eJournals Vox Romanica 68/1

Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2009
681 Kristol De Stefani

Jean-Loup Lemaître/Françoise Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales du chansonnier provençal A (Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5232), Città del Vaticano (Biblioteca Apostolica Vaticana) 2008, lvi + 126 p. (Studi e Testi 444)

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2009
Gabriele  Giannini
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Jean-Loup Lemaître/ Françoise Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales du chansonnier provençal A (Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5232), Città del Vaticano (Biblioteca Apostolica Vaticana) 2008, lvi + 126 p. (Studi e Testi 444) Deuxième volet d’un projet dont le premier jalon, concernant les chansonniers occitans I et K, a été posé en 2006 1 , ce beau volume présente la reproduction complète, en couleurs, des 45 lettres historiées du célèbre chansonnier de la Bibliothèque vaticane dénommé A (1-95). Ces initiales, mesurant environ 5 ou 6 cm sur 5, contiennent un portrait du troubadour ou une scène marquante inspirée par sa biographie et sont placées au début du recueil individuel du poète, ou bien d’une tranche de ce recueil. Puisque d’habitude le sujet de la représentation dépend strictement des informations repérées au sein de la vida - ce récit biographique en prose qui dans A est copié à l’encre rouge au-dessus de l’initiale historiée -, les responsables de la publication ont choisi de réserver aux photographies les pages impaires et de transcrire sur les pages d’en face les instructions placées dans les marges du manuscrit à l’intention de l’enlumineur et les textes des vidas tels qu’ils figurent dans le chansonnier. Ce dossier fort commode des pages paires est accompagné de quelques repères bibliographiques fondamentaux. L’ensemble des photographies, ne portant que sur les lettres historiées, constitue une base iconographique complète et d’excellente qualité qui profitera aussi bien aux philologues qu’aux spécialistes de l’histoire de l’enluminure. Ceux-ci trouveront aussi dans l’Annexe (97-103) la reproduction en couleurs des huits vignettes, contenant les portraits des trobairitz, d’un autre chansonnier de la Bibliothèque vaticane, H (Vat. lat. 3207). Après l’Avant-propos de J.-L. Lemaître (v-ix) et une Bibliographie raisonnée assez riche (xi-xvii), une Introduction (xix-lvi), composée de trois contributions, se charge de décrire l’anthologie vaticane du point de vue matériel et structural, sans omettre de renseigner sur le contexte dans lequel elle s’intègre. F. Vielliard («Les chansonniers provençaux et la place du chansonnier A», xix-xxxi) expose de façon claire les principes qui ont présidé à la structuration du recueil - son organisation par genres (chansons, sirventès, tensons, selon l’ordre primitif), l’alternance maîtrisée de grands troubadours et d’auteurs de second plan, la mise en valeur des représentants du trobar clus - et les compare brièvement à ceux ayant guidé la réalisation d’un autre membre de la même famille que A, le chansonnier B (Paris, BNF, fr. 1592). Ensuite, L. Duval-Arnould («Le manuscrit», xxxiii-xxxvii) s’attache à la composition matérielle, au contenu et à l’histoire du manuscrit, en apportant un certain nombre de précisions par rapport aux études précédentes. Enfin, J.-L. Lemaître («Les instructions du chansonnier A et les représentations des troubadours», xxxix-liii) fournit, pour chaque lettre historiée, une description détaillée et une transcription de l’instruction ayant été rédigée dans l’une des marges pour guider le travail du miniaturiste, le tout agrémenté de notes discrètes renvoyant parfois à la représentation correspondante dans les chansonniers I et K 2 . Cette introduction s’avère être un vade-mecum utile et équilibré pour tout utilisateur de l’album photographique. Néanmoins, quelques omissions ou inexactitudes s’y glissent, et on se doit de les relever, notamment lorsqu’elles touchent des points particulièrement sensibles du débat engagé autour de l’origine des professionnels impliqués dans la confection du 300 Besprechungen - Comptes rendus 1 J.-L. Lemaître/ F. Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales des chansonniers provençaux I et K (Paris, BNF, ms. fr. 854 et 12473), Ussel 2006. Parmi les comptes rendus de ce livre, on retiendra notamment ceux de L. de Goustine, RLaR 111 (2007): 227-29, N. Henrard, MA 113 (2007): 205-7, S. Asperti, Medioevo romanzo 31 (2007): 215-17, A. Bräm, Kunstchronik 61/ 5 (2008): 243-45, ainsi que le mien, VRom. 66 (2007): 355-59. 2 Une table de concordance illustrant la répartition des initiales dans A, I et K est d’ailleurs dressée (lv-lvi). chansonnier. Quand F. Vielliard rappelle que B pourrait représenter un état de la tradition plus ancien que A, notamment du fait que B portait la succession primitive des genres, chansons-sirventès-tensons (xxi) 3 , il faudrait mentionner que cette conclusion a été vigoureusement contestée 4 . Leonardi (1987: 360-61) a en effet rappelé que tel était aussi l’ordre originel des genres dans A et que c’est seulement dans un deuxième temps que le cahier des tensons a été interposé entre les cahiers des chansons et ceux des sirventès, à la suite d’un bouleversement soudain du projet initial, intervenu en tout cas à temps pour que la table qui ouvre A l’enregistre: pour ce qui est de la succession des genres, A et B remontent donc au même modèle. La première (xxx) et la dernière contribution (xl) évoquent également l’hypothèse selon laquelle le copiste d’A aurait travaillé dans un atelier du Nord-Est de l’Italie tout en étant originaire de la Basse-Auvergne ou du Velay 5 , mais elles négligent de rappeler que la supposition n’a pas fait, depuis, l’unanimité. Leonardi (1987: 360-64) a en effet démontré l’inconsistance de certains passages du raisonnement de F. Zufferey et un examen paléographique récent, qui a échappé aux responsables de la publication, confirme que les apostilles sont dues au copiste d’A et conclut que ce scribe est italien 6 . Par ailleurs, la nouvelle transcription des instructions pour l’enlumineur offerte par J.-L. Lemaître ne paraît pas convaincante aux endroits, plutôt rares, où elle s’éloigne de la précédente 7 : f. 43r° cu(n) sparvero - Avalle (1961: 179-81) cu(n) .j. sparuero; f. 108v° jogular - iogolar; f. 127r° cu(n) altra gente 8 - con altra çe(n)te; f. 131r° dame - dona 9 ; f. 134r° diu - dia; f. 142r° et 143v° home - homo; f. 154r° clerege - clerego; f. 203v° ke cante davanti - ka cante dana(n)ti. En revanche, au f. 11r° on lit exactement «.I. maistro in carega» (xli), alors qu’Avalle (1961: 179) avait pris la petite initiale entre deux points destinée au miniaturiste, mais servant à déterminer l’initiale à peindre (.e.) 10 , pour un e avec tilde ayant été ensuite biffé («.j. maistro [e(n)] jn carega»). L’attention au moindre détail est dans ce domaine capitale, puisque si autrefois on avait pu rapprocher la langue des instructions aux scriptae vénètes occidentales, et notamment à celle de Vérone 11 , l’hypothèse paraît aujourd’hui 301 Besprechungen - Comptes rendus 3 D’après F. Zufferey, Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux, Genève 1987: 35-36. 4 Cf. L. Leonardi, «Problemi di stratigrafia occitanica. A proposito delle Recherches di François Zufferey», R 108 (1987): 354-86 (360-64). 5 Cf. Zufferey 1987: 58-66. 6 Cf. M. Signorini, «Riflessioni paleografiche sui canzonieri provenzali veneti», Critica del testo 2 (1999): 837-59 (847-49). Cette étude se distingue également par l’analyse intelligente du rapport entre les représentations des troubadours, les instructions pour l’enlumineur et le texte des vidas (843-47), rapport qui avait déjà fait l’objet d’un chapitre magistral de M. L. Meneghetti, Il pubblico dei trovatori. La ricezione della poesia cortese fino al XIV secolo, Torino 2 1992: 245-76. 7 Cf. d’A. S. Avalle, La letteratura medievale in lingua d’oc nella sua tradizione manoscritta. Problemi di critica testuale, Torino 1961: 179-81. J’ai pu contrôler les deux transcriptions complètes à l’aide des microfiches du ms. Vat. lat. 5232 conservées à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes de Paris. 8 Le dernier mot est en revanche rapporté sous la forme çente dans le dossier joint à la reproduction photographique (54). Ce fait n’est pas isolé, mais d’ordinaire les transcriptions qui accompagnent les photographies contiennent des inexactitudes esquivées dans la contribution de J.-L. Lemaître: f. 113r° a caval omis (40); f. 189r° caval pour cavall (84); f. 199v° abala au lieu de abata et a cavallo pour da cavallo (88). 