Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2007
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Kristol De StefaniYvette Bürki/Elwys De Stefani, Trascrivere la lingua. Dalla filologia all’analisi conversazionale/ Transcribir la lengua. De la filología al análisis conversacional, Bern (Peter Lang), 2006, 409 p.
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2007
Nicolas Pepin
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discussions entre experts, parce que le niveau d’intercompréhension globale y est très élevé. Aussi remarque-t-elle que ces procédés sont des indices d’un désaccord potentiel et permettent entre autres d’introduire de façon avantageuse une intervention critique ou de justifier une prise de parole par autosélection. D’autre part, Johanna Miecznikowski analyse dans cette partie la fonction de l’alternance codique dans les séquences métalexicales. Elle observe que les locuteurs - lorsqu’ils mentionnent des discours de référence dans leurs tours de parole - peuvent choisir la langue de la mention et qu’ils «disposent donc d’un marqueur linguistique supplémentaire par rapport aux contextes unilingues» (274). Finalement, Johanna Miecznikowski aborde la thématisation des variétés linguistiques, en d’autres termes elle se focalise sur les commentaires métalinguistiques au sujet du plurilinguisme qui se produisent dans les réunions. Selon l’auteure, ces commentaires métalinguistiques font émerger un certain relativisme linguistique qu’elle considère comme une ressource interactionnelle. Celle-ci peut par exemple servir à atténuer une problématisation lexicale ou justifier un choix lexical. À travers cette analyse des séquences métalexicales en contexte plurilingue, la chercheuse démontre que les procédés plurilingues ne servent pas seulement à gérer la pluralité des langues, mais qu’ils ont effectivement des fonctions argumentatives. Le travail scientifique de Johanna Miecznikowski se distingue par le corpus remarquable et les exemples très illustratifs qu’elle présente de manière agréable à lire. Le plan progressif que l’auteure adopte culmine - comme je l’ai déjà signalé - dans la quatrième partie de l’ouvrage. Non seulement les spécificités du corpus analysé sont ici particulièrement prises en compte, mais aussi les données sont examinées plus explicitement en termes de fonctions et d’effets sur l’interaction. Johanna Miecnikowski a pris le soin d’intégrer beaucoup de résumés et de conclusions intermédiaires dans son ouvrage. Cet effort entraîne, par endroits, un léger manque de pertinence, puisque les messages-clés ont tendance à se diluer un peu dans cette «mer récapitulative». Quoiqu’il en soit, le lecteur arrive à bon port et acquiert une compréhension plus aiguisée sur Le traitement de problèmes lexicaux lors de discussions scientifiques en situation plurilingue. Pia Stalder ★ Yvette Bürki/ Elwys De Stefani, Trascrivere la lingua. Dalla filologia all’analisi conversazionale/ Transcribir la lengua. De la filología al análisis conversacional, Bern (Peter Lang), 2006, 409 p. L’ouvrage édité par Y. Bürki et E. De Stefani porte un titre alléchant pour qui s’intéresse aux questions de transcription de la langue. Le sous-titre est quant à lui intriguant, du fait qu’il projette le lecteur potentiel dans une perspective inhabituelle, partant de la philologie pour aboutir à l’analyse conversationnelle. Enfin, le fait que la couverture soit bilingue italien-espagnol ajoute encore à l’intérêt d’ouvrir ce qui se révèle un ouvrage certes atypique, mais passionnant et fort stimulant. Le livre comprend douze contributions en italien et espagnol (selon la langue de leur auteur) précédées d’une introduction bilingue. Son objet concerne les modes de représentation graphique de la langue, le rapport entre codes écrit et oral ainsi que la place de la transcription vis-à-vis les données empiriques rassemblées par les chercheurs. De par la diversité des approches, des théories, des méthodes et des objets que les articles rassemblés illustrent, l’ouvrage donne à voir différentes conceptions qui sous-tendent les pratiques de transcription et le travail analytique qui en découle. Ce faisant, le texte pose des jalons pour une histoire de la transcription non seulement comme pratique scientifique, mais plus largement comme pratique sociale. 