Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniVoirement, de si haut si bas: proverbe, vérité et polyphonie en français médiéval
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Amalia Rodríguez Somolinos
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Voirement, de si haut si bas: proverbe, vérité et polyphonie en français médiéval 1 1. Introduction Le proverbes jouissent au Moyen Âge d’un prestige intellectuel et moral qu’ils n’ont plus aujourd’hui. Ils sont utilisés comme arguments d’autorité pour appuyer une argumentation. Ils servent également dans les sermons à l’édification des fidèles et sont employés à des fins didactiques dans l’enseignement. Les proverbes médiévaux s’insèrent le plus souvent dans les textes sans introduction aucune. Ils présentent, du seul fait de leur énonciation, un ensemble de propriétés énonciatives et sémantiques qui leur sont intrinsèques. Cela explique que le plus souvent ils ne soient pas introduits. L’ancien et le moyen français présentent cependant un certain nombre de structures caractéristiques qui servent à introduire un proverbe: on dit que, li vilains dist, savez c’on dist, li saiges dist, j’ai bien oï dire pieç’a que, etc. Ce sont là des marqueurs médiatifs génériques ayant trait à la source de l’information, c’est-à-dire l’instance ou les instances qui sont à l’origine du proverbe 2 . Ils sont à mettre en relation avec l’attitude du locuteur à l’égard de la vérité et de la fiabilité du savoir. C’est ainsi qu’ils viennent souligner les multiples énonciations antérieures du même proverbe; ils renvoient à un savoir partagé par une communauté linguistique 3 . Ces propriétés peuvent donc être explicitées, et c’est là le rôle des marqueurs médiatifs génériques. Leur étude permet de mettre en évidence les propriétés linguistiques inhérentes aux proverbes. Nous entreprenons ici l’étude sémantique et énonciative de voirement en tant qu’introducteur de proverbes en français médiéval. Voirement est un adverbe modal épistémique qui met l’accent sur la vérité du proverbe; il suffit à lui seul à introduire un proverbe: (1) Si compegnon sont tuit venu entor lui , et sa granz mesnie qui mout estoit desconseillie, que chascuns ne set quë il face. 1 Ce travail a été réalisé dans le cadre du projet de recherche HUM 2007-60060/ FILO financé par le Ministerio de Ciencia e Innovación, Espagne. Je tiens à remercier le relecteur anonyme de la première version de cet article de ses remarques judicieuses qui m’ont permis d’améliorer mon texte et de voir mon sujet sous un jour différent. 2 Le terme de marqueur médiatif vient remplacer en français l’anglicisme évidentiel. 3 Nous avons étudié dans R ODRÍGUEZ S OMOLINOS 2008 les marqueurs médiatifs proverbiaux renvoyant à un dire, du type l’en dit que, li vilains dist, la letre dit, j’ai oï dire en escole, or pui je bien dire que. Vox Romanica 69 (2010): 175-187 Amalia Rodríguez Somolinos Il descire sa bele face et se claime: «Dolerous! las! Voirement, de si haut si bas, des ore mes le puis bien dire! » (J EAN R ENART , Le roman de la rose ou de Guillaume de Dole, v. 3776s.; 1210 ou 1228) Voirement peut entrer dans des structures plus complexes: voirement dist voir ki le dist, voirement est che verités que, certes voirement est il voir, etc. (2) Je suis chargié, vaille que vaille; atout mon fardeau m’en yray. Qu’il poise! Voirement dit on vray: a longue voye pesant fais. (A RNOUL G REBAN , Le mystère de la Passion, t. I, p. 168, v. 12416s.; vers 1450) Notre travail se situe d’une part dans le cadre des travaux sur l’évidentialité. D’autre part, nous nous appuyons sur les travaux de Jean-Claude Anscombre sur les énoncés sentencieux et les marqueurs médiatifs génériques. Nous lui empruntons notamment la notion de ON-locuteur qu’il a développée dans différents travaux (cf. A NSCOMBRE 2005 et 2006). Pour analyser voirement, marqueur