eJournals Vox Romanica 66/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2007
661 Kristol De Stefani

Vittorio Dell’Aquila/Gabriele Iannàccaro, La pianificazione linguistica. Lingue, società e istituzioni, Rome (Carocci editore) 2004, 209 p.

121
2007
Sara  Cotelli
vox6610282
gerade die Erklärungen für die Störfaktoren von Tests sein, insofern sie die diatopische Variation und Fragen der Sprachbewertung sowie nach der unterschiedlichen Ausdeutung der Gesprächsituation zulassen. Im Bereich der Untersuchung der Erzähltexte bedingen die Materialfülle und die Vielzahl der besprochenen Merkmale, dass die Darstellung in diesem Kapitel oft allzu knapp und wenig problemorientiert erscheint. In ihrer Premessa (15-21) erörtert die Vf. weitere Forschungsdesiderata im Zusammenhang mit dem elderly talk; im Verlauf der Untersuchung und im Schlusskapitel werden zahlreiche Ideen benannt. Ausgangspunkt kann ein zentrales Ergebnis der vorliegenden Studie sein: «qualsiasi generalizzazione in merito alle capacità linguistiche degli Anziani è sconveniente e fuorviante» (20). Die wertvollen erhobenen Sprachzeugnisse sowie die zahlreichen aufschlussreichen Ergebnisse illustrieren eindrücklich, wie diese Grunderkenntnis fruchtbar gemacht werden kann. Annette Gerstenberg ★ Vittorio Dell’Aquila/ Gabriele Iannàccaro, La pianificazione linguistica. Lingue, società e istituzioni, Rome (Carocci editore) 2004, 209 p. L’ouvrage de Vittorio Dell’Aquila et Gabriele Iannàccaro sur la planification linguistique répond à un besoin: il n’existe pas de manuel traitant spécifiquement des questions d’aménagement linguistique pour un public non-spécialiste. Le type de lecteur visé par les auteurs est clairement l’étudiant italien, voire européen, qui, après ses études, sera confronté aux questions de politique linguistique, un sujet amplement débattu depuis une dizaine d’années au sein de l’Union Européenne. Les auteurs entendent donner à ces étudiants une formation théorique, une explication des concepts et des modèles existants, ainsi qu’une expérience de diverses situations concrètes de planification linguistique en Europe, afin qu’ils puissent participer, en connaissance de cause, aux débats suscités par les rapports entre langues et communautés régionales et/ ou nationales. Il existe, bien entendu, une vaste littérature sur les questions de planification linguistique. Citons les recherches de Fishman 1 , qui propose un des ouvrages pionniers sur cette discipline; celles de Kaplan et Baldauf 2 qui offrent un état des lieux et des problèmes; ou encore celles, plus récentes, de Wright 3 présentant une vue générale des politiques linguistiques d’un point de vue historique. L’opuscule rédigé par Calvet en 1996 pour la collection «Que sais-je? » des Presses Universitaires de France 4 constitue bien un premier pas dans la direction d’un manuel, il retrace l’histoire des concepts de planification et de politique linguistiques dans la recherche universitaire depuis les années 1970 et donne un aperçu de quelques situations concrètes. Cependant, comme les autres ouvrages cités, il s’adressent plutôt à un lectorat de linguistes. Au contraire, Dell’Aquila et Iannàccaro entendent rendre leur texte accessible à l’étudiant non-linguiste et à un public plus général. On en veut pour preuve, outre l’explicitation de leur démarche dans le préambule, l’éclaircissement de divers concepts (dialecte, diglossie, communauté linguistique, etc.), pourtant bien connus des étudiants en sociolinguistique, qui figure dans le premier chapitre. De plus, l’abondance dans cet ouvrage d’exemples illustratifs (22 «casi studi», voir la liste p. 197) et l’annexe finale qui propose une fiche descriptive pour la situa- 282 Besprechungen - Comptes rendus 1 J. Fishman, Language Planning, Amsterdam 1991. 2 R. B. Kaplan/ R. B. Baldauf, Language Planning. From Practice to Theory, Philadelphia 1997. 3 S. Wright, Language Policy and language planning. From nationalism to globalisation, Houndmills, New York, etc. 2004. 4 L.