Vox Romanica
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Kristol De StefaniBenjamin Fagard/Sophie Prévost/Bernard Combettes/Olivier Bertrand (ed.), Évolutions en français. Études de linguistique diachronique, Bern (Peter Lang) 2008, 477 p.
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autres travaux 8 et s’en sont servis dans leurs contacts avec les témoins, et je ne sache pas que cela leur ait jamais été reproché. - p. 287-88: À propos de loi Deixonne (1951), qui autorise un enseignement de l’occitan au niveau secondaire, on lit ce qui suit: «Damit lässt sich die soziolinguistische Verbotszeit für das Okzitanische mit den Eckdaten 1539 (Ordonnance de Villers-Cotterêts) und 1951 eingrenzen.» Pourtant, p. 193 et 213, il est bien précisé que l’ordonnance de Villers-Cottetêts interdisait le latin et non l’occitan, et que le recul de celui-ci à partir du XVI e siècle a des causes bien plus complexes qu’un acte de l’autorité royale 9 . Il y a donc là une simplification qu’on aurait pu éviter. - À l’occasion, une remarque marginale: les efforts visant à redonner à l’occitan un statut de langue standard ont prétérité l’étude de la langue réelle; si nous disposons d’atlas, rares sont les monographies locales comparables à celles d’Andreas Blinkenberg (comme par hasard un Danois et non un Occitan) sur les patois d’Entraunes et de Beuil 10 ; et même un savant de la classe de Charles Camproux, dans son Étude syntaxique des parlers gévaudanais (Paris 1958), ne localise pas les exemples et uniformise la transcription. - p. 293: Les auteurs illustrent l’entrée des régionalismes dans les dictionnaires français par le Dictionnaire du français vivant (Paris/ Bruxelles/ Montréal, Bordas, 1972). Ce n’est pas le meilleur exemple 11 ; en mettant le livre à jour, on aurait dû le remplacer par d’autres, notamment par ceux du Larousse et du Robert, qui citent des régionalismes, et notamment des helvétismes, respectivement depuis 1981 et 1984. On citera enfin une erreur prophétique: on lit, p. 280, que le Centre de dialectologie et d’étude du français régional de l’Université de Neuchâtel est responsable («betreut») du Glossaire des patois de la Suisse romande. Le même texte se trouve dans l’édition de 1978; or cette affirmation n’est vraie que depuis 2008! Zygmunt Marzys ★ Benjamin Fagard/ Sophie Prévost/ Bernard Combettes/ Olivier Bertrand (ed.), Évolutions en français. Études de linguistique diachronique, Bern (Peter Lang) 2008, 477 p. Ce volume réunit les Actes du Colloque Diachro 3 (Paris, 20-22 septembre 2006); comme on le fait de plus en plus souvent, la présentation suit l’ordre alphabétique des noms des auteurs, critère des plus pratiques, qui cache cependant tout groupement par sujets ou par méthodes. De fait, il est possible de distinguer dans cet ensemble deux approches fondamentales: d’un côté les recherches qui, parfois en exploitant les corpora et les bases de données informatisées, s’appuient néanmoins sur les méthodes de la philologie traditionnelle, d’autre part les réflexions fondées sur les théories les plus récentes de la linguistique. Nous essayerons pour notre part de reconstituer quelques parcours de lecture. Deux contributions concernent l’histoire «externe» du français: celle de Cyril Aslanov («L’ancien français, sociolecte d’une caste au pouvoir: Royaume de Jérusalem, Morée, Chy- 337 Besprechungen - Comptes rendus 8 Cf. par ex. L. Gauchat, «Nos patois romands», article programme publié dans BGl. 1-2 (1902): 3-24; L. Gauchat/ J. Jeanjaquet/ E. Tappolet, Tableaux phonétiques des patois suisses romands, Neuchâtel 1925; etc. 9 Cf. D. Trudeau, «L’ordonnance de Villers-Cotterêts et la langue française: histoire ou interprétation? », BHR 45 (1983): 461-72. 10 A. Blinkenberg, Le patois d’Entraunes, Aarhus/ København 1939-1940; id., Le patois de Beuil, ibid. 1948. 