eJournals Vox Romanica 67/1

Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2008
671 Kristol De Stefani

Elissa Pustka, Phonologie et variétés en contact. Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris, Tübingen (Narr) 2007, 292 p. (Romanica Monacensia)

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2008
Anika  Falkert
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Elissa Pustka, Phonologie et variétés en contact. Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris, Tübingen (Narr) 2007, 292 p. (Romanica Monacensia) L’ouvrage d’Elissa Pustka (désormais EP), qui représente une version abrégée et légèrement modifiée de la thèse de l’auteure, étudie la variation en français du Midi et en français antillais d’un point de vue phonologique. L’auteure se focalise dans son analyse qui se veut synchronique (sans pour autant laisser entièrement de côté l’évolution historique des prononciations observées) sur deux variables centrales de la phonologie du français: le schwa et les liquides postconsonantiques finales. L’originalité du livre réside non seulement dans la prise en compte de tendances récentes en phonologie, issues des recherches cognitives (notamment la théorie exemplariste), mais aussi du rapport entre la production et la perception de la parole, permettant à l’auteure de jeter un nouveau regard sur la «construction des variétés» dans des espaces en situation de contact. L’ouvrage s’ouvre sur une introduction (1-5) présentant l’objectif de l’étude qui est de «fournir une analyse phonologique des variétés en contact, en surmontant l’opposition entre linguistique «externe» (dialectologie vs. sociolinguistique) et interne (phonologie, sémantique, etc.)» (2). Le défi relevé par EP consiste en une analyse non seulement des différents systèmes phonologiques des communautés linguistiques étudiées (Guadeloupéens de Guadeloupe, Guadeloupéens à Paris, Aveyronnais en Aveyron, Aveyronnais à Paris), mais aussi des phénomènes de contact et de koinéisation 1 . Dans le cadre théorique (6-44), EP souligne les problèmes qui se posent dans la définition des variétés et plaide pour une prise en compte de la conscience linguistique des locuteurs. La perception de la variation par les locuteurs fait l’objet des recherches en dialectologie perceptive ou, plus généralement, en linguistique populaire (angl. folk linguistics), une approche née dans les années 1980 aux États-Unis et rendue célèbre par les études de Dennis Preston. La question à laquelle EP tentera de répondre dans le cadre de son travail est de savoir si, pour les communautés étudiées (Aveyronnais et Guadeloupéens), on peut observer la «coexistence d’un continuum au niveau des données ‹objectives› et d’une catégorisation ‹subjective›» (8). Pour EP, une variété serait donc «un profil linguistique perçu, associé à une origine géographique ou sociale ou à une situation et suscitant des émotions et des jugements» (8s.). Si cette définition reste discutable, elle met en avant la délimitation d’une variété non seulement à partir de traits linguistiques «objectifs», mais également à partir de jugements émis par les locuteurs. Les remarques sur la linguistique de contact sont suivies d’une esquisse de la phonologie diasystémique. Le modèle proposé par l’auteure pour la description des systèmes phonologiques des variétés en contact comporte deux niveaux phonologiques et permet d’établir, à partir des réalisations phonétiques produites par des locuteurs, des règles de correspondance. De ce fait, le modèle adopté par EP prend en compte les acquis des phonologies néo-génératives et d’une phonologie exemplariste que l’auteure nous présente dans le chapitre 2.4. Les références concernant cette approche se limitent en gros aux travaux de Joan Bybee. On aurait également pu citer les recherches de Jeanette Pierrehumbert 2 et 356 Besprechungen - Comptes rendus 1 On rappellera que le terme koinè désigne «toute langue commune se superposant à un ensemble de dialectes ou de parlers sur une aire géographique donnée» (J. Dubois et al., Dictionnaire de linguistique, Paris 1994: 262). 