe parfait en français médiéval» (21-37), nomme à nouveau une construction assez courante en afr. qui a déjà reçu une douzaine de dénominations («complément absolu», Grevisse 1986, etc. (22)). Yi ne pense pas que cette construction dérive de l’ablatif latin (Meyer-Lübke), mais qu’il s’agit plutôt d’une création romane (avec S. Lyer). La construction est toujours composée d’un participe passé dépendant d’un sujet et le complément du participe. Un dépouillement sert à analyser la fonction discursive des tours (28) et à procéder à une classification. A. Yokoyama, «Le verbe voir chez Robert de Boron - le témoignage oculaire et la création liturgique du roman» (39-64) essaie de donner au verbe voir des interprétations pour ainsi dire métaphysiques. Il faut se demander si l’on peut traiter à la fois les sens d’un verbe (voir) et la fonction du voir dans un texte témoin. L’une ou l’autre phrase nous laisse per- 210 Besprechungen - Comptes rendus 1 Sigle du DEAF: ActesHiroshimaVoc. 2 L’attestation tirée de Vat. Chr. 1490 (v. n. 8) se lit dans PerrinS II 1: 205. 3 Cité selon la reconstruction critique d’Appel. plexe (40, 2-4). L’interprétation de sivoit (50) correspond à Icist si vit Jesu en plusors leus, SGraalIIIJostO l. 41. H. Takiguchi, «La voix évoquant Dieu: Dieu, le fils Marie - Une étude informatique des textes médiévaux» (65-74), part de corpus informatisés, notamment le Corpus de la littérature médiévale de la maison Champion qui, malgré sa modernité technique (CD-ROM), contient des éditions en bonne partie supplantées: une source d’erreurs; aussi apprécie-t-on l’ajout: «efficacité, peut-être» de H. T. (65) qui relativise ainsi la valeur de sa base de travail. Du scrutin de 786 exemples est distillé le résultat que la formule Dieu, le fils Marie est invoquée en premier lieu pour appeler à l’aide contre les dangers de la vie. Y a-t-il dans la densité des attestations un rapport avec la progression du culte de la Vierge depuis le xii e siècle (son titre de Mère Dieu a été entériné en 431; son ascension est devenue dogme en 1950 seulement)? Était-il clair que Dieu, dans la formule, désigne Jésus (68)? S. Suzuki, «Sur le mot plait» (75-85), signale surtout la complexité du terme. N. Seto, «Li vus que Nicodemus fist: saint Vout et saint Genet» (87-116), étudie les sens et emplois du mot vout ‘visage’. Le Saint Vout de Luques (légende de Nicodème) y est rappelé et une attestation de vos de cire (pl.) est citée (Pères59L 29264) pour appuyer la définition ‘Votivbild [ex-voto]’ de TL (une seule attestation); l’argument suivant que ces vos seraient des représentations du Christ est corroboré par CristalB 468 saint volt (= effigie du Christ): à étayer (cf. la note 23! ). L’essai d’expliquer le rapport entre le (saint) vout et le vout de cire (109s.) est sans doute à placer au deuxième rang: il faut partir du sens premier, ‘visage’, d’où dérivent (a) ‘effigie (du Christ)’ et (b) ‘effigie (de qn, faite de cire, servant dans certaines pratiques magiques)’, quitte à prouver qu’il y a eu des rapprochements secondaires. T. Matsumura, «La Somme des offices de Jean Beleth: notes lexicographiques» (117-51), par un vibrant appel, nous invite à quitter les sentiers battus et à créer du neuf. Pour s’orienter il recommande trois outils: Gdf (à relire), la Romania (les premières trois douzaines de volumes à travailler) et la Bibliographie du DEAF (à consulter aisément - version imprimée et électronique); il donne l’exemple à suivre par son édition de la Somme. La discussion des riches exemples fournis déploie l’arsenal dont dispose le lexicographe pour ne pas seulement entasser des matériaux plus ou moins sûrs, mais pour vraiment progresser: c’est la critique des sources primaires (éditions), secondaires (études) et tertiaires (dictionnaires compilatifs), puis leur amélioration en partant des attestations nouvelles. Le lecteur modeste sera le plus épaté par des antidatations de plusieurs siècles (secrete f. «oraison que le prêtre dit tout bas à la messe, immédiatement avant la préface», jusqu’alors attesté depuis Rich 1680, s’avère ancien: 1 er q. xiii e s. JBelethOff 1 M o ). [Note 16: Li 3,1276b documente «xv e s.» par Desch, 3 e t. xiv e s.] H. Matsubara, «Sur le choix du manuscrit de base - le cas du Lai de l’Oiselet» (153-70), reprend son étude stemmatique des cinq manuscrits de l’Oiselet. En fait, il semble pencher pour le sixième manuscrit: «L’habileté de Gaston Paris est admirable. Son texte peut être plus près de l’original perdu. Il a fait un travail d’un sixième scribe, très intelligent et d’une dextérité extrême» (165). Mais finalement, il trouve, de façon salomonique, du bien dans les manuscrits C, E et A: à quoi