9 La forme dona est en effet employée habituellement par le rédacteur des instructions, aux f. 56v°, 103v°, 167v° et 168v°. 10 Pour J.-L. Lemaître la lettre historiée est une «initiale C bleue» (xli), mais il s’agit à l’évidence d’un E (5). En outre, on constate la persistance de l’ancienne faute de lecture dans la transcription de l’instruction du f. 11r° qui figure en face de la photographie: «.I. maistro e(n) in carega» (4). 11 Avalle 1961: 105-6, d’après l’avis de M. Corti. moins bien fondée, les progrès des études de dialectologie permettant de démontrer que les traits marquants isolés à l’époque sont également répandus dans la scripta vénitienne 12 . Bref, un nouvel examen linguistique des instructions s’impose, afin de déterminer avec plus de précision l’aire présumée de provenance du rédacteur, et il convient que cet examen repose sur une transcription établie derechef sur le chansonnier A, dès que la Bibliothèque vaticane aura à nouveau ouvert ses portes. La tâche est d’autant plus urgente que Zufferey (1987: 65-66) considérait déjà vraisemblable une localisation à Venise de l’anthologie vaticane, du fait qu’elle réserve une place particulière aux poèmes de Bertolome Zorzi, proposant aussi une rédaction fort bien informée de la vida du troubadour vénitien, et qu’à partir des années 1990 les historiens de l’art n’ont cessé de souligner que les enluminures du chansonnier s’ancrent dans le milieu artistique vénitien de la deuxième moitié du XIII e siècle 13 . De plus, une contribution importante, parue à la fin de 2008, se penche désormais avec compétence et soin sur les lettres historiées d’A et affirme qu’elles dépendent étroitement, du point de vue typologique, iconographique et stylistique, de la Bible exécutée vers la fin des années 1260 ou le début des années 1270 pour la basilique Saint-Marc de Venise (Venise, BNM, lat. I, 1-4) 14 : compte tenu de la plus grande légèreté des initiales du chansonnier et de la vivacité de sa palette chromatique, davantage orientée vers les tons rouges et orangés, la spécialiste conclut que celui-ci est certainement postérieur à la Bible conservée jadis à Saint-Marc et remonte probablement aux années 1275-1280 15 . Cette étude confirme également les résultats des travaux récents sur l’illustration et la décoration des chansonniers IK et du Tresor de la Bibliothèque Capitulaire de Vérone (ms. DVIII), qui auraient tous été réalisés dans un même atelier vénitien au cours des années 1290 16 , et propose ainsi de voir dans le groupe des anthologies AIK un ensemble cohérent du point de vue typologique et de la qualité de l’illustration, mais caractérisé en son sein par un décalage chronologique non négligeable et, surtout, par la référence à des modèles stylistiques différents 17 . Dans cette perspective de révision de nos connaissances sur la diffusion manuscrite de la lyrique occitane en Vénétie au XIII e siècle, il serait dommage d’oublier, comme le font bon nombre des travaux cités, de prendre en compte l’apport considérable pouvant provenir de 302 Besprechungen - Comptes rendus 12 Cf. F. Zinelli, «Sur les traces de l’atelier des chansonniers occitans IK: le manuscrit de Vérone, Biblioteca Capitolare, DVIII et la tradition méditerranéenne du Livres dou tresor», Medioevo romanzo 31 (2007): 7-69 (8-9). 13 Cf. A. Neff, «Miniatori e arte dei cristallari a Venezia nella seconda metà del Duecento», Arte veneta 45 (1993): 7-19 (11), A. Cortese, «Per la miniatura veneziana del Duecento: un Trésor alla Biblioteca Capitolare di Verona», Arte veneta 59 (2002): 7-21 (17-18) et G. Mariani Canova, «La miniatura», in: F. Flores d’Arcais (ed.), La pittura nel Veneto. Le origini, Milano 2004: 223-44 (237-39). 14 Cf. G. Mariani Canova, «Il poeta e la sua immagine: il contributo della miniatura alla localizzazione e alla datazione dei canzonieri provenzali AIK e N», in: G. Lachin (ed.), I trovatori nel Veneto e a Venezia. Atti del Convegno Internazionale (Venezia, 28-31 ottobre 2004), Roma/ Padova 2008: 47-76 (55-62). 15 Mariani Canova 2008: 61-62. On regrette toutefois que dans cet examen si pointu il ne soit pas précisé si les enluminures du chansonnier A sont l’œuvre d’un seul maître ou de plusieurs artistes: Meneghetti 1992: 260 N51 avait en effet observé que les lettrines des f. 125v° à 134r° sont d’une qualité visiblement inférieure et pourraient être dues à un collaborateur de l’artiste principal; les annotations de J.