eJournals Vox Romanica 66/1

Vox Romanica
vox
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2007
661 Kristol De Stefani

Adrian P.Tudor, Tales of Vice and Virtue. The First Old French Vie des Pères,Amsterdam- New York (Rodopi) 2005, 612 p. (Faux Titre 253)

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2007
Richard  Trachsler
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été intégrées. Le fait est remarquable, comme le dit aussi l’éditrice, dans la mesure où le savant parisien, pour son classement, ne s’est pas occupé des textes, mais uniquement du contenu des manuscrits auxquels il reconnaissait une organisation hiérarchique qui s’est progressivement mise en place: à un noyau primitif formé de la vie du Christ, de la Vierge et des apôtres, ont été ajoutés, au fil du temps, les martyrs, confesseurs et vierges. Ainsi, Paul Meyer répartissait la masse des manuscrits en sept groupes, siglés A à G, selon les vies des saints qu’ils donnaient. Pour ce qui est de la vie de saint Martial, elle apparaît à partir du groupe C de son classement, dont le groupe G, étant le plus «inclusif» de tous, représente le dernier stade. On revient donc au point de départ: comment se fait-il que ce «dernier» stade conserve la «bonne» leçon? Ne s’agirait-il pas simplement de lectiones faciliores, le résultat d’une «purge» administrée au cycle au moment où il a été amplifié une dernière fois? Un nouvel examen de la tradition manuscrite de ces différentes vies de saints de Wauchier de Denain devrait à mon sens inclure, en amont, la tradition latine et les rapports avec le manuscrit de Valenciennes et, en aval, le devenir du texte au sein des légendiers français, qui paraissent lui avoir réservé une attention renouvelée au moment de la composition du cycle complet tel qu’il est donné par le groupe G. À peu de frais, l’éditrice aurait pu, en suivant les jalons qu’elle avait elle-même mis en place, pousser plus loin nos connaissances sur la circulation matérielle de la vie de saint Martial. Accessoirement, j’en suis convaincu, elle aurait aussi pu se faire plaisir. En l’état, il s’agit d’un travail consciencieux et honnête, mais qui manque d’expérience et de recul et passe donc un peu à côté des enjeux que comportait cette vie de saint Martial. Richard Trachsler ★ Adrian P. Tudor, Tales of Vice and Virtue. The First Old French Vie des Pères, Amsterdam- New York (Rodopi) 2005, 612 p. (Faux Titre 253) La Vie de Pères est un recueil de contes pieux composés, sans doute, au début du xiii e siècle. Connu, comme le rappelle Michel Zink dans sa courte préface, «depuis les débuts de la philologie romane» (11), le recueil a été édité intégralement en 1987-97 seulement et n’a suscité aucune étude d’ensemble. Le livre imposant d’Adrian Tudor comble donc cette lacune de façon heureuse et permettra de rendre justice à un texte qui a amplement circulé et vécu au Moyen Âge, comme l’attestent non seulement la cinquantaine de manuscrits conservés, mais aussi les variations que ces derniers présentent. Malgré une longueur de plus de 20000 octosyllabes, c’est donc un texte qui a été lu durant toute la période médiévale avant de sombrer dans l’oubli d’où la critique moderne a du mal à le sortir: privé de la virtuosité verbale qui caractérise les écrits de Gautier de Coincy et qui rend sa production si séduisante pour le public universitaire moderne, moins intéressant aussi, pour les spécialistes du folklore, que certains exempla avec lesquels il partage la thématique, le recueil de la Vie des Pères pourrait, peut-être, d’abord être lu comme un témoignage de l’expression d’une certaine piété médiévale. Ce n’est, naturellement, pas à une lecture pieuse qu’Adrian Tudor convie ses lecteurs, mais à la découverte d’un texte qu’il s’efforce d’éclairer sous différents angles littéraires. Le voyage en vaut certainement la peine. Mais comment évoquer les quarante et un contes qui composent la Première Vie des Pères? En effet, chaque conte est encadré d’un prologue et d’un épilogue qui le rendent de fait autonome, et l’ordre des composantes du recueil varie assez dans les manuscrits pour ne jamais avoir fait l’unanimité parmi les critiques. Fort