eJournals Vox Romanica 67/1

Vox Romanica
vox
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2008
671 Kristol De Stefani

Richard Trachsler/Julien Abed/David Expert (ed.), Moult obscures paroles. Études sur la prophétie médiévale, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne), 2007, 271 p. (Cultures et civilisations médiévales 39)

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2008
Olga  Shcherbakova
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la vengeance ou à la mise à mort, l’humiliation publique par diverses coutumes s’est souvent imposée; «dans les cas les plus graves on ajoutait des éléments d’abaissement supplémentaires comme le port de différents objets tels qu’une corde autour du cou» (275). L’auteur s’interroge sur le fait que la dérision infligée aux bourgeois de Calais est inefficace si l’on s’en tient aux récits de Froissart ou de Jean le Bel, à l’instar de la dérision du Christ lors de la Passion: la pénitence subie par les «coupables» pousse les spectateurs à la compassion et à la miséricorde. «La corde au cou devient grâce au Christ, un instrument de rédemption et non de dérision» (287). Maria Nieves Canal ★ Richard Trachsler/ Julien Abed/ David Expert (ed.), Moult obscures paroles. Études sur la prophétie médiévale, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne), 2007, 271 p. (Cultures et civilisations médiévales 39) Les études rassemblées dans ce recueil tâchent de mettre à jour des mécanismes de fonctionnement du discours prophétique dans la littérature médiévale. Dans son article introductif «Moult oscure parlëure. Quelques observations sur la prophétie médiévale» (7-14), R. Trachsler indique les caractéristiques principales de la parole prophétique qui se veut volontiers obscure, emprunte souvent les chemins de la métaphore en présupposant l’activité ultérieure de son décryptage. L’auteur note que le travail de déchiffrement des signes ne se conçoit pas sans la participation d’un médiateur, prophète ou devin, qui assure le lien entre les hommes et l’instance transcendantale. En soulignant le choix de ne pas dissocier dans le présent volume le champ de la prophétie de celui de la divination, l’auteur donne quelques exemples qui suggèrent la nécessité de distinguer la facette historique du phénomène, telle qu’elle s’inscrit dans des textes encyclopédiques, de sa composante typiquement littéraire qui fait la part belle à la figure de Merlin. Les jalons posés dans cette introduction conditionnent la répartition du recueil en deux parties: la première s’intéresse à la manière dont la mentalité médiévale accueille des prophéties et des prognostications diverses, tandis que la seconde se consacre à l’étude des prophéties merliniennes. La première partie intitulée Devins et prophètes. Des pratiques similaires? s’ouvre avec l’article de D. Ruhe, «La divination au Moyen Âge. Théories et pratiques» (17-28), dans lequel l’auteure examine l’impact de l’astrologie sur l’homme du XIII e siècle. Elle observe que la consultation des astres avant la réalisation d’un grand projet n’est pas un phénomène réservé à la seule Renaissance. Pour l’homme du XIII e , faire des prédictions fondées sur des mouvements astraux relevait du travail scientifique et n’avait rien de suspect. Le prestige de l’astrologie fait naître, à côtés des traités latins qui y sont consacrés, des textes rédigés directement en français comme le Livre de Sidrac. En comparant cet écrit vernaculaire aux modèles issus du milieu universitaire, D. Ruhe note que le texte français use de pratiques scientifiques considérées déjà comme obsolètes au XIII e siècle. Or, cette différence de méthode ne change en rien l’attitude mentale des lecteurs envers le savoir ainsi dispensé, parce que le but recherché par l’écriture française (la vulgarisation) et par l’écriture latine (l’enseignement) reste le même: dans les deux cas, les techniques de l’astrologie aident à se prémunir des contingences inévitables de la vie. Dans son article «Les pronostics en anglo-normand: méthodes et documents» (29-50), T. Hunt donne quelques repères pour s’orienter dans le champ vaste insuffisamment étudié