2 J. Pierrehumbert, «Exemplar dynamics: Word frequency, lenition, and contrast», in: J. Bybee/ P. Hopper (ed.), Frequency effects and the emergence of lexical structure, Amsterdam 2001: 137-57; J. Pierrehumbert, «Word-specific phonetics», in: C. Gussenhoven/ N. Warner (ed.), Papers in Laboratory Phonology VII, Berlin 2002: 101-39; J. Pierrehumbert, Janet, «Phonetic diversity, statistical learning, and acquisition of phonology», Language and Speech 46 (2003): 115-54. Keith Johnson 3 qui apportent quelques éclaircissements supplémentaires (notamment dans l’étude de la perception de la variation). Le troisième chapitre intitulé «Espaces vécus» (45-106) nous livre une description succincte de la situation (socio)linguistique de la région parisienne, de la Guadeloupe et de l’Aveyron ainsi que des réseaux des migrants (Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris). Le portrait que dresse EP s’avère extrêmement riche par les renvois multiples aux ouvrages de référence et à la littérature ainsi que par les témoignages de locuteurs natifs et les propres expériences de l’auteure. Avant de passer à l’analyse de la variation, EP établit un inventaire des particularités diatopiques du français guadeloupéen et du français aveyronnais (107-39). Les exemples des traits phonologiques ainsi que des particularismes lexicaux et morphosyntaxiques sont complétés par des renvois à d’autres parlers où l’on trouve parfois les mêmes phénomènes (français populaire, français de Belgique, français du Canada). On peut alors se demander si le terme particularité est justifié, étant donné que la plupart des phénomènes relevés existent dans d’autres parlers (p. ex. l’utilisation de l’indicatif au lieu du subjonctif). De même, une vision un peu moins «normative» aurait évité de qualifier de «fausses» formes analogiques le participe passé conquéri (au lieu de conquis, 125). Ces formes font partie de l’espace variationnel et sont difficilement interprétables comme des fautes (sauf, bien sûr, par rapport au français «de référénce»). On pourrait émettre la même réserve dans le cas de l’emploi de l’auxiliaire avoir au lieu de être qui est quasi systématique dans certaines variétés de français. L’analyse phonologique du schwa (140-92) et des liquides postconsonantiques finales (193-218) qui se veut quantitative et qualitative est basée sur un corpus de 38 heures comprenant la parole spontanée (20 minutes par locuteur), la lecture d’un texte et la lecture d’une liste de mots. Il faut préciser qu’une partie du corpus (enregistrements et transcriptions) est consultable sur le site du projet PFC (Phonologie du français contemporain) où le lecteur trouve également des informations sur le protocole d’enquête. L’étude du schwa s’appuie sur presque 80’000 occurrences de schwas potentiels. Dans un premier temps, le taux d’élision global des schwas potentiels est mis en relation avec des facteurs externes et fait apparaître que Guadeloupéens et Parisiens ont des taux d’élision dépassant les 60 % (tous contextes confondus) alors que le taux est nettement moins élevé pour les Aveyronnais. EP arrive à dégager une «primauté de la dimension diatopique de la variation» (149) et une accommodation chez les Aveyronnais vivant à Paris concernant la non-prononciation des schwas. Pour ce qui est du français aveyronnais, l’analyse covariationnelle fait ressortir un impact de l’âge, du métier et du niveau d’études sur le taux d’élision des schwas. En contexte de lecture, le taux de réalisation du schwa est encore supérieur. Par contre, pour les Aveyronnais habitant Paris, «aucune variable démographique ou sociale n’est corrélée avec le taux d’élision» (153). Pour ce qui concerne le français guadeloupéen, aucune corrélation avec des facteurs extralinguistiques ne se dessine. Les facteurs internes qui semblent avoir un effet sur le taux d’élision sont d’ordre phonotactique (longueur du mot, position du schwa, voyelles/ consonnes environnantes), suprasegmental (position dans le groupe rythmique) et lexical: les «exceptions» au tendances phonotactiques sont interprétables à travers un recours à la théorie exemplariste. EP distingue entre emprunt, supplétion, substitution et split. Des graphiques (171) illustrent les différents processus. La fréquence des formes lexicales peut jouer un rôle déterminant