Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2009
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Kristol De StefaniFrédéric Duval/Fabienne Pomel (ed.), Guillaume de Digulleville. Les Pèlerinages allégoriques, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2008, 486 p.
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2009
Virginie Minet-Mahy
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Frédéric Duval/ Fabienne Pomel (ed.), Guillaume de Digulleville. Les Pèlerinages allégoriques, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2008, 486 p. Ce recueil d’articles rassemble les actes d’un colloque tenu à Cerisy en 2006 autour d’un des «parents pauvres» de la littérature médiévale, Guillaume de Digulleville. L’œuvre du moine de Chaalis a longtemps souffert d’un net mépris de la part de la critique, alors même que sa trilogie de pèlerinages allégoriques, le Pèlerinage de Vie humaine (PVH) en tête, le Pèlerinage de l’âme (PA) et la Pèlerinage de Jésus-Christ (PJC), a connu une diffusion manuscrite exceptionnelle et a été traduite dans quelques langues européennes. Quatre-vingt cinq manuscrits des trois œuvres confondues sont répertoriés à l’heure actuelle. On appréciera en fin de volume la liste dressée par Géraldine Veysseyre avec la collaboration de Julia Drobrinsky et d’Émilie Fréger. Les six chapitres sous lesquels l’ensemble des contributions a été regroupé apportent des éclairages très suggestifs et ouvrent des pistes de recherche stimulantes. La première section est consacrée à l’écriture de l’allégorie. Philippe Maupeu («Bivium: l’écrivain nattier et le Roman de la Rose», 21-42) nous introduit à la thématique de la double voie et à la figure de l’auteur comme «nattier», du côté de la personnification Labour et construite, en réaction contre l’écriture de l’oisiveté et contre la figure d’Oiseuse du Roman de la Rose. Alors que l’hypotexte pratique une écriture de la «diversion», de la multiplication des voies et de la fuite du point de vue, le PVH dans sa première version choisit l’anonymat et place l’auteur dans une «position éthique stable», assumant sa parole. La seconde rédaction tend à faire coïncider l’auteur et Guillaume et participe à la promotion de l’écrivain. Développant également une réflexion sur le rapport au Roman de la Rose et la à figure de l’auteur, Herman Braet («Les images inaugurales dans les manuscrits enluminés du Pèlerinage de vie humaine», 43-52) approche la question du portrait du point de vue de la réception manuscrite à travers l’étude des miniatures de frontispice et en regard du modèle qu’offre le Roman de la Rose, pointe les convergences et les divergences. Enfin, Elisabeth Spica («L’emblématique de dévotion, une héritière indirecte des Pèlerinages spirituels allégoriques de Guillaume de Digulleville», 53-80) boucle le parcours «allégorique» en étudiant dans l’emblématique humaniste du XVI e siècle la figure de la pérégrination de l’âme, de l’homo viator, partant de l’invitation d’Ignace de Loyola au pèlerinage intérieur. Si les échos par rapport à l’œuvre du moine cistercien sont importants, aucune référence explicite ne peut cependant être relevée. E. Spica passe en revue les reprises de motifs, les fonctions de l’allégorie et de la relation texte/ image dans les divers corpus, mais souligne aussi les spécificités du pèlerinage méditatif dans la composition de lieu. Le deuxième volet de recherche touche à «l’écriture du Salut», à la mise en œuvre de doctrines, de pratiques religieuses et de croyances dans le texte. Julia Drobrinski, spécialiste du rapport texte-image («La roche qui pleure et le cuvier aux larmes: les images de la pénitence», 81-110) étudie les programmes de 35 manuscrits qui, sur la cinquantaine qui transcrivent le PVH, illustrent l’épisode du bain des pleurs auquel se soumet le pèlerin en compagnie de Grâce de Dieu, la glossatrice, dans le troisième livre du PVH. Le motif est lié à la purification pénitentielle et à la contrition, sentiment prôné aux XII e et XIII e siècles, comme voie d’accès à la vie monastique à travers essentiellement deux images, l’une stable dans les divers programmes, celle du rocher et de l’œil qui pleure et des larmes récoltées dans le cuvier; l’autre, plus variable en fonction des témoins, de la scène de bain du pèlerin. Les