proverbial, nous avons étudié d’abord le fonctionnement de ce marqueur en français médiéval. Notre corpus sur voirement comporte un total de 200 occurrences en ancien français et de 150 en moyen français. Elles proviennent de nos recherches personnelles dans les textes, ainsi que du Corpus de la littérature médiévale et de la Base Textuelle de Moyen Français. Voirement introducteur de proverbes est beaucoup moins fréquent. Il présente un total de 18 occurrences: 10 d’entre elles se trouvent dans des textes en ancien français et les 8 restantes dans des textes en moyen français. Il faut ajouter à cela une occurrence tardive et isolée datant de 1621. Voirement, comme on sait, subsiste dans la langue standard jusqu’en 1650 environ. Il passe ensuite dans la langue populaire jusqu’à sa disparition, d’après ce qu’indique Frantext, au début du XVIII e siècle. Voirement n’a pas été étudié à ce jour. Les grammaires et les dictionnaires se limitent normalement à donner une traduction approximative «vraiment», sans expliquer le fonctionnement du marqueur. 2. Voirement en français médiéval: modalisation de vérité et polyphonie Comme c’est souvent le cas pour les adverbes modaux, voirement est au départ un adverbe de constituant. Il détermine le plus souvent un verbe savoir, parfois aussi voloir, dire. (3) Et tu, ses tu pour coi il demeure? - Je le sai bien voirement. (Le Roman de Tristan en prose, t. I, VII, 133, p. 203; XIII e s.) 176 Voirement, de si haut si bas Très tôt voirement acquiert une valeur de modalisation épistémique. En français médiéval, voirement ne fonctionne pas en emploi absolu. Il ne peut pas constituer par lui-même une réponse à une question, il porte nécessairement sur un énoncé assertif. Dans une structure voirement p, le marqueur vient renforcer p. Il indique l’opinion du locuteur sur la vérité de ce qu’il dit, son engagement envers la vérité de son assertion. Très souvent, voirement porte sur des énoncés qui relèvent uniquement de l’expérience, du savoir du locuteur, ou qui sont le fruit d’une réflexion: (4) «M’espee a, la soue me lait: Bien nos peüst avoir ocis. Sire, voire, ce m’est avis. Bele, or n’i a fors du fuïr. Il nos laissa por nos traïr: Seus ert, si est alé por gent, Prendre nos quide, voirement. Dame, fuion nos en vers Gales. Li sanc me fuit.» Tot devient pales. (B ÉROUL , Le Roman de Tristan, v. 2098s.; vers 1170-72) (5) Et quant il li sovient de l’anemi qui le jor devant l’ot tenu en guise de damoisele, car anemis pense il bien que ce soit, si comence un duel grant et merveilleus et dit que voirement est il morz, se la grace dou saint Esperit nel reconforte. (La queste del Saint Graal, p. 112; vers 1220) Voirement porte souvent sur des événements, des sentiments, des jugements de valeur que seul le locuteur peut connaître. Le locuteur utilise voirement pour renforcer un énoncé p qu’il déclare vrai et dont il garantit la vérité. L’assertion de p est présentée comme le résultat d’une expérience personnelle. En français moderne, nous proposerions comme traduction pour voirement «en vérité». Dans les emplois polyphoniques, lorsqu’il porte sur un proverbe, voirement équivaut plutôt à «on a bien raison de dire, il est bien vrai que». Que ce soit en emploi monologal ou dialogal, voirement renforce très fréquemment un énoncé qui constitue une reprise littérale d’un énoncé antérieur: (6) Or saciés bien que je connois le piere mius que nus de vous, u je sui molt caitis et fous; car folie est de soi embatre la u vint home u trente et quatre n’aroient pooir ne vertu s’il s’i estoient embatu, et folie est d’emprendre rien se on n’en voit le fin molt bien; encor l’apialt on hardement, çou est folie voirement. (G AUTIER D ’A RRAS , Eracle, v. 1036s.; vers 1176-84) 177 Amalia Rodríguez Somolinos (7) - Conment? Kahedin, ce dient li baron. Dont ne vous departesistes vous de la Petite Bretaingne avoec monsigneur