Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniMartin-D. Glessgen/André Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le «Dictionnaire des régionalismes de France». Actes du Colloque en l’honneur de Pierre Rézeau, Strasbourg (PUS) 2005, 314 p.
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Dorothée Aquino
Christel Nissille
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einordnen lassen (primär auf lautlicher und morphotaktischer Ebene, seltener semantisch motiviert). Wie bereits angeführt, werden in der statischen Morphologie alle Alternanzen als suppletiv gewertet, Regeln - darunter auch Allomorphie- und morphonologische Regeln - dagegen als Mechanismus der dynamischen Morphologie. Ein wichtiger Parameter stellt für die einzelsprachliche Betrachtung v. a. die Produktivität dar; die grammatische Produktivität ist auf der Ebene des potentiellen Systems der Sprache angesiedelt und steht damit im Gegensatz zu den reellen Normen. Gleichzeitig sagt sie aber nichts über die Wahrscheinlichkeit aus, mit der eine Form gebildet wird und sich durchsetzt. Im weiteren ist eine Abgrenzung zur Frequenz notwendig, die der Bildung der Form nachgeordnet ist. Neben der Beleuchtung der Relevanz der einzelnen vorgestellten Parameter werden typologische Fragestellungen kurz angesprochen - das Französische zeigt so Veränderungen hin zum isolierenden Typ: «le type isolant ne maintient principalement que l’iconicité des catégories les plus pertinentes pour le verbe» (150). Wenngleich nicht im Vordergrund stehend, lassen sich einige parameterbasierte Aussagen für die Diachronie fruchtbar machen. So wird auf Schwankungen im Hinblick auf die Paradigmenstabilität aufmerksam gemacht, sowie die Tatsache, dass eine höhere Frequenz nicht vor Ausgleichstendenzen schützt (cf. Präsens, Futur; und dazu die Diskussion der Problematik suppletiver Paradigmen). Gleichzeitig sind neben den Interdependenzen und Interaktionen einzelner Parameter auch Konflikte z. B. zwischen Ikonizität und Systemadäquatheit zu berücksichtigen (cf. im Fall der Dubletten bei -ir-Verben - mit und ohne Stammerweiterung, u. U. mit semantischer Ausdifferenzierung). Wie verschiedentlich in der mehr oder minder starken Ausprägung einiger Parameter (bzw. in der entsprechenden Charakterisierung einzelner Formen) sichtbar geworden ist, lassen sich Kontinua bezüglich der Präferenzen ermitteln und daraus universelle und typologische Vorhersagen treffen. Diese gründen auf den Kontinua für die Indexikalität, die Transparenz und auf der Interaktion einzelner Parameter (morphologische Prozesse, Länge des präferierten Wortes und der präferierten Basis). Für das Französische ist die Asymmetrie zwischen statischer und dynamischer Morphologie bezeichnend. In dem einzelsprachlich ausgerichteten Kapitel werden die Parameter in die Darstellung eingebunden, so v. a. die Ikonizität sowie das Kontinuum morphotaktischer Transparenz und Einheitlichkeit der Basen (eine ausführlichere Darstellung wäre wünschenswert gewesen, zumal die Parameter ausführlich im ersten Hauptkapitel diskutiert werden). Die Autoren verweisen selbst darauf, dass wichtige Aspekte wie Morphonologie (v. a. liaison), die im français régional vorliegenden Verhältnisse, darüber hinaus die Nominalflexion, Derivation, Komposition, sowie die typologische Perspektive vernachlässigt wurden. Denkbar wäre schließlich eine Überprüfung der Operationalisierbarkeit der einzelnen Parameter auch für eine diachrone Analyse, die leider unterbleibt, aber möglicherweise die Rechtfertigung bezüglich der Gewichtung und Interdependenz der Parameter aufzeigt. Sabine Heinemann ★ Martin-D. Glessgen/ André Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le «Dictionnaire des régionalismes de France». Actes du Colloque en l’honneur de Pierre Rézeau, Strasbourg (PUS) 2005, 314 p. Très attendu, ce recueil de communications présentées en l’honneur du soixante-cinquième anniversaire de Pierre Rézeau est annoncé par les éditeurs comme suit: «l’idée directrice des études réunies dans ce volume a été de montrer les perspectives qu’apporte la 342 Besprechungen - Comptes rendus parution du DRF à la recherche» (xvii). En effet, le Dictionnaire