Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2007
661
Kristol De StefaniMadeleine Jeay, Le commerce des mots. L’usage des listes dans la littérature médiévale (XIIe-XVe siècles), Genève (Droz) 2006, 552 p. (Publications Romanes et Françaises 241)
121
2007
Maria Colombo Timelli
vox6610318
signalera celle de F. McIntosh-Varjabédian («Pourquoi Rome? », 317-27), qui s’attache à l’une des premières œuvres marquantes de Jules Michelet, l’Histoire romaine (1831), et éclaire les raisons du choix d’un tel sujet, alors que l’histoire de Rome n’était pas au centre du débat historiographique contemporain en France et que, d’ailleurs, ce thème paraît à première vue étranger au projet historique national de Michelet. Gabriele Giannini ★ Madeleine Jeay, Le commerce des mots. L’usage des listes dans la littérature médiévale (XII e -XV e siècles), Genève (Droz) 2006, 552 p. (Publications Romanes et Françaises 241) Madeleine Jeay fait le point dans ce gros livre sur un sujet qui l’occupe depuis quelques années déjà (cf. ses titres, cités dans la bibliographie aux p. 521-22), à savoir la fréquence si voyante des listes dans la littérature en vers du Moyen Âge. Il s’agit d’un phénomène récurrent caractérisé par des traits marquants et reconnaissables: retour des thèmes, hétérogénéité signalée par rapport au contexte, polyvalence des dimensions possibles (la liste pouvant assumer tour à tour une fonction encyclopédique, mnémotechnique, ludique, poétique, comique, satirique . . .), association enfin avec la figure du poète. Une telle matière impliquait un risque majeur, dont M. Jeay était si consciente qu’elle a su l’éviter: offrir une liste de listes sans arriver à en dégager les éléments constants, les enjeux, et surtout sans essayer d’en comprendre la motivation profonde. C’est donc selon une approche essentiellement sémantique que l’enquête a été menée sur un ensemble de textes très variés, tirés d’un vaste corpus qui comprend tant des chansons de geste que des romans, des dits et des pièces lyriques (à ce propos, on signalera que les titres de ce corpus, qui ne fait pas l’objet d’une présentation explicite, sont réunis dans la section «Textes» de la bibliographie, p. 503-10). Sans que cela soit vraiment signalé, le livre est divisé en deux parties, articulées, l’une sur des problèmes généraux (les caractéristiques des listes, une analyse de pièces ou de fragments centrés sur la dénonciation de l’incompétence d’un jongleur individuel ou des jongleurs en général, la «belligérance» comme thème fondateur des textes, font l’objet des trois premiers chapitres), l’autre sur des genres ou des auteurs précis (Jean Bodel et Rutebeuf au chapitre 4, les dits énumératifs au chapitre 5, Machaut, Froissart, Deschamps, Villon dans les quatre derniers). Plutôt que de prétendre donner une synthèse du contenu, nous essayerons de souligner l’apport original de l’étude de M. Jeay. Il s’agissait en premier lieu de faire le point sur le plan théorique et définitoire (en reconnaissant par exemple le processus de nominalisation comme fondement de toutes les listes) et parallèlement d’identifier les centres d’intérêt, finalement peu nombreux et tous rapportés à l’univers concret de l’homme et à son milieu. Sur le plan littéraire, M. Jeay affirme la priorité chronologique de la chanson de geste, où l’énumération (par exemple, la liste des combattants et de leurs cris de ralliement) constitue évidemment un motif attendu du public; mais en même temps elle refuse de rattacher les listes à un, ou même à plusieurs genres littéraires, puisqu’elle affirme que c’est la littérature médiévale dans son ensemble qui est marquée par une dimension conflictuelle: par des exemples tirés tant de la lyrique occitane que de la poésie en langue d’oïl, elle prouve que l’énumération, associée à un contenu polémique, sert au poète-jongleur pour affirmer sa maîtrise de la parole et sa propre valeur contre ses «adversaires» ou concurrents. C’est alors une sorte d’esthétique de la liste qui se met en place, reconnaissable grâce à la présence d’un principe énumératif associé au ton polémique et à une actitude de jactance. Par ailleurs, les