Tristran? - Oïl, certes, fait Kahedins, avoec lui m’en parti je voirement. Tout ce reconnois je bien. Et encore vous di je bien que je fui avoec lui en Cornuaille et en la maison le roi March, son oncle. (Le Roman de Tristan, en prose, t. I, IX, 149, p. 224; XIII e s.) (8) - Encores n’est ce rien, ce dit Conrard: les femmes de Brabant sont bien aultres, qui me plaisent bien autant et plus que voz chasses et voleries. - Saint Jehan! c’est aultre chose, ce dit Girard; vous y seriez hardyement amoureux en vostre Brabant, je l’oz bien dire. - Par ma foy, ce dit Conrard, il n’est ja mestier qu’il vous soit celé, je y suis amoureux voirement. Et a ceste cause m’y tire le cueur tant roiddement et si fort que je faiz doubte que force me sera d’abandonner vostre Barrois. (Cent nouvelles nouvelles, p. 175; 1456-67) En (6) voirement renforce çou est folie, qui constitue une reprise littérale des propos immédiatement antérieurs du locuteur. Celui-ci reprend de façon monologale ses propres propos. Il revient sur un énoncé qu’il vient de produire pour le confirmer. En (7) oïl répond à une question argumentativement orientée Dont ne vous departesistes vous de la Petite Bretaingne avoec monsigneur Tristran? Cette réponse oïl est à son tour développée par une réponse certes, avoec lui m’en parti je voirement. L’énoncé avoec lui m’en parti je, renforcé par voirement, reprend littéralement les propos de l’allocutaire. Il reprend en fait l’assertion sous-jacente à l’interrogation. Il constitue une réponse écho positive (P ERRIN 1999). Cette structure «oïl, voirement p» ou «oïl, certes voirement p» est très fréquente en réponse à une question dans les textes narratifs en prose du XIII e siècle (cf. D ENOYELLE 2007: 5). Voirement porte souvent sur des réponses écho positives. Le locuteur répète ou reformule de façon immédiate ce que vient de dire l’allocutaire. La réitération a une valeur d’intensification. Elle souligne l’accord du locuteur avec ce qui vient d’être dit. En reprenant un énoncé qui vient d’être produit, le locuteur donne son accord à un point de vue préalable et il le fait sien, il le prend à son compte. Voirement vient renforcer l’adhésion du locuteur à l’énoncé repris, qui est asserté comme vrai et garanti à partir de l’expérience personnelle du locuteur. Le plus souvent voirement renforce, dans un dialogue, une reprise littérale d’un énoncé confirmatif. Il marque ainsi l’accord du locuteur avec ce qui vient d’être dit. Voirement n’est cependant pas confirmatif en soi. En ancien français, il peut fort bien renforcer un énoncé qui vient contredire des propos antérieurs: (9) Et li rois respont que ce li est moult bel; lors coroit a son neveu, si l’acoloit; et messire Gauvains li disoit tout en plorant: «Sire, gardez vos d’assembler a Mordret; se vos i assemblez, vos i morroiz ou vos seroiz navrez a mort. - Certes, fet li rois, g’i assamblerai voirement, neïs se ge en devoie morir; car adonques seroie ge recreanz, se ge ne deffendoie ma terre encontre un traïteur.» (La Mort le Roi Artu, p. 225; vers 1230) Tout comme certes, voirement vient renforcer g’i assamblerai, par lequel le roi Arthur s’oppose aux conseils de Gauvain. Le plus souvent, cependant, voirement entre dans des contextes confirmatifs et renforce une reprise consensuelle. 178 Voirement, de si haut si bas En contexte monologal, voirement acquiert la valeur d’un marqueur de réexamen. D’après la classification établie par R OSSARI 1997: 19-21, les marqueurs de réexamen sont une sous-classe des marqueurs de reformulation non paraphrastique. En français moderne, Rossari classe dans cette catégorie somme toute, finalement, après tout, en fin de compte. Dans cet emploi, voirement indique que l’énoncé est le résultat d’une réflexion du locuteur, qui vient modifier ou confirmer une première opinion. (10) Que vous diroie je? Kahedins fu en la maison le roi Artu receüs tant