eJournals Vox Romanica 65/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2006
651 Kristol De Stefani

Ursula Bähler, Gaston Paris et la Philologie romane.Avec une réimpression de la Bibliographie des travaux de Gaston Paris publiée par Joseph Bédier et Mario Roques (1904), Genève (Droz) 2004, 873 p. (Publications romanes et françaises 234)

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2006
Marie-Claire  Gérard-Zai
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«relevé la totalité des unités lexicales et des verbales dialectales, avec toutes leurs variantes graphiques», um auf diese Weise «un corpus utilisable statistiquement» (361) zu präsentieren. Darum darf es nicht verwundern, dass man in dem Glossar Lemmata findet wie etwa abondance, âge, alerte u. a. m., die man normalerweise nicht erwartet. Zwar ist und bleibt Jacques Decottignies ein auctor minor. Aber bekanntlich hat die Philologie die Aufgabe, sich auch mit den literarischen Zeugnissen solcher Autoren zu befassen. Darum ist die Tatsache, dass Fernand Carton diesen bislang wenig oder auch gar nicht bekannten Autor aus der Vergessenheit holt, ein mutiges und zugleich notwendiges Unterfangen. Und die Art und Weise, wie er dies getan hat, verlangt einem jeden Respekt und Anerkennung ab. Denn in einer aus «une trentaine d’années de recherches minutieuses» (hintere Einbandseite) resultierenden, von stupendem Fleiß zeugenden Arbeit hat F. Carton eine überzeugende Textedition vorgelegt. Arnold Arens ★ Ursula Bähler, Gaston Paris et la Philologie romane. Avec une réimpression de la Bibliographie des travaux de Gaston Paris publiée par Joseph Bédier et Mario Roques (1904), Genève (Droz) 2004, 873 p. (Publications romanes et françaises 234) Ursula Bähler nous offre un ouvrage très richement documenté sur Gaston Paris (1839- 1903), un des pionniers de la philologie romane et un des médiévistes français du xix e siècle les plus éminents. Cette vaste étude fournit une contribution très appréciable à l’historiographie de la philologie romane à travers un personnage emblématique. L’auteur transgresse les limites traditionnelles attribuées au genre biographique par de fréquentes ouvertures à implication plus générale sur les approches «institutionnelle, prosopographique, thématique, vue panoramique des travaux effectués dans le domaine pendant un laps de temps défini» (12). Elle confesse la fascination qu’exerce sur elle la personnalité de Gaston Paris et l’œuvre de ce savant fortement impliqué dans les événements de son temps. Rappelons, pour mémoire, qu’Ursula Bähler a publié en 1999 un ouvrage remarqué, Gaston Paris dreyfusard. Le savant dans la cité, avec une préface de Michel Zink. En prenant l’exemple de Gaston Paris, l’un des centres de gravitation du mouvement philologique de la deuxième moitié du xix e siècle, on touche en même temps à l’ensemble des problèmes scientifiques et institutionnels, mais aussi historiographiques, de la philologie romane à cette époque et même au-delà. L’image de Gaston Paris a été fortement ternie dès les années 1980, depuis l’avènement du New Medievalism, et plus particulièrement du New Philology; il «serait en effet un positiviste pur et dur qui aurait enterré les textes médiévaux sous un savoir philologique normatif et qui, de par ses idées ‹nationales› (pour ne pas dire ‹nationalistes›) aurait corrompu la discipline de la philologie romane dès son établissement même»(14). Cet ouvrage se situe dans le sillage du «groupe de Recherche sur l’Histoire de la Philologie romane» dirigé par Michel Zink. On citera la belle thèse d’Alain Corbellari de 1997, Joseph Bédier, écrivain et philologue et le grand ouvrage Évolution des études médiévales en France de 1860 à 1914, publiée en 2001, par Charles Ridoux. L’auteur rend hommage aux travaux de Michael Werner qui ont été à l’origine de son projet, présenté comme thèse d’habilitation à l’université de Zurich. Pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de Gaston Paris, Michel Zink, de l’Institut, organisa les 27 et 28 mars 2003, à la Fondation Hugot du Collège de France, un colloque, dont les Actes, intitulés Le Moyen Âge de Gaston Paris. La Poésie à l’épreuve