eJournals Vox Romanica 67/1

Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2008
671 Kristol De Stefani

Thomas Maillet (?), Les proverbez d’Alain, édités par Tony Hunt, Paris (Honoré Champion) 2007, 144 p. (Classiques français du Moyen Âge 151).

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2008
Gabriele  Giannini
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Weiterhin füge ich an 4 : I 23 mary de ladicte gouge] 49 mari de la donzelle; I 25 Des vins et viandes parler ne seroient que redictes] 51 Enumérer les vins et les plats serait fastidieux; XV 105 Ces deux maisons voisines estoient . . . la grange et les bateurs] 121 Ces deux maisons voisines étaient . . . la vigne et les vendageurs; XXXIV 241 femme . . . mariée a ung tout oultre noz amys] 248 femme . . . mariée à un homme qui était le prince des cornards u. a. m. Die im letzten Satz der Einleitung geäußerte Befürchtung Dubuis, es könnte ihm seitens der Kritik über das Gelingen seiner Übersetzung der in den Cent Nouvelles nouvelles so häufig geäußerte Satz «mais il en alla tout autrement» (43) entgegengehalten werden, ist natürlich vollkommen abwegig. Hier liegt nämlich eine exzellente Textübertragung vor. Und man kann nur hoffen, dass dieses Werk dazu beitragen wird, den Cent Nouvelles nouvelles den ihnen gebührenden Platz in ihrem historischen und literarischen Kontext wieder einzuräumen. Dubuis hat dazu den Weg bereitet. Arnold Arens ★ Thomas Maillet (? ), Les proverbez d’Alain, édités par Tony Hunt, Paris (Honoré Champion) 2007, 144 p. (Classiques français du Moyen Âge 151). Le spécialiste anglais achève par cette édition un travail de longue haleine concernant les traductions françaises du Liber parabolarum attribué à Alain de Lille, et dont les premiers fruits remontent aux années 1980. Cette œuvre, connue aussi sous le nom de Doctrinale minus ou parvum, comporte six livres de sentences morales composées en distiques, qui ont joui d’un succès durable, notamment après leur inclusion au sein des Auctores morales octo destinés à l’enseignement. La plus ancienne traduction connue est partielle - elle ne couvre que le premier livre et une partie du deuxième - et en prose; elle est conservée dans un manuscrit anglo-normand du milieu du XIII e siècle (London, Lambeth Palace Library, 371), provenant de l’abbaye de Reading 1 : ce recueil de textes pour la plupart latins garde, aux f. 130v°-134r°, une copie incomplète du Liber parabolarum, accompagnée de sa traduction anglo-normande à l’encre rouge, qui s’arrête au f. 132r° 2 . La traduction en vers la plus récente a été imprimée une première fois (1493) à Paris par Antoine Vérard, avec une dédicace au roi Charles VIII 3 , et elle est associée, dans ce volume élégant qui compte 252 illustrations, au texte latin et à un commentaire en prose 4 . Enfin, une troisième traduction, complète et en vers mais jusqu’ici inédite, conservée dans un seul manuscrit du XV e siècle (Paris, BNF, fr. 12478), fait l’objet de la présente édition 5 . L’introduction (7-48) présente avant tout le contenu du manuscrit, un recueil cohérent de textes scolaires qui date, selon l’éditeur, du milieu du XV e siècle (7-30): 1) une version anonyme et incomplète, pour la plupart en sixains d’octosyllabes, des Remedia Amoris 333 Besprechungen - Comptes rendus 4 Nachfolgend bezeichnet die römische Ziffer die Nummer der Novelle, die arabische Ziffer hinter der römischen Ziffer gibt die Seite der Edition von F. P. Sweetser an, die arabische Ziffer hinter ] gibt die Seite der Übersetzung von R. Dubuis an. 1 Cf. R. J. Dean, Anglo-Norman Literature. A Guide to Texts and Manuscripts, London 1999: 145. 2 Cf. T. Hunt, «Les Paraboles Maistre Alain», Forum for Modern Language Studies 21 (1985): 362-75 (365). L’édition, due à T. Hunt, «Une traduction partielle des Parabolae d’Alain de Lille», MA 87 (1981): 45-56, peut être amendée à l’aide de Hunt 1985: 373 N14. 3 Cf. désormais M. Okubo, «Antoine Vérard et la transmission des textes à la fin du Moyen Âge. I. Les Prologues», R 125 (2007): 434-80 (472). 