eJournals Vox Romanica 67/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2008
671 Kristol De Stefani

Florence Lefeuvre, Quoi de neuf sur quoi? Étude morphosyntaxique du mot quoi, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2006, 284 p. (Rivages linguistiques)

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2008
Isabelle  Lemée
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cesser de, commencer à, continuer à et finir de, le groupe 3 (compatibilité avec contextes B et D) de avoir failli, risquer de et venir de, le groupe 4 (compatibilité avec contextes A et C) de paraître et sembler, et le groupe 5 (compatibilité avec contextes D) de être en train de. Le chapitre VI, qui traite des combinaisons de verbes modaux entre eux, est certainement la partie la plus originale et la plus intéressante de l’ouvrage. L’auteur y propose une explication du fait que les «chaînes verbales» comportant plus de deux verbes modaux, quoique théoriquement tout à fait possibles, sont extrêmement rares en français. Les chaînes se construiraient de droite à gauche - ce qui peut paraître a priori contre-intuitif - parce que le verbe constructeur est toujours à droite, et sélectionne le modal le plus proche de lui, modal qui peut à son tour prendre à sa gauche un second verbe modal, etc. Cette formation à rebours des chaînes verbales expliquerait leur longueur limitée: «La validité d’une bonne chaîne de verbes modaux exige l’anticipation d’un verbe constructeur approprié et un calcul pas à pas de la compatibilité des verbes modaux. Cela implique forcément un effort mental de plus qui expliquerait la basse fréquence et aussi la limitation de la longueur des chaînes» (131). Cette explication soulève toutefois une difficulté: en effet, si le verbe modal est un verbe sans et hors valence, pour reprendre les termes de l’auteur, on ne voit guère comment il lui serait possible de «choisir et prendre un autre verbe modal à sa gauche, car lui aussi possède à sa gauche une certaine capacité de sélectionner et de prendre un autre verbe modal» (127). Or, l’auteur note, à juste titre, que n’importe quel modal dans n’importe lequel de ses «sens» ne peut se trouver à n’importe quelle place dans une «chaîne de verbes modaux». Le dernier chapitre traite exclusivement de pouvoir. Ce choix se justifie par le fait que ce verbe modal est de loin le plus fréquent de la langue française: il représente 50,4 % des occurrences de verbes modaux dans le corpus de l’auteur. L’analyse est originale dans la mesure où, se basant sur un grand nombre énoncés attestés, elle prête une attention toute particulière aux termes qui «appellent» (145) le modal. En plus d’une bibliographie sommaire, l’ouvrage est assorti d’un index très utile et d’un petit glossaire. Il aurait pourtant été souhaitable que ce dernier soit un peu plus clair sur certains points centraux, comme les définitions de l’épistémique et de l’évidentialité qui n’apparaissent pas suffisamment évidentes l’une face à l’autre. On appréciera dans Les verbes modaux du français le choix et le souci constant de l’auteur, tant que faire se peut, de se livrer à une étude systématique du sujet qu’il s’est délimité, en s’appuyant sur des énoncés attestés issus de corpus oraux comme écrits. Cécile Barbet ★ Florence Lefeuvre, Quoi de neuf sur quoi? Étude morphosyntaxique du mot quoi, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2006, 284 p. (Rivages linguistiques) Quoi de neuf sur quoi est un ouvrage organisé en cinq chapitres, suivis d’une conclusion et d’une annexe dans laquelle sont présentés sept tableaux explicatifs de quoi dans plusieurs emplois différents. L’intérêt jamais démenti pour les mots en qus’est surtout manifesté à travers leurs deux emplois essentiels, à savoir l’interrogation et la subordination. L’ouvrage s’inspire de plusieurs travaux menés sur quoi. Il s’agit de dégager la spécificité de ce mot par rapport aux autres termes en qu-, son fonctionnement syntaxique et sémantique. L’auteure