-J. Calvet, Les politiques linguistiques, Paris 1996. tion sociolinguistique et juridico-linguistique de chaque pays européen, militent en faveur d’une telle interprétation. Jean-Marie Klinkenberg avait déjà entrepris une démarche similaire pour le public francophone, dans un ouvrage consacré à la langue française face aux enjeux sociaux et politiques 5 . L’accent n’est toutefois pas mis dans cet ouvrage sur la planification linguistique. Dans le préambule, les auteurs explicitent leur démarche. Ils rappellent l’importance prise par les questions de planification linguistique en Europe, et particulièrement en Italie, depuis les années 1980. Si cette discipline universitaire est relativement neuve dans le monde académique italien, elle est appelée à prendre une importance grandissante au vu des enjeux suscités par la problématique des rapports entre langue et communauté. En outre, les deux rédacteurs nous apprennent qu’ils ont directement puisé dans leur expérience du terrain pour l’écriture de ce livre. C’est donc dans ce cadre général qu’intervient la rédaction de cet ouvrage. Le premier chapitre place d’emblée la planification linguistique dans le giron de la sociolinguistique. Même si d’autres disciplines (sociologie, histoire, géographie, économie, droit, sciences politiques) peuvent, et doivent souvent, intervenir dans la description d’une situation concrète, le travail de la planification linguistique «rimane principalmente un lavoro da linguista» (11). C’est pourquoi, les auteurs s’en tiendront dans cet ouvrage à un point de vue strictement langagier sur le vaste champ de la planification linguistique. Fidèles à leur perspective, ils commencent par passer en revue les concepts sociolinguistiques généraux qui sont au cœur de la planification linguistique: la différence entre langue et dialecte, les concepts de communauté linguistique, de répertoire, de diglossie, de dilalie, etc. (12-21). Ils terminent ce premier chapitre, fort utile, en plaçant la notion de planification linguistique en regard d’autres concepts qui lui sont proches, comme la politique linguistique, l’aménagement linguistique, la normalisation, le language revival ou language revitalisation. Ils définissent finalement la planification linguistique comme «l’attività prettamente linguistica di studio e intervento sulle realtà sociali plurilingui» (22). Le second chapitre intitulé «lingua e stato» est le moins réussi de cet ouvrage. Il part pourtant d’un excellent principe: souligner le caractère historique de l’équation langue- État, de l’importance de la langue comme facteur de cohésion sociale et nationale. Les auteurs décrivent la situation linguistique et politique en Europe durant le Moyen Âge et sous l’Ancien régime (2.1). Ils soulignent ensuite la rupture représentée par la Révolution française et l’apparition du nationalisme qui a aboutit à la plupart des État-nations que nous connaissons aujourd’hui en Europe (2.2). La référence au concept de nation reste cependant trop floue et les auteurs peinent à faire entrevoir au lecteur la complexité de cette notion. D’autres auteurs que Hobsbawm 6 auraient mérités d’être cités à cet effet, comme Benedict Anderson ou Michael Billig qui offrent tous les deux à la langue une place de choix dans leur analyse du nationalisme 7 . La suite du chapitre comporte une étude de la planification linguistique dans l’ex-Union Soviétique et un état de la question à la suite de la chute du mur de Berlin. Finalement, constamment attachés à leur vision, Dell’Aquila et Iannàccaro exposent en détail la situation actuelle en Italie et dans l’Union Européenne. Les trois chapitres qui suivent reprennent la grande tripartition de la planification linguistique présentée au début de l’ouvrage (23-4): corpus planning, status planning et acquisition planning. Ces chapitres sont très intéressants. On peut cependant regretter la séparation artificielle entre ces trois grands axes qui sont pourtant totalement interdépen- 283 Besprechungen - Comptes rendus 5 J.-M. Klinkenberg, La langue et le citoyen, Paris 2001. 6 E. J. Hobsbawm, Nation and Nationalism since 1780, Cambridge 1990. 