ressemblera l’édition établie sur ces prémisses? N. Fukumoto, «Remarques sur l’expression Tant conme hante li dura» (171-80), trouve à cette expression, devenue cheville, l’équivalent de «de toute la force de sa lance» qui va en effet dans les traductions des contextes cités. N. Harano, «Sur le mot croerre» (181-87), a raison de préférer pour le mot poudriere (RengF 2 1270) le sens retenu par Tilander, Roques et Henry (contre d’autres qui s’aventurent par ex. en définissant ‘tas de fumier’), bien que ‘accumulation de poussière’ serait encore mieux. Également pour raiere du vers précédant il a bien fait de suivre A. Henry: c’est ‘ornière’ (qui, dans le texte, s’est particulièrement creusée entre les deux poteaux mention- 211 Besprechungen - Comptes rendus nés entre lesquels passe une sente, et où la poudriere s’est formée). Le mot croerre est la variante de raiere dans le ms. C (M: croere). Son rattachement à la famille de cr è ta ‘craie’ est convaincant, les sens qu’atteste l’article du FEW paraissent suffisamment larges; le détour par des coquilles concassées n’est pas nécessaire (croiere ‘terrain au sol crayeux’ etc., dès 1379, FEW 2,2,1330b, vient de Gdf 2,377a). La qualité stylistique et typographique est inégale. Le tout témoigne de la vie de la philologie au sein de l’université japonaise. Frankwalt Möhren ★ Ulrike Bethlehem, Guinevere: A Medieval Puzzle. Images of Arthur’s Queen in the Medieval Literature of England and France, Heidelberg (Winter) 2005, 441 p. As the title suggests, the present study offers an overview of the changing depictions of Guinevere in Arthurian literature from the Middle Ages. Its aim, according to the author, is «to investigate the queen’s characterization in the medieval Arthuriana of England and France, and further to look into her function in the contexts of the individual texts as well as the development of Arthurian literature as a whole» (4). The volume is divided into ten chapters, which include an introduction, complete with a summary of the state of research on the characterization of Guinevere, and a lengthy bibliography. The primary divisions of the literary works are as follows: chronicles and bruts, the Anglo-Norman and Old French romances, and the English romances. Each analytical chapter is followed by what Bethlehem refers to as «a retrospective summary» of key points made in those chapters. In addition, the study includes numerous charts and illustrations. Bethlehem’s textual analysis spans the entire medieval tradition, beginning with Geoffrey of Monmouth’s Historia Regum Britanniae (ca. 1136) where Guinevere is first mentioned and where her character takes shape, and ending with Malory’s Le Morte Darthur (1470). For each work discussed, the author offers background information and situates the texts within the larger framework of Arthurian literature, which is particularly useful for the lesser known works with which readers might not be familiar. Bethlehem then examines each author’s presentation of Guinevere, in an effort to «look beyond the ‹adulterous but barren queen›, concentrating on close scrutiny and detailed analysis of the individual texts, with an eye on their respective contexts and interdependence» (5). The first category of literature, chronicles and bruts, consists of twelve texts, including (along with Historia Regum Britanniae) Wace’s Roman de Brut, which «enhances the traditional image [of the queen], adding accomplishments while ousting Geoffrey’s fairy-tale hyperbole» (54), Layamon’s Brut, where we find a «counter-image to Wace’s queen» (65), Thomas Castleford’s Chronicum Britannicum, presenting Guinevere as «equal to the king» (81), and John Hardyng’s Chronicle from the Firste Begynnyng of Englande, casting Guinevere «in the mould of classical examples such as Helen of Troy» (100). Following Bethlehem’s discussion of these works and the remaining seven in this category is the first retrospective summary, which asks the question »Is there a chronicle tradition? » and points out both tendencies and differences among the various portraits of the queen in the chronicles. More extensive is the volume’s second category of literature, the Anglo-Norman and Old French romances, consisting of 29 narratives. In addition to the obvious choices, such as Chrétien deTroyes’s five romances, the Perceval Continuations, the Vulgate Cycle, and the Prose Tristan, Bethlehem also analyzes the depiction of the queen in more obscure works, including Robert Biket’s Lai du Cor, Le Chevalier à l’Épée, La Mule saunz Frain, Durmart le Galois, Gliglois, Floriant et Florete, and Claris et Laris, among others. This vast array of 212 Besprechungen - Comptes rendus