Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2008
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Kristol De StefaniVéronique Duché-Galvet (ed.), Diego de San Pedro, La Prison d’amour (1552), Paris (Champion) 2007, xli + 245 p. (Textes de la Renaissance 119)
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2008
Maria Nieves Canal
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Pour conclure, nous disposons maintenant grâce à cette nouvelle édition, claire et équilibrée, d’un texte critique fiable pour la dernière des traductions françaises inédites du Liber parabolarum. Bon nombre des perspectives de recherche qui s’ouvrent désormais, sont déjà esquissées dans la base de travail établie par le savant anglais. Gabriele Giannini ★ Véronique Duché-Galvet (ed.), Diego de San Pedro, La Prison d’amour (1552), Paris (Champion) 2007, xli + 245 p. (Textes de la Renaissance 119) À l’instar de Carmen Parrilla et Sylvia Roubaud 1 ,Véronique Duché-Galvet fait redécouvrir au lectorat francophone Diego de San Pedro, le représentant indiscutable de la novela sentimental à l’époque des Rois Catholiques. Aussi, comme en témoignent les bibliographies 2 auxquelles l’éditrice nous renvoie dans son introduction (xxvii), La Cárcel de amor est l’œuvre emblématique du genre. Inspiré par la fin’amor et les romans de chevalerie, l’auteur trouve également ses sources dans des textes plus modernes comme l’Historia de duobus amantibus Euralio et Lucrecia d’Enea Silvio Piccolomini, le Livre du voir dit de Guillaume de Machaut, La Prison amoureuse de Jean Froissart ou encore les Cent ballades d’amant et dame de Christine de Pizan (vi). Or les enjeux d’une édition critique de l’imprimé bilingue de La Prison d’amour posent la question des frontières littéraires et ouvrent la réflexion sur la réception de cette œuvre en France, et plus généralement dans l’Europe des XVI e et XVII e siècles. Dans son édition du Petit Traité de Arnalte et Lucenda 3 , Véronique Duché-Galvet soulignait déjà l’importance du roman sentimental espagnol en Europe dès la fin du XV e siècle: «Il reste à définir comment la littérature espagnole a pénétré en France. Était-ce sous l’influence de la cour? par le biais des Foires? de la présence des soldats espagnols en France? Dans quelle mesure le grammairien Nebrija, en tant que chroniqueur des Rois Catholiques contribua-t-il à introduire en France les auteurs espagnols? » 4 . Certaines de ces interrogations sont reprises dans l’introduction de la présente édition (xi-xviii). Dans la partie intitulée «La réception de la Cárcel de amor», l’éditrice rappelle que dès sa première publication, en 1492, le texte de de San Pedro remporte un franc succès: en plus de la continuation de Nicolás Nuñez en 1496, de l’importance de cette œuvre comme hypotexte de la Celestina de Fernando de Rojas ainsi que de la renommée - dont certaines anecdotes que rapporte la Floresta española -, il y a 25 traductions et adaptations en sept langues différentes de la Cárcel entre 1493 et 1660. Après ce survol, l’éditrice résume rapidement les liens entre la première traduction italienne établie par Lelio Manfredi de Ferrara en 1514 et la première traduction française que François Dassy fait en s’appuyant sur la version de son ami italien en 1525. Enfin, dans la section «La seconde traduction de 1552», elle présente la traduction parue chez le libraire Gilles Corrozet en 1552 qui présente la particularité majeure d’être 337 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cárcel de amor - La Prison d’amour suivie de Continuación de Nicolás Núñez, ed. par C. Parrilla et trad. par S. Roubaud, Roma/ Paris 2002. 2 Véronique Duché-Galvet s’en réfère pour les informations bibliographiques datant d’avant 1983 à la bibliographie établie par K. Whinnom, The Spanish Sentimental Romance, 1440-1550. A Critical Bibliography, London 1983; pour celles qui vont jusqu’en 1994 à celle que C. Parrilla utilise pour son édition: Diego de San Pedro, Cárcel de amor, Barcelona 1995: 161-81. 3 Diego de San Pedro, Petit Traité de Arnalte et Lucenda (1546), ed. par V. Duché-Galvet, Paris 2004. 