des pronostics accueillis par des manuscrits aux contextes divers. Le chercheur propose de distinguer cinq catégories de méthodes pronostiques (le calendrier, l’astrologie et le zo- 313 Besprechungen - Comptes rendus diaque, les sortes, les livres de bonne aventure et les différentes «-mancies») qu’il décrit à l’aide des exemples tirés de manuscrits anglo-normands. Le critique souligne l’importance de ces textes divinatoires qui mettent en évidence la capacité d’assimilation de la culture médiévale, qui mélange en son sein les traditions les plus diverses. L’étude d’A. Vitale Brovarone, «Quand le prophète a raison. Une longue tradition» (51-63), incite à prendre en considération l’existence d’un vaste ensemble de textes qui manifestent une méfiance ouverte à l’égard des devins. Son analyse, qui prend comme point de départ le De divinatione de Cicéron pour arriver aux Pronostications joyeuses de Jean Molinet, présente cette tendance comme un caractère constant de la création littéraire depuis l’époque ancienne. Selon l’auteur, la vaste diffusion du thème des prophéties faciles et du sourire sur le charlatanisme «montre que le besoin de connaître le futur reste l’un des traits saillants de notre civilisation» (63). L’article d’E. Ruhe, «L’invention d’un prophète. Le Livre de Sydrac» (65-78), tâche de résoudre l’identité problématique du personnage de Sydrac dans le livre éponyme. En constatant que l’auteur anonyme le nomme «phillosophe», alors que Sydrac fait montre de toutes les qualités d’un prophète, le critique ouvre l’enquête qui met en évidence les liens intertextuels du texte en question avec la Prophetia Danielis et le roman de Merlin de Robert de Boron. En prouvant ainsi que rien ne manque pour pouvoir faire de Sydrac un prophète, E. Ruhe estime que le refus du texte de franchir le pas s’expliquerait par une «précaution raisonnable» (77), une humilité nécessaire de la part de l’auteur anonyme. Par la mention de la figure de Merlin, l’article d’E. Ruhe sert de pivot qui permet de passer à la deuxième partie du recueil intitulée Pour comprendre Merlin. L’article de J. Abed, «La traduction française de la Prophetia Merlini dans le Didot-Perceval (Paris, BNF, nouv. acq. fr. 4166)» (81-105), se concentre sur les enjeux de la migration de la Prophetia Merlini de Geoffroy de Monmouth traduite en français approximatif et fort obscur au sein de l’histoire du Graal que le manuscrit Didot-Perceval présente dans son intégralité. En proposant une analyse détaillée de l’insertion d’un texte prophétique dans une œuvre romanesque, l’auteur voit dans l’interpolation un moyen de dynamiser le temps de l’histoire (bretonne ou anglaise) et de créer chez le lecteur l’attente de la résurrection bretonne ainsi que du triomphe futur et légitime de l’Angleterre sur l’Écosse. En introduisant par ses vaticinations une tension vers le futur dans un récit cyclique à tendance globalisante, Merlin assure par sa parole prophétique le lien entre la fiction du Graal et le message politique. Dans son étude «Metre en roman les prophéties de Merlin. Voies et détours de l’interprétation dans trois traductions de l’Historia regum Britannie» (107-66), G. Veysseyre examine les particularités de trois traductions françaises de l’Historia qui sont, respectivement: l’Estoire des Bretons, texte anonyme du xiii e siècle (BNF fr. 17177); la Chronique des Bretons, traduction anonyme de la première moitié du XV e siècle, et le Roman de Brut (1444- 1445) de Jehan Wauquelin. En proposant de considérer les prophéties de Merlin comme une clé d’accès au travail de chaque traducteur, elle détermine les traits caractéristiques des transpositions en français. Ainsi, Jehan Wauquelin se révèle être un traducteur prudent et méticuleux, qui refuse de commenter le sens caché des prophéties, tandis que les deux autres translacions médiévales tentent de guider leur public vers le sens occulte de la parole sacrée de Merlin. Les particularités de leurs commentaires portent l’empreinte historique de la réception du texte: si le traducteur du XIII e s’en tient au sens restreint d’une interprétation historique des prophéties, le glossateur