de la philologie, ont été publiés chez Odile Jacob, en 2004, peu de temps avant la parution de la thèse d’Ursula Bähler. Cette publication souligne encore davantage l’intérêt suscité par 228 Besprechungen - Comptes rendus celui qui de son vivant fut considéré dans l’Europe entière comme le «guide et la conscience des études de langue et littérature du Moyen Âge» et qui cherche à faire de la philologie une science, en s’inspirant des méthodes pratiquées dans les universités allemandes, convaincu que seule l’étude du passé en rend la connaissance féconde. Les intervenants de ces journées dressent un portrait intellectuel du philologue: Ursula Bähler, Michel Stanesco, Hans Ulrich Gumbrecht, Jacqueline Cerquiglini-Toulet; quant à Jean-Claude Chevalier, Gabriel Bergounioux, Takeshi Matsumura, Patrizia Gasparini, Stephen Nichols, ils s’intéressent à l’approche de la discipline; le cas de la «Romania» et celui des romanistes européens influencés par Gaston Paris étant étudiés par Karlheinz Stierle, Charles Ridoux, Anne-Marguerite Fryba-Reber, Guido Lucchini et Alain Corbellari; Michel Zink signant les pages d’introduction et la synthèse des communications fort instructives et tout à fait complémentaires à l’ouvrage capital sur le savant français, dont nous donnons ici une brève recension. La première partie (25-201) comprend un long «Essai de biographie»: Ursula Bähler s’étonne qu’il n’existe, à ce jour, aucune biographie tant soit peu complète et sérieuse consacrée à ce savant. Cette étude vise à combler d’une manière approfondie et satisfaisante cette lacune. L’auteur insiste sur l’ascendance de Gaston Paris: son père Paulin Paris (1800- 81), conservateur dans le département des manuscrits de la (future) Bibliothèque nationale, se consacra à l’étude historique de la littérature médiévale et au dépouillement des manuscrits de la B. N. de Paris et rappelons que c’est sur son initiative que fut créée, en 1852, au Collège de France, la première chaire de langue et littérature françaises du Moyen Âge, qu’il allait occuper jusqu’en 1872. Passons brièvement sur les années de collège de Gaston Paris (33-38) pour nous étendre davantage sur ses séjours d’études en Allemagne, qui joueront un rôle capital dans sa formation: l’université de Bonn et dont le «parrain académique» n’est autre que Friedrich Diez, fondateur de la grammaire des langues romanes, puis l’université de Göttingen. Il fréquentera Ernst Curtius, philologue classique, et s’initiera à la philologie germanique. L’auteur analyse avec finesse et pertinence l’apport scientifique et personnel de ces séjours en Allemagne entre 1856 et 1857 (38-88), suit la formation en France (École des Chartes: thèse d’archiviste-paléographe et thèse de droit: De tutela), il rédige sa grande thèse sur l’Histoire poétique de Charlemagne, qu’il soutient en Sorbonne en 1865. C’est la première tentative d’appliquer les méthodes historico-comparatives à la littérature médiévale française, alors que sa thèse complémentaire analyse De Pseudo-Turpino. Sa carrière s’annonce brillante: fondation de la Revue critique (1866) et de la Romania (1872), Prix Gobert en 1866 et en 1872, cours au Collège de France, à l’École des Hautes Études, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, président de la Société linguistique de Paris, co-fondateur de la Société des Anciens Textes Français et Provençaux (SATF), administrateur du Collège de France, Commandeur de la Légion d’honneur, élection à l’Académie française en 1896 au fauteuil de Louis Pasteur, et, en 1898, nomination comme membre de l’Accademia della Crusca . . . Nous n’énumérerons ni les nombreuses distinctions françaises et internationales et honneurs qui couronneront son parcours académique ni les quelque mille titres d’articles et de comptes rendus publiés, ni les monographies parues de son vivant. Mentionnons cependant les éditions critiques ou en fac-similés, dont la plus connue, celle de la Vie de saint Alexis, publiée en 1872, ainsi que les Chansons du XV e siècle, Les plus anciens Monuments de la langue française, les deux rédactions du Roman des Sept Sages de Rome, Orson de Beauvais, les Miracles de Notre Dame par