Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniDenis Hüe. Rémanences. Mémoire de la forme dans la littérature médiévale, Paris (Honoré Champion) 2010, 320 p. (Essais sur le Moyen Âge 45)
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Laurent Bozard
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ein noch unterbelichtetes Feld der mittelalterlichen Sexualitäts- und nicht zuletzt natürlich auch Literaturgeschichte vorliegt, der hoffentlich bald Anschlussforschungen folgen werden. Hiram Kümper ★ Denis Hüe. Rémanences. Mémoire de la forme dans la littérature médiévale, Paris (Honoré Champion) 2010, 320 p. (Essais sur le Moyen Âge 45) L’auteur le concède volontiers, ce recueil présente une forte hétérogénéité puisqu’il aborde des sujets allant du monde arthurien aux Rhétoriqueurs en passant par la veine encyclopédique. On peut en effet y (re)découvrir des articles plus ou moins récents, déjà parus par ailleurs mais enrichis depuis. Pourtant, si de prime abord le lecteur qui parcourt l’ouvrage d’un bout à l’autre peut sans doute être surpris, il ne faut pas y voir qu’une simple compilation: Denis Hüe reconnaît ainsi que loin d’être une série de contributions servant à former un tout dogmatique, cet assemblage d’analyses est davantage conçu comme une porte ouverte, une invitation à relire d’un œil nouveau les textes médiévaux. Par delà les œuvres littéraires, il faut rechercher non pas la/ une réalité mais un imaginaire. C’est ainsi que, outre un jeu évident sur les conventions, l’auteur nous encourage à rechercher les distorsions entre les schémas classiques ou génériques (attribués généralement par la critique moderne) et les productions de l’époque. Ce faisant, Hüe exhorte son lecteur à délaisser les traditionnelles questions de genre au profit de celle du réseau (jeux sur les topoï, reprises, interférences, interdépendances): selon lui, dérivations et allusions éclairent «les visées textuelles autant que l’attente de l’auditoire». Les études proposées sont articulées autour de trois thèmes. Le premier, «Métaphores structurantes», s’attarde sur les perspectives encyclopédiques et laisse entendre que, à défaut de constituer un véritable genre à part entière, les visions du monde possèdent une série de traits communs que l’on retrouve dans différents types d’œuvres (miroirs, romans, poésie palinodique. . .). Le deuxième, «Les ordres du discours», s’attache, quant à lui, davantage aux enjeux discursifs et littéraires. Enfin, un troisième ensemble regroupe sous l’intitulé «La narration: écritures, réécritures» des travaux concernant des textes épiques, arthuriens et bretons. Les écrits encyclopédiques («Structures et rhétorique dans quelques textes encyclopédiques du Moyen Âge») relèvent de l’accessus ad autores et ce quels que soient leurs traits constitutifs propres. Ainsi, que les métaphores soient naturelles, topographiques ou architecturales, peu importe la voie empruntée, il s’agit de frapper l’imagination avant tout afin de stimuler mieux la mémoire, ce qui explique pourquoi parfois certains textes visent plutôt à «divertir intelligemment» qu’à «instruire de façon exhaustive». Après être revenu sur la signification du mot miroir d’après Godefroy («Miroir de mort, miroir de vie, miroirs du monde»), Denis Hüe oppose miroir (Speculum de Vincent de Beauvais) à image (Image du monde de Gossuin de Metz) puis aborde le Miroir de mort de Chastelain et le Miroir de vie de Molinet. À l’instar des progrès techniques de la miroiterie, le miroir littéraire se doit de refléter les autorités dont il tire les sources: sa fidélité et sa qualité littéraire, bien plus que son originalité, constituent sa valeur intrinsèque. Visions du monde et transmissions du savoir sont aussi des enjeux des dialogues médiévaux, entre disputationes et dialectique («Alcuin et Merlin, ou le sage imaginaire: le dialogue dans quelques textes didactiques médiévaux»). Les textes ayant dans leur titre des mots comme jardin, verger, hortus, fleurissent