des régionalismes de France (DRF), dans la continuité d’autres descriptions lexicographiques comme le Dictionnaire Historique du français québecois (DHFQ) ou le Dictionnaire suisse romand (DSR), participe à l’élaboration d’un nouveau modèle lexicographique qu’il convient de circonscrire et de définir. Ainsi, bien plus qu’une ouverture sur les perspectives qu’offre le DRF pour la recherche lexicographique, cet ouvrage constitue une somme en trois parties: elle offre d’abord un bilan méthodologique et théorique du français régional (L’étude des régionalismes du français: considérations théoriques et méthodologiques), puis elle ouvre la discussion sur les perspectives d’avenir que permet ce type d’ouvrage et détermine les questions que le lexicographe devra se poser dans des études futures (Le modèle du DRF: études métalexicographiques et perspectives d’avenir) avant de mettre l’accent sur les rapports qu’entretiennent la régionalité, la lexicographie et la société (Régionalisme, dictionnaires et société). En ouverture du Colloque, Martin-D. Glessgen et André Thibault - La «régionalité linguistique» dans la Romania et en français - définissent avec succès la «régionalité» linguistique. Ils opèrent, pour ce faire, une distinction non seulement terminologique, mais aussi conceptuelle entre cette «régionalité» et les autres variations dans l’espace (dialectes primaire et secondaire, codification pluricentrique), et ceci dans toute la Romania. Les différentes caractéristiques de cette régionalité sont développées de manière théorique et générale, ce qui permet dans un deuxième temps d’y positionner le français et d’observer son utilité «comme objet d’étude pour la ‹régionalité› linguistique» (iii). Ces précisions théoriques posées en préambule sont reprises et développées d’un point de vue méthodologique dans la première contribution de la première partie par Jean-Pierre Chambon: Après le «Dictionnaire des régionalismes de France»: Bilan et perspectives (3- 30). Le bilan que Chambon dresse de la lexicographie différentielle du français constitue le pont entre les considérations de Gleßgen et Thibault et leur développement concret dans le reste du recueil. Le «nouveau canon» (3) constitué par le DHFQ, le DSR et le DRF apporte selon lui - et nous ne saurions le contredire - un changement radical dans le traitement des régionalismes. En amont, nous avons affaire à un changement de rapport avec la lexicographie générale et avec la dialectologie, dont le point de convergence se trouve dans l’utilisation critique de la bibliographie qui est à disposition et dans l’exploitation des meilleurs modèles. Ainsi, Chambon replace les variétés régionales par rapport au standard et aux dialectes non plus dans un niveau intermédiaire entre les deux, mais les définit comme la «dynamique géohistorique concrète du standard» (8). Cette appréhension des variétés régionales ouvre donc de nouvelles questions qui, selon l’aperçu que nous avons des travaux antérieurs, ont été parfois effleurées, présenties voire ébauchées, mais qui, dans cet ouvrage, prennent une place importante et attendue. Cette «dynamique» amène Chambon à considérer que les régionalismes peuvent et doivent être marqués sur «les autres axes de la variation» 1 (9). Ce présupposé implique l’existence de (sous-)normes régionales, ce qui conduit à considérer l’influence linguistique de certaines aires et par conséquent de la transmission et de la diffusion des régionalismes. C’est donc bien la prise en compte de la géolinguistique et de l’histoire des mots qui peut permettre, selon l’auteur et comme l’étayent les diverses contributions de cet ouvrage, des explications étymologiques convainquantes ainsi qu’une «typologie» et une «stratigraphie des aires lexicales» (14-5). 