11 Cf. le compte rendu d’Ernest Schüle dans GPSR, 76 e Rapport annuel (1972-74): 21-22. pre», 3-19), qui propose une analyse de sociolinguistique historique sur la fonction du français dans les contextes multilingues de l’Orient latin (XII e -XV e siècles); et celle de Serge Lusignan («L’aire du picard au Moyen Âge: espace géographique ou espace politique? », 269-83), qui s’interroge sur la géographie du dialecte picard au Moyen Âge en tant que langue de l’administration: sa diffusion - qui n’a rien à voir avec les contours géographiques du picard moderne - ne peut pas s’expliquer par l’influence d’un pouvoir politique fort, mais semble dépendre du choix de l’autorité qui émet les actes. La grammaticalisation en diachronie fait l’objet d’un certain nombre d’articles. Ainsi, Walter De Mulder et Anne Vanderheyden («Grammaticalisation et évolution sémantique du verbe aller. Inférence, métonymie ou métaphore? », 21-44) discutent les rapports et les rôles que peuvent avoir joué la métaphore, la métonymie et les inférences pragmatiques dans l’évolution sémantique du verbe aller et sa grammaticalisation comme auxiliaire du futur en moyen français. Benjamin Fagard («‹Côté› dégrammaticalisation - le cas des prépositions», 87-103) étudie l’évolution de la racine latine costa, de l’ancien français encoste au français moderne côté; il reconnaît la grammaticalisation de coste et côté, et la lexicalisation d’une construction complexe pour l’émergence de la locution à côté de. La contribution de Jukka Havu («L’évolution des expressions du passé récent en français», 119-33) porte sur l’expression venir de, dont la composante sémantique s’avère indispensable pour reconnaître les étapes de sa grammaticalisation à partir du XVI e siècle. Sarah Leroy («Changement et évolutions des emplois de tel (que), XVI e -XX e siècles», 231-48) analyse, sur la base du corpus Frantext, les emplois comparatifs de tel (que), leurs types, répartition et évolution en diachronie, pour discuter enfin la possible grammaticalisation en cours. Lene Schøsler («Étude sur l’évolution des constructions à verbes supports», 345-61) examine un certain nombre de constructions («verbe + GN/ complément prépositionnel») en ancien et moyen français, en soulignant que la réalisation des deux modèles, qui peuvent être grammaticalisés, demeure imprévisible. André Valli et Olivier Bertrand («La notion de locution verbale possède-t-elle une pertinence en français médiéval? », 425-43) discutent les notions de figement et de locution verbale en moyen français, en s’appuyant en particulier sur les constructions contenant le substantif garde dans les Chroniques de Froissart. D’autres études concernent des évolutions plus limitées dans le temps ou des traits morphosyntaxiques plus précis. Monique Dufresne et Fernande Dupuis («Les constructions impersonnelles et l’expression du nombre en français médiéval», 45-62) reconnaissent dans le nombre - et non pas dans la disparition du système casuel - l’élément majeur de l’évolution interne de l’ancien au moyen français. Selon Estèle Dupuy-Parant («Le verbe au cœur de la continuité référentielle - Unité structurante et maillage inter-verbal des systèmes valentico-référentiels», 63-85), le verbe constitue l’élément central de la continuité référentielle, et ce même dans une diachronie limitée (des Quinze Joyes de Mariage aux Mémoires de Commynes). Richard Ingham («L’ordre syntaxique V3 aux débuts du moyen français», 153-70) interroge les textes historiographiques de la tranche 1220-1400 pour y déceler les traces et les causes du passage de la structure phrastique V2 V3; il souligne en particulier la valeur déterminante de l’élément qui occupe la première place dans la phrase. Sabine Lehmann («Temporalité et Typologie Sociale - Le futur dans quelques textes à caractère social (ancien et moyen français)», 215-29) relève un emploi abondant du futur absolu dans les textes moraux des XII e -XIII e siècles, notamment dans les revues des «estats du monde», un futur qui exprime essentiellement la récompense finale des bons et la punition éternelle des méchants. Jesse Mortelmans («Les déterminants dans le figement des constructions verbales en français médiéval», 301-16) examine le cas de prendre (le) congé; à la lumière de la grammaire de construction et de la grammaire contextualiste, il constate que les structures sont moins rigides en français médiéval que dans la langue d’aujourd’hui. Évelyne Oppermann-Marsaux («Le verbe voici / voilà et son éclatement catégoriel en 338 Besprechungen - Comptes rendus français préclassique et classique», 317-28) étudie le présentatif voici/ voilà entre XVI e et XVIII e siècle: devenu «marqueur aspectuel» et préposition, il évolue aussi sur le plan sémantique (d’une valeur spatiale en moyen français à une valeur temporelle en français moderne). Amalia Rodríguez Somolinos («L’évolution des expressions confirmatives négatives ce n’est mon, ce n’a mon, ce ne fait mon en français (XII e -XVI e siècles)», 329-44) reconnaît à ces trois expressions un caractère éminemment confirmatif, au-delà de la disparité de certains emplois à partir du XIV e siècle. Claire Vachon («De Je te prie que tu viennes à Je te prie de venir - Un exemple de mutation dans les constructions verbales au XVI e siècle», 405-24) s’intéresse à un type particulier de coréférence (je te prie que tu viennes/ je te prie venir/ je te prie de venir) dans un corpus très riche de textes du XVI e siècle: son analyse confirme le rôle essentiel de la sémantique dans les changements syntaxiques, ainsi que le poids des genres textuels. Pour ce qui concerne une diachronie plus large, on rappellera les articles de Julie Glickman sur «Les complétives non introduites en ancien français» (105-18) dont elle parcourt l’histoire de l’ancien français (emploi dans les textes en vers, surtout) au français moderne (particulièrement à l’oral); de Steffen Heidinger et Florian Schäfer («The French Reflexive Passive and Anticausative - A diachronic view from the par-phrase», 135-52), qui étudient les structures réflexives à sens passif du XVI e siècle à nos jours, et en particulier la présence de par (+ agent ou + cause); de Dominique Lagorgette («‹Je frappe au numéro 1, je d’mande Mam’zelle Angèle. . .› Étude diachronique de Mademoiselle», 197-214), qui propose une étude de Mademoiselle (paru au XIV e siècle, donc tardivement par rapport à Monsieur et à Madame), en rapport avec la présence éventuelle d’un déterminant ou d’un adjectif antéposé; de Jan Lindschouw («L’évolution des modes verbaux dans les propositions concessives ouvertes par bien que et encore que du XVI e au XX e siècle: un cas de grammaticalisation? », 249-67), qui retrace l’évolution de l’emploi du subjonctif après les conjonctions bien que et encore que, du XVI e au XX e siècle; de Mélanie Morinière («Évolution des constructions à attribut de l’objet en français. A et por, indices de l’attribut en ancien français», 285-300), qui prend en compte les constructions à attribut de l’objet du latin (attribut direct) à l’ancien français (avec introduction d’un indice, a ou por) au français moderne (attribut direct ou introduction de comme/ pour), ce qui l’amène à conclure que l’insertion d’un indice n’est jamais devenue obligatoire; de Mireille Tremblay («La préfixation en entreen ancien français. Pluralité, réciprocité et valeur aspectuelle», 363-83), qui, pour étudier la double valeur de la préfixation en entreen ancien français (aspectuelle et réciproque), prend en compte l’expression de la réciprocité jusqu’en français moderne; de Michelle Troberg («Une étude diachronique des verbes datifs en français», 385-403), qui explique l’évolution de 22 verbes «datifs» en français médiéval (aider à qqn par ex.), devenus successivement des verbes à objet direct (aider qqn), comme l’effet de l’érosion sémantique de la préposition à. Quelques mots enfin sur les essais plus théoriques. Selon Peter Koch («Une ‹bonne à tout faire›: l’omniprésence de la métonymie dans le changement linguistique», 171-96), la relation associative constitue le principe cognitif fondamental qui se reflète dans la métonymie; son omniprésence se révèle tant dans le changement lexical que dans le changement grammatical (sémantique). La contribution de Thomas Verjans («La ‹permission de variation›: un élément pour une théorie diachronique», 445-59) se situe dans une perspective guillaumienne pour étudier notamment la pertinence de cette théorie dans l’analyse des phénomènes en diachronie. Stijn Verleyen («L’application de modèles synchroniques à la diachronie: contribution à l’épistémologie de la linguistique diachronique