dans le changement, mais ne suffit pas pour analyser la variation dans les différentes communautés: «En Aveyron, les taux d’élision très élevés chez les jeunes et dans les constructions 357 Besprechungen - Comptes rendus 3 K. Johnson, «Speech perception without speaker normalization», in: K. Johnson/ J. Mullenix (ed.), Talker variability in speech processing, New York 1997: 145-66. fréquentes avec je et les verbes auxiliaires peuvent donc être considérés comme indices d’un changement en cours par diffusion sociale et lexicale. À Paris, en revanche, il existe une véritable voyelle instable et un processus d’alternance qui n’affecte pas plus les mots fréquents que les autres» (182). Le cas du split est particulièrement intéressant: deux réalisations concurrentes peuvent se voir attribuer une réalisation phonétique spécifique selon leur fonction. À ce propos, l’auteure cite l’exemple de je vais (179): «le schwa tombe beaucoup plus souvent dans je vais quand cette forme exprime le futur proche que quand elle exprime un mouvement». L’analyse très détaillée, illustrée par de nombreux tableaux et graphiques, se termine par des questions qui restent ouvertes, notamment sur la fréquence qui apparaît comme condition nécessaire, mais non suffisante pour la diffusion des changements. Les prononciations sans schwa, en français aveyronnais et guadeloupéen, de tout ce qui, tout ce que, ce qui, ce que, tout le temps, tout le monde qui sont analysés par l’auteure comme emprunts au français parisien soulèvent la question de savoir pourquoi ces éléments (et non d’autres) ont été empruntés - un aspect important qui montre les limites de l’interprétation à l’aide des modèles exemplaristes. L’étude du comportement des liquides postconsonantiques finales tient compte de 4314 liquides finales potentielles. La chute de la liquide dans les clusters obstruante-liquide (OL) (p. ex. / tr/ ) se présente comme un phénomène à diffusion inégale. Comme remarque EP, «il existe en effet des mots qui ne perdent jamais leur liquide (p. ex. entre) et certains qui la perdent plus souvent que d’autres (p. ex. peut-êt(re), par exemp(le))» (198). En passant par les différentes réalisations du / r/ en français, visualisées en partie dans des sonagrammes, EP démontre que le taux d’élision est le plus élevé dans la communauté guadeloupéenne. Pour ce qui est de la dimension phonotactique, on peut observer une forte variation en fonction des consonnes environnantes. L’analyse par mot fait ressortir un taux d’élision élevé pour peut-être, par contre, par exemple, mais très faible pour entre. L’explication avancée par EP paraît tout à fait convaincante: «La comparaison montre que le taux d’élision de la liquide est corrélé au degré de cohésion des mots étudiés avec leur contexte droit: plus il y a cohésion à l’endroit du cluster OL, plus la liquide est protégée, moins il y a cohésion, plus elle tend à tomber» (216). Les différences entre le français guadeloupéen et le français aveyronnais sont dues, selon l’auteure, au fait que la norme régionale n’est pas encore aussi fixée en Guadeloupe qu’en Aveyron et qu’une «oscillation encore assez chaotique entre le créole, le français scolaire et la nouvelle norme» représente un obstacle à la classification nette du comportement linguistique des locuteurs, ce qui se répercute également sur la catégorisation dans les tests de perception. Comme nous l’avons évoqué plus haut, la construction des variétés doit tenir compte, selon EP, de l’identification des accents. Dans le chapitre intitulé «Continuum perceptif» (219-42), EP précise la méthode choisie (tests de perception à base de stimuli issus des enregistrements de la lecture d’une phrase) et nous présente un exemple de questionnaire destiné aux personnes enquêtées (193 locuteurs natifs du français). L’objectif est de confronter les traits qui semblent caractériser les différents parlers dans la conscience linguistique des locuteurs au traits relevés dans les tests de perception. EP dégage une corrélation entre les variables déclarées par les locuteurs et l’estimation du degré de régionalité (p. ex. les appendices consonantiques des voyelles nasalisées qui, selon les locuteurs, permettent de