à l’époque médiévale («Reliure, clôture, culture: le contenu des jardins»). Ce jardin se char- 285 Besprechungen - Comptes rendus ge de significations différentes: espace délimité (clôture), espace déterminé matériellement par un livre (reliure) et espace où la métaphore permet de nouveaux enrichissements (culture). Mais, surtout, ce locus amoenus est le cadre d’une réflexion; parfois temple de la mémoire, il est aussi le lieu du songe politique ou religieux. Les œuvres palinodiques du Puy («D’un encyclopédisme médiéval à une encyclopédie mariale: la poésie palinodique comme approche totale du monde») ont un triple objectif: mêler louange mariale, forme lyrique et connaissance attentive du monde. On peut y lire une certaine unité qui «se confond avec la découverte du monde nouveau, avec l’identité de la Vierge et de la Nature». Dès lors, «le projet est bien d’inventorier le monde, à la recherche d’une démonstration mais aussi d’une monstration». Dans «L’apprentissage de la louange: pour une typologie de la prière dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville, Denis Hüe relève l’évolution de l’emploi de la prière dans ses différents pèlerinages: initiation à la prière dans le Pèlerinage de vie humaine, élément central dans le Pèlerinage de l’âme, lien indiscutable avec la musique (symbole de l’harmonie de l’homme dans la création) dans le Pèlerinage de Jésus Christ. Rutebeuf subvertit en partie la tradition de la psychomachie dans son Dit de la Mensonge («La vérité du mensonge: stratégie poétique et polémique chez Rutebeuf») tout en ne cessant de proclamer qu’il dit la vérité. Imbriquer vérité et hypocrisie permet au poète, avec beaucoup d’ironie et à travers une fiction allégorique, de dénoncer les vices de son époque (ses cibles principales étant les ordres Mendiants, le roi, la querelle avec l’université). Contrairement à la lettre, l’épître a un caractère public. L’analyse proposée du Voir Dit («À la lettre: le Voir Dit comme roman épistolaire») démontre le passage d’un emploi de la lettre associée à la vie politique à son utilisation pour traduire la rhétorique amoureuse. En cela, elle constitue un corpus homogène qui fait de cette œuvre de Machaut le premier véritable roman épistolaire français (dans le sens où elle porte le poème et le message). La paraphrase («Psaumes, prières, paraphrases et récriture»), notamment à travers les œuvres du Puy de Rouen, montre combien l’Écriture passe progressivement de canevas à «tremplin pour une parole poétique et religieuse nouvelle». Au delà de cette réécriture transparaît une «pensée personnelle, une maîtrise des lettres et du monde». Le rire de Merlin («L’entrée de jeu de Merlin») apparaît dans des épisodes structurels du récit - souvent comme réaction à l’incroyable et à l’inouï - qui permettent de donner davantage de cohérence au récit proposé par Robert de Boron. Dans «Marie de France exemplaire», Hüe souligne une certaine volonté programmatique dans les Lais de Marie de France: consigner, mettre en roman, rendre exemplaire ce qu’il faut savoir et retenir de la société anglo-normande. Le point commun de l’ensemble étant qu’il s’agit de contes d’amour. L’analyse d’Equitan souligne que le lai peut prendre valeur d’exemplum et, derrière l’amour, conter la chute d’un monde et posséder ainsi des valeurs morales. La Chanson de Macaire est le centre du chapitre suivant («Un chien dans le cycle du roi: le lévrier d’Auberi et les enjeux symboliques du pouvoir dans l’imaginaire carolingien»). Rapprochée de la Chanson de Roland et du Pèlerinage de Charlemagne, elle souligne comment l’attention portée à certains êtres intermédiaires (chien, bûcheron), marginaux à la cour, sert à mettre en cause la légitimité du pouvoir royal. La fontaine de Barenton («La Fontaine et le pin») est un lieu commun de la critique mais Denis Hüe relève que ses apparitions dans le récit articulent les aventures d’Yvain, les étapes de son cheminement intérieur mais elle est aussi une ouverture