343 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. «Les diatopismes peuvent appartenir à n’importe quel niveau de langue (soutenue ou relâchée), voire au vocabulaire institutionnel et officiel (statalismes), et participent de plein droit à la configuration de la langue standard» (viii). La question des «rapports entre les dialectes et les français régionaux» (32) fait l’objet des trois communications suivantes traitées respectivement par Jean-Paul Chauveau, Éva Buchi 2 et Michel Francard. Jean-Paul Chauveau - Régionalismes et dialectalismes: quelques exemples manceaux (31- 44) - a choisi de se pencher sur les cas de figure qui apparaissent régulièrement dans les rapports qu’entretient le français régional avec les dialectes primaires. Par le biais de l’analyse de quatre régionalismes manceaux, il nous présente l’«utilité des sources dialectales, glossaires et atlas pour l’étude des régionalismes» (32) lorsque ces derniers sont utilisés localement et sur une aire semblable à l’aire du dialectalisme correspondant. De manière très convainquante, les exemples choisis illustrent l’enquête à mener afin de faire la différence entre régionalismes issus de dialectalismes et emprunts des dialectes au français de ces régions. Les résultats obtenus permettent à Chauveau de dégager différentes voies de propagation et d’avoir un aperçu de cette «circulation permanente entre les différentes instances» (44) qui oblige le lexicographe à nuancer ses conclusions. Ce «rapport étymologique entre la langue et les parlers dialectaux» est, pour ainsi dire, «quantifié» par Éva Buchi dans l’article Les emprunts dans le «Dictionnaire des régionalismes de France» (81-98), où elle considère le pourcentage des emprunts dans le DRF. La question de la représentativité des résultats obtenus est soulevée et trouvera sa réponse dans des «recherches futures» (83), mais la méthode appliquée au corpus du DRF apporte d’ores et déjà des observations très intéressantes: une analyse quantitative quant à la provenance des emprunts ainsi qu’une analyse aréologique de ces régionalismes permet à Éva Buchi de dégager des indications sur le «poids et le rayonnement (extralinguistique) des différents centres diffuseurs» (98). Michel Francard - La frontière entre les langues régionales romanes et le français en Wallonie (45-62) - apporte une réponse à la question du lien entre la vitalité d’une langue régionale 3 et le taux de dialectalismes dans un français régional. Par une analyse de la situation linguistique de la Wallonie, région pour laquelle on peut postuler une vitalité très forte de la langue régionale, et se basant sur les enquêtes sociolinguistiques préalables au DFB (Dictionnaire du français en Belgique), Francard nuance l’hypothèse qui pose un parallélisme entre «le taux d’exposition aux langues régionales et le taux de présence de dialectalismes dans le français régional» (55) par l’idée que la visibilité des dialectalismes en français est inversement proportionnelle à l’importance des différences entre les deux langues. La «frontière poreuse, au plan des pratiques comme au plan des représentations» (57) qui existe entre français et wallon favorise, selon lui, l’utilisation des dialectalismes. Renversant une fois de plus les idées reçues - n’est-ce pas ce que l’on attend d’un tel ouvrage? -, Francard conclut, en considérant la valeur identitaire positive qui en découle, que cette composante dialectale «pourrait contribuer à l’autonomisation croissante d’une variété de français spécifique à la Belgique francophone» (61). Poursuivant la réflexion sur la confrontation de la variation «régionale» à «d’autres types de variation diatopique» (xvii), Albert Valdman - L’évolution du lexique dans les créoles à base lexicale française (63-70) - considère la vitalité et les mouvements sémantiques du français par le biais de la question de la nature des créoles à base lexicale française. Il remet en question l’africanité des créoles dans leur structure sémantique et l’organisation de leur lexique (63). Ainsi, selon lui, il ne faut pas s’appuyer uniquement sur l’influence du 344 Besprechungen - Comptes rendus 2 La communication d’Éva Buchi apparaît, selon l’ordre choisi par les auteurs du volume, plus loin dans l’ouvrage; nous pensons toutefois que, d’un point de vue thématique, elle trouve sa place dans cette première unité traitant des rapports entre les dialectes et les français régionaux. 