4 Ibid p. xiv. une édition bilingue français-espagnol et qui sera «rééditée à de nombreuses reprises jusqu’au début du XVII e siècle» (xviii). Nous comprenons et admettons bien volontiers que le rôle de l’introduction à une édition critique n’est pas celui d’innover avec une réflexion approfondie sur l’originalité de l’œuvre publiée. Malgré cela, nous regrettons dans ce cas précis la rapidité avec laquelle la singularité de ce travail est traitée. N’aurait-il pas été possible de faire l’économie des pages sur l’auteur et le roman sentimental, qui après tout reprennent pratiquement mot à mot l’introduction du Petit Traité de Arnalte et Lucenda, pour mieux développer la question du bilinguisme et de l’apprentissage des langues étrangères à la cour française? En effet, La Prison d’amour (1552) - et non plus la Cárcel de amor -, comme le souligne le titre de cette publication, cesse d’être un passe-temps pour courtisans, pour devenir un outil linguistique: les intentions de l’auteur et celles du traducteur diffèrent entièrement, et alors que l’engouement pour les romans sentimentaux est sur le déclin en Espagne, ce genre littéraire retrouve une nouvelle utilité sur sol étranger. Le peu d’importance accordée au traducteur et aux implications socio-critiques de son travail se reflètent également dans la façon même d’intituler le livre où aucune mention n’est faite de Gilles Corrozet, à en croire que c’est Diego de San Pedro qui a remanié le texte en espagnol et établi la traduction. Heureusement que Véronique Duché-Galvet 5 pallie cette frustration en nous annonçant prochainement une étude sur les romans sentimentaux traduits en France au XVI e siècle et la thèse de Magali Vène 6 sur le libraire parisien. En ce qui concerne le chapitre sur l’établissement du texte, il se divise en deux parties très résumées: «Le choix de l’édition» et «Les principes d’édition du texte». Encore une fois le manque de nuances entre la partie espagnole et française est remarquable. L’éditrice choisit de suivre «la première édition bilingue espagnol/ français, composée chez Gilles Corrozet et sortie des presses en 1552» (xxxix) dont nous conservons trois témoins: celui de la bibliothèque de l’Arsenal (Paris) 8° B. L. 29580, celui de la bibliothèque de Lyon, BM, SJB 207/ 7 et celui de la British Library (Londres), 246.a.30. Après quelques commentaires concernant l’orthographe, la morphologie verbale, la syntaxe et le lexique de la traduction, l’éditrice explique les principes qu’elle va adopter pour l’édition de la partie en français en faisant entièrement l’impasse sur le texte en espagnol. Elle complète cette édition, qui se propose «d’intervenir le moins possible sur le texte original» (xl), avec un apparat de variantes et corrections (169-98) qui ont été élaborées pour le texte français à l’aide des manuscrits de François Dassy et des éditions d’Anvers (1556), Paris (1581) et Lyon (1583); et pour le texte espagnol grâce à l’édition de Séville (1492). L’absence de séparation entre les apparats français/ espagnol rend cet outil lourd et assez fastidieux à l’emploi. Il en va de même pour le choix de la mise en page de l’édition qui regroupe dans une même page le texte en français et en espagnol alors que l’imprimé original dédiait la page de gauche à l’espagnol et celle de droite au français. Ce choix de l’éditrice implique une hiérarchisation des langues (le texte en français est dans un caractère plus grand et donc plus lisible que le texte en espagnol) qui va - nous semble-t-il - à l’encontre du but recherché par Gilles Corrozet: «C ARCEL DE A MOR ./ L A PRISON D ’ AMOUR ./ En deux langages, Espaignol et François, pour ceulx qui vouldront apprendre l’un par l’autre» 7 . L’édition en tant que telle (1-152) est relativement soignée et ne suscite pas de critiques particulières, malgré les inévitables coquilles qui subsistent essentiellement dans le texte en espagnol et dont la plus récurrente est l’emploi de la minuscule après un point lorsque la 338 Besprechungen - Comptes rendus 5 V. Duché-Galvet (à paraître), Si du mont Pyrenée/ N’eussent passé le haut fais . . . - Recherches sur les romans sentimentaux traduits de l’espagnol en France au XVI e siècle (1525-1554), Paris. 