eJournals Vox Romanica 65/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2006
651 Kristol De Stefani

Habiba Naffati/Ambroise Queffélec, Le français en Tunisie, CNRS (UMR 6039, Bases, Corpus et Langage) 2004, 453 p. (Le français en Afrique 18)

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2006
Christel  Nissille
vox6510249
D. Vlad aborde le problème des Adverbes marqueurs de modalisation dans les énoncés au conditionnel (221-39) qui sont variés (éventuellement, sans doute, probablement, peut-être, vraiment, pourquoi, bien) et qui apportent une information supplémentaire qui, dans certaines situations, est obligatoire. E. Negoi òù Soare et V. Vintilescu étudient Les adjectifs et adverbes évaluatifs: de la syntaxe à la pragmasémantique. Dans leur intervention, elles se proposent d’analyser des structures communes au roumain et au français des points de vue sémantique, syntaxique ou pragmatique. Plus précisément, il s’agit de constructions contenant un infinitif en français (facile à dire) et un supin en roumain (uóor de zis). Des considérations d’ordre pragmatique incitent les auteures à conclure qu’il existe des différences entre les deux langues: «il existe en fait deux types de structures qui s’actualisent de manière différente en roumain, et qui en français s’actualisent de la même manière» (253). Quant aux auteures des deux dernières interventions, E. Arjoca-Ieremia et M. Ò enchea (Espaces mentaux et représentations linguistiques: l’adverbe roumain «mai» et ses équivalents français [258-80] et Adverbes renforçants dans l’opération traduisante (domaine roumainfrançais) [281-301]), elles proposent une analyse contrastive des adverbes qui caractérisent des points de vue syntaxique et discursif des deux langues. Tout au long de ce parcours thématique, nous avons assisté à des analyses intéressantes portant sur différents adverbes en français, en anglais et en roumain. En réussissant à mettre en valeur les recherches antérieures sur l’adverbe, les auteurs de ce volume ont réussi proposer des repères de réflexion sur l’une des parties du discours les plus problématiques pour les grammairiens. Nous espérons que les participants à ce colloque continueront leurs analyses dans ce domaine et nous feront découvrir d’autres particularités de cette classe de mots qui passionne de plus en plus les linguistes français et roumains. En fait, toutes les contributions confirment ce que Cl. Guimier prévoyait il y a quinze ans lorsqu’il déclarait que «le problème de l’adverbe [était] suffisamment vaste pour que chacun, quelle que soit sa spécialité, puisse y trouver matière à réflexion» 2 . C’est le mérite de Jan Goes d’avoir (re)mis en marche la «machine adverbiale». Il semble clair que ce recueil a rempli les promesses qui étaient formulées dans l’Introduction, soit «[d’]apporter quelques résultats stimulants pour la recherche concernant la syntaxe et la sémantique des catégories grammaticales» (7). Adrian Chircu ★ Habiba Naffati/ Ambroise Queffélec, Le français en Tunisie, CNRS (UMR 6039, Bases, Corpus et Langage) 2004, 453 p. (Le français en Afrique 18) Cet ouvrage participe du projet de recherches partagées intitulé Inventaire des particularités lexicales du français au Maghreb, coordonné par A. Queffélec et qui s’inscrit dans le cadre du réseau Étude du français en francophonie de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUPELF-UREF). Comme les trois autres ouvrages de la même collection, Le français au Maroc 1 , Le français en Mauritanie 2 et Le français en Algérie 3 , cet ouvrage se com- 249 Besprechungen - Comptes rendus 2 Cl. Guimier, Peut-on définir l’adverbe? , in: Les états de l’adverbe, Rennes, 1991: 5 (Travaux de CERLICO 3). 1 F. Benzakour/ D. Gaadi/ A. Queffélec, Le français au Maroc, Bruxelles 2000. 2 B. Ould Zein/ A. Queffélec, Le français en Mauritanie, Paris 1997. 