7 B. Anderson, Imagined Communities. Reflections on the Origins and Spread of Nationalism, Londres, New York 1983 et M. Billig, Banal Nationalism, Londres, Thousand Oaks, etc. 1997. dants, même si cela s’explique par un désir louable de clarification. La distinction entre corpus et status planning remonte aux travaux de Kloss 8 , et, même si elle a été adoptée de façon unanime par la recherche en planification linguistique, elle reste vivement controversée. Un auteur très critique à cet égard, Glyn Williams 9 , considère que cette «fausse dichotomie» introduit un problème majeur: une fois cette bipartition installée, on peine à prendre en compte la relation inhérente qui lie ses deux composantes. Pourtant, chaque fois qu’une langue voit accroître son statut, cela a inévitablement des répercussions sur le corpus; non que la langue présente forcément des «manques», mais suite à sa reconstruction sociale (Williams 1992: 147). Remarquons tout de même que Dell’Aquila et Iannàccaro soulignent lors d’une brève partie du chapitre 3 (3.8) l’interdépendance entre corpus et status. De plus, les études de cas viennent bien souvent confirmer cette corrélation par l’exemple. Nous pouvons citer le cas du rumantsch grischun (caso studio 15, 88-9), une langue «artificielle» crée comme langue administrative suite à l’acception du romanche en tant que langue nationale dans la Constitution fédérale helvétique aux côtés du français, de l’allemand et de l’italien. Dans ces trois derniers chapitres, les deux auteurs présentent, tour à tour, le spectre d’action de chacun des angles de vue de la planification linguistique, en fournissant au lecteur de très nombreux exemples concrets sous la forme de «casi studi» qui ne concernent pas toujours les langues et/ ou les régions les plus connues. Matière principale du chapitre trois, le corpus planning est l’action de la planification linguistique qui porte sur les aspects orthographiques, morphologiques, syntaxiques et lexicaux. Les auteurs reprennent ces points un à un en les exemplifiant. Le cas d’une intervention planificatrice sur la morphosyntaxe est ainsi illustré grâce à la standardisation du ladin (81-3). Si les deux auteurs citent l’exemple archiconnu de la Turquie moderne (87) 10 pour illustrer l’action de planification sur le lexique, ils développent deux situations fort intéressantes et moins connues que sont celle du corse standard et du rumantsch grischun (88-9). La dernière partie du chapitre (3.8) souligne, nous l’avons déjà mentionné, l’interdépendance intrinsèque des corpus et status planning, vu la corrélation entre statut, fonction et prestige d’une langue: «i due concetti sono assai strettamente correlati e, nella pratica della pianificazione, assai difficilmente separabili» (92). Le status planning, objet du quatrième chapitre, se réfère à l’ensemble de l’appareil normatif et législatif qui assure le maintien d’une langue, consolide son prestige, etc. Les auteurs reprennent tout d’abord la grande distinction en droit linguistique entre liberté de langue (liberté individuelle) et principe de territorialité (droit des communautés). Ils se penchent ensuite sur les différentes dénominations données aux langues dans les systèmes juridiques européens (langue nationale, langue officielle, régionale, minoritaire, «llengua pròpia» [Catalogne]) et internationaux («lesser used languages», etc.). Ils étudient en détails deux systèmes poltiques utilisant des lois linguistiques très différentes: la Catalogne et la Finlande (107-18). Ils discutent finalement le cas des législations scolaires, passant en revue les différents types d’organisation du système scolaire sur le continent européen (France, Luxembourg, Pays basque espagnol, Norvège, provinces italiennes où l’on parle le ladin). Le chapitre se termine sur l’exemple de la Belgique (130-31). Le chapitre cinq introduit l’acquisition planning, un concept qui a été proposé par Cooper en 1989 11 . Il renvoie aux aspects de la planification linguistique qui touchent concrètement les changements dans la société, c’est-à-dire les changements des rapports (numérique, économique, politique, identificatoire, etc.) entre les langues (134). Une telle intervention a donc des répercussion à plusieurs niveaux, linguistique, bien sûr, mais souvent 284 Besprechungen - Comptes rendus 8 H. Kloss, Research Possibilities on Group Bilingualism. A Report, Québec 1969. 