6 M. Vène (à paraître), Gilles Corrozet (1510-1568) - Libraire parisien, poète, historien. Un esprit de la Renaissance. Thèse soutenue à l’école des Chartes en 1996. 7 S’ajoute à cette démarche le glossaire établi uniquement pour la partie en français (207-32). phrase commence par un «y» (8; 10; 36; 46; 48; 49; 50; 51; 53; . . .). Le respect du découpage et de la mise en page de l’imprimé saccade quelque peu la lecture et on s’interroge sur la pertinence de ce choix qui implique des mots et des phrases coupés de façon abrupte, des espaces blancs disgracieux et l’ajout d’une note superflue et répétitive: «*Dans l’édition originale ce titre figure à la page précédente» (59; 73; 76; 80; 99; 125). Les commentaires explicatifs et interprétatifs sont insérés en bas de page. Ils sont fort utiles généralement, mais nous regrettons que les explications soient quelques fois vagues et ne renvoient que rarement à des traditions littéraires précises (7 N18; 8 N19 et 20; 9 N21 . . .). Des renvois de note à note manquent (3 N9 devrait renvoyer à la N3; 42 N55 devrait renvoyer à la N38 . . .) ou alors sont erronés (29 N48 renvoie à la N7 au lieu de la N8); les références bibliographiques ne sont pas toujours très claires (92 N101; 93 N102). Complètent l’édition un index nominum, un index rerum et un glossaire pour le texte en français. Contrairement à l’index rerum qui dégage les termes importants à la compréhension du roman sentimental et n’exige pas d’autres explications, l’index nominum serait plus utile s’il fournissait un minimum d’informations sur les personnages cités dans le texte. Le glossaire remplit parfaitement son rôle par des renvois aux dictionnaires d’usage et prend en compte les questions d’histoire de la langue en signalant notamment les premières attestations de certains termes. Des annexes (233-45) et un dossier iconographique (153-68) enrichissent cette édition de manière fort singulière. Dans les annexes, Véronique Duché ajoute des pièces importantes pour la réflexion sur la tradition de la Cárcel de amor en France grâce à des remarques liminaires qui appartiennent aux manuscrits et imprimés des premières traductions de l’œuvre de de San Pedro et à la transcription de la notice bibliographique de la Bibliothèque Universelle des Romans (1779) sur La Prison d’amour. Dans un même ordre d’idées, le dossier iconographique ne se fonde pas sur les imprimés de Corrozet (ceux-là ne comportent aucune illustration) mais essentiellement sur ceux de Galliot du Pré (Paris) BNF, Rés. Y 2350 et de Chantilly, MC 1768 qui reproduisent la première des traductions françaises. La preuve est faite, cette fiction n’a pas manqué d’inspirer différents artistes en Europe et nous pourrions encore ajouter à ce dossier la tapisserie conservée au musée de Cluny qui représente l’accueil de la princesse Laureole par ses parents et le reste de la cour, cadeau de François I er à sa belle-sœur Renée lors de ses noces avec Ercole d’Este. Cette étude iconographique souligne donc la popularité de cette œuvre à l’étranger et repose la question de la réception plus qu’elle ne contribue à compléter l’édition proposée et dont le principal intérêt pour la communauté scientifique est celui de jalonner le chemin qui nous aidera à étudier les différents échanges littéraires dans les cours européennes des XV e est XVI e siècles. Maria Nieves Canal ★ Nature & paysages. L’émergence d’une nouvelle subjectivité à la Renaissance. Actes des journées d’étude organisées par l’École nationale des chartes (26 mars 2004 et 15 avril 2005). Réunis par Dominique De Courcelles avec la collaboration de Jean-Pierre Bat. Paris (École des chartes) 2006, 296 p. (Études et rencontres de l’école des chartes 24) S’il est communément admis que l’on «invente» le paysage à la Renaissance, les chercheurs qui ont collaboré au présent recueil s’attachent à distinguer les liens qui unissent paysage et subjectivité. Quatre thématiques servent ainsi de décor aux quatorze réflexions proposées: «De la nature sauvage à la belle nature», «Le voyage allégorique et la révélation poétique du sujet», «De la quête spirituelle à la magie naturelle» et «La conquête des mondes naturels pour une nouvelle subjectivité». 339 Besprechungen - Comptes rendus