3 A. Queffélec/ Y. Derradji/ V. Debov/ D. Smaali-Dekdouk/ Y. Cherrad-Benchefra, Le français en Algérie. Lexique et dynamique des langues, Bruxelles 2002. pose de deux parties: tout d’abord une présentation de la situation historique et sociolinguistique du pays ou de la région concernée puis l’inventaire lexical proprement dit. La première partie, Configurations sociolinguistiques et linguistiques (11-114), est développée à partir de la thèse de Habiba Naffati 4 . Il s’agit d’une synthèse originale de la situation du français en Tunisie; celle-ci offre, en plus de sa grande qualité et de sa précision, l’avantage de regrouper les informations des «travaux existants, souvent inédits, dispersés ou d’accès difficile» (5). Les premiers chapitres présentent les origines du plurilinguisme tunisien (11-16), le protectorat et la politique de francisation (17-22), et la politique linguistique de la Tunisie indépendante (23-30). Puis Habiba Naffati nous livre les données chiffrées de l’évolution de la situation linguistique des dix dernières années, et la répartition de la production écrite et orale entre français et arabe tunisien (au niveau de l’enseignement, des affichages officiels, de la vie culturelle, des médias . . .) (31-42). La question du conflit linguistique et identitaire est développée (43-56) et la situation de bilinguisme analysée par une catégorisation des locuteurs du français et représentations (57-64) selon la grille sociolinguistique classique (âge, sexe, appartenance sociale et géographique). Dans ce chapitre, ainsi que dans le suivant qui indique les contextes d’emploi du français (65-74), Habiba Naffati arrive à la conclusion que l’oral est surtout marqué par l’alternance codique franco-arabe et que «la stricte séparation des codes linguistiques semble surtout s’appliquer à l’écrit et concerne essentiellement le français et l’arabe littéral» (61, cite Darot 1998 5 ). Le français faisant l’objet de l’inventaire est décrit dans le chapitre intitulé Les variétés du français (75-84) qui traite de la grande hétérogénéité de la situation linguistique en Tunisie; celle-ci s’étage sur un double continuum: un continuum intralinguistique (acrolecte, mésolecte, basilecte) et un continuum interlinguistique (discours mixte arabe/ français), pour lesquels l’emploi des variétés s’articule en fonction des codes (écrit et oral). Dans ce contexte, l’inventaire lexical vise à décrire le lexique du mésolecte (français des locuteurs ayant suivi un cursus scolaire long et qui ont continué à le pratiquer): «Étant donné que le français en Tunisie présente un net écart entre l’oral et l’écrit et qu’à l’oral on observe surtout des alternances codiques français/ arabe, notre choix se focalise sur le français écrit, qui subit une pression normative lui interdisant l’alternance. . . . le mésolecte se révèle le représentant le plus significatif de la norme endogène et donc d’une spécificité régionale. En outre, la focalisation sur le mésolectal écrit permet de réduire le problème de la distinction entre xénisme et emprunt, particulièrement délicat à trancher à l’oral. Cette prédilection pour la variété écrite n’exclura pas cependant le recours aux attestations orales de ce mésolectal» (85). Les choix concernant la présentation des particularités lexicales, la méthodologie de l’inventaire (85-94), sont présentés comme étant semblables à ceux des inventaires des trois autres pays maghrébins - Algérie, Maroc et Mauritanie - et suivant la pratique lexicographique adoptée par les inventaires des particularités lexicales du français hors de France. Il s’agit, pour la Tunisie, d’une description synchronique ne s’élargissant que ponctuellement à une dimension diachronique avec quelques attestations de la période charnière qui suit l’indépendance. Outre les emprunts et les néologismes, les auteurs ont également retenu les termes figurant comme marqués dans la lexicographie du français standard et qui sont d’un usage courant dans la variété du français tunisien. 