de ce constat, Adrian Tudor opte pour une solution radicale: il choisit un ordre de présentation qui «deliberately avoids reproducing 297 Besprechungen - Comptes rendus the order of any manuscript» (38), car, selon lui, ce recueil n’a de toute façon jamais été lu ou récité d’un bout à l’autre, mais a été consulté «à la carte». Le critique moderne peut, et doit, donc proposer un autre ordre. L’ordre d’Adrian Tudor est un regroupement des contes par thèmes, habilement placés sous deux grands concepts formant les deux parties de son livre: «The Ten Commandments» (47-270) et «The Seven Deadly Vices and the Seven Cardinal Virtues» (271-75). Sous ces deux grandes rubriques, des contes (leur nombre varie de trois à six) sont rapprochés par leur thème et placés sous les titres adéquats: ainsi, pour citer le premier chapitre, les contes Juïtel, Sarrasine, Renieur, Païen, Crucifix, Image du Diable, figurent sous les deux commandements Thou shalt have no other gods than me et Thou shalt not make unto thee any graven image. Chaque série s’ouvre par le résumé des contes qui vont faire l’objet de l’analyse, ce qui garantit que même le lecteur le moins préparé pourra suivre le développement de la pensée. Chaque conte est ensuite commenté en fonction des intérêts qu’il présente et des liens qu’il entretient avec d’autres textes médiévaux, le plus souvent hagiographiques, religieux ou didactiques, mais aussi fabliesques. Une attention particulière est accordée aux jeux des correspondances qui unissent les différents contes du recueil entre eux, si bien que s’établit, au fil de la lecture, un réseau de renvois de plus en plus dense autour des thèmes majeurs de la Vie des Pères. Une bibliographie, exhaustive et très à jour, complète le volume, qu’un index aurait rendu plus facile à consulter. Il est clair qu’Adrian Tudor connaît admirablement bien «son» texte. Il est clair aussi qu’il était de son devoir de faire profiter son lecteur au maximum de sa familiarité avec la Vie des Pères, en le guidant et en lui facilitant la circulation dans le labyrinthe du recueil. C’est sans aucun doute ce que le livre fait: il propose au lecteur une visite guidée à travers un texte soigneusement préparé, d’abord segmenté, puis réaménagé en fonction d’un projet de lecture. Ce projet de lecture, on l’a vu, privilégie à juste titre la portée religieuse du texte, en déployant les éléments du recueil en fonction des Dix Commandements, des péchés capitaux et des sept vertus cardinales et en proposant ainsi un parcours orienté. Mais il faut bien admettre qu’à l’intérieur de cette architecture, la plupart des récits auraient pu glisser d’un endroit à l’autre, car fréquemment, le péché de l’un n’est que l’occasion d’illustrer la vertu de l’autre et bien souvent, les Commandements sont en relation avec péchés et vertus. Le parcours de lecture d’Adrian Tudor, tout en mettant en évidence des correspondances thématiques qui existent vraiment, est donc quelque peu factice et nous donne à voir un texte qui, lui, n’existe pas. Dans la mesure où les réseaux de correspondances informant la Vie des Pères se mettent en place tous azimuts - c’est précisément ce que l’étude en question parvient à montrer - il aurait peut-être été plus économique, plus naturel et plus éclairant de dérouler l’écheveau à partir d’un ordre existant dans les manuscrits. Au lieu d’avoir sous les yeux la Vie des Pères d’Adrian Tudor, le lecteur aurait ainsi eu accès à une version de la Vie des Pères médiévale, présentée, commentée et interprétée par Adrian Tudor. Puisque les contes sont analysés comme autant d’unités autonomes, une modification dans ce sens n’aurait pas entraîné de grands changements. Il s’agirait simplement d’enfiler les mêmes perles dans un autre ordre qui serait peut-être plus authentique. À force de vouloir présenter au lecteur une étude bien structurée, l’auteur finit par lui cacher l’organisation de la Vie des Pères. Notre guide se transforme parfois en écran. Ce point est également sensible dans un tout autre domaine: Adrian Tudor connaît non seulement admirablement bien la Vie des Pères, il l’aime aussi. Il n’y a rien à redire à cela puisque toute son étude