miniatures sont mises en relation avec un contexte doctrinale de manière fine. J. Drobrinski souligne la simplification de l’image et en même temps son pouvoir mémoriel. Mattia Cavagna («Enfer et purgatoire dans le Pèlerinage de l’âme de Guillaume de Digulleville, entre tradition et innovation», 111-30) interroge la célèbre théorie de J. Le Goff sur la naissance du purgatoire en analysant la topographie de l’enfer telle que pré- 327 Besprechungen - Comptes rendus sentée chez Guillaume: une quadripartition, à l’image d’une noix au sein de laquelle quatre sphères concentriques superposent, du centre vers l’extérieur, l’enfer des damnés, les limbes, le purgatoire et les limbes des Pères. M. Cavagna étudie les origines de cette quadripartition et la compare à une autre conception: les deux enfers, l’inférieur (puteum), éternel, dont on ne revient pas, le supérieur (refrigerium), provisoire, espace correspondant à la notion de purgatoire et dont les origines sont bibliques et apocryphes. Si le terme purgatorium n’apparaît qu’au XII e siècle, le concept lui préexiste, notamment dans la littérature visionnaire. Guillaume quant à lui mêle les deux types de représentations biet quadripartites. Agnès Le Bouteiller («Le Procès de Paradis du Pèlerinage de Jésus-Christ de Guillaume de Digulleville: un débat allégorique, juridique et théologique porté au seuil de la dramatisation», 131-58) étudie chez le moine de Chaalis l’ancêtre d’une scène dramatique qui connaîtra un succès important dans les mystères de la fin du Moyen Âge, le procès de paradis, débat entre Justice, Miséricorde, Vérité, Sagesse et Charité, suite au péché originel, pour décider ou non de la Rédemption du genre humain. L’auteur compare l’épisode aux potentialités dramatiques chez Guillaume avec des mystères et tente d’expliquer les raisons de cette insertion à teneur théologique dans le cadre du PJC. Denis Hüe («L’apprentissage de la louange: pour une typologie de la prière dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville», 159-84) propose un parcours et une typologie des multiples prières au sein de la trilogie. L’article de Frédéric Duval offre un prolongement à cette introduction à l’art de l’oraison de Guillaume en s’intéressant à deux prières en latin inédites et en relation étroite avec les pèlerinages, la première à saint Michel composée de 24 douzains d’Hélinand, la seconde à l’ange gardien composée de huit octains («Deux prières latines de Guillaume de Digulleville: prière à saint Michel et prière à l’ange gardien», 185-214). F. Duval met en relief l’importance et le talent de l’œuvre latine de Guillaume et offre une édition qui a valeur de test concluant à la faisabilité d’une édition des poèmes latins du moine de Chaalis. Anne-Laure Lallouette («La vieillesse dans le Pèlerinage de vie humaine», 215-30) inaugure la section consacrée à l’histoire en s’intéressant aux figures de la vieillesse, essentiellement des personnages féminins très négatifs, les vices, les adversaires du pèlerin et cadre ces portraits par rapport au contexte historique et par rapport à la pratique des sermons. Le chapitre qui suit montre les richesses lexicales de la langue de Guillaume de Digulleville. Si Digulleville fait l’objet d’au moins 800 citations dans le Dictionnaire de F. Godefroy, Takeshi Matsumura («Le traitement lexicographique de Guillaume de Digulleville», 231- 52) s’attache à mettre en évidence en quoi Gdf. s’est basé sur des témoins peu fiables en ce qui concerne la langue de Guillaume (des témoins manuscrits tantôt de la première version, tantôt de la seconde version du PVH, un imprimé tardif de la Mazarine, des versions remaniées en prose, etc.). Les lexicographes (Tobler-Lommatzsch, Wartburg, etc.) ont ensuite repris les citations de Godefroy. Il y a donc lieu de manipuler avec prudence les renvois des dictionnaires à Guillaume et de retourner aux témoins pour valider les informations fournies. Béatrice Stumpf («Études de quelques régionalismes lexicaux dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville», 253-80) analyse ensuite quelques aspects variationnels du lexique de Guillaume, sur le plan individuel: l’usage d’archaïsmes ou les néologismes, notamment les emprunts au latin; puis sur le plan diatopique: l’usage de régionalismes (deganer, fillaciere). Elle