eJournals Vox Romanica 66/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2007
661 Kristol De Stefani

Jean-Charles Herbin (ed.), La Vengeance Fromondin, Abbeville (Paillart) 2005, 521 p. (Société des Anciens Textes Français)

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2007
Frankwalt  Möhren
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Jean-Charles Herbin (ed.), La Vengeance Fromondin, Abbeville (Paillart) 2005, 521 p. (Société des Anciens Textes Français) La Vengeance Fromondin, chanson de geste appelée aussi Yon d’après un des héros centraux (d’où le sigle du DEAF, Yon, pic. ca. 1260), appartient à la Geste des Lorrains. Elle y forme une continuation de Garin le Loherain (GarLorr, 4 e quart XII e s.) et de Gerbert de Metz (GerbMetz, fin XII e s.). Cette continuation est, quant à sa généalogie, parallèle à Anseïs de Metz (alias Anseÿs de Gascogne, AnsMetz, 1 er tiers XIII e s., où le héros Yon prend le nom d’Anseïs). Le vaillant Herbin a déjà édité la chanson d’Hervis qui s’inspire de GarLorr. La V. F. se compose de 6672 décasyllabes rimés, disposés en 246 laisses: assez de vers pour animer trois soirées d’hiver. Dans le manuscrit unique du troisième quart du XIII e siècle, le texte est précédé de GarLorr et de GerbMetz. Il y a trois scribes, mais la V. F. est transcrite par le seul scribe II, lorrain. L’éditeur discute le fait curieux que les 383 derniers vers ont un aspect très lorrain, tandis que le gros du texte comporte peu de lorrainismes. L’hypothèse d’un modèle acaudal, complété d’après un modèle moins bon et plus lorrain, paraît plausible (plus qu’un modèle illisible vers la fin, et plus qu’une fin perdue (39-42)). Une phonétique graphématique, suivie de remarques morphologiques (18-38), documente les traits lorrains, peut-être messins (33, §46: asxillier/ essilier, etc.). S’intercale ici, de façon un peu surprenante, la mention de l’édition Mitchneck [YonM], de 1935, peu fiable (on accorde volontiers à l’éditeur de YonH le petit plaisir d’épingler quelques bévues savoureuses de son prédécesseur: la caractérisation des éditions antérieures fait partie des tâches essentielles des éditeurs). Des extraits amples (1068 vers, édition semi-diplomatique correcte (512 entandu s’y lit -en-: erroné)) avaient été donnés dans une petite thèse de 1885 [YonR], et 784 vers avaient accompagné RCambrM. Le chapitre voué à l’auteur (47-101) comprend bien des choses, toujours intéressantes: a) métrique avec observations morphologiques, b) rimes avec calculs, c) lexique avec l’essai très louable de localiser les régionalismes (de l’auteur) essentiellement picardes: demerques ‘mercredi’, sapin ‘bois de sapins’, simple ‘abattu, désespéré, compatissant’ (p. 70; ce n’est pas une définition, mais plutôt une série de traductions possibles bien qu’hétérogènes; FEW 11, 635b ‘penaud, affligé, triste’, Chrestien, etc., semble correspondre, mais chez Chrestien ‘humble’, mieux documenté, est plus probable; le cas est délicat), tripeler ‘faire des sauts, se démener, danser’ (! ) (le mot est tout de même proche de trepeller ‘sautiller’, pic. ca. 1300 YsiiB xxxviii 5, v. TL), d) style et esprit du texte, e) clefs pour la datation (essai d’identifier les personnages mentionnés, aboutissant à une datation autour de 1260), f) place de la V. F. dans la Geste des Loherains. L’éditeur circonspect nous rend un texte très bien lisible; les corrections sont placées entre crochets, les leçons originales sont indiquées au pied de la page et discutées en note. Heureusement, les exponctuations, suscriptions etc. sont dûment indiquées. Certaines substitutions paraissent au moins téméraires, p. ex. (H. fu) iriez (3897, avec note) au lieu de correciez, pour raccourcir un vers hypermétrique: dans ce cas, la leçon du manuscrit est bonne, il suffit de lire correciez comme bi-syllabe, corcier étant de toute façon bien documenté. Les amples notes montrent que H. a pénétré le texte et qu’il n’escamote pas les difficultés par le silence comme il est si fréquent dans ce métier. Il invite par là le lecteur à s’essayer aux problèmes (au vers 3796, avec note, on pourrait penser qu’il y avait à l’origine la chaeine/ pic. le c-, mais cette possibilité reste aussi hypothétique que celles discutées par H.). Le glossaire satisfait le lecteur et le