du XV e a de la peine à décoder les messages relatifs à l’histoire bretonne. Par conséquent, il les interprète à la lumière de la guerre de Cent Ans, actualisant le message et entrelaçant en permanence interprétations historiques et morales des dires du prophète. Dans son article «Le dossier des commentaires latins des Propheties Merlini» (167-84), C. Wille pose quelques jalons concernant le rapport des commentaires latins et la structure 314 Besprechungen - Comptes rendus interne des Prophetie Merlini. En attirant l’attention sur le fait que tous les énoncés prophétiques en question forment deux grandes sections (les prophéties ex eventu et les prophéties véritables), elle propose d’en choisir une qui servirait de base à la comparaison entre les différents commentateurs. L’analyse des gloses de la prophétie 16, qui fait partie des prédictions véritables, montre que, pour leur travail herméneutique, les commentateurs se servent d’événements historiques de leur époque ou d’œuvres d’historiographie contemporaine, autant de modèles qu’ils recomposent à leur gré. Ainsi, le procédé de l’actualisation apparaît comme un trait distinctif de la glose du XV e siècle: les conclusions de cette étude rejoignent de la sorte celles de l’article précédent. L’article de N. Koble, «Un univers romanesque en expansion. Les Prophecies de Merlin en prose du pseudo-Richard d’Irlande» (185-217), renoue avec la problématique exposée dans l’article de J. Abed en ce sens qu’il tente d’examiner la nature, les enjeux et les traces de la prolifération prophétique au sein d’un récit de fiction. Selon l’auteure, l’audace du prosateur des Prophéties de Merlin en prose, écrites en Italie dans les années 1270, est d’avoir traversé le miroir du monde arthurien en y introduisant des prophéties relatives à des réalités contemporaines de la lutte des guelfes et des gibelins, mais aussi de celle de la papauté avec l’empereur Frédéric II. En étudiant l’usage des prophéties, elle arrive à la conclusion que la perspective exemplaire sous-tend tout le texte et que c’est l’ouverture vers la perspective morale et religieuse qui justifie finalement l’existence du Merlin romanesque. Par leurs approches différentes de la prophétie, les études réunies dans ce volume sont une tentative de lever un peu plus le voile du mystère et de verser la lumière sur ces moult obscures paroles qui fascinent toujours le lecteur d’un texte médiéval. L’idée de rapprocher les volets historique et littéraire nous semble des plus heureuses. Ainsi, le lecteur est amené à découvrir des champs comme la divination et l’astrologie qui sont moins familiers aux critiques de la littérature. Olga Shcherbakova ★ Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome II. Édition critique établie en collaboration par Madeleine Tyssens, Nadine Henrard et Louis Gemenne, Paris (Champion) 2006, v + p. 589-1193 (Bibliothèque du XV e siècle 70) Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome III. Études introductives, glossaire et tables par Nadine Henrard et Madeleine Tyssens, Paris (Champion) 2006, 215 p. (Bibliothèque du XV e siècle 71) Der Roman de Guillaume d’Orange, der in den Jahren 1454-56 von einem anonymen Autor in einer Sprache geschrieben wurde, «(qui) présente les caractères généraux de la scripta du moyen-français commun» (III, 5) 1 , ist die Prosaversion von insgesamt 13 zum cycle de Guillaume d’Orange gehörenden chansons de gestes mit einem Gesamtumfang von circa 60’000 Versen. Bislang hatte offenbar der enorme Umfang des Werkes die Forschung davon abgehalten, eine vollständige Edition in Angriff zu nehmen; bisher wurden nur 11 Teileditionen des Romans erstellt (cf. I, i-iii). M. Tyssens, heute emeritierte Professorin der Universität Lüttich und Mitglied der Académie Royale de Belgique, hat nun endlich gemeinsam mit ihren Mitarbeitern N. Henrard und L. Gemenne diese Forschungslücke geschlossen. Bereits 1970 hatte sie ihre Absicht angekündigt, eine Gesamtedition des Roman de Guillaume 315 Besprechungen - Comptes rendus 1 Die römische Ziffer zeigt den Band, die zweite entweder arabische oder römische Ziffer gibt die Seite der Edition an.