232 Besprechungen - Comptes rendus Un premier groupe d’articles réfléchit au passage d’un système graphique à un autre. L’article de B. Schmid, d’orientation philologique, porte sur des textes rédigés en judéoespagnol avec un système d’écriture arabe ou hébraïque transcrits en alphabet latin. L’auteure montre la complexité qui se reflète dans ce qui n’est pas la simple translittération d’un système d’écriture à l’autre, mais un véritable mouvement de lecture et de réécriture. Un mouvement de lecture qui doit permettre l’interprétation des textes sources et un mouvement de réécriture qui tient compte des spécificités du système cible en vue de faciliter la lecture des textes par un public plus habitué à l’alphabet latin. L’auteure illustre son propos en analysant trois systèmes de transcription différents et en réfléchissant à la question de la normalisation orthographique du judéo-espagnol contemporain. L’article de F. Vicario porte sur l’édition de textes médiévaux frioulans tardifs. En s’appuyant sur l’examen rigoureux de textes édités à la fin des XVIII e et XIX e siècles par des lettrés frioulans, l’auteur, qui coordonne le projet Documenti antichi dagli archivi friulani, montre que la collaboration entre philologues, linguistes et paléographes permet d’apporter des solutions plus sûres aux problèmes d’édition de ces textes. En passant, l’auteur souligne également la nécessité de rendre compte des objectifs des éditeurs de l’époque quand on analyse leur travail d’édition. L’article de L. Martín et al. pointe les problèmes philologiques et techniques de la publication informatique de textes. À partir de leur propre expérience dans l’élaboration d’une bibliothèque virtuelle (en l’occurrence, la bibliothèque Joan Lluís Vives), les auteurs montrent la difficulté qu’il y a à marier le respect maximal de l’édition originale aux contraintes spécifiques de l’internet. Les deux articles suivants s’interrogent sur les processus à l’œuvre dans la constitution d’une norme écrite de variétés orales. L’article de A. Palermo aborde la question de la transcription par le biais des débats autour de la graphie à adopter pour rendre le dialecte napolitain à l’écrit. En se plaçant dans l’optique des dialectes par rapport à l’italien durant la seconde moitié du XIX e siècle et en analysant les journaux locaux de l’époque, l’auteure rend compte des débats et polémiques autour de l’écriture du napolitain, attestant ainsi de divers modes d’écriture du dialecte et soulignant l’effort fourni pour trouver une graphie commune en présence de différentes variétés. L’article de A. M. Cano González s’intéresse lui aussi à des questions de norme écrite, mais à partir du cas de la langue asturienne. L’article discute plusieurs exemples illustrant les facteurs linguistiques, sociolinguistiques et historiques ayant contribué à l’élaboration d’une norme écrite dans la Communauté autonome de la Principauté des Asturies. Tous les articles suivants traitent de la transcription de données de recherche orales. Ici, la réflexion s’oriente avant tout vers les enjeux épistémologiques et méthodologiques de la transcription. Une des questions centrales sur laquelle ces articles se penchent concerne le procès de documentation du réel par le chercheur. Les trois premiers articles s’en tiennent à une réflexion sur l’oralité, alors que les quatre derniers prennent en compte d’autres dimensions de l’interaction sociale, comme les gestes, les regards, les mouvements, les objets et l’espace dans lequel les situations prennent corps. L’article de L. Nussbaum s’intéresse à la transcription d’interactions en contexte scolaire. Son corpus, qui est la base d’une recherche sur les langues enseignées dans les centres éducatifs catalans, exploite des données plurilingues (catalan, espagnol, français) qui, de par la présence de nombreux phénomènes d’alternance codique, par la coprésence de différentes variétés d’une même langue, par la répartition asymétrique des compétences et des rôles langagiers et par les caractéristiques spécifiques de l’interlangue des apprenants, posent des problèmes pratiques et théoriques aux transcripteurs. L’auteure rend ainsi compte des difficultés que le chercheur affronte quand il travaille sur des données plurilingues orales, où il est parfois impossible de décider à quelle langue appartient un segment de parole. 