3 Francard indique qu’il utilise à dessein l’expression «langue régionale» afin d’éviter la confusion avec le terme anglo-saxon «dialect» dans la N5 (45), mais il s’agit bien ici du wallon. substrat africain, mais considérer la productivité «en CH [créole haïtien] de signifiés de puissance 4 hérités du français» (64) en développant donc un aspect peu étudié, les «processus lexicogénétiques d’ordre sémantique» (64). La question de la situation des régionalismes dans «leur environnement linguistique global» (72) est étudiée par France Laguenière: L’exploitation du FEW et des grands dictionnaires de langue dans l’étude des régionalismes du français (71-80). Elle présente la méthodologie pour une utilisation critique de la bibliographie ainsi que l’exploitation des grands dictionnaires pour le traitement des régionalismes, leur «identification, vitalité, cadrage [aréologie] et histoire» (77). Elle passe donc en revue ces grands dictionnaires - langue ancienne (Godefroy), période pré-classique (Huguet), période contemporaine (TLF), étymologie (FEW) - en nous donnant, comme l’a fait Chauveau pour les matériaux dialectologiques, quelques exemples intéressants d’exploitation de ces données. Elle conclut qu’il est nécessaire, pour l’étude des régionalismes, d’analyser ces matériaux à la manière du DRF, c’est-à-dire en séparant la documentation de l’interprétation des matériaux afin de permettre à l’utilisateur une approche critique. Les deux contributions suivantes s’intéressent de plus près au vocabulaire ancien. Toujours dans le domaine de l’utilisation des sources, Frankwalt Möhren - Le DEAF - Base d’un atlas linguistique de l’ancien français (99-114) - relève les aspects «méthodologiques de l’analyse géographique ou diatopique du vocabulaire ancien» (99). Après un aperçu des «conditions épistémologiques de toute recherche historique» (histoire du mot, qualité du vocabulaire, condition de transmission des textes, nature des documents) et des problèmes posés par la localisation des textes anciens ainsi que par la notion fuyante de scripta, etc., il considère la pertinence de l’utilisation du DEAF dans ce contexte. S’il conclut à l’impossibilité de «transposer mécaniquement ses données sous forme d’atlas» (113), il indique néanmoins que les matériaux qu’il contient sont «identifiables, datables, et, dans une large mesure, localisables» à l’aide de la bibliographie. La question énoncée par Chambon des «variétés diatopiques nées lors de la diffusion dans l’espace du français standard ou en voie de standardisation» (7) trouve un écho dans les questionnements de Yan Greub - Diatopismes et diachronie (115-27) - qui se penche sur les diatopismes du français dans une de ses périodes anciennes afin de «comprendre mieux le fonctionnement de la langue française au 16 e siècle» (115). Il s’agit ici de mener une réflexion sur la diffusion du français qui tienne compte de la variation diatopique. Greub considère cette diffusion comme correspondant au passage d’une architecture linguistique à un étage à une architecture à deux étages, dialectes et français. En suivant ces deux «lignes étymologiques» par le biais d’analyses aréologiques, il parvient à révéler la typologie des «spécifismes diatopiques» (120) ainsi que leur source. La deuxième partie du volume s’ouvre sur deux contributions qui, par des approches différentes mais complémentaires - l’une qualitative et l’autre quantitative -, cherchent à montrer la manière dont il est possible d’exploiter au mieux les matériaux du DRF, notamment les cartes, pour une interprétation de type géolinguistique. Mathilde Thorel - Le DRF et l’aréologie. Une étude de cas: la Bretagne (131-52) - s’intéresse au profil géolinguistique du «français de Bretagne» tel qu’il est véhiculé par le DRF ainsi qu’à la validité de cette notion. En précisant que les données choisies devraient être complétées pour une étude plus fine, elle s’appuie sur un corpus regroupant tous les particularismes du DRF «attestés dans au moins un département de la région Bretagne au sens administratif» pour proposer une typologie des aires lexicales. L’analyse de ces occurences permet à Mathilde Thorel d’observer un «contraste qualitatif entre deux formes de dyna- 345 Besprechungen - Comptes rendus 4 En cela il s’appuie sur l’exemple de J. Picoche (Structures sémantiques du lexique français, Paris 1986) qui