250 Besprechungen - Comptes rendus 4 H. Naffati, Le français en Tunisie. Étude sociolinguistique et lexicale, Thèse de Doctorat, Université de Provence 2000 5 M. Darot, «L’alternance codique français/ arabe dialectal tunisien dans des conversations téléphoniques», in: A. Queffélec (ed.), Alternances codiques et français parlé en Afrique, Aix-en-Provence 1998: 119-29. Le corpus est bien défini et représentatif - presse, littérature, textes de nature diverse (scientifiques, techniques, artistiques, scolaires, etc.), attestations orales - et les particularismes ont été sélectionnés selon des critères précis (fréquence et dispersion chronologique, géographique et de genre, etc.). Les diverses conventions concernant la macro-structure et la micro-structure seront reprises plus bas, avec leur application. Les analyses sémasiologique (95-110) et onomasiologique (111-14) apportent une bonne synthèse: les données chiffrées indiquent une forte proportion d’emprunts arabes (plus de 62 %), et ceux-ci bénéficient dans cette étude de tout un développement sur leur intégration dans le français de Tunisie. Les résultats de l’analyse onomasiologique permettent aux auteurs de déduire que la création de particularités lexicales est principalement motivée par le besoin de décrire une réalité tunisienne étrangère à la France, dont on nous dit que les thèmes dominants sont les réalités religieuses et gastronomiques (114). L’inventaire lexical (115-436) des tunisismes reprend celui qui a été développé par Habiba Naffati dans sa thèse, et est complété par des travaux menés par A. Queffélec, M. Ben Salah Hammal, A. Gheribi et L. Bel-Hadj Larbi. Les macroet micro-structures présentent les particularités suivantes: Entrées et variantes: Lorsqu’une lexie présente plusieurs formes graphiques (ce qui est souvent le cas pour les emprunts à l’arabe), celles-ci apparaissent sous une même vedette (choisie en fonction de sa plus grande fréquence graphique). Par contre, les variantes morphologiques, formes du pluriel et du féminin non conformes au mode de formation du français standard, ont été dégroupées et font l’objet d’articles distincts contenant des citations (ex. beldi m./ beldiya f., dawr sing./ adawar(s) pl., attar sing./ attarine pl., cheikh sing./ chouyoukh pl., chérif sing./ ashrafs pl.). Un système de renvois permet de faire l’économie de définitions communes. Ce choix de multiplication des entrées - partagé par les trois autres inventaires développés sur le même modèle - s’il est justifié par la particularité des emprunts indigènes et de la souplesse quant à leur intégration dans la variété de français, peut parfois mener à une lourdeur de consultation. À titre d’exemple, la lexie chérif fait l’objet de trois entrées: cherif, sharifa pour le singulier, chorfa, shurafa mais aussi ashrafs pour le pluriel (à ajouter à cela une entrée shurafas, m. pl., variante de chorfa, sans citations mais avec un renvoi alphabétique à la graphie principale cherif et non à chorfa, comme on pourrait l’attendre). Il en est de même pour certaines variantes que nous pourrions désigner comme «polymorphiques», c’est à dire les composés et formes elliptiques. Sous chéchia stambouli, «chéchia haute [c’est-à-dire couvre-chef en laine, de forme cylindrique ou tronconique]», le lecteur est renvoyé au synonyme stambouli (par ellipse) qui lui-même n’est qu’une entrée alphabétique et nous renvoie à chéchia stambouli. Les considérer comme variantes pourrait permettre d’éviter l’aller-retour au lecteur, comme c’est le cas par exemple de complet de poisson, poisson-complet, poisson complet, formes simplement traitées dans une seule entrée et avec renvoi alphabétique simple sous poisson complet. Prononciation et transcription phonétique: Selon les choix qui ont été opérés par l’équipe de recherche sur le français au Maghreb, la transcription phonétique n’est pas fournie, puisque celle-ci peut varier considérablement et que cette étude privilégie l’écrit. Mais les graphies adoptées par les scripteurs sont signalées comme «reflet de la prononciation qu’ils leur attribuent» (91). Ainsi, la présentation des conventions graphiques (91) pour les sons inconnus au système phonétique français peut permettre de se faire une idée des prononciations de la lexie. Origine: En ce qui concerne l’origine des mots et expressions, celle-ci est parfois signalée entre parenthèses, surtout pour les emprunts et les termes hybrides, accompagnée éventuellement de glose ou de commentaire. Les traductions littérales de la forme arabe à laquelle le mot a été emprunté apporte un