bel et si cointement et si bel apelés de tous et de toutes k’il dist bien tout apertement a soi meïsmes que voirement n’a il u monde nule si cointe gent com en la maison le roi Artu. (Le Roman de Tristan en prose, t. I, V, 91, p. 157; XIII e s.) Voirement renforce en (10) une opinion personnelle de Kahedins, qui est le résultat d’une réflexion. Cela est d’ailleurs signalé explicitement par il dist bien tout apertement a soi meïsmes. Cette valeur de voirement est particulièrement évidente en moyen français, où le marqueur est compatible avec a tout comsiderer, lui aussi marqueur de réexamen: (11) Dont dissent il l’un par l’autre: «Il n’i a aultre cose: il nous fault tenir le trettié tel que nous l’avons deviers les Englés.Aultrement ne poons nous finer. Et a tout comsiderer, voirement ne le puet li rois amender, car il n’a pas a present gens ne poissance pour combatre les Englois.» (J EAN F ROISSART , Chroniques, p. 225, chap. LVI; 1400) Dans cet emploi, voirement p monologal confirme une opinion que le locuteur avait précédemment, et qui est présentée comme étant, réflexion faite, son opinion actuelle. Il marque une réflexion après coup qui vient confirmer une première impression. Voirement acquiert ainsi une valeur polyphonique, dans la mesure où il introduit un point de vue préalable avec lequel le locuteur se montre d’accord. 3. Voirement, proverbe, vérité et polyphonie Comme nous l’avons signalé ci-dessus, notre corpus présente un total de 18 occurrences de voirement introducteur de proverbes: 10 pour l’ancien français et 8 pour le moyen français. En ancien français, voirement introduit à lui seul le proverbe dans 3 occurrences. Dans les 7 restantes il entre dans des structures qui assertent de façon explicite la vérité du proverbe: Voirement dist voir ki le dist; Voirement dist voir qui ce dist; Voirement dist bien cil ki le dist; Voirement, ce dist voir/ Qui premiers dist ceste nouvielle; Voirement dit voir a delivre/ Li vileins qui par tot bien dit; Voirement dist bien verité cil ki dist; voirement est che verités que. 179 Amalia Rodríguez Somolinos En moyen français voirement introduit par lui-même deux proverbes. Dans les 6 occurrences restantes il vient renforcer des structures très similaires à celles de l’ancien français: voirement souvent avient que; Et voirement dit l’en voir/ Que; Voirement dit on vray; Voirement dit bien celi voir/ Qui premier dit; Voirement dit on voir; et si diroit on que voirement est il vray que. Il faut signaler par ailleurs une occurrence tardive et isolée datant de 1621: car alors il vaut voirement mieux se marier que brusler. (J EAN -P IERRE C AMUS , Agathonphile: récit de Philargyrippe, livre 7, p. 101-02). 3.1 Un ON-locuteur, une voix collective Voyons d’abord la structure voirement + marqueur médiatif + proverbe. Comme l’ont bien démontré les travaux de Jean-Claude Anscombre sur les énoncés sentencieux, le locuteur d’un proverbe s’appuie sur une sagesse collective qui est à l’origine du proverbe. Il renvoie à une instance énonciative autre, qu’Anscombre a appelée, à la suite de Berrendoner, un ON-locuteur: «C’est-à-dire qu’[il] évoque une communauté linguistique présentée comme générale, et dépassant les limites du locuteur et de ses éventuels allocutaires» (A NCOMBRE 2006: 365). Dans une optique polyphonique, l’énonciation d’un proverbe fait entendre deux voix. Celle d’un ON-locuteur, qui est le responsable du proverbe et qui en cautionne la vérité, et celle du locuteur individuel L, qui reprend le proverbe pour l’appliquer à une situation donnée. Comme le signale A NSCOMBRE 2000: 11, lorsqu’on évoque un proverbe, «il y a bien un énonciateur premier, même s’il est indéfini, diffus, non spécifique, et qui met à la disposition de la communauté linguistique un principe général dont il autorise ainsi l’application à des cas particuliers». Les marqueurs médiatifs génériques