-L. Lemaître (xlvii) au sujet des initiales des f. 125v°, 126v° et 127r° confirment cette impression. 16 Mariani Canova 2008: 62-68. Cf. Cortese 2002, Mariani Canova 2004: 237-39, Lemaître/ Vielliard 2006: xli-xliv et, avec des précisions importantes, Zinelli 2007: 10-19. 17 En revanche, les responsables du présent volume affirment à maintes reprises que AIK ont été exécutés dans le même atelier (xxxv, xxxix, 97). l’examen approfondi des fragments de chansonniers. C’est le cas, en ce qui concerne A, du chansonnier dénommé A’, dont un troisième feuillet subsistant vient d’être reconnu 18 . Or, à propos de ce chansonnier presque entièrement perdu qui est extrêmement proche d’A, de tout point de vue, sans en être une copie, Benedetti (2003: 76-79) a cherché à démontrer que, sur la base d’une comparaison entre la graphie, la mise en page et la décoration d’A’ et celles d’A, sa confection est antérieure à celle de l’anthologie vaticane et est due à des professionnels italiens 19 . En outre, la décoration du feuillet conservé aujourd’hui à Paris permet d’établir un lien typologique et stylistique très strict avec le ms. de Paris, BNF, lat. 6390, que l’on date de la fin du XIII e siècle 20 . Puisque A’ aurait été réalisé avant A et que le premier peut être daté de la fin du siècle, la datation du chansonnier vatican (1275-1280) proposée par Mariani Canova (2008: 61-62) s’avère être en contradiction avec ces conclusions. Au-delà de ces questions, il convient de souligner que l’ensemble de ces études fait apparaître le rôle éminent de Venise, ses scriptoria et son public au sein du troubadourisme cultivé dans le Nord-Est de l’Italie pendant le dernier tiers du XIII e siècle, et corrige, voire bouleverse, nombre de schémas historiographiques établis. Le service que ce volume et le précédent, consacré aux initiales d’I et K, offriront à tous ceux qui voudront vérifier, discuter ou approfondir ces hypothèses n’a évidemment aucun besoin d’être mis en valeur. Gabriele Giannini ★ Luciana Borghi Cedrini (ed.), «Intavulare». Tavole di canzonieri romanzi I. Canzonieri provenzali, 5. Oxford, Bodleian Library S (Douce 269), Modena (Mucchi Editore) 2004, xvi + 164 p. Luciana Borghi Cedrini è l’autrice della monografia sul canzoniere provenzale S (Oxford, Bodleian Library, Douce 269), in questo che è il quarto volume della serie provenzale di «Intavulare», la collana promossa da Anna Ferrari sotto il patrocinio della Union Académique Internationale e della Unione Accademica Nazionale italiana. La collana si articola a coprire i quattro maggiori àmbiti linguistici della tradizione manoscritta della lirica romanza medievale (I. Canzonieri provenzali, II. Canzonieri francesi, III. Canzonieri italiani, IV. Canzonieri galego-portoghesi) 1 e vede la collaborazione di insigni romanisti europei. È questo il terzo contributo alla collana della scuola torinese promossa da d’Arco Silvio Avalle, il maestro che ha delineato nel 1961 un quadro storico e geografico generale della 303 Besprechungen - Comptes rendus 18 Cf. R. Benedetti, «Un terzo foglio del canzoniere provenzale A’», in: R. Castano/ S. Guida/ F. Latella (ed.), Scène, évolution, sort de la langue et de la littérature d’oc. Actes du Septième Congrès International de l’Association Internationale d’Études Occitanes (Reggio Calabria-Messina, 7-13 juillet 2002), vol. 1, Roma 2003: 71-98. Il s’agit du feuillet ayant servi de garde, depuis 1465 environ, au ms. 54 de la Bibliothèque du Séminaire de Padoue (f. I). Les deux autres feuillets, connus depuis longtemps, sont le f. 269 du ms. fr. 12474 de la BNF de Paris - qui auparavant avait été utilisé comme garde du ms. fr. 12599 de la même bibliothèque - et celui, ayant été recomposé, conservé à la Bibliothèque Classense de Ravenne sous la cote 165. 19 Un avis opposé - A’ est postérieur à A et est «l’œuvre d’un copiste provençal travaillant dans le Nord de l’Italie, vraisemblablement en Vénétie» - avait été prononcé par Zufferey 1987: 66. 20 Cf. Benedetti 2003: 96 et F. Avril/ M.-Th. Gousset, Manuscrits enluminés d’origine italienne. 2. XIII e siècle, Paris 1984: 61. 1 Cf. le recensioni ad altri volumi della serie in VR 60 (2001): 261-70 e VR 64 (2005): 354-61.