Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniAlbert Valdman (ed.), Dictionary Louisiana French: As Spoken in Cajun, Creole, and American Indian Communities, Jackson (University Press of Mississippi) 2010, 892 p.
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Pierre Rézeau
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Albert Valdman (ed.), Dictionary Louisiana French: As Spoken in Cajun, Creole, and American Indian Communities, Jackson (University Press of Mississippi) 2010, 892 p. Ce travail d’équipe couronne deux décennies de collaboration entre des linguistes de terrain et des lexicographes, à l’écoute du français des Louisianais. C’est en effet en 1993 que le projet a été lancé lors d’un colloque d’heureuse mémoire, organisé par Albert Valdman à l’Université de Lafayette (Louisiane). On sait tout ce que l’on doit à ce dernier dans l’étude des créoles d’Amérique et plus particulièrement, concernant la Louisiane, avec le Dictionary of Louisiana Creole (1998), publié sous son autorité avec T. A. Klingler, M. M. Marshall et K. J. Rottet. Suivant la même méthode de présentation, mais cette fois en direction du français, le Dictionary Louisiana French met en œuvre une matière beaucoup plus abondante, et il le fait de manière magistrale. Aucune des sources connues, publiées ou non, n’a été négligée (on signalera particulièrement les nombreux enregistrements oraux, dont les données affleurent constamment dans les exemples); elles ont été habilement mises en œuvre pour nous donner le premier travail d’ensemble sérieux sur le français en Louisiane à la fin du XX e siècle, qui sera désormais la référence en ce domaine. Quel chemin parcouru depuis W. A. Read, Louisiana French (1931), J. Ditchy, Les Acadiens louisianais et leur parler (1932), P. Griolet, Mots de Louisiane (1986) ou encore J. O. Daigle, A Dictionary of the Cajun Langage (1988)! L’ouvrage se divise en deux parties. La première, qui représente plus des deux tiers de l’ensemble, est consacrée au dictionnaire proprement dit: nomenclature et exemples en français, avec définitions et traduction des exemples en anglais; la seconde (English-Louisiana French Index) va de l’anglais au français louisianais, par exemple: look v. barrer, cléter, embarrer, encler, mettre en clef, mettre enclé, taquer . . . La lecture en est passionnante, et d’autant plus émouvante il faut bien le dire, que cette description est en fait une œuvre de sauvetage d’un français particulièrement menacé, malgré des exhortations comme celle que l’on peut lire en exemple s. lâcher: «Oubliez pas le français, il dit. Lâchez pas le français, il dit. Continuissez à montrer à vos enfants le langage en français». La nomenclature est d’ouverture maximale et non de type différentiel: tous les mots français ont été traités (qu’ils appartiennent ou non au français de référence). On applaudira à ce choix, compte tenu de l’état de la langue étudiée, et il est difficile sur ce point de prendre en défaut les auteurs (très rares sont les mots «cachés» que l’on peut débusquer dans les exemples). De même, alors que le français louisianais grouille de mots et de tours empruntés à anglais, on saura gré aux auteurs du choix des items provenant de cette langue: retenus seulement quand ils ont un sens différent en français local, ils sont de surcroît distingués typographiquement (par une entrée en petites capitales). La description ne comporte pas de notices historique et étymologique; on ne saurait en tenir rigueur aux auteurs, qui avaient assez à faire à rassembler et à classer des matériaux concernant une large synchronie (pour l’essentiel, la seconde moitié du XX e siècle). Elle fait aussi l’impasse sur les rapprochements avec les autres français d’Amérique (notamment acadien et québécois) ou d’Europe; là encore, et cet aspect est en partie lié au précédent, les matériaux sont là et permettent tous les prolongements souhaitables, que les auteurs du dictionnaire eux-mêmes ou d’autres chercheurs pourront mettre en œuvre. On remarque parfois qu’un même exemple est repris ailleurs dans le dictionnaire (ainsi même exemple