peuvent renvoyer explicitement à ce ONlocuteur. Celui-ci peut adopter alors des formes diverses. Il apparaît le plus souvent sous une forme on/ en, sujet du verbe dire, dans des structures on dit, l’en dit que, l’en dist, et por ce dit on que, etc. Voirement peut renforcer à son tour ces marqueurs proverbiaux: Et voirement dit l’en voir/ Que; Voirement dit on vray; Voirement dit on voir; et si diroit on que voirement est il vray que. (12) L’abbé Ha! Theodore, or regardez Le hontage et le grant annui Que par vous avons au jour d’ui. Qui ceens onques mais ce vit? Voirement dit on voir: l’abbit Ne fait pas le religieux. Conment avez si oultrageux Esté, biau frére? (Miracle de Theodore, in: Miracles de Nostre Dame par personnages, t. III, p. 107; avant 1339) 180 Voirement, de si haut si bas Le marqueur peut renvoyer également à l’autorité de l’usage, aux multiples énonciations antérieures de ce même proverbe. Le ON-locuteur correspond alors à tous ceux qui ont énoncé ce proverbe précédemment, à ceux qui pourraient l’énoncer à l’avenir ou encore au premier à l’avoir employé: Voirement dist voir ki le dist; Voirement dist voir qui ce dist; Voirement dist bien cil ki le dist; Voirement, ce dist voir/ Qui premiers dist ceste nouvielle; Voirement dist bien verité cil ki dist; Voirement dit bien celi voir/ Qui premier dit. Ces marqueurs génériques, fort lourds et réitératifs, sont caractéristiques du français médiéval: (13) En males meins vos ai jeté, A Brun l’ors qui est sans pité Demein de vos se dinera, Ce disner molt me costera. Voirement dist voir qui ce dist Tant grate chevre que mal gist. (Le Roman de Renart, t. 2., p. 100, v. 389s.; 1175-1250) (14) D’aus mal faire et d’aus metre a mort avés eü tel guerredon que aprochier ne vous osoient, anchois vous aloient fuiant tant com il pooient, et sour moi acouroient tout. Du mal que vous lour faisiés s’en venoient sour moi vengier. Que vous diroie je? Tant m’ont fait que tout mi membre m’en doelent! Voirement dist bien verité cil ki dist: «Desus le plus maleüreus ciet adés la colee! » (Le Roman de Tristan en prose, t. 2, VI, 36, p. 121; XIII e s.) (15) Troisième povre Amen! je l’em pri de cuer fin Que de paradis le face hoir. Voirement dit bien celi voir Qui premier dit: «qui va si leche,» Et aussi dit: «qui siet si seche.» S’au vin encore assis fussions, A cest argent failli eussions Que nous avons. (Miracle de Pierre le changeur, in: Miracles de Nostre Dame par personnages, t. VI, p. 255, v. 768s.; composé avant 1339) Le ON-locuteur est souvent mentionné de façon générique comme li vilains. Celui-ci représente par convention le bon sens populaire, la sagesse paysanne. (16) Sa mollier que il ot molt chere Apele sol sans conpaingnie, Si li a dit: «Ma douce amie Qui après Deu me faites vivre, Voirement dit voir a delivre Li vileins qui par tot bien dit, Qu’il n’est si grans max qui n’aït, Ne bien qui ne nuisse par eures.» (Le Roman de Renart, t. 2. p. 128, v. 942s.; 1175-1250) 181 Amalia Rodríguez Somolinos Le vilain, qui part tot bien dit, garantit la vérité du proverbe. Le vilain dit vrai, il ne peut mentir. Voirement permet au locuteur de se montrer d’accord avec le dire du vilain. Restent deux occurrences dans notre corpus où le ON-locuteur n’est pas explicité, mais qui correspondent à des marqueurs très courants. Dans voirement est che verités que, le locuteur asserte la vérité du proverbe, ce qu’il vient renforcer au moyen de voirement. (17) Et quant li rois est remontés, il se regarde et voit que mesire Yvains estoit ja remontés et venoit vers lui. Quant il est dusc’a lui venus, li rois li dist tout en sousriant: «Yvain, Yvain, voirement est che verités que d’orgoeil ne puet venir fors mal et honte, ne nus ne vait orgoel demenant k’il de son orgoeil meïsmes ne chiee. Or poés veoir conment il m’est avenu de l’orgoeil que je demenoie encontre chest chevalier.» (Le Roman de