Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2006
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Kristol De StefaniDavid Trotter, Albucasis: Traitier de Cyrurgie. Édition de la traduction en ancien français de la chirurgie d’Abü’l Qñsim H ˘ alaf Ibn ‘Abbñs al-Zahrñwì du manuscrit BNF, français 1318, Tübingen (Niemeyer) 2005,X+310 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 325)
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2006
Solange Lemaître-Provost
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David Trotter, Albucasis: Traitier de Cyrurgie. Édition de la traduction en ancien français de la chirurgie d’Abü’l Qñsim H˘ alaf Ibn ‘Abbñs al-Zahrñwì du manuscrit BNF, français 1318, Tübingen (Niemeyer) 2005, X + 310 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 325) Cette édition est bien construite et le style de l’éditeur est concis. Son introduction (1-48) est très élaborée: l’historique du texte et sa transmission; la description des manuscrits français de la Chirurgie et l’autorité du manuscrit de la Bibliothèque Nationale de France français 1318; l’histoire de la chirurgie en Lorraine; et l’analyse de la langue du texte. Ce dernier point occupe la majeure partie de l’introduction à l’édition (9-47) et se subdivise ainsi: le lexique, les analyses quantitatives et sémantiques du lexique, la qualité de la traduction, la localisation du texte, la phonologie/ graphie et la morphologie. Cette section se consacre principalement à la thèse de l’attribution lorraine non seulement du manuscrit, mais également du texte dans sa version française. Les divers éléments constituant le lexique scientifique sont divisés par thèmes et subdivisés par origines (arabe, latin ou gréco-latin et vernaculaire). La distribution des mots montre qu’«en dépit de l’importance du vocabulaire savant (arabe ou latin), la part du vocabulaire français, ou du moins francisé, est frappante». (15) Ainsi: «La cohabitation dans un même texte, lui-même traduit du latin, d’une part, d’une couche de vocabulaire qui n’est autre que l’emploi au sens médical du vocabulaire courant de l’ancien français, et d’autre part, d’un élément savant important constitué par des arabismes et des latinismes, est un phénomène qui éclaircit à la fois la fonction des latinismes, et l’histoire de la langue vernaculaire qui les remplace par ses propres créations.» (15) Concernant la traduction, la coexistence du vocabulaire à la fois arabisé, latinisé et possédant des éléments régionaux ne témoigne pas d’une négligence du traducteur mais plutôt de sa considération «comme un acquis de la transmission textuelle» (17) et d’«un certain éclectisme dans ses choix lexicaux» (17). D’autre part, si l’on se fie à la tradition latine, la traduction semble avoir été réalisée minutieusement, mises à part quelques rares phrases, précisées par Trotter. C’est à la section sur la localisation du texte (20-45) que l’auteur détaillera le plus sa réflexion. Puisque les frontières dialectales n’étaient pas définies de manière absolue, certaines formes régionales en côtoyaient d’autres ce qui rend d’autant plus difficile la localisation. Dans son analyse phonologique et graphique, étayée par de nombreuses références et exemples textuels, l’auteur examine de manière détaillée (28-40) les traits linguistiques lorrains du manuscrit. Ce sont cependant les éléments lexicaux qui fourniront le plus de certitudes sur la provenance du texte par la présentation de mots attestés uniquement dans la région de l’Est ou dont le sens est limité à cette zone géographique. En conclusion, l’examen des traits graphiques, morphologiques et surtout lexicaux indiquerait bien une provenance lorraine. Le principal reproche que l’on pourrait adresser à cette édition est le manque d’explications concernant les principes d’édition (47). Trotter justifie brièvement son approche diplomatique par le fait que le texte provienne d’un manuscrit unique et qu’il soit nécessaire de lui rester fidèle sans y apporter de corrections afin de permettre au lecteur de reconstituer le texte original. Nous regrettons surtout de n’y voir aucune référence concrète à une étude à ce sujet. Il en va de même pour la bibliographie (49-64) où l’on s’étonne de ne pas voir plus d’un titre concernant la théorie de l’édition, ce qui pourrait porter à croire que l’éditeur n’a consulté que des manuels de langue en négligeant la méthodologie. La bibliographie est tout de même très complète et savante, bien qu’elle aurait gagné à être subdivisée par thèmes afin d’en faciliter la consultation. 