se consacre ensuite au décorticage minutieux des vers 9075-76 du PVH et à l’emploi de plusieurs vocables rares: ratatelee, clustriaus, panufles et churriaux. Gilles Roques («Commentaire de la rencontre d’Orgueil dans le Pèlerinage de vie humaine», 281-314) étudie les v. 7409-8094 et conclut à la connaissance encyclopédique de Guillaume (lecture du Reclus, Gautier de Coincy, Rutebeuf), montre la richesse parémio- 328 Besprechungen - Comptes rendus logique, tant d’origine savante, latine, que populaire, et lexicale (archaïsmes, régionalismes). Le moine fait feu de tout bois pour enrichir son expression. Les deux articles de la section suivante se consacrent aux manuscrits. Géraldine Veysseyre («Lecture linéaire ou consultation ponctuelle? Structuration du texte et apparats dans les manuscrits des Pèlerinages», 315-30) ouvre la question de la réception et du lectorat de la trilogie. Si l’essentiel des manuscrits semble aller dans le sens d’une lecture linéaire et intégrale, G. Veysseyre met le doigt sur quelques témoins dont le paratexte est développé, facilitant un repérage au sein du vaste texte et permettant, notamment par tables et rubriques, une consultation ponctuelle, ciblée, comme dans le cadre d’une encyclopédie. Ce type de manuscrit laisse entrevoir le profil d’un lectorat savant qui aurait puisé des exemples pour la prédication. Au XV e siècle, Guillaume semble avoir accédé au statut d’autorité pour des clercs. Emilie Fréger et Anne-Marie Legaré («Le manuscrit d’Arras BM, ms. 845, dans la tradition des manuscrits enluminés du Pèlerinage de l’âme en vers: spécificités iconographiques et milieu de production», 331-50) étudient au sein d’une famille de quatre manuscrits produits dans le Hainaut, un manuscrit de la BM d’Arras qui, par rapport à la tradition iconographique parisienne de la trilogie, présente des particularités, notamment le motif de l’arbre sec, populaire dans les provinces bourguignonnes, particulièrement à Bruges. L’hypothèse de manuscrits à usage de femmes, peut-être d’une communauté de béguines, est soulevée avec finesse. Enfin les quatre derniers articles ouvrent l’horizon des récritures et des adaptations linguistiques. Françoise Bourgeois («Réécriture de la mise en prose du Pèleriage de vie humaine dans le manuscrit de Paris, BNF, fr. 12461», 351-64) étudie le remaniement d’une des copies de la mise en pose d’Angers réalisée pour Charlotte de Savoie et appartenant à la branche B: le ms. Paris, BNF, fr. 12461. Ce manuscrit allège considérablement les parties dialoguées, les digressions, commentaires allégoriques et souligne la ligne narrative du texte. Stéphanie Le Briz-Orgueur («La réécriture du Pèlerinage de vie humaine dans la moralité du Bien Avisé et du Mal Avisé», 365-92), se penche sur quatre passages de la moralité où l’octosyllabe à rimes plates utilisé dans le PVH remplace le quatrain d’octosyllabes à rimes croisées de la pièce et étaye l’hypothèse d’une intertextualité. Ingrid Biesheuvel («Plus avaricieux qu’Avarice: une traduction en prose du Pèlerinage de vie humaine en moyen néerlandais», 393-400) se penche sur trois manuscrits et un incunable qui transcrivent une traduction en moyen néerlandais et conclut à l’existence de deux traductions indépendantes. Elle analyse ensuite les descriptions singulières d’Avarice et de Gloutonnie dans une des versions, puis la transposition en image d’une erreur de traducteur. Juliette Dor enfin («L’ABC de Chaucer: traduction et transformation», 401-24) nous ramène à la thématique de la prière et à l’adaptation audacieuse de la prière abécédaire adressée à la Vierge dans le PVH, devenu poème isolé chez Chaucer. On trouvera une transcription du poème et une traduction. Virginie Minet-Mahy ★ Isabelle Diu/ Élisabeth Parinet/ Françoise Vielliard (dir.), Mémoire des Chevaliers. Édition, diffusion et réception des romans de chevalerie du XVII e au XX e siècle, Paris (École des Chartes) 2007, 244 p. (Études et Rencontres de l’École des Chartes 25) Le présent volume, comme d’autres de la collection Études et Rencontres de l’École des Chartes, constitue les actes d’un colloque qui a réuni des spécialistes afin d’explorer une notion dans l’espace et dans le temps. En l’occurrence, le colloque qui s’est tenu à Troyes en 329 Besprechungen - Comptes rendus