se propose de mettre en évidence un point de vue sur les mots en quet l’originalité de quoi. Pour ce faire, elle s’appuie sur un corpus écrit: Frantext (1995-1996), 348 Besprechungen - Comptes rendus Le Monde (2004-2005) et les corpus oraux de Luca Greco de Paris 3 et de Blanche- Benveniste et al. 2002. Le chapitre 1 présente les trois caractéristiques qui se dégagent pour comprendre le fonctionnement de quoi, à savoir que c’est une variable en ququi refuse l’assertion et est centrée sur le sémantisme du non-catégorisé; cette variable épouse le trait disjoint par opposition au trait conjoint de que. Parce que quoi correspond à du non classifié, il peut renvoyer à des éléments eux-mêmes non classifiés, tels que des évènements. Lefeuvre rapproche le refus d’assertion de quoi au fonctionnement similaire en latin de quis et aliquis. Elle montre également l’affinité qui existe entre quoi et les démonstratifs ce, cela, ça et ceci, ainsi que le nom chose. La valeur sémantique du non encore classifié, valable pour toutes ces formes, explique la combinaison aisée du pronom quoi avec les démonstratifs. Lefeuvre émet l’hypothèse que ces trois paramètres expliquent, en tenant compte du système général des mots en qu-, toutes les possibilités d’emploi syntaxique de la proforme quoi, c’est-à-dire les emplois interrogatifs, indéfinis, percontatifs, intégratifs et relatifs. Le chapitre 2 examine les différentes fonctions que peut revêtir quoi dans un emploi interrogatif. Les emplois de quoi interrogatif s’expliquent par son caractère disjoint. Lefeuvre montre que son emploi le plus robuste est celui où quoi est régime de préposition, que le groupe préposition + quoi soit en position frontale ou in situ. Quoi, de part son trait disjoint, est apte à assumer un rôle prédicatif, notamment avec les adjectifs neuf et nouveau. Toutefois l’étude du schéma en quoi de (adv) adj révèle que ce n’est pas forcément quoi qui constitue le rhème de l’énoncé. Il a tendance à devenir une sorte d’appoint pour l’adjectif qui le suit. En outre, il peut perdre sa valeur prédicative potentielle et devenir une simple interjection dès lors où il n’est plus suivi par de (adv) adj. Le chapitre présente par ailleurs deux instances où l’emploi du pronom quoi est problématique: 1) lorsqu’il est utilisé en tant que complément essentiel direct (attribut ou séquence dans une tournure impersonnelle), quoi est forcément in situ avec un verbe conjugué; 2) en tant que sujet, son emploi reste exceptionnel. Quoi a un rôle rhématique alors qu’un sujet doit avoir un rôle thématique. Afin d’être utilisé dans cet emploi, il doit s’associer afin d’éviter la juxtaposition du verbe et du pronom quoi: «Quoi donc t’étonne? ». Le chapitre 3 traite des emplois de quoi indéfini qui n’est ni interrogatif ni subordonnant. Le caractère disjoint de quoi lui permet d’assurer deux emplois: celui propre à l’oral où quoi survient en périphérie du discours asserté, et celui où quoi est prolongé par une subordonnée dans un schéma tel que (prép) quoi que P. Il fonctionne alors comme un prédicat dégradé. Lefeuvre montre que l’emploi privilégié de quoi indéfini est celui où il s’articule à un infinitif avec une négation. Dans le quatrième chapitre, Lefeuvre examine dans un premier temps les emplois nonproblématiques de quoi percontatif régime de préposition. Après avoir présenté les caractéristiques des percontatives - les interrogatives indirectes - elle montre comment quoi peut-être noyau d’une percontative elliptique avec deux emplois que l’on retrouve dans certaines proformes en qu- (telles que n’importe quoi, je ne sais quoi). Le caractère disjoint de quoi explique encore une fois les raisons pour lesquelles quoi ne peut assurer la fonction de complément direct qu’avec un infinitif et il ne peut pas assumer - comme il l’a déjà été stipulé dans les chapitres précédents - la fonction de sujet. Le chapitre 4 se termine sur l’étude de la structure «comme quoi», groupe qui apparaît comme un introducteur