lexicographe quant à son étendue. Il fournit aussi le lien avec les notes. Les renvois numériques ne sont pas complets, ni les renvois onomasiologiques par ailleurs bien venues (p. ex. sous chiere: renvois à manbree, manbrue, mais pas à marrie [le renvoi numérique y est]; rain d’olive, 3751, est sous rain, pas sous olive; etc.), mais ce n’est jamais possible. En guise de définition on y trouve souvent des traductions de 314 Besprechungen - Comptes rendus bouts de phrases sans, en fait, analyse sémantique du mot (cf. p. ex. jornal): un tel glossaire (il est typique dans son genre) aide à la compréhension du texte, mais pas dans chaque cas à celle du sens des mots, réduisant par là aussi l’accès à l’intention de l’auteur. Branc ‘lame de l’épée’ est distingué de ‘épée’, ce qui est juste (308); comme il s’agit d’une synecdoque, c’est une distinction toujours difficile; brans de coulor ‘lames où joue la lumière’ est douteux, mieux probablement ‘lame[s] à l’aspect bicolore (par le damasquinage)’. Muer color ‘rougir de honte; blêmir ou rougir de douleur ou de contrarieté’: indications contextuelles. Comme nobile n’est pas une variante de noble, on ne devrait pas les traiter dans un même article. Cire ‘sceau de cire’ transpose la synecdoque; du point de vue littéraire il serait mieux de définir ‘cire (du sceau)’, ce qui serait en même temps correct du point de vue linguistique. Besant, denier et paresis sont employés dans le texte de façon identique comme renforcement de la négation (cp. 3836 avec 5196), mais les traductions fournies en sont très diverses. Il manque une reproduction d’une page du manuscrit. Dans l’ensemble une édition qui fait honneur à la SATF. La collation d’un certain nombre de folios a confirmé que la transcription est exempte d’erreurs. Comme le récit est moins ennuyeux que bien d’autres chansons de geste (H. parle à juste titre de la ‘délicatesse d’expression’ (71)), l’édition pourrait servir au questionnement en cours des méthodes éditoriales 1 . Frankwalt Möhren ★ Aimé Petit (ed.), Réception et représentation de l’Antiquité. Actes du colloque du Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3 (Université Charles-de-Gaulle, 28-30 septembre 2005), Lille (Université Charles-de-Gaulle) 2006, 354 p. (Bien dire et bien aprandre 24). Les journées d’études, désormais traditionnelles, organisées par le Centre d’études médiévales et dialectales, ont été consacrées, en 2005, à un sujet qui jouit depuis une trentaine d’années d’une considération croissante et demeure au centre des intérêts des animateurs du rendez-vous lillois 1 : l’état des questions, par rapport à la présence et à la réception de l’Antiquité dans les textes littéraires médiévaux, a certes été donné par Francine Mora-Lebrun dans une mise au point récente 2 ; cependant, l’on constate d’emblée, en lisant les actes réunis par Aimé Petit, un glissement remarquable de l’intérêt général vers la question de la vitalité de l’œuvre de Virgile et des formes et des contextes de sa réception. Parmi les quatre sections de l’ouvrage, la deuxième (Autour de Virgile, 109-82) y est entièrement consacrée, la première (Quelques figures féminines et mythologiques, 11-108) s’y rattache, notamment dans les contributions concernant les figures virgiliennes de la Sybille et de Lavine ; quant à la quatrième (Réception de l’Antiquité (XVII e -XX e siècles), 287-354), elle s’intéresse à des aspects de la fortune de Virgile à l’époque moderne dans trois essais sur cinq. Néanmoins, la variété des thèmes et des apports est assurée par la complexité des questions posées dans certaines contributions, comme le montrent efficacement, dans la première section, les recherches autour de quelques figures majeures. Par ailleurs, la troisième partie (Réception de l’Antiquité au Moyen Âge et au XVI e siècle, 183-285) se charge de regrouper les études dé- 315 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. F. Duval (ed.), Pratiques philologiques en Europe, Paris 2006. 1 Cf. par exemple Troie au Moyen Âge. Actes du colloque du Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3 (Université Charles-de-Gaulle, 24-25 septembre 1991), Lille 1992 (Bien dire et bien aprandre 10). 2 F. Mora, «La réception de l’Antiquité au Moyen Âge», Perspectives médiévales 30 (2005): 367-81.