en démontre les finesses et les échos intertextuels qui rattachent l’œuvre à d’autres textes. C’est donc un travail littéraire de grande qualité qu’on est en droit d’admirer. Mais on a parfois l’impression que cette conviction conduit Adrian Tudor à transformer l’artiste en humaniste et à lui prêter une idéologie qui n’est pas la sienne puisqu’el- 298 Besprechungen - Comptes rendus le n’est pas médiévale, mais moderne: notre collègue britannique, et c’est tout en son honneur, s’efforce de «sauver» son auteur lorsqu’il lui semble contrevenir à certains principes de tolérance de base, par exemple, quand il s’agit de présenter les femmes ou les juifs. Il est clair que pour une sensibilité moderne, de surcroît anglo-saxonne, les contes de la Vie des Pères ne sont pas politiquement corrects puisque l’auteur, pour atteindre son but, ne fait pas dans la dentelle. Mais même si l’auteur de la Vie des Pères est certainement moins virulent dans ses attaques contre les juifs et les femmes que Gautier de Coincy, ces attaques sont là, au service de son propos, et le contraire serait surprenant puisqu’elles font partie d’une certaine tradition littéraire médiévale. La sympathie, toute légitime, que le chercheur peut éprouver à l’égard du texte qu’il étudie, devrait idéalement le conduire à expliquer ces faits plutôt qu’à les atténuer. Mais ce n’est là qu’une preuve supplémentaire de la volonté d’Adrian Tudor de servir à la fois son œuvre et son lecteur, et l’on peut être certain que son beau livre, tel qu’il est, aura atteint ce double but. Richard Trachsler ★ Gautier de Coincy, Le miracle de la chaste impératrice. Traduction, texte et notes par Annette Llinarès Garnier, Paris (Champion) 2006, 243 p. (Traductions des classiques français du Moyen Âge 75) Man gestatte mir einen Hinweis vorab: vom Erwerb des hier anzuzeigenden Bandes sei all denjenigen abgeraten, die wie ich der (irrigen) Meinung sind, in einem Buch mit einem derartigen Titel sei eine Ausgabe des altfranzösischen Coincy-Textes zu finden - immerhin hat sich die Autorin in etlichen Publikationen mit diesem Dichter und Teilen seines Werkes befasst. Erst bei Erhalt des Bandes kann und muss ich feststellen, dass ich die neueste Folge aus der Reihe der Traductions des classiques français du Moyen Âge aus dem Hause Champion in Händen halte. Etwas enttäuscht, schlage ich das Buch an einer beliebigen Stelle auf, lese etwas und bleibe an Vers 1349 hängen, in dem vom cou plissé et chiffonné die Rede ist, und der von einer umfänglichen Anmerkung begleitet ist: «creceli, cresseli, ne figure ni pas le T. L. [sic]. Il pourrait s’agir d’une forme de crestel, crestelé, qui a une crête d’où plissé, ridé, chiffonné. La forme greseli en revanche est enregistré par GOD. Ce terme est à rattacher au verbe grésiller, grédiller. Le F. E. W. mentionne sous craticula de nombreux dérivés: moyen français ‘se griller, se plisser’ (en parlant de la peau). Il existe une autre occurrence de ce terme chez Gautier, Mir. iii, page 103, vers 778». Sehen wir uns diese Anmerkung etwas näher an. Die beiden altfranzösischen Formen stammen offensichtlich aus der Ausgabe Koenig (CoincyII9K), von der nirgendwo gesagt wird, dass sie der Übersetzung zugrunde liegt, und die außer den beiden zitierten Formen noch die Varianten cresteli, creselli, creseli, tresseli, crecheli und greseli bietet, was bei der Diskussion des Wortes ja nicht uninteressant sein mag. TL hat den Beleg durchaus und zwar unter greselir (4,625). Die Anknüpfung an crestel erscheint für die Formen ohne -tetwas abenteuerlich. (Die gegebenen Definitionen sollten den heutigen Gepflogenheiten gemäß mit Anführungszeichen versehen werden.) Das FEW hat den Beleg aus Coincy in Band 16, 85b unter *grisilon. Der andere Beleg findet sich in CoincyI37; «Mir. iii» bezieht sich auf die Bandzählung der Ausgabe Koenig. Man fragt sich, warum bei diesen Angaben ein Verweis auf ColletCoincy 135 fehlt, obschon die Arbeit in der Bibliographie erwähnt wird, oder aber auf DEAF G 1140,48, wobei dieses Wörterbuch wahrscheinlich als «Dictionnaire étymologique étymologique [sic] de l’ancien français, Québec 1989 [sic]» in der 299 Besprechungen - Comptes rendus