éclairage tout à fait intéressant pour le lecteur non arabophone. Ne citons pour exemple que le mot raï, désignant la musique moderne née en 251 Besprechungen - Comptes rendus Algérie, et dont on nous dit que le nom vient de l’arabe «pensée, raison, opinion (souvent par opposition à la morale, aux mœurs, aux idées préétablies)». On peut simplement regretter que cela ne soit pas généralisé à tous les lexèmes empruntés 6 . Le choix de présentation de l’origine a été fait selon qu’il s’agit d’emprunts aux langues locales et aux langues non-locales (96-97). Cette distinction brouille un peu les pistes dans le sens où il est parfois difficile de faire la différence entre la langue-source du lexème et celle à laquelle appartient son étymon. Si pour beznas, tbnazniss, beznassas, lexie anglaise qui a subi la dérivation tunisienne (donné en exemple par les auteurs, 96), le lien étymologique est bien indiqué dans la partie étymologie par «forgé sur l’anglais», cette précision n’est pas toujours présente. En effet, pour les formes jugées comme empruntées aux langues non-locales, il semble y avoir une différence de traitement. Notons tout d’abord quelques exemples pour les mots turcs. Si baklawa est indiqué comme provenant du turc et passé à l’arabe, ou qalpaq («bonnet de fourrure») comme forme turque passée au français et réimportée, bakchich porte comme seule indication «du turc» 7 . Le même problème apparaît avec les mots persans. Vizir est indiqué comme provenant du persan, et passé au turc et à l’arabe, alors que babouche et narguilé apparaissent dans le lexique simplement comme venant du persan 8 . Le problème qui se pose ici, pour le lecteur, est d’identifier la strate d’emprunt de ces lexèmes, et de déterminer si cette différence de traitement est pertinente ou s’il faut l’imputer à un manque d’information inhérente à la difficulté de déterminer leur cheminement exact. Cet ensemble demanderait donc un éclaircissement. Par contre, et c’est appréciable, certaines explications étymologiques sont données avec la référence à leur auteur, ce qui permet de proposer une explication tout en lui conservant son caractère hypothétique (voir à ce propos, par exemple, la vedette burnous). Marques d’usage: Les marques d’usage sont en grande majorité limitées à la notion de fréquence (92), dont l’indication est fournie systématiquement et simplifiées en un système à trois degrés (disponible, assez fréquent, fréquent). Ceci permet néanmoins de se faire une idée de la vitalité du lexème et évite le piège d’une évaluation quant à la valeur d’emploi dans le temps, le niveau de langue, etc. qui ne peut qu’être subjective sans une enquête précise. Les auteurs de ce lexique font d’ailleurs preuve de prudence en présentant l’information pour cette fréquence comme simplement indicative, «subjective et difficilement quantifiable» (92). Définition: Concernant la définition, le choix de la rédaction a été de dépasser parfois le cadre linguistique et de la compléter éventuellement «par des informations encyclopédiques, afin qu’elle soit plus transparente pour le lecteur étranger au contexte tunisien» (92). Exemples et illustrations: Les citations ont été choisies pour être représentatives (quant aux sources et aux dates) mais aussi illustratives, dans le sens où elles proposent bien souvent de précieuses informations non seulement encyclopédiques mais aussi culturelles (ex. l’article adhohr «deuxième prière quotidienne musulmane qui a lieu au milieu du jour» contient une citation, tirée de la presse, donnant la liste des prières et leur horaire). Les gloses et traductions éventuellement proposées par l’auteur d’une citation ont été conservées. Elles fournissent des informations utiles sur le terme en permettant non seulement d’en 252 Besprechungen - Comptes rendus 6 En effet, si aïd el fitr est expliqué comme provenant de l’arabe «fête de rupture du jeûne», l’information manque pour aïd el idha ou aïd mabrouk. 7 L’inventaire du Maroc nous apprend que dans cette variété, ce mot provient de l’arabe dialectal. 