Tristan en prose, t. 3, XXIII, 198, p. 231; XIII e s.) Finalement, voirement souvent avient que, qualifie des énoncés génériques qui, du point de vue quantificationnel interprétatif, correspondent à une quantification quasi universelle. (18) . . . ce fu lors que le tres bon sage prince non pas envieilli par cours de nature mais en assez ieune aage comme de . XLIIII . ans cheut en maladie assez briefve dont il trepassa. Helas voirement souvent avient que choses bonnes petit durent. (C HRISTINE DE P ISAN , Lavision-Christine, 3 e partie, p. 152; 1405) C’est là une occurrence un peu à part dans notre corpus. Toutes les autres qualifient un dire de vrai ou comportent voirement, qui suffit par lui-même à introduire le proverbe. Signalons que tous les marqueurs génériques qui sont renforcés par voirement sont courants dans la langue. Ils existent par eux-mêmes, sans que le renforcement par voirement soit nécessaire. L’ancien et le moyen français présentent, parmi d’autres, les marqueurs suivants introducteurs de proverbes: l’en dit que; l’en dist; et por ce dit on que; car on dit que; q’il est voirs ce que l’en dit; et de ce dist li vileins veritez; et chou est voirs: souvent avient que; il est bien voirs que l’en dit; voirs est que; et je li dis que voir dit celi qui dit que; ço dist cil qui pas ne menti; voir dist qui dist, etc. Un proverbe évoque un savoir, une croyance, détenus par une communauté linguistique, par rapport auxquels le locuteur doit se situer. Comme l’a bien prouvé A NSCOMBRE 2005: 92, le locuteur ne fait pas nécessairement partie de la communauté linguistique mentionnée lorsqu’il utilise un marqueur de type on dit que, comme on dit: «L’ajout de comme on dit ne change rien, et ne fait qu’expliciter l’origine communautaire d’une phrase sentencieuse dont L choisit ou non de valider l’application.» L’en dit que explicite qu’il s’agit d’un énoncé générique sentencieux relevant d’une communauté linguistique à laquelle L peut appartenir ou non. Le locuteur peut s’identifier avec ce point de vue ou le refuser. Dans voire- 182 Voirement, de si haut si bas ment dit on voir, par contre, le locuteur ne peut qu’appartenir à la communauté linguistique qui est à l’origine du proverbe. Le locuteur peut s’identifier explicitement avec le point de vue de la phrase sentencieuse en assertant sa vérité. En français médiéval, il peut utiliser pour ce faire un certain nombre de structures introductrices de proverbes, parmi lesquelles se trouvent les structures avec voirement objet de notre étude: voirs est que; voir dit li vilains; il est voirs ce que l’en dit; et de ce dist li vileins veritez; c’est veritez que; ceste parolle est veritable, que; voirement; voirement dist voir qui ce dist, etc. Dans le cas de voirement + marqueur générique + proverbe, le locuteur déclare donc appartenir à la communauté linguistique qui est à l’origine du proverbe et partage son point de vue. En l’absence de voirement ou de marqueurs similaires assertant la vérité du proverbe, le locuteur d’une phrase sentencieuse peut ne pas partager le point de vue présenté par le proverbe. Lorsqu’il entre dans des structures complexes, voirement ne porte pas sur le proverbe, il vient renforcer un marqueur préexistant dans la langue. A une seule exception près dans notre corpus, le locuteur utilise ces marqueurs pour asserter explicitement la vérité du proverbe. Voirement réalise une insistance supplémentaire. Le locuteur ajoute un jugement personnel quant à la vérité du proverbe à partir de son expérience. Il se montre d’accord avec un ON-locuteur. Remarquons que le fonctionnement de voirement introducteur de proverbes est à mettre en rapport avec ses emplois habituels dans la langue. C’est ainsi que voirement peut marquer l’accord avec la vérité d’un savoir partagé: (19) De cest adverser veirement Dist l’Escripture, ki ne ment: «Quant tu vas od tun