du discours indirect. Le chapitre 5 se concentre sur le quoi intégratif et relatif. Il y est étudié la subordination avec la variable quoi dans une perspective non-percontative. Lefeuvre examine ici la façon dont s’effectue, pour quoi, le passage d’une subordination non référentielle, générique (avec les intégratives) à une subordination référentielle (avec les relatives). Avec quoi intégratif, la visée référentielle se construit grâce au contexte ou en langue avec la présence de l’an- 349 Besprechungen - Comptes rendus técédent nominal. Toutefois, il semble que les emplois standards d’intégratif ou de relatif sont peu fréquents. Seuls deux emplois sont fréquemment utilisés: ceux en de quoi + infinitif (il n’y a pas de quoi rire) et ceux en préposition + quoi en début d’énoncé avec quoi anaphorisant une structure prédicative précédente. La dernière section présente une synthèse de tout ce qui a été présenté dans le livre et propose d’autres perspectives de recherche, toujours avec l’objectif de mieux comprendre les faits de langues et de susciter d’autres études sur les mots en qu-. L’ouvrage atteint son objectif de ne négliger aucun emploi de quoi et de rendre compte de sa diversité en mettant en avant ses caractéristiques déterminantes. À l’aide de nombreux exemples et de nombreux tableaux récapitulatifs - que l’on retrouve en appendice - Lefeuvre montre que les catégories d’emploi de quoi se caractérisent par des prototypes mais également par des éléments qui connaissent «des airs de ressemblances avec ces prototypes tout en s’en distinguant» (20). Ce volume montre la nature unique de ce pronom / proforme, qui, d’un point de vue sémantique, ne peut se substituer à un groupe nominal. Toutefois, sous un angle syntaxique, quoi assume les fonctions que peut assurer un groupe nominal. Facile à lire et très complet, ce volume s’adresse aux chercheurs, enseignants et étudiants, mais également à tous les «non spécialistes» désireux de connaître en profondeur les différents emplois de ce pronom trop peu étudié. Isabelle Lemée ★ Pierre Rézeau, Dictionnaire des régionalismes du français en Alsace, Strasbourg (Presses Universitaires de Strasbourg) 2007, 655 p. Après les atlas linguistiques régionaux, qui représentaient l’état des dialectes de France vers le milieu du XX e siècle, la recherche sur la variation diatopique en est arrivée depuis peu à l’étude de la variation régionale du lexique français, «aspect si vanté et si mal connu de notre patrimoine linguistique» 1 . Le projet TVF (Trésor des Vocabulaires Francophones) lancé par Bernard Quémada à la fin des années 1980 avait pour objectif d’entreprendre la description de tous les usages lexicaux du français en France et hors de France, par la création d’un fonds commun de données textuelles 2 et lexicologiques, destinées à alimenter la recherche lexicographique panfrancophone. Ce projet a permis à de nombreuses équipes de rédiger les dictionnaires de leur français régional, point de départ pour la réalisation de la Base informatisée de données lexicographiques panfrancophones (BDLP) 3 (actuellement, 14 bases 4 disponibles en ligne sur Internet). C’est dans cette même optique que Pierre Rézeau a créé pour la France son Dictionnaire des Régionalismes de France (DRF). Directeur de recherche honoraire à l’Institut national de la langue française (INALF/ CNRS) où il a collaboré au Trésor de la Langue Française, membre du comité scientifique du réseau Étude du français en francophonie au sein de l’Agence Universitaire de la Fran- 350 Besprechungen - Comptes rendus 1 P. Rézeau, Dictionnaire des régionalismes de France. Géographie et histoire d’un patrimoine linguistique, Bruxelles 1 2001 ( 2 2007): 7 (= DRF). 2 FRANTEXT, SUISTEXT, QUÉBETEXT et BELTEXT. 3 www.bdlp.org (direction C. Poirier). 4 Suisse, France, Belgique, Québec, Maroc, Louisiane, Réunion, Burundi, Acadie, Algérie, République de CentreAfrique, Congo-Brazzaville, Madagascar, Tchad et Nouvelle Calédonie: plus de 16’000 entrées.