8 Pour babouche, l’inventaire du Maroc l’indique comme venant de l’arabe dialectal, entré du persan par le turc. De leur côté, le TLF et le FEW signalent que le mot persan est passé en arabe (avec transformation du p initial en b). Et concernant narguilé, le TLF précise que le persan a été emprunté aussi par l’arabe et le turc. comparer la réception d’un point du vue sémantique, mais aussi d’indiquer peut-être un manque de transparence jugé comme tel par l’auteur. La seule chose à regretter est que le sens de certains mots indigènes apparaissant dans les citations et ne faisant pas l’objet d’une entrée ne soit pas indiqué (entre crochets, par exemple), ce qui laisse le lecteur non arabophone parfois un peu emprunté: tasdira (s. aouada), bya, dellal (tous deux s. babouchier), karabatak, wasla (tous deux s. bachraf), n’cha (s. bézin), drivés (s. beznessa(s)), taftef (s. beznesser), etc. Commentaires: L’article peut être doté d’un commentaire de nature encyclopédique, morphologique, connotative, différentielle, etc. Concernant les commentaires visant à indiquer la différence entre l’emploi tunisien et celui du français de référence, il subsiste parfois quelques flous. Si les mots indigènes entrés dans le Petit Robert sont indiqués avec une grande régularité, les informations sur les comportements sémantiques particuliers par rapport à l’usage du français de référence (extensions/ restrictions sémantiques, glissement de sens, connotation, etc.) sont parfois lacunaires. Si les articles ghoul, cheikh, chérubin, bambin, etc. sont pourvus d’un commentaire différentiel, l’information est insérée dans la définition pour four et boulanger, mais manque pour bled et chouia, par exemple. Renvois: Les articles sont parfois complétés de renvois paradigmatiques qui concernent les termes entretenant une relation morphologique (dérivés, composés) ou sémantique (analogies, synonymes, antonymes). Les auteurs mettent en garde quant au fait que «la nature du renvoi est parfois mentionnée (pour les synonymes en particulier), mais le plus souvent [ils se sont contentés] de signaler ces renvois par V. (abréviation de voir), suivi du terme mentionné en gras» (93-94). L’on peut toutefois noter une irrégularité dans le traitement de ces renvois: si certaines familles morphologiques sont signalées (agrumicole et agrumiculteur, bey, beylik et beylical, etc.) d’autres ne le sont pas (famille morphologique créée sur berbère, celle de caïd, etc.) ou apparaissent sans la réciproque (balgha renvoi à blaghji, mais pas l’inverse). La remarque peut aussi être faite pour ce qui concerne les liens sémantiques. Peut-être ce choix est-il justifié par la richesse des citations qui nous offrent souvent ce genre d’information. Mais à notre goût, celle-ci est trop indirecte pour être facilement comprise et identifiée par un lecteur éloigné et peu au fait de la culture tunisienne. Pour exemple, notons certains synonymes qui ne sont pas indiqués clairement, ou alors pour lesquels il manque la réciproque: le mot balgha «chaussure traditionnelle à semelle de cuir, longue, plate, à bout pointu et sans quartier» est-il l’équivalent indigène de babouche (indiqué comme venant du persan) «chaussure en cuir traditionnelle, plate et légère, à bout pointu, sans quartier ni talon» et donné en renvoi mais sans marque de synonymie? Le fes et la chéchia, pour lesquels l’indication de synonymie n’est signalée que pour le premier de ces lexèmes, décrivent-ils la même réalité? En résumé de cette analyse de la partie proprement lexicale de cet ouvrage, il apparaît qu’il n’y a pas de volonté de regroupement onomasiologique ou morphologique qui permette une vue d’ensemble du champ linguistique. La tâche de le reconstruire est laissée au lecteur, aidé en cela par la richesse des citations. C’est proprement un dictionnaire de décodage linguistique mais aussi culturel: les formes sont présentées pour permettre d’appréhender le sens d’un terme rencontré au fil d’une lecture, ainsi que son bagage culturel, et non d’en retrouver les familles lexicales ou de l’ancrer dans une optique différentielle. Ainsi, si la partie sociolinguistique et linguistique offre une analyse diachronique complète et précise, permettant de comprendre la situation linguistique