sur un monde différent, sur l’amour. Quant au pin qui lui est souvent associé, il renvoie à la part masculine comme à la part guerrière. La dernière étude du recueil («Faire d’armes, parler d’amour: les stratégies du récit dans Parthonopeu de Blois») s’attache aux liens de l’œuvre avec les modèles antérieurs (pastou- 286 Besprechungen - Comptes rendus relle, lyrique courtoise, poésie épique). Ici aussi, le jeu de miroirs basé sur l’identique et le novateur est particulièrement prégnant, notamment dans les épisodes relatifs aux scènes guerrières et amoureuses. Au terme de la lecture in extenso du recueil, on note un incontestable jeu d’échos et de miroirs dans les textes médiévaux qui laisse parfois supposer un substrat commun et/ ou un entrelacs d’intertextualités. Cette dualité tradition/ nouveauté permettrait ainsi de relire et de classer les œuvres médiévales selon ce nouveau principe de «rémanence». Les différentes significations de ce terme (‘séjour’, ‘redevance’, ‘moyen de subsister’, ‘reliquat’) tissent incontestablement des liens vers les textes antérieurs mais on n’hésitera pas à souligner les ponts, parfois très utiles, que construit Denis Hüe avec des artistes postérieurs en tous genres (musique, arts graphiques, littérature): de Bach à Chostakovitch, de Jérôme Bosch à Philippe Starck ou Magritte, de Diderot à Pascal Quignard, Philippe Djian ou Philippe Geluck. Laurent Bozard ★ Geffrei Gaimar, Estoire des Engleis/ History of the English. Edited and translated by Ian Short, Oxford (University Press) 2009, liii + 496 p. Aus dem Epilog des Werkes ist zu erfahren, dass «Geffrai Gaimar cel livre escri[s]t» (v. 6459). Alles, was wir über den Autor wissen, ist der Estoire des Engleis zu entnehmen. Gaimar schrieb sein Werk auf Veranlassung von Constanze (cf. v. 6436-37), der Ehefrau von Ralf FitzGilbert, «a member of an old established family» 1 des 12. Jahrhunderts in der Grafschaft Lincolnshire. Er war «un lettré (mais plutôt un homme de la cour qu’un membre du clergé)» 2 ; denn das religiöse Leben interessierte ihn wenig. Er beherrschte hinreichend das Englische, um eine Übersetzung des Anglosaxon Chronicle anfertigen zu können. Wenn auch nicht anzunehmen ist, dass er in England geboren wurde, so muss er dort schon längere Zeit gelebt haben, um sich die notwendigen Sprachkenntnisse anzueignen. Nach der These von Short (cf. xxvii-xxix) hat Gaimar eine erste Fassung seines Werkes in den Jahren 1136-37 geschrieben «before any territorial antagonism between the honours of Chester and Richemond» (xxix) gegeben war. Nachdem es zu Feindseligkeiten zwischen diesen beiden Häusern gekommen war, die sich sogar in kriegerischen Auseinandersetzungen entluden (z. B. die Schlacht von Standard [August 1138] und die Schlacht von Lincoln [Februar 1141]), hat er eine überarbeitete Fassung der Estoire vorgelegt. Diese zielte darauf ab, «to appeal to a wider public than that of his (= Gaimar) immediate patrons, and . . . by strategically placing mentions of the families of local notables . . . he was targeting a specifically Lincolnshire audience» (xxix). Das Werk stellt, wie es dessen Titel schon anzeigt, die Geschichte Englands dar, und zwar ab dem Verschwinden von König Artus (542) bis zum Tod von Wilhelm. II. Rufus (1100), dem zweitgeborenen Sohn Wilhelms des Eroberers und dessen Nachfolger als König von England. Die Estoire hat in der von Short vorgelegten Edition einen Umfang von 6532 Achtsilblern, die paarweise gereimt sind; diesen schließt sich dann noch ein metrisch in gleicher Weise angelegter Appendix von 22 Versen an. Hinsichtlich ihrer Darstellungsweise 287 Besprechungen - Comptes rendus 1 Geffrei Gaimar, L’Estoire des Engleis, edited by A. Bell, Oxford 1960 (Anglo-Norman Text Society xiv-xvi): ix. 2 H. U. Gumbrecht/ D. Tillmann-Bartylla (ed.), Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, vol. XI «La littérature historiographique des origines à 1500», tome 2 (partie documentaire), Heidelberg 1993, n° 11405: 29.