4 Le texte a été établi par T. Hunt (ed.), Les Paraboles Maistre Alain en Françoys, London 2005. Cf. le compte rendu de G. Roques, RLiR 69 (2005): 565-67. 5 Pour un aperçu assez précis des trois versions du Liber parabolarum cf. Hunt 1985. d’Ovide (f. 1r°-40v°) 6 ; 2) une version en couplets d’octosyllabes de l’Ars Amandi d’Ovide, due à un Jacques d’Amiens (f. 42r°-75v°) 7 ; 3) la Poissance d’Amours, poème didactique en prose sur l’amour courtois dont l’attribution à Richard de Fournival est rejetée (f. 77r°- 90v°) 8 ; 4) le Tiaudelet, traduction incomplète, avec glose explicative, en couplets d’octosyllabes de l’Ecloga Theoduli, œuvre attribuée avec vraisemblance au franciscain Jakemon Bochet, ami et parent de Gilles le Muisit (1271-1353), abbé de Saint-Martin de Tournai (f. 90v°-248r°) 9 ; 5) les Proverbez d’Alain (f. 249r°-268r°); 6) une traduction en couplets d’octosyllabes du Facetus en hexamètres (f. 269r°-277v°) 10 ; 7) une traduction en couplets d’octosyllabes du Facetus en distiques (f. 278r°-291v°) 11 . Bref, le ms. BNF fr. 12478 nous livre «un précieux témoignage de la survivance des anciens textes scolaires, traduits en langue vulgaire et adaptés à un didactisme plutôt mondain» (29-30). Cet aperçu fort utile et nourri de larges extraits des textes, nous amène toutefois à déplorer le manque d’un examen codicologique quelque peu approfondi, ainsi que d’une étude globale de ce riche recueil 12 . En effet, les éditeurs des textes se sont jusqu’ici bornés à des descriptions sommaires du contenu du ms., sans même se soucier de proposer une datation réfléchie 13 , alors que certains éléments - tels les filigranes en forme d’ancre qu’on distingue dans les differents cahiers - pourraient aider considérablement dans l’accomplissement de cette première tâche. De plus, il ne manquerait pas à une telle étude un point de départ solide: Hasenohr 1979 se penche sur le ms. fr. 12478, qu’elle date du milieu ou bien du troisième quart du XV e siècle. La spécialiste remarque d’abord que tous les textes du recueil, ainsi que le copiste, sont picards, y compris bien sûr le Tiaudelet, dû à Jakemon Bochet, dont l’examen de la langue le situe dans la partie Nord-Est du domaine (Flandre, Hainaut); elle établit ensuite que le Tiaudelet n’a dû probablement connaître, aux XIV e et XV e siècles, qu’une circulation régionale, rayonnant à partir de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai; enfin, la constatation que uniquement «dans les bibliothèques princières . . . on rencontre des exemplaires de manuels scolaires» historiés, évidemment pour «aider le précepteur à retenir l’attention de son jeune élève» (et l’on pense forcément à la cour des ducs de Bourgogne) 14 , nous amène à réfléchir sur le fait qu’une illustration abondante, ainsi que l’annoncent les espaces demeurés blancs tout au long de ses cahiers, était prévue pour le ms. fr. 12478. Il est ensuite question dans l’introduction de l’auteur présumé des Proverbez (30-33), ce Thomas qui se nomme dans l’épilogue (v. 1264) et que l’on peut supposer s’appeler Tho- 334 Besprechungen - Comptes rendus 6 C’est la seule unité du recueil qui soit pourvue, bien que de façon partielle et intermittente, du texte latin, transcrit à l’encre rouge en tête des strophes françaises. 7 Vraisemblablement un homonyme du poète lyrique qui écrivit entre 1250 et 1280 environ. Pour le texte cf. D. Talsma (ed.), L’Art d’amours van Jakes d’Amiens (XIII e eeuw), Almelo 1925. 8 Cf. G. B. Speroni (ed.), La Poissance d’amours dello Pseudo-Richard de Fournival, Firenze 1975. 9 Cf. les arguments apportés par G. Hasenohr, «Tradition du texte et tradition de l’image. À propos d’un programme d’illustration du Theodolet», in: P. Cockshaw/ M.-C. Garand/ P. Jodogne (ed.), Miscellanea codicologica F. Masai dicata MCMLXXIX, vol. 2, Gand 1979: 451-67 (459-60). De larges extraits du traité ont été publiés par A. Parducci, «Le Tiaudelet. Traduction française en vers du Theodulus», R 44 (1915-17): 37-54. 10 Elle correspond à celle éditée par J. Morawski (ed.), Le Facet en françoys, Poznan´ 1923: xxxiixxxvi et 60-80. 