adverser, Met entente del delivrer, Ke il ne te baille al jugur, E li juges al turmentur, E li turmenturs al fermine Te mettra, u nul mal ne fine.» (Étude sur le Miroir ou les Évangiles des Domnées de Robert de Gretham, suivi d’extraits inédits, p. 128, v. 15839s.; 1225-50). Voirement renforce ici un marqueur médiatif indiquant l’origine des propos du locuteur dist l’Escripture, qui ne ment. Il permet au locuteur de se montrer d’accord avec des croyances religieuses partagées par une communauté. De façon parallèle aux emplois proverbiaux, voirement peut porter sur des énoncés événementiels, non génériques. Il asserte alors la vérité des propos produits par un allocutaire et avec lesquels le locuteur se montre d’accord. (20) Et lors dist Lionials a Boort ce que Lancelos li mandoit; et quant il l’ol, si respondi matement, kar grant vergoigne en ot: «Certes, fet il, voirement dist il voir, messires, kar a trop demorer saiens ne porroie je conquerre pris ne los.» (Lancelot en prose, p. XLIV, l. 4613; XIII e s.) 183 Amalia Rodríguez Somolinos Voirement n’est pas en soi un marqueur proverbial. Il peut renforcer la vérité d’un dire dans des énoncés événementiels. 3.2 Voirement + proverbe Voirement, nous l’avons dit, suffit à introduire par lui-même un proverbe: (21) Tant con sont povre es livres musent, Mais, par la foi que doi saint Vitre, Si tost com ont ou croce ou mitre, Si tost remüent leur affaire Qu’il n’ont des livres mais que faire. Luez sont mué qu’il se remüent: Honeurs les meurs voirement müent. (G AUTIER DE C OINCY , Miracles de Nostre Dame, t. 2, p. 65, v. 1572s.; vers 1218-27). (22) Le marquis Par ceste ame, je tant l’amoie Que je n’en savoie que faire, Et elle m’a fait tel contraire! Voirement est il folz, par m’ame, Qui se fie en amour de fame. (Miracle de la marquise de la Gaudine, in: Miracles de Nostre Dame par personnages, t. 2, p. 144, v. 631s.; avant 1339) En l’absence de tout autre marqueur générique, voirement porte directement sur le proverbe. Il marque l’accord du locuteur avec un ON-locuteur, avec la voix collective qui est à l’origine du proverbe. Il devient par là un marqueur médiatif à valeur polyphonique. Dans voirement + proverbe, le locuteur met en scène un ON-locuteur, une voix collective dont il fait nécessairement partie, qui considère que le proverbe est vrai. Le locuteur se montre d’accord avec la vérité du proverbe, il engage sa responsabilité. Cet emploi est à rapprocher de voirement marqueur de réexamen que nous avons vu ci-dessus. Le marqueur est polyphonique dans les deux cas. En emploi monologal, le locuteur l’utilise pour se montrer d’accord, réflexion faite, avec une première opinion qui est ainsi confirmée. En tant qu’introducteur de proverbes, voirement permet au locuteur de convoquer une voix anonyme et collective, celle d’un ON-locuteur, avec laquelle il se montre d’accord. Voirement est un marqueur générique remarquable dans la mesure où il vient confirmer la nature polyphonique des proverbes. Lorsqu’il porte à lui seul sur un proverbe, voirement permet de renvoyer par lui-même aux énonciations antérieures du proverbe, avec lesquelles le locuteur se déclare d’accord. 184 Voirement, de si haut si bas 4. Proverbe et vérité Le locuteur qui invoque un proverbe à propos d’une situation considère ce proverbe comme vrai. Tout proverbe énoncé en contexte est implicitement vrai, à moins qu’il ne soit explicitement réfuté par le locuteur. Un proverbe présente une vérité a priori, il est vrai en soi. La vérité du proverbe est présentée comme connue et partagée par la collectivité, elle est de l’ordre du présupposé. Comme le signale T AMBA (à paraître): La vérité générale communément admise des proverbes est inscrite dans leur forme linguistique: le proverbe se présente comme une assertion phrastique préconstruite, enregistrée dans le lexique. La structure sémantique propre à la catégorie