applique la notion de «Signifié de Puissance guillaumien» (64) au français. misme linguistique». La Basse Bretagne se définit par un fort dynamisme interne alors que la Haute Bretagne semble être caractérisée par une grande intensité au niveau de ses échanges externes. Ceci permet à l’auteure de conclure que l’utilisation de l’expression «français de Bretagne» ne convient qu’imparfaitement à la description des réalités géolinguistiques et qu’il faudrait lui préférer «français de Basse Bretagne» ou «français de l’Ouest». Hans Goebl cherche à élargir, par une étude de type quantitative - Comparaison dialectométrique des structure de profondeur des cartes linguistiques du Dictionnaire des régionalismes de France (DRF) et de l’Atlas linguistique de la France (ALF) (153-93) - l’aspect «géographique» du DRF «par des décomptes . . . et des calculs dialectométriques» (153) pour analyser la variation linguistique de l’espace. Le DRF ne proposant que des informations descriptives «à portée empirique limitée» (154) qui, selon lui, ne donnent qu’une «image très incomplète de la structuration diatopique du patrimoine mésolectal de la France», l’auteur choisit de procéder de manière comparative. Il traite donc en parallèle et selon la méthode dialectométrique, des corpus de l’ALF et du DRF afin d’en tirer des résultats et de comprendre comment différents lexèmes occupent l’espace géographique. Toutefois, la prudence reste de mise et le lecteur est appelé à se méfier des «tares quantitatives de la documentation cartographique du DRF qui s’opposent à une comparaison-DM [dialectométrique] fiable du DRF et de l’ALF» (165). Les deux contributions suivantes s’éloignent du seul aspect géographique pour mettre l’accent sur des considérations métalexicographiques au sens large. La première s’intéresse à la structure interne du DRF alors que la seconde élargit l’angle de vue pour comparer ce que Chambon nomme le «triplet» (3) à savoir le DRF, le DHLQ et le DSR. Dans sa communication intitulée Le Dictionnaire des Régionalismes de France: analyse macroet microstructurelle (195-208), Michaela Heinz cherche à comprendre la méthode qui sous-tend le DRF. Elle précise que le dernier né de la lexicographie différentielle francophone s’attaquait à une difficulté supplémentaire à celles rencontrées par les rédacteurs du DHFQ et du DSR qui «pouvaient facilement prendre leurs distances avec le français de France» (208). En effet, les auteurs du DRF devaient s’attacher à décrire «des particularités régionales françaises du franco-français tout en vivant en France» (208). Par ailleurs, en analysant en détail l’article «chambouler» qu’elle a choisi comme témoin pour sa démonstration, Michaela Heinz relève les «fonctions supplémentaires» des exemples et citations: informations sur la répartition géolinguistique, l’emploi et la vitalité du lexème, «fonction définitoire et explication métalinguistique» (206). Ce dernier point est développé en détail par Louis Mercier. Partant du constat déjà dressé par A. Thibault dans son Introduction au DSR, à savoir que les données encyclopédiques ne doivent plus être considérées comme des corps étrangers dans la description lexicographique, Mercier nous offre une suite d’observations sur Le dialogue entre les données linguistiques et encyclopédiques dans le DRF, le DHFQ et le DSR (209-31). Il illustre, en proposant de nombreux exemples, la manière dont ce dialogue - relevons au passage que le terme est loin d’être anodin et se réfère explicitement à l’univers musical - est mis en place par les auteurs dans ces trois dictionnaires différentiels et combien ces procédés, même s’ils diffèrent quelque peu d’un ouvrage à l’autre, tendent à enrichir l’information sur le lexique par rapport à ce que l’on peut trouver dans un dictionnaire de langue usuel. La deuxième partie de ces actes se termine par deux contributions qui, tout en prenant comme point de départ le DRF, sortent de l’hexagone en élargissant progressivement la problématique à d’autres variétés régionales. Ayant remarqué que certains particularismes de l’Afrique francophone sont également relevés dans les français régionaux de France, Claude Frey - Régionalismes