sujets privilégiés de ces listes (les œuvres d’un auteur donné, mais aussi les lieux, les métiers, les denrées, alimentaires ou autres, les biens des ménages) semblent 318 Besprechungen - Comptes rendus moins significatifs que les différents buts auxquels les poètes les plient: que ce soit pour affirmer leur orgueil personnel, éventuellement caché sous le topos d’une modestie affichée, pour appuyer une satire anti-féministe ou anti-matrimoniale, le recours aux énumérations constitue moins un lieu commun qu’un instrument qui témoigne et de la plasticité du lexique et de la joie verbale des poètes. C’est ce qui explique aussi comment la liste d’œuvres (celle, très célèbre, qui inaugure le Cligès de Chrétien de Troyes, d’autres moins connues) fait du poète, «commerçant de mots» selon le titre de cet ouvrage, la figure parallèle du marchand, et comment le «savoir» de l’un s’apparente à l’«avoir» de l’autre. On ne sera pas surpris de constater comment des poètes de grande envergure ont adapté le procédé à leur propre poétique: pour alimenter une double image de clerc amoureux (Machaut), pour multiplier les effets d’autobiographie (Froissart), pour en faire un «mode d’écriture privilégié» au service de la vituperatio (Deschamps, p. 365), ou encore pour nourrir une image ambivalente oscillant entre la virtuosité et l’auto-dérision (Villon). Le véritable apport de cette étude nous paraît résider dans la richesse même et l’accumulation des données. Et si M. Jeay affirme ne pas pouvoir conclure, c’est bien pour éviter une dernière fois de tomber dans le piège inhérent à son sujet: l’exhaustivité, la fermeture, sont d’emblée exclues d’une matière si abondante et, au fond, inépuisable. Il nous semble cependant que deux pistes au moins restent ouvertes: l’approche lexicographique d’abord, puisque la proximité entre les listes poétiques et les glossaires, manières de langage, dictionnaires organisés par champs sémantiques, n’est qu’effleurée ici (270-71). D’autre part, on aura remarqué que les textes en prose n’ont même pas droit d’entrée dans cette analyse; on ne pourra certes pas reprocher à Madeleine Jeay de ne pas les avoir pris en compte dans un corpus déjà si vaste, mais la question se pose nécessairement: la «poétique de la liste» se décline-t-elle uniquement dans les textes en vers? En d’autres termes, quel est le rapport qui s’instaure entre le jeu des listes et la forme poétique, voire les contraintes de la versification? En contrepartie, quels sont sa part et son rôle - si part et rôle il y a - dans l’autre moitié de l’univers littéraire médiéval, celle qu’occupent les œuvres en prose? Maria Colombo Timelli ★ Élisabeth Gaucher (ed.), Le vrai et le faux au Moyen Âge. Actes du Colloque du Centre d’Études médiévales et dialectales de l’Université de Lille 3, Villeneuve d’Ascq (Université Charles-de-Gaulle - Lille 3) 2005, 368 p. (Bien dire et bien aprandre 23) Ce volume 23 consacré aux concepts médiévaux de «vrai» et de «faux» est dédié à Aimé Petit. L’homme médiéval ne prétend pas atteindre la vérité pleine et entière, qui est l’apanage de Dieu, et pourtant il la poursuit sans relâche. Au Moyen Âge, l’homme attribue à Satan la paternité de la fausseté et de la tromperie, et pourtant, lui-même ne cesse de fabriquer des faux et d’en légitimer l’usage. Ces concepts investissent tous les domaines du champ culturel, littérature, linguistique, discours scientifique et juridique, l’interdisciplinarité visant à affiner la définition d’une vérité qui, loin d’être monovalente, s’adapte aux contextes les plus variés. Chapitre I: Semblances et Senefiances romanesques. Christine Ferlampin-Acher, Celui qui croyait aux fées et celui qui n’y croyait pas: le merveilleux romanesque médiéval, du «croire» au «cuidier» (23-39). Le merveilleux romanesque pose le problème du vrai et du faux, et renouvelle cette opposition en thématisant son enracinement fictionnel sous la forme de deceptions, d’illusions et de bourdes, de mensonges, c’est-à-dire sous la forme à la fois d’êtres et de discours marqués par la fausseté. Le corpus étudié comprend Artus de Bretagne, Par- 319 Besprechungen - Comptes rendus