s. bloc et là-bas; s. ginguer et le; s. lancer et pouille; s. longtemps, magasin et roux; s. langue et savonner, etc.): peut-être aurait-on peu éviter ces redites par un jeu de renvois. On exprimera un léger regret, à savoir l’absence de liens entre les articles, qui auraient par exemple fait ressortir: concernant la nomenclature, le nombre important de verbes en 340 Besprechungen - Comptes rendus -ailler (bousculailler, chicailler, dormailler, gigailler, lavailler, lutailler, mâchailler, marquailler, querelailler, etc), sur lesquels une vedette de renvoi -ailler aurait permis d’attirer l’attention; concernant la sémantique, la richesse synonymique: s. lâcher II.2, un renvoi à débaucher eût été bienvenu, et vice versa (encore que cette lacune soit en partie comblée par l’index anglais-français, qui à cet égard se révèle très utile, comme le montre l’exemple de look, cité plus haut). Le format de l’ouvrage et sa présentation typographique permettent une lecture agréable et confortable (même si parfois le logiciel utilisé maltraite les coupes des mots français en fin de ligne: léth-argie s. léthargie; suiv-ait s. leur, gal-erie s. licher, bia-isait s. ligne, etc.). Au total, ce dictionnaire est une mine de données qui ne demandent qu’à être exploitées et qui réjouiront les chercheurs comme les simples curieux. La ténacité et la diplomatie dont a fait preuve A. Valdman pour mener à bien ce travail, la qualité de la rédaction dont K. J. Rottet a été la cheville ouvrière, la coopération active, à divers titres, de toute l’équipe, ont abouti à un résultat magnifique. Au-delà d’une réalisation scientifique originale qui honore tous ses collaborateurs et marque d’une pierre blanche la lexicographie du français, le Dictionary Louisiana French témoigne aussi du profond humanisme de son initiateur qui, à travers les différentes langues qu’il a étudiées, a toujours eu le plus grand respect de ceux qui les parlent. Pierre Rézeau ★ Luciano Rossi (ed.): Cercamon, Œuvre poétique. Édition critique bilingue avec introduction, notes et glossaire par L.R., Paris (Champion) 2009, 367 p. (CFMA 161) Es ist ein erfreuliches Ereignis, das Erscheinen einer neuen Ausgabe der überlieferten Gedichte des Troubadours Cercamon anzeigen zu dürfen. Sie wird wohl definitiv die älteren Ausgaben von Dejeanne (1905), Jeanroy (1922), Tortoreto (1981) und Wolf 1983) 1 ersetzen: Nicht nur erarbeitet sie erstmals seit Dejeanne eine eigenständige, neue Textbasis, sie analysiert auch Leben, soziale Befindlichkeit und Werk des der ersten Troubadourgeneration zuzurechnenden Dichters sowohl in der Breite als auch in der Tiefe in vollkommen neuen Dimensionen. Schon rein quantitativ sind 367 Seiten für 9 Gedichte (6 Kanzonen, 1 Tenzone, 1 Planh-Sirventes und 1 Canso-Sirventes) beeindruckend, und die Qualität steht der Quantität nicht nach. Die Ausgabe beginnt mit einer umfangreichen Introduction (7-103), in der Rossi zuerst einmal die Angaben der vida unter die Lupe nimmt, nach der Cercamon ein einfacher joglar aus der Gascogne wäre, der vers und pastoretas a la usanza antiga verfasst hätte (die letzteren sind nicht überliefert und wären wohl weniger Cercamon als eher Marcabru zuzuweisen). Cercamon wäre ein «Weltenbummler» gewesen; Marcabru wäre sein Schüler. Rossi äußert nun berechtigte Zweifel an der Richtigkeit dieser Angaben. Wie er im folgenden zeigen wird, ist Cercamon nicht ein einfacher joglar oder menestrel, er ist vielmehr ein höfischer Sänger von Rang und ein edler Vasall des Grafen von Poitou. Was den Namen angeht, so deutet die vida Cercamon als cercar lo mon ‘qui parcourt le monde’ - eine recht vordergründige und platte Interpretation. Schon etwas besser wäre die Lesart ‘courir les montagnes’, v. a. wegen des Doppelsinns hinsichtlich des mons Veneris. Die Rossi am besten zusagende Interpretation des Pseudonyms aber segmentiert in cerc amont und interpretiert dies als ‘viser (bzw. je vise) le haut’, was sehr gut zu Cercamons Liebesdoktrin und Dichtungskonzeption passen würde. 341 Besprechungen - Comptes rendus 1 Für die bibliographischen Angaben cf. Rossi 2009: 107.