de France et régionalismes d’Afrique: convergence lexicales et cohérence du français (233-49) - démontre que non seulement «les variétés lexicales de français en usage en Afrique ne font pas rup- 346 Besprechungen - Comptes rendus ture avec les variétés hexagonales» mais qu’elles participent à façonner «un ensemble linguistique cohérent» (233). Il parvient à établir que, même sous ce qu’il nomme les «différences de surfaces» (249) - et c’est là tout l’intérêt de sa recherche - il est possible de déceler une cohérence du système linguistique du français. Selon lui, ce type de découverte ne «peut être sans conséquences sur la description lexicographique»; elle doit venir enrichir le contenu de nos dictionnaires pour témoigner de «l’appartenance de ces pays à une même communauté linguistique, au sein de laquelle aucune variété ne l’emporte qualitativement sur l’autre» (249). L’article de Rolf Eberenz - Un dictionnaire de régionalismes pour l’espagnol? Quelques réflexions sur les rapports entre lexicographie et dialectologie en Espagne (251-63) - porte un regard extérieur sur le DRF et pose la double question de la faisabilité et du rôle d’un tel dictionnaire dans le contexte linguistique espagnol. Ce contexte diffère en effet considérablement de celui du français, notamment dans les rapports que la langue standard entretient avec les dialectes du territoire espagnol. L’état des lieux de la lexicographie espagnole lui permet d’avancer qu’actuellement une «description rigoureuse des éléments les plus usuels, assortie de données fiables sur leur zones de diffusion . . . n’existe pas» (260), même si la recherche a progressé dans ce sens et devrait «à moyen terme» posséder suffisamment de données pour être en mesure de proposer un ouvrage de synthèse qui pourrait «se faire selon les lignes directrices du DRF». Cependant il semble que, au delà de sa «régionalité péninsulaire» (xvii), la lexicographie espagnole ait à relever un autre défi de grande envergure: celui qui consiste à «se positionner face à l’espagnol d’Amérique ou plutôt à ses différents standards nationaux» (259). La troisième partie de l’ouvrage réunit des communications qui ont pour point commun de s’intéresser à la norme. Si elles traitent toujours de régionalismes en particulier dans leurs rapports avec la société et les dictionnaires, elles ne prennent pourtant plus directement et uniquement le DRF comme point de départ. Robert Vézina s’attache à mettre en lumière l’élaboration du dialogue entre politique linguistique et régionalismes. Il retrace de manière linéaire l’évolution de la perception des particularismes du Québec (canadianismes puis québécismes) à travers l’OQLF (Office québécois de la langue française) de sa création en 1961 à nos jours - L’OQLF et les particularismes du français du Québec: aspects rétrospectifs (267-80). Il démontre ainsi que cette politique reflète «de façon accrue la vie réelle de la langue française en sol québécois» et tient compte des «pratiques linguistiques des locuteurs québécois» (280). Par cette approche, Vézina illustre de quelle manière se construit une variété nationale de français et introduit par la même occasion l’idée de norme pluricentrique du français. Poursuivant l’idée des régionalismes bénéficiant d’une réelle légitimité, Marie-José Brochard - La représentation des variations diatopiques du français dans le Petit Robert: enjeux et contraintes (281-88) - dépeint une politique lexicographique dans le cadre d’une lexicographie générale qui intègre aujourd’hui certains «faits de variation diatopiques» (282). Ainsi, si le Petit Robert reconnaît la légitimité des régionalismes et se propose d’en «enregistrer un échantillon représentatif» (283) et de leur offrir le même traitement qu’au lexique général en tenant compte des recherches spécialisées, il manque toutefois encore «d’homogénéité dans leur traitement» (288). L’auteure explique que c’est dans «la répercussion des données d’ouvrages spécialisées dans un ouvrage grand public», qu’un dictionnaire différentiel comme le DRF pourrait fournir un apport considérable à des productions dictionnairiques du type PR en permettant une «représentation plus fidèle des