233 Besprechungen - Comptes rendus L’article de M. Fatigante présente l’appareil théorique et méthodologique de l’analyse conversationnelle, un courant d’origine américaine qui, en accordant une place fondamentale à la transcription des données dans l’analyse, a développé depuis les années 1970 des principes de transcription extrêmement détaillés qui rendent les données accessibles au lecteur. Or, l’auteure montre que la transcription de tous les détails d’une interaction est potentiellement sans fin et que le transcripteur risque d’y sacrifier le travail d’analyse. En outre, du fait qu’il reste toujours un doute sur la transcription, certains chercheurs choisissent depuis quelques années de donner accès directement à leurs données, atteignant ainsi à une transparence que ne permet pas la transcription, mais posant des problèmes nouveaux, par exemple relativement aux droits des personnes enregistrées. Toujours sur des données orales, l’article de J. Sanmartín Saez s’intéresse à la manière dont un système de transcription peut être recyclé, modifié et renouvelé. Ses réflexions portent sur deux corpus d’espagnol auxquels l’auteure a contribué, dont l’un met en jeu des données avec des personnes aphasiques. Dans ce corpus, en effet, il est impossible de rendre compte de l’interaction et de l’intercompréhension des locuteurs sans tenir compte des phénomènes non verbaux. L’auteure montre ainsi que les choix de transcription sont non seulement liés aux objectifs de la recherche, mais aussi, intimement, aux spécificités des données de l’interaction. L’article de S. Spina porte sur la transcription d’un corpus de données télévisées (Corpus di Italiano Televisivo - CiT). L’auteure se penche sur les problèmes qu’il y a à transcrire un corpus hétérogène devant servir à différents types d’analyse. En effet, les choix que le transcripteur est nécessairement amené à faire ont des conséquences ultérieures sur la disponibilité et l’interprétation des phénomènes à analyser. L’article de L. Mondada investigue l’enregistrement et la transcription de données vidéo dans la perspective de la linguistique interactionnelle. Bien que l’enregistrement et la transcription soient deux étapes différentes, l’auteure montre qu’elle sont en fait liées, en ce sens que ce sont deux dispositifs de sélection (l’enregistrement) et de reconstruction (la transcription) pour l’analyse. L’auteure illustre son propos en analysant différents aspects d’une séquence où l’activité de pointer une carte se révèle une ressource des participants pour gérer leurs tours de parole. L’article insiste sur la nature multimodale de la conversation en liant gestes, regards, mouvements à la séquentialité et à la verbalisation. L’article de R. Alencar porte sur la synchronisation entre gestes, regards et applaudissements à l’ouverture de débats scientifiques. Ses réflexions portent en particulier sur la notion de tour de parole qui est abordée à partir des pratiques non verbales des participants (alors que cette notion est traditionnellement limitée à la séquentialité du matériel verbal) dans le passage d’une activité à une autre. Les choix faits par l’auteure pour représenter ses données montrent bien la difficulté qu’il y a à faire coexister sur la feuille de papier des modes d’organisation régis par des logiques différentes. En n’utilisant pas les images vidéo de son corpus dans son article, l’auteure révèle d’ailleurs, sans malheureusement thématiser cette question, les limites d’une transcription composée d’éléments linguistiques et symboliques uniquement pour représenter des données de nature multimodale. Enfin, l’article de E. De Stefani porte sur la manière de clore une interaction entre vendeurs et acheteurs dans un supermarché. L’article pointe les limites d’une approche qui ne tiendrait compte que du matériel audio en montrant que les aspects non verbaux de l’interaction sont eux aussi structurés séquentiellement et que les clôtures interactionnelles sont des phénomènes multimodaux. Ce faisant, c’est