du proverbe est donc de présupposer la validité de ce qu’asserte la phrase générique proverbiale. Pour P ERRIN (à paraître), la force de conviction du proverbe vient du ON-locuteur, de la voix collective qui est à son origine. Le proverbe ne peut être que vrai: «C’est . . . la force de conviction associée à la voix collective dont relève l’énonciation des proverbes qui transcende et précède la vérité qu’ils expriment.» Le proverbe présente du seul fait de son énonciation un ensemble de propriétés énonciatives et sémantiques qui lui sont intrinsèques et qui sont implicites. Ces propriétés peuvent cependant être explicitées, et c’est là le rôle des marqueurs médiatifs génériques. En français médiéval, ces marqueurs viennent souligner notamment l’origine et la vérité du proverbe. Le marqueur médiéval asserte de façon réitérée et explicite la vérité du proverbe. Voirement n’est que l’un des procédés employés à cette fin. Si le proverbe présuppose sa propre vérité, on peut se demander la raison de cette insistance. Les proverbes sont des énoncés génériques généralement vrais, c’est-à-dire que leur vérité concerne une majorité des cas, mais ils ne sont pas nécessairement vrais, c’est-à-dire vrais dans tous les cas. C’est ainsi que s’expliquent les proverbes antonymes, ou le fait que la vérité d’un proverbe puisse être mise en cause. Cela fournit une première explication de l’insistance médiévale en la vérité du proverbe. Par ailleurs, les marqueurs médiatifs génériques ne sont pas nécessaires en soi. Ils ne font qu’expliciter ce qui est implicite dans l’énonciation de tout proverbe, ses propriétés sémantiques, son renvoi à toutes les énonciations antérieures du même proverbe, le renvoi à un ON-locuteur qui est le responsable du proverbe. Cette explicitation est beaucoup plus présente dans les textes médiévaux. L’ancien et le moyen français disposent d’un grand nombre d’expressions qui servent à introduire les proverbes. L’assertion réitérée de la vérité du proverbe est à mettre en rapport avec ce même phénomène. Cela fait partie des conventions rattachées au proverbe médiéval. Il est donné comme vrai de façon ostensible et explicite. Cela est lié au prestige dont jouit le proverbe au Moyen Âge, à la considération du proverbe comme un garant fiable de l’argumentation du locuteur, qu’il vient valider et justifier. Les hommes cultivés considèrent le proverbe comme une source de sagesse et un moyen de s’instruire et d’argumenter. 185 Amalia Rodríguez Somolinos 5. Conclusion Nous avons vu que voirement ne fonctionne pas en emploi absolu. Il renforce un énoncé p qui, de l’avis du locuteur, est vrai. Au plan discursif, voirement adverbe modal ne peut inaugurer un discours. Il situe p dans une continuité. Au cours du Moyen Âge, voirement apparaît de plus en plus fréquemment dans des contextes confirmatifs. Voirement p peut enchaîner sur du déjà dit, sur des propos qui viennent d’être tenus par le locuteur même ou par l’allocutaire et qui sont souvent reformulés ou repris littéralement. Il peut enchaîner également, après réflexion, sur un point de vue antérieur du locuteur. P est alors présenté par voirement comme le résultat d’une réflexion intellectuelle du locuteur. Il confirme une opinion que le locuteur avait précédemment. Il acquiert une valeur polyphonique en tant que marqueur de réexamen. Voirement introducteur de proverbes est à rapprocher de ce dernier emploi. Il évoque une instance énonciative autre, la voix collective qui est à l’origine du proverbe et devient ainsi un marqueur médiatif polyphonique. Voirement vient marquer l’accord du locuteur avec un savoir partagé par une communauté linguistique: des énoncés sentencieux, mais aussi des vérités générales ou des croyances à valeur doxale. Madrid Amalia Rodríguez Somolinos Bibliographie Textes cités A ITKEN , Y. H. M. 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