9 G. Williams, Sociolinguistics. A Sociological Critique, Londres, New York 1992: 136s. 10 Voir aussi L.-J. Calvet, Les politiques linguistiques, Paris 1996: 81s. 11 R. L. Cooper, Language Planning and Social Change, Cambridge 1989. juridique également, et ainsi, elle ne sera possible que grâce à d’autres interventions simultanées sur le status et le corpus. Nous peinons à comprendre l’utilité d’un nouveau concept qui, au final, ne fait qu’englober la dichotomie corpus/ status en mettant l’accent sur les conséquences sociales de la planification linguistique. Nous estimons que celles-ci sont intrinsèquement présentes dans les notions de corpus et status planning. De plus, les deux auteurs passent complètement sous silence toute discussion sur l’opportunité d’une nouvelle distinction. Le chapitre, pourtant n’est pas inintéressant. Dell’Aquila et Iannàccaro illustrent l’acquisition planning par l’exemple de la montée de l’emploi du gaélique irlandais en République d’Irlande depuis les années 1990 (134-40). Ils présentent ensuite une modélisation des différentes étapes nécessaires à une revitalisation de la langue par l’acquisition planning: c’est le Catherine wheel model, initié par Strubell (140-43) 12 . Si le cas de la normalisation en Catalogne reste un des exemples les plus probants de politique d’acquisition planning, on en trouve néanmoins de plusieurs types (nationaliste, diglossique, sociétés parallèles, etc.) et elles peuvent être plus incitatives que directives. Les auteurs exposent ensuite un deuxième système de modélisation, introduit par Fishman 13 . Il s’agit des diverses étapes d’une politique du reversing language shift. La partie finale se concentre sur les enjeux divers du plurilinguisme administratif. Ce dernier chapitre nous semble former une sorte de conclusion, reprenant certains aspects développés au sujet des corpus et status planning. Si les troisième et quatrième chapitres sont relativement homogènes et linéaires dans leur contenu, la ligne adoptée dans le cinquième est plus floue et le lecteur se perd un peu. On peine à comprendre l’accumulation de concepts similaires (acquisition planning, normalisation, reversing language shift). Il faut également noter que c’est le chapitre qui renferme le moins d’études de cas. Peut-être souffre-t-il ainsi d’un manque d’illustration par l’exemple. Au final, il convient de recommander cet ouvrage qui, fidèle à la perspective de départ de ses deux auteurs, propose bien au lecteur un excellent passage en revue des différents concepts liés à la planification linguistique et de nombreuses illustrations fort intéressantes. On peut toutefois regretter l’eurocentrisme dont font preuve les deux auteurs, même s’il est pleinement revendiqué et participe à la mission générale de l’ouvrage. En effet, ce parti pris les oblige à faire l’impasse sur de nombreux exemples qui apporteraient une illustration claire de leur propos. Au contraire, à la fin de la lecture, on ne manquera pas d’être impressionné par la diversité des situations linguistique qu’on peut trouver en Europe. Cependant, un dernier point nous paraît important: Dell’Aquila et Iannàccaro évitent souvent de souligner les enjeux de pouvoir qui sont pourtant au cœur des diverses planifications linguistiques. Ils les mentionnent parfois, mais sous couvert d’une dénomination plus neutre (statut ou prestige). Les deux auteurs, par exemple, se demandent trop rarement quel groupe d’intérêt peut être à la base de telle législation linguistique. Bourdieu 14 a montré comment les différentes langues en présence sur un marché linguistique occupent une place précise et comment la situation sociolinguistique repose sur un pouvoir et une violence symbolique. La compréhension de tels processus nous semble essentielle à la formation que les deux auteurs veulent proposer par ce livre. Sara Cotelli ★ 285 Besprechungen - Comptes rendus 12 M. Strubell, «From Language Planning to Language Policies and Language Politics», in: P. J. Weber (ed.), Contact + Confli(c)t, Bonn 1999, 237-48. 13 J. Fishman, Reversing Language Shift. Theoretical and Empirical Foundations of Assistance to Threatened Languages, Clevedon 1991. 14 P. Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris 2001.