au XX e siècle», 461-77) s’interroge enfin sur la possibilité d’appliquer des théories synchroniques à l’étude du changement linguistique. La richesse des contributions, et surtout la variété des approches proposées, permettent de mesurer la vitalité des études sur l’évolution du français, qui s’enrichissent depuis 339 Besprechungen - Comptes rendus quelques décennies déjà grâce aux apports de la linguistique théorique plus récente et aux nouvelles possibilités offertes par les corpora et les moyens d’investigations informatisés. Maria Colombo Timelli ★ Pierre Kunstmann/ Achim Stein (ed.), Le Nouveau Corpus d’Amsterdam. Actes de l’atelier de Lauterbad (23-26 février 2006), Stuttgart (Franz Steiner) 2007, 200 p. L’usage de l’informatique dans nos disciplines laisse encore bien des chercheurs profondément sceptiques. Il est vrai qu’entre les défauts agaçants du trop répandu logiciel Word et les nombreux projets scientifiques, nécessitant de lourdes collaborations avec des équipes d’informaticiens professionnels, mais qui demeurent la plupart du temps isolés, mal répertoriés ou introuvables, incompatibles entre eux, parfois inachevés, voire même inutilisables, le médiéviste, qu’il soit philologue ou linguiste, peut légitimement avoir de ces tentatives une vision globalement décourageante. L’ère écranique prophétisée par Bernard Cerquiglini semble bien, pour le moment, se résumer à quelques prémices hésitantes, dont on peine parfois à percevoir l’intérêt véritable, au delà de la simple «gadgetisation», et qui aboutissent trop souvent au triste et fameux «Error 404. Page not found». Voici donc un recueil d’actes qui nous présente l’un de ces projets, mais pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de la continuation des travaux du grand pionnier du traitement informatique des données philologiques: Anthonij Dees. Ce «retour aux sources» s’accompagne très intelligemment d’un vaste état des lieux de tous les projets majeurs existant actuellement dans ce domaine, puisque l’heure est à la volonté de collaboration maximale entre les différentes équipes, afin d’éviter de coûteux doublons et d’accroître sensiblement la masse des données accessibles. Le Nouveau Corpus d’Amsterdam (NCA) réunit les textes littéraires utilisés par Dees pour l’élaboration de son Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français 1 , ce qui équivaut à quelque 300 textes, qui ont intégralement subi un traitement informatique, élaboré notamment par Achim Stein (Université de Stuttgart), Pierre Kunstmann (Université d’Ottawa) et Martin-D. Gleßgen (Université de Zürich). Ce traitement, très largement automatisé, consiste en l’apposition, pour chaque mot, d’une étiquette XML contenant le lemme du mot et sa catégorie grammaticale «étendue» (puisque, pour certaines des parties du discours, des précisions sont données au delà de la pure catégorisation; il y a ainsi six étiquettes pour la catégorie pronominale: clitiques, démonstratifs, possessifs, personnels, indéfinis et invariables). Cela permet donc des recherches très précises dans tous les domaines: phonétique, lexique, morphologie, syntaxe, puisqu’il est possible d’obtenir une liste des occurrences d’un mot, d’un lemme ou d’une séquence syntaxique parmi les 3 184 834 mots comptabilisés. Ceci dit, ce n’est pas le lieu ici de produire un compte rendu du NCA à proprement parler, mais bien de commenter le recueil des actes de l’atelier de Lauterbad, qui eut lieu entre le 23 et le 26 février 2006 et qui présentait la première édition utilisable du corpus. Notons qu’on pourra trouver d’autres informations sur le site suivant: http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein, mais pas toujours en français, ce qui rend la consultation du livre d’autant plus appréciable. On notera encore que, si l’on s’en réfère au programme de l’atelier, toujours consultable sur http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein/ forschung/ transcoop/ work shop.html, la quasi-totalité des interventions ont été publiées dans le volume. 340 Besprechungen - Comptes rendus 1 A. Dees, Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français, Tübingen 1987.