personnages [7 vols], la Vie de Saint Gilles par Guillaume de Berneville, Trois versions rimées de l’Evangile de Nicodème, le Merlin du manuscrit Huth. L’unité de l’œuvre réside essentiellement dans l’esprit et les méthodes de recherches. Gaston Paris, très spécialisé en ce qui concerne le domaine spécifique de l’édition et l’étude de textes de littérature française du Moyen Âge, paraît très ouvert pour ce qui re- 229 Besprechungen - Comptes rendus garde ses idées scientifiques et philosophiques, il manifeste des ambitions institutionnelles et tient un rôle social de premier plan. Propriétaire du château de Cerisy-la-Salle, il en fait un lieu de rencontre de savants, d’écrivains, de professeurs; l’abondante correspondance, citée judicieusement, atteste d’une vie sociale brillante. L’auteur dresse un profil psychologique de Gaston Paris (197-201) qui lui est apparu comme un homme dont l’activité professionnelle exubérante contraste avec son état d’âme atrabilaire s’accentuant encore avec l’âge, « . . . une personnalité complexe, à la fois rêveuse et active, mélancolique et gaie, saturnienne et apollinienne» (201). Dans une deuxième partie, «La Cité des sciences» (203-372), l’auteur analyse, après une mise en perspective (Littré, Pasteur, Renan), la pensée philosophique de Gaston Paris, le rôle de la science dans la société; elle met en parallèle les sciences naturelles et les sciences historiques, puis plus particulièrement la conception, large et restreinte, du savant français sur la philologie romane et livre une comparaison méthodologique franco-allemande éclairante pour la deuxième moitié du XIX e siècle, soutenue par de nombreuses citations. La troisième partie (373-456), traite, dans un essai de systématisation de la «Problématique nationale»: la philologie romane comme discipline scientifique et les objets de cette dernière. Sur l’ensemble de sa vie et de son œuvre, Gaston Paris a su maîtriser de façon exemplaire les tensions franco-allemandes: ni germanophobe, ni encore excessivement germanophile, patriote sans jamais être chauviniste (453). Dans une longue quatrième partie (457-648), intitulée «Le Moyen Âge et sa littérature», Ursula Bähler parcourt et analyse les publications de Gaston Paris, ses prises de position, originales ou décevantes, qui marqueront des générations de chercheurs et historiens de la littérature française. Je ne citerai que quelques jalons: a) la matière de France et l’épopée, genre de prédilection du savant, les chants lyricoépiques, dont quelques pages consacrées à la «germanicité» de l’épopée française (478-91) et à l’ancrage social de cette dernière (491-500); b) la matière de Bretagne, avec des analyses sur les origines historico-géographiques et les voies de transmission, sur l’auteur champenois Chrétien de Troyes, et en particulier sur le Chevalier de la Charrette, ainsi que sur Tristan et Iseut. Dans un contexte non professionnel, Gaston Paris écrivit le 12 juillet 1891: « . . . on peut allier le culte le plus pieux du passé à la fondation d’un nouvel avenir» (195) [Bibliothèque de l’Institut de France M. S. 2154 f. 64], ce qui permet à l’auteur de conclure «Allier le passé au présent en vue d’un nouvel avenir, voilà bien un . . . aspect capital de cette forme de vie que constitue la philologie pour Gaston Paris. Et, sur ce point encore, le projet du savant semble n’avoir rien perdu de son actualité» (662). Ursula Bähler fait largement usage de la riche correspondance du philologue et cite en annexe quelques exemples, dont une lettre programmatique de 1860 à Ernst Curtius (675-77) et des commentaires de Gaston Paris, de Friedrich Diez et Adolf Tobler à propos de la traduction de la Grammatik der Romanischen Sprachen de Friedrich Diez (678- 85); dans un domaine beaucoup plus intimiste et personnel quelques poèmes de jeunesse, très inattendus: Vive le Roi de décembre 1854, Au XIX e siècle: Invective du 15 décembre 1854, Tristesses et dégoûts de janvier 1855, Honte et souffrance du 4 mai 1855 (686-91), ainsi que des extraits de lettres familières à Amédée Durande de 1864 et 1868 (691-95). Le prospectus de 1871 de la prestigieuse revue Romania, consacrée à l’étude des langues