variations diatopiques du français» (288). La dernière contribution du volume - Régionalismes et «culture de la langue» dans le monde francophone - permet à Franz Lebsanft d’ouvrir brillament la discussion sur un problème plus général et de placer le débat au niveau des «rapports entre régionalismes et 347 Besprechungen - Comptes rendus culture de la langue» (289). Partant de la constatation - qui était aussi celle de Vézina (267- 80) - que le français est une langue pluricentrique, Lebsanft brosse deux tableaux différents: alors que «certains pays francophones créent leurs propres ouvrages de référence pour décrire le ‹bon français›», en France, il semble qu’il y ait «beaucoup plus de difficultés à admettre une norme régionalisée» (296). Si certains lexèmes bénéficient cependant en France d’une légitimité - comme l’indiquent certaines citations métalinguistiques présentes dans le DFR - les questions qui restent ouvertes, selon Lebsanft, sont notamment celles «du respect qu’une norme locale inspire . . . chez les locuteurs exogènes» et des facteurs de normalisation et de diffusion. L’honneur de la clôture de ce volume revient à Pierre Rézeau lui-même (299-300) qui a souhaité insister sur trois mots clé pour la recherche en lexicographie différentielle: «approfondir», «poursuivre» et «valoriser». Ce mouvement d’approfondissement, de poursuite et de valorisation est déjà amorcé, comme le prouve ce volume de discussion réunissant des communications à la fois plurielles et complémentaires qui dialoguent et se répondent. Elles ouvrent des perspectives claires pour la lexicographie différentielle mais posent peut-être aussi, dans une optique plus large, des questionnements pour la lexicographie générale. Dorothée Aquino/ Christel Nissille ★ Adolfo Murguía (ed.), Sens et références/ Sinn und Referenz, Mélanges Georges Kleiber/ Festschrift für Georges Kleiber, Tübingen (Gunter Narr) 2005, 255 p. Cet ouvrage collectif en hommage à Georges Kleiber réunit dix contributions qui abordent les domaines d’intérêt qui sont les siens. Le tout est précédé d’un prologue Sémantique et logique du sens dans lequel Adolfo Murguía esquisse le portrait de G. Kleiber, homme et savant. La contribution Référence physique et construction du sens dans la linguistique naturaliste au XIX e s. de Jean-François P. Bonnot, qui ouvre le volume, se donne comme objectif l’analyse de l’activité linguistique de dénomination. Dans un style qui se veut désinvolte, l’auteur étudie la construction des dénominations catégorielles dans la science de la seconde moitié du XIX e siècle. Malheureusement, il est parfois difficile de discerner, sous une averse de faits, de noms et de citations qui témoignent certes de l’érudition de l’auteur, le fil conducteur de l’étude. J.-F. P. Bonnot semble vouloir démontrer essentiellement trois choses, du reste assez bien connues: que le rapport entre le signifié et le signifiant d’un terme n’est jamais stable et intangible, que les conditions mêmes de la production du savoir (le fait que le chercheur «agit dans un temps social dont il ne saurait s’abstraire» (17)) ont des retombées sur la construction des hypothèses et qu’inversement les classifications et les typologies structurent l’univers mental. L’étude de Injoo Choi-Jonin et de Véronique Lagae est une tentative de décrire le fonctionnement de il y a dans les constructions du type Il y a des gens ils ont mauvais caractère attestées surtout à l’oral. Au terme d’une analyse comparée de l’emploi «standard» de il y a et de son emploi «oral», analyse fondée sur plusieurs paramètres (type d’emploi de il y a, type de SN introduit, type de relative), les auteurs arrivent à dégager les contraintes spécifiques qui régissent le fonctionnement de il y a «oral» dans ses deux emplois: comme un introducteur de thème (avec un SN indéfini à lecture partitive ou avec un pronom en) et comme introducteur de topique (dans les autres cas). Les différences dans la distribution de il y a «standard» et «oral» ne se résument donc pas en une différence de registre, ce qui permet aux auteurs de conclure que les deux constructions ont «toutes deux leur raison d’êt- 348 Besprechungen - Comptes rendus