11 Cf. Morawski 1923: xxxvi-xxxvii et 81-112. 12 Ce qui en revanche est entrepris dans la nouvelle édition des Proverbes de Jean Miélot d’après le ms. Paris, BNF fr. 12441, daté de 1456: cf. M. Colombo Timelli, «Les Proverbes en françois de Jean Miélot», R 125 (2007): 370-99 (373-77). 13 À l’exception de Parducci 1915-17: 37, qui propose le début du XV e siècle. 14 Hasenohr 1979: 466. mas Maillet, eu égard au jeu métonymique concernant le mot maillet auquel il se livre ici, ainsi que dans les vers finaux des deux Facet (textes 6 et 7). L’hypothèse, déjà formulée par Morawski (1923: xxxiii-xxxiv), d’un même auteur pour les trois traductions est d’ailleurs appuyée par des correspondances révélatrices entre les trois textes, notamment dans le domaine du lexique (31-32). A défaut de tout autre renseignement sur ce Thomas Maillet, l’éditeur estime probable que la rédaction des Proverbez remonte à la fin du XIV e siècle. L’étude de la langue et de la versification (33-45) est riche et plutôt soignée 15 . Les picardismes assez marqués que l’on peut supposer être de l’auteur sont dûment relevés; à partir de ce dépouillement Roques (2007: 583-84) a montré que nombre de régionalismes lexicaux renvoient à l’Artois, à la Flandre et au Hainaut. L’examen des techniques de la versification et de la rime révèle la compétence du traducteur: le texte tel qu’il figure dans le ms. fr. 12478 est très correct et seules des retouches sont nécessaires. Le dernier volet de l’introduction concerne les techniques de composition (45-48). Les Proverbez se composent de couplets d’octosyllabes organisés par masse croissante tout au long des livres, suivant la structure du Liber parabolarum: entre les 52 vers du prologue et les 22 de l’épilogue, le premier livre comporte 204 vers regroupés en quatrains (v. 53-256), le second 208 associés en huitains (v. 257-464), le troisième 204 en douzains (v. 465-668), le quatrième 208 en seizains (v. 669-876), le cinquième et le sixième, enfin, respectivement 160 et 216 octosyllabes, regroupés en strophes de 20 et 24 vers (v. 877-1036 et 1037-252). La mise en texte du manuscrit souligne cette partition par le biais d’une initiale majuscule à l’encre noire placée au début de chaque strophe et rehaussée de jaune 16 . Le texte (53-91) est édité avec attention et les leçons rejetées se trouvent dans les notes (93- 99) à la suite du texte. Au début de chaque strophe l’éditeur a indiqué l’unité du Liber parabolarum que la strophe traduit, ce qui rend plus aisée la comparaison avec le texte latin, figurant opportunément en appendice (115-33). D’abord il ne sera pas inutile de mentionner les quelques fautes d’impression et les accidents de lecture, peu fréquents, qu’un contrôle du manuscrit a permis de relever: v. 8 «set» ms. scet (graphie constante par la suite, dans le ms. comme dans l’édition); v. 48 «Johan appellé de Wategni» ms. Iehan appelle de waregni; v. 226 «l’onnour» ms. lonneur, v. 431 «pechour» ms. pecheur, v. 1004 «Dolerouse» ms. Dolereuse; v. 532 «Et on fusecque» ms. Et en fusecque, v. 736 «Et on rongant» ms. et en rongant; v. 298 «puesent» ms. puelent, v. 302 «peussent» ms. peullent, v. 701 «dousce» ms. doulce, v. 958 «gambisson» ms. gambillon; v. 677 «Quelques» ms. quelquez, v. 698 «vertuz» ms. vertus, v. 1265 «proverbes» ms. prouerbez; v. 1047-48 «purifïer»: «fructifïer» ms. purifiier : purifiier; v. 1124 «li cair» ms. li cairs; v. 1137 «se soubtieu» ms. si soubtieu; v. 1210 «Coment» ms. co(m)ment. La résolution des abréviations manque parfois d’uniformité: la même unité graphique, pluiss(er)s, est rendue par «pluiseurs» au v. 725, par «pluisse[u]rs» au v. 780. Dans les notes, quelques formulations sont à revoir: v. 1046 «Ne herbez ne jons ne flechierez», «MS de» (99 N1046), ms. ne herbez de ions ne flechierez; v. 1050 «Ne sont mie fourment purains», «MS fourment» (99 N1050), ms. fourmens; v. 1142 «As serpens», «MS serpent» (99 N1142), ms. serpens. Notons enfin que des lectures incertaines, concernant notamment c et t, ne sont enregistrées nulle part: v. 35, 43 335 Besprechungen - Comptes rendus 15 Cf. toutefois les remarques fort pertinentes du compte rendu de G. Roques, RLiR 71 (2007): 581-84 (582). 