et des littératures romanes, publiée par Paul Meyer et G. P., revêt un intérêt historique (699-702). L’auteur a judicieusement réimprimé la Bibliographie des travaux de Gaston Paris établie en 1904 par Joseph Bédier et Mario Roques (705-809) et l’a pourvue d’Errata fort utiles (811) ainsi que d’une liste des textes non répertoriés dans la Bibliographie de 1904 (813- 230 Besprechungen - Comptes rendus 14). Un index des noms de personnes et des œuvres anonymes (851-67) et une abondante liste des livres et articles cités (814-49) complètent une documentation précieuse - et désormais indispensable - pour la connaissance de Gaston Paris et de l’histoire de la philologie romane en France au xix e siècle. Marie-Claire Gérard-Zai ★ Denis Delaplace, Bruant et l’argotographie française. L’argot au XX e siècle (1901), avec un avant-propos de Jean Pruvost, Paris (Champion), 2004 (Lexica 13) Avec cet ouvrage sur la lexicographie française de l’argot ou «argotographie», D. Delaplace se place sur un terrain qui est doublement intéressant. D’une part, il s’inscrit dans la recherche métalexicographique du français en permettant la redécouverte d’un dictionnaire, L’argot au XX e siècle 1 , situé à une date charnière pour la lexicographie (1901): celle-ci, comme le dit très justement Jean Pruvost dans l’Avant propos (5-8), «représente une sorte de date-pivot entre la fascination qu’a exercé l’argot sur de nombreux écrivains du xix e siècle et la nécessaire étude linguistique à laquelle il convient de soumettre cet usage de la langue» (7). D’autre part, cet ouvrage mérite qu’on s’y attarde parce qu’il nous livre les résultats de recherches sur l’argot en diachronie, domaine qui depuis plusieurs dizaines d’années demeure relativement pauvre quantitativement et qualitativement 2 . En effet, si l’étude de l’argot en synchronie est plutôt florissante 3 , les recherches récentes de qualité consacrées à l’histoire du lexique argotique demeurent assez rares. Le plan de l’ouvrage de D. Delaplace s’articule en cinq parties thématiques. Chacune d’entre elles est subdivisée en plusieurs chapitres (l’ensemble du volume ne compte pas moins de trente et un chapitres! ) souvent brefs à l’image du chapitre seize de la troisième partie qui tient en deux pages (97-98). Ces chapitres sont en général encore décomposés en sections par des astérisques. Si le texte est rédigé dans un registre courant et étayé d’un grand nombre d’exemples et de citations facilitant la (re)découverte métalexicographique au plus grand nombre, le propos est parfois très morcelé et la mise en page n’est pas toujours agréable à l’oeil. Dans l’Introduction (11-13), l’auteur expose les axes de sa recherche. Dans un premier temps, il s’agit de combler une lacune en proposant l’examen critique d’un dictionnaire d’argot: L’argot au XX e siècle. D. Delaplace envisage de le faire en définissant «avec précision les objets décrits» et en vérifiant «les informations apportées» (11). Par ailleurs il soulève deux problématiques fondamentales à sa thématique: la première consiste à «savoir quels critères ont servi à son (ou à ses) auteur(s) pour délimiter la nomenclature argotique de son (ou de leur) livre» (12) et la seconde, d’ordre plus général, pose la délicate question de la définition de la notion d’argot «susceptible de rendre compte de tout ce que contiennent les dictionnaires d’argot» (12). Dans la première partie intitulée Les auteurs de «L’argot au XX e siècle» (15-42), l’auteur commence par retracer le parcours d’Aristide Bruant et décrit brièvement son rapport à l’argot (Un chansonnier argotographe, 17-20) avant de présenter et de rendre justice à l’autre «maître d’œuvre» (23) du dictionnaire, Léon de Bercy. En effet, si son nom n’apparaît 231 Besprechungen - Comptes rendus 1 A. Bruant, L’argot au XX e siècle, Paris 1901. 2 Il faut tout de même mentionner l’ouvrage R. Chartier, Figures de la gueuserie, Paris 1982. 3 Cf. entre autres les travaux de D. Savatovski, «Naissance d’une linguistique de l’argot (1890- 1920)», Études de Linguistique Appliquée 118 (2000): 145-62 ou le récent numéro spécial Argots et Argotologie édité par J.-P. Goudaillier (La linguistique 38 [2002]).