217 Besprechungen - Comptes rendus L’édition en tant que telle (65-208) est une édition diplomatique interprétative; les abréviations résolues sont indiquées par le soulignement, l’emplacement des illustrations entre crochets, les modifications aux majuscules ou minuscules présentes dans le manuscrit, de nombreux commentaires codicologiques sont insérés en bas de page, etc. Dans l’ensemble, sa présentation est soignée et irréprochable. Le glossaire (209-310) se veut d’abord lexicologique et lexicographique et remplit parfaitement son rôle par des renvois aux dictionnaires d’usage, à des sources littéraires et à des ouvrages de références consacrés à d’autres langues romanes. La volonté de l’éditeur est clairement exposée: «Notre édition est suivie d’un glossaire assez volumineux et dont le but sans doute optimiste est non seulement d’éclaircir le texte lui-même, mais bien d’offrir une sorte de panorama du vocabulaire de celui-ci, et surtout du point de vue historique et chronologique.» (10) De plus, les «catégories de mots particulièrement intéressantes» (210) telles que les hapax, les régionalismes et les premières attestations sont bien identifiées par des signes distinctifs. Par son exhaustivité et sa précision, le glossaire constitue à notre avis la force majeure et le principal intérêt de cette édition pour la communauté scientifique. Solange Lemaître-Provost ★ Susanna Bliggenstorfer, Eustache Deschamps. Aspects poétiques et satiriques, Tübingen und Basel (Francke) 2005, 327 p. (Romanica Helvetica 125) En 1996, Karin Becker (Eustache Deschamps. L’état actuel de la recherche) pouvait constater un regain d’intérêt pour le poète champenois. Le mouvement s’est confirmé au cours de la dernière décennie: cet auteur qui, comme Alain Chartier, a longtemps souffert de l’engouement de la critique pour Christine de Pizan, a désormais sa «société» et a fait l’objet de plusieurs colloques. Avec la thèse de Thierry Lassabatère (La Cité des hommes: la vision politique d’Eustache Deschamps, Lille 2002) et, aujourd’hui, avec l’étude de Susanna Bliggenstorfer, ce renouveau trouve un premier aboutissement. Le sérieux d’Eustache Deschamps. Aspects poétiques et satiriques, ne fait pas l’ombre d’un doute. Pour sa recherche, l’auteure a informatisé toute l’œuvre de Deschamps, telle «qu’elle se présente dans le manuscrit BNF, fr. 840» (3), créant une fiche pour chaque pièce; corollaire bienvenu de ce travail de bénédictin, les principaux textes étudiés sont réédités en annexe (275-305). Comme l’annonce le titre, l’ouvrage comporte deux volets: la première partie (23-171: Analyses des textes) se penche sur les mécanismes du discours satirique dans le Lai de Vaillance et le Lai de franchise ainsi que dans les chants royaux et les ballades en se basant sur les définitions de la satire élaborées notamment par Udo Kindermann, Marc-René Jung, Klaus Schwind et Jean-Claude Mühlethaler: on aurait pu (dû? ) ajouter la contribution écrite par Eva Kushner («L’Esprit satirique et le développement de la satire», in L’Époque de la Renaissance, 1400-1600 Budapest 1988), dans laquelle Deschamps n’est pas oublié. La seconde partie (173-254: Analyses des procédés de la satire) est consacrée, dans un premier temps, à l’étude des aspects métriques saisis dans leur relation avec le contenu satirique, puis, dans un second temps, à l’analyse de l’utilisation faite par le poète, toujours à des fins satiriques, de l’allégorie, de la métaphore, des proverbes et des locutions. Travail de recherche fouillé, au plus près des textes, le livre de Susanna Bliggenstorfer ne se lit pas d’une traite. Ce n’est pas là un reproche: le caractère fragmentaire du recueil lyrique se répercute nécessairement sur un travail en adéquation avec son objet. Il faut se concentrer sur des pages choisies en se servant de l’Index des pièces citées, des noms propres, des thèmes et des expressions figurées (318-27), se référant par exemple aux entrées 218 Besprechungen - Comptes rendus