16 On trouve aussi une majuscule à l’encre noire aux v. 329bis et 397, même si ces vers ne figurent pas en tête de leur huitain (v. 329-34 et 393-400); ils sont tout simplement transcrits sur la première ligne des f. 254r° et 255r°. Je remarque aussi que seul le v. 1 est agrémenté d’une grande initiale rouge. L’annotation de l’éditeur est à ce sujet ambiguë: «Le début de chaque quatrain est orné d’une majuscule en couleur» (93 N1). «donc» ms. dont (? ), v. 664 «couche» ms. touche (? ); v. 1236 «umbre» ms. umb(us)re ou umbr(us)e (? ). Plus que d’autres, la lecture wategni au v. 48 est importante, car elle concerne le commanditaire de l’œuvre, identifié par Morawski (1923: xxxiv-xxxv) à un membre des Varegny (ou Waregny), famille noble du Nivernais dont un Jehan de Varegny, gouverneur et bailli de Donzy et Moulins-Engilbert, est mentionné dans un document de 1366. Quel que soit le fondement de cette hypothèse que l’éditeur écarte avec désinvolture (32-33), le passage aurait demandé à être approfondi, étant donné qu’une confrontation des réalisations graphiques des groupes re et te (par ex. f. 249v°3 [v. 36] naturelement, 250r°10 [v. 76] secres, 250r°19 [v. 85] labeure et f. 249v°6 [v. 39] retenir, 249v°8 [v. 41] acquiter, 251v°19 [v. 185] porte) incline à lire waregni, même si la lecture demeure mal assurée 17 . La leçon «gambisson» (v. 958), due à un autre accident de lecture, ne satisfait pas l’éditeur, vu sa signification habituelle de «justaucorps rembourré» (106) et le «peu de rapport avec le nexus de la source» (98 N958) 18 : 957 Tost ne poelt on fort campïon V, 5 Nemo potest pugilem nexu prosternere fortem, Jus esternir par gambisson, Ni lucte patiens, aggrediatur eum. Qui forche n’a, art et conduite, 960 Ou qu’il n’en commenche la luitte. En revanche la lecture gambillon, qui est certaine, permet de suggérer un sens à ces vers 19 : le mot est en effet enregistré par FEW 2/ 1: 118, s. camba au sens de ‘croc-en-jambe’ - qui certes convient dans le passage des Proverbez - d’après un glossaire du patois de Mons rédigé au début du XIX e siècle 20 , et d’autres glossaires du Hainaut, plus récents, attestent la vitalité de la forme gambion ‘croc-en-jambe’ (Maubeuge, Marche-lez-Écaussinnes; djanbion à Namur); le verbe jambeer est d’ailleurs employé en moyen français au sens, entre autres, de ‘faire un croc-en-jambe’, comme l’atteste un document daté de 1458 21 . Eu égard à la qualité générale de la traduction, il ne serait peut-être pas hasardeux de supposer un glissement, au sein de la transmission du texte, du gambion présumé de l’auteur (: «campïon») au gambillon du copiste. Ces Proverbez se lisent avec plaisir, à l’aide d’un glossaire copieux et soigné (101-11) 22 . Le souci pédagogique du traducteur s’avère, ici et là, encore plus poussé que dans le texte d’Alain. C’est le cas par ex. du huitain où l’on traite de l’impétuosité des jeunes (v. 409-16); or, dans le dernier couplet (v. 415-16) le traducteur insiste davantage sur la nature défaillante de l’enfant, ce qui met naturellement en valeur le rôle du précepteur: 413 Plus tost se combatent enfans II, 20 Sepius in vico pueros pugnare videmus, Par les ruez que les gens grans, Quam validos homines quis solet esse vigor. 415 Pour ce qu’il sont mal doctriné Et ont coer mal moriginé. 336 Besprechungen - Comptes rendus 17 Hunt 1985: 367 penchait déjà pour wategni: «it is not certain that the MS does not have Wategni (Cf. Wattignies-lez-Lille, otherwise known as Wattignies)». Cette dernière proposition n’est pas reprise dans la présente édition. 18 Cf. d’ailleurs T-L, AW 4: 81-83, s. gambeson et DEAF G1: 108-09, s. gambison. 19 Il faut rappeler que la Bataille d’Aliscans publiée par F. Guessard/ A. de Montaiglon (ed.), Les anciens poëtes de la France. X. Aliscans, Paris 1870, renferme au v. 2338 une occurrence de gambillon, au sens de «tissu rembourré et piqué; couverture faite de ce tissu» (DEAF G1: 109, s. gambillon), et que Gdf., Dict. 4: 215, s. gambillon y voyait déjà une faute probable pour gambisson (à la fin du vers précédent on trouve fremillon). 