par l’exemple que l’auteur prend position pour une un type de transcription qualitative, orientée vers l’objectif de l’analyse (et incluant des images fixes issues des enregistrements vidéo), plutôt que pour une transcription quantitative, qui s’orienterait vers l’accumulation de détails pour rendre compte le plus finement possible de tous les phénomènes en jeu. 234 Besprechungen - Comptes rendus À la fin de ce tour d’horizon nécessairement limité, il appert qu’un des apports principaux de l’ouvrage tient dans la mise en contact de différentes approches, points de vue et objets liés à la transcription. C’est, à notre connaissance, le premier ouvrage qui fait se côtoyer dans un cadre commun des articles relevant de disciplines, de pratiques et d’ancrages théoriques si différents avec la volonté déclarée de «coinvolgere ricercatori . . . cercando di far luce sulle implicazione teoriche, metodologiche e analitiche connesse con la pratica del trascrivere» (Introduction, p. 8) et de «reunir a autores que discutan estos aspectos en español e italiano» (Introduction, p. 32). À notre sens, l’ouvrage a le mérite de relever ce défi qui rassemble des jalons épars sur les pratiques de transcription et les conceptions qui les soustendent. Certes, le cadre de travail reste relativement hétérogène, les éditeurs ne parvenant pas toujours à créer un lien entre les différentes contributions qui se côtoient sans vraiment dialoguer. Néanmoins, l’ouvrage rend bien compte du fait que la transcription est un phénomène de nature sociale marqué dans le temps, l’espace et l’idéologie des pratiques culturelles (y compris scientifiques). En ce sens, il prend position pour une conception contextuelle des pratiques de transcription et de leurs enjeux en philologie, en linguistique et plus largement en analyse des interactions sociales. Nicolas Pepin ★ Yuji Kawaguchi, Susumu Zaima/ Toshihiro Takagaki, Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics,Amsterdam (Benjamins) 2006, vi + 434 p. (Usage-Based Linguistic Informatics 5) Le cinquième volume de la collection Usage-Based Linguistic Informatics (UBLI) - l’acronyme UBLI est celui d’un projet et d’une équipe de recherche lancés en 2002 dans le cadre d’un programme du Centre d’Excellence du département des langues étrangères de l’Université de Tokyo, qui se donne pour comme principal objectif de promouvoir le développement conjoint de l’apprentissage et de l’étude des langues étrangères basé sur des corpus de données attestées (usage-based model) - contient les contributions de trois séries de rencontres ou de journées d’étude consacrées, comme l’indique le titre du recueil, aux corpus de langue parlée et à la linguistique informatique, au sens large. La première partie du volume regroupe les textes des communications tenues à l’occasion du 2 ème Congrès de linguistique informatique à Tokyo le 10 décembre 2005. Le responsable du centre de recherche UBLI, Y. Kawaguchi, est l’auteur de l’article d’introduction. Il y présente de façon très générale les objectifs, les travaux et les projets à long terme de son équipe. L’objectif, pour résumer, est de promouvoir l’apprentissage des langues étrangères, dans une perspective écrite et orale, tant ce qui concerne la prononciation, l’apprentissage du lexique, les situations de dialogue et la typologie grammaticale. Suit la contribution d’une des plus célèbres grammairiennes descriptivistes spécialiste de la linguistique de corpus en France, C. Blanche-Benveniste. Cette dernière dresse au début de son article un état de la question très utile, sur l’état et la constitution des corpus oraux dans le domaine de l’Union Européenne, avec zoom sur le français. Elle poursuit son exposé par quelques considérations sur la description grammaticale des aspects oraux de cette langue. S. Conrad enchaîne avec un article qui fait état de l’intérêt des corpus dans les études sur l’acquisition de l’anglais langue seconde. M. Moneglia et E. Cresti font part de leur expérience C- ORAL-ROM 1 en revenant sur la question du rôle et du poids de la prosodie dans la 235 Besprechungen - Comptes rendus 1 E. Cresti/ M. Moneglia (ed.), C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages, Amsterdam 2005, incl. DVD.