reconnaître un Aveyronnais, sont perçus comme tels à l’écoute). Une échelle implicationnelle représentant le taux d’«aveyronité» (238) montre les relations entre le degré de régionalité estimé et les variantes linguistiques décrites dans l’analyse. Toutefois, on peut observer dans certains cas que, «même si un trait régional n’existe plus que chez quelques locuteurs très âgés à la campagne . . ., il reste présent dans la conscience des locuteurs» (239s.). EP conclut ainsi à l’existence de plusieurs prototypes par accent dans la conscience 358 Besprechungen - Comptes rendus des locuteurs (accent aveyronnais typique vs. accent aveyronnais des vieux de la campagne). En conclusion, l’auteure résume les facteurs externes et internes qui déterminent la variation observée et fait remarquer que «le taux des formes lexicales variables est le plus élevé dans les communautés où un changement linguistique est en cours (chez les Aveyronnais dans le cas du schwa, chez les Guadeloupéens pour les clusters OL)» (247). Une bibliographie de 33 pages, une annexe précisant les conventions de transcription ainsi qu’une table de locuteurs et un index complètent l’ensemble. Si les coquilles sont rares (106: dasn («dans»), 260: Boughton 2005a au lieu de 2005), on peut regretter la confusion récurrente entre les termes intra-locuteur et inter-locuteur (148 et 204). Par ailleurs, le terme grammaire de production (opposé à grammaire de compréhension) qui apparaît dans quasiment tous les chapitres aurait mérité un petit commentaire. Cela ne changera évidemment rien à la grande qualité du travail qui impressionne autant par la quantité de données que par la qualité de l’analyse. On peut espérer que les futures recherches se focalisant sur la variation phonologique s’inspireront de cet ouvrage désormais considéré comme une référence dans ce domaine. Anika Falkert Iberoromania Ana C. Blasco/ Manuel Sánchez/ Alejandro Gurría, Tradición local y habla de Ballibasa, Huesca (Comarca Alto Gállego) 2005, 261 p. (Yalliq 8) Estamos ante el último título de la colección Yalliq, promovida por el área de cultura de la mancomunidad de la Comarca del Alto Gállego, en la provincia de Huesca. Este trabajo viene a culminar el iniciado en la séptima entrega de la serie, aparecido con el título de Toponimia de Ballibasa. La obra Tradición local y habla de Ballibasa analiza dos aspectos de este enclave dialectal aragonés: la lengua y la cultura. Se trata, por consiguiente, de una obra de marcado carácter etnográfico y dialectal, que se propone recopilar antes de su total desaparición - a consecuencia de la despoblación y la adaptación de las pocas gentes que allí quedan todavía al modo de vida moderno - todas las manifestaciones culturales populares y tradicionales de la región. El espacio geográfico y dialectal elegido es el Valle de Basa, sito en el Pirineo aragonés, que contaba en 2005 con una población total censada de ciento ochenta habitantes y con una superficie de 8681 kilómetros cuadrados. Su núcleo principal es Yebra de Basa, pero conforman el término municipal otros pequeños poblados, denominados Sobás, San Julián de Basa, Orús, Fanlillo, Espín, Cortillas, Cillas y Sasa de Sobrepuerto. El trabajo se estructura en dos partes bien diferenciadas: la primera, titulada «Tradición oral en Ballibasa» (11-199), cuyos autores son Ana C. Blasco y Árguedas y Manuel Sánchez Barea; y la segunda, «Situación actual y evolución del aragonés en Yebra de Basa», de Alejandro Gurría González (201-61). Después de un encuadre geográfico, donde se incluye una descripción no solo de la orografía, sino también de la flora y la fauna locales, sigue un esbozo de la historia del arte y de la arquitectura de la zona, así como una breve descripción de hechos de la historia más reciente (13-17). Continúa una breve introducción sobre «El Proyecto» (19-21) de recopilación en el que se basa la obra, cuya edición corre a cargo de la misma Área de Cultura mencionada. Se justifica la necesidad de la investigación como «labor de recopilación sobre tradición oral con el fin de salvaguardar el patrimonio cultural». El material lingüístico y etnográfico recogido se clasifica ordenándolo en 359 Besprechungen - Comptes rendus