20 Ph. Delmotte, Essai d’un glossaire wallon, 2 vol., Mons 1907-09. 21 Cf. Gdf., Dict. 4: 631, s. jamboier: «Pierre Dufour jambeoit avec ung nommé Pierre Duquesne». 22 Les précisions de Roques 2007: 582-83 sont pourtant utiles. Pour conclure, nous disposons maintenant grâce à cette nouvelle édition, claire et équilibrée, d’un texte critique fiable pour la dernière des traductions françaises inédites du Liber parabolarum. Bon nombre des perspectives de recherche qui s’ouvrent désormais, sont déjà esquissées dans la base de travail établie par le savant anglais. Gabriele Giannini ★ Véronique Duché-Galvet (ed.), Diego de San Pedro, La Prison d’amour (1552), Paris (Champion) 2007, xli + 245 p. (Textes de la Renaissance 119) À l’instar de Carmen Parrilla et Sylvia Roubaud 1 ,Véronique Duché-Galvet fait redécouvrir au lectorat francophone Diego de San Pedro, le représentant indiscutable de la novela sentimental à l’époque des Rois Catholiques. Aussi, comme en témoignent les bibliographies 2 auxquelles l’éditrice nous renvoie dans son introduction (xxvii), La Cárcel de amor est l’œuvre emblématique du genre. Inspiré par la fin’amor et les romans de chevalerie, l’auteur trouve également ses sources dans des textes plus modernes comme l’Historia de duobus amantibus Euralio et Lucrecia d’Enea Silvio Piccolomini, le Livre du voir dit de Guillaume de Machaut, La Prison amoureuse de Jean Froissart ou encore les Cent ballades d’amant et dame de Christine de Pizan (vi). Or les enjeux d’une édition critique de l’imprimé bilingue de La Prison d’amour posent la question des frontières littéraires et ouvrent la réflexion sur la réception de cette œuvre en France, et plus généralement dans l’Europe des XVI e et XVII e siècles. Dans son édition du Petit Traité de Arnalte et Lucenda 3 , Véronique Duché-Galvet soulignait déjà l’importance du roman sentimental espagnol en Europe dès la fin du XV e siècle: «Il reste à définir comment la littérature espagnole a pénétré en France. Était-ce sous l’influence de la cour? par le biais des Foires? de la présence des soldats espagnols en France? Dans quelle mesure le grammairien Nebrija, en tant que chroniqueur des Rois Catholiques contribua-t-il à introduire en France les auteurs espagnols? » 4 . Certaines de ces interrogations sont reprises dans l’introduction de la présente édition (xi-xviii). Dans la partie intitulée «La réception de la Cárcel de amor», l’éditrice rappelle que dès sa première publication, en 1492, le texte de de San Pedro remporte un franc succès: en plus de la continuation de Nicolás Nuñez en 1496, de l’importance de cette œuvre comme hypotexte de la Celestina de Fernando de Rojas ainsi que de la renommée - dont certaines anecdotes que rapporte la Floresta española -, il y a 25 traductions et adaptations en sept langues différentes de la Cárcel entre 1493 et 1660. Après ce survol, l’éditrice résume rapidement les liens entre la première traduction italienne établie par Lelio Manfredi de Ferrara en 1514 et la première traduction française que François Dassy fait en s’appuyant sur la version de son ami italien en 1525. Enfin, dans la section «La seconde traduction de 1552», elle présente la traduction parue chez le libraire Gilles Corrozet en 1552 qui présente la particularité majeure d’être 337 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cárcel de amor - La Prison d’amour suivie de Continuación de Nicolás Núñez, ed. par C. Parrilla et trad. par S. Roubaud, Roma/ Paris 2002. 2 Véronique Duché-Galvet s’en réfère pour les informations bibliographiques datant d’avant 1983 à la bibliographie établie par K. Whinnom, The Spanish Sentimental Romance, 1440-1550. A Critical Bibliography, London 1983; pour celles qui vont jusqu’en 1994 à celle que C. Parrilla utilise pour son édition: Diego de San Pedro, Cárcel de amor, Barcelona 1995: 161-81. 3 Diego de San Pedro, Petit Traité de Arnalte et Lucenda (1546), ed. par V. Duché-Galvet, Paris 2004. 4 Ibid p. xiv.