tunisienne actuelle, l’inventaire lexical proprement dit propose la coupe synchronique d’une des variétés qui en découle. Dire que l’un et l’autre sont complémentaires peut sembler une lapalissade, mais cependant le préciser nous paraît important afin de comprendre les choix lexicographiques de cet ouvrage de qualité. Ainsi il offre, selon nous, l’avantage non seulement de 253 Besprechungen - Comptes rendus permettre l’accès à l’histoire et à la culture tunisienne par le biais de son expression en français, mais aussi et surtout d’en rendre accessible la production qui en émane au locuteur d’une autre variété. Christel Nissille ★ Johannes Kabatek, Die Bolognesische Renaissance und der Ausbau romanischer Sprachen. Juristische Diskurstraditionen und Sprachentwicklung in Südfrankreich und Spanien im 12. und 13. Jahrhundert, Tübingen (Niemeyer) 2005, 298 p. (Beihefte zur Zeitschrift für Romanische Philologie 321). Die Aufarbeitung der verschiedenen Einflüsse, die zur Konstituierung der romanischen Sprachen beigetragen haben, ist in jedem Fall ein wichtiger Beitrag zum Verständnis von Sprachentwicklung und Sprachgeschichte, um so mehr, wenn dies mit akribischer Sorgfalt und einer ausgearbeiteten Systematik geschieht wie in dem Beitrag von Johannes Kabatek zur intensivierten Beschäftigung mit dem römischen Recht in der Schule von Bologna und den sprachlichen und gesellschaftlichen Auswirkungen der darauf einsetzenden Rezeption dieser Rechtsauffassung in weiten Teilen der Romania des 12. und 13. Jahrhunderts. Ausgehend von der nicht unberechtigten Kritik, dass «in vielen Arbeiten zu den Sprachen des Mittelalters immer noch in ungenügender Weise der sprachlichen Variation, der sprachlichen Interferenz und der textuellen Tradition Rechnung getragen» (8) wird, widmet Kabatek zunächst einen beachtlichen Teil seiner Arbeit der Erörterung eines tauglichen Instrumentariums und seiner begrifflichen Abgrenzung, um dann anhand eines Korpus von ausgewählten Rechtstexten verschiedener lokaler und zeitlicher Provenienz sukzessiv auftretende sprachliche Veränderungen konstatieren zu können. Die ersten Kapitel beschäftigen sich deshalb mit Begriffen wie Text, Rechtstext, Sprechhandlung, Diskurs, Diskurstradition, Umfeld (Situation, Region, Kontext, Redeuniversum), Ausbau‚ Varietätenraum und der zugehörigen Problematik, um dann anhand dieser Begriffe die diasystematische und soziolinguistische Verortung eines Rechttextes sowie eine Einschätzung seiner Funktion, seiner Rezeptionsgeschichte und seines möglichen Beitrags zum Ausbau der betreffenden Sprache adäquat leisten zu können. Die Wiederentdeckung des römischen Rechts im Zuge der Renaissance des 12. Jahrhunderts hing unter anderem mit dem imperialen Gedanken der deutschen Kaiser zusammen, die eng mit italienischen Juristen, vor allem Lombarden, zusammenarbeiteten, um ihre hegemonialen Ansprüche zu legitimieren. Als Zentrum dieses Schaffens bildete sich schließlich Bologna heraus, das mit seiner wohl noch vor 1155 gegründeten Universität fortan die Aufarbeitung und Verbreitung der römischen Rechtstexte und ihrer Kommentierung betrieb. Gegenstand des Interesses waren dabei in erster Linie die unter dem oströmischen Kaiser Justinian (482-565) entstandenen Rechtssammlungen. Das zwischen 528 und 534 entstandene Corpus Iuris Civilis ist das Ergebnis der großangelegten Rechtsreform des byzantinischen Kaisers, der verschiedene Kommissionen beauftragte, alle Rechtsbereiche zu synthetisieren. Darunter fällt der in zwölf Bücher unterteilte und auf älteren Codices beruhende Codex Iuris Civilis, der die Erlasse der römischen Kaiser beinhaltet, die Digesta (griech./ lat. Panedectae), eine Sammlung klassischer Autoren des römischen Rechts, sowie die Institutiones und die Novellae. Die erste Generation der bolognesischen Lehrer wird nach der Art ihrer Textkommentierung Glossatoren genannt, unter denen vor allem die quattuor doctores (Bulgarus, Martinus, Jacobus, Hugo) hervorstachen, deren ebenfalls berühmte Schüler wie Placentinus (gest. 1192) oder Accursius (1182-1263) die methodische Beschäftigung mit dem römischen Recht 254 Besprechungen - Comptes rendus