eJournals Vox Romanica 70/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2011
701 Kristol De Stefani

Giovanni Palumbo (ed.), Le Roman d’Abladane, Paris (Honoré Champion) 2011, 181 p. (Classiques Français du Moyen Âge 164)

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2011
Maria  Colombo Timelli
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Giovanni Palumbo (ed.), Le Roman d’Abladane, Paris (Honoré Champion) 2011, 181 p. (Classiques Français du Moyen Âge 164) Le Roman d’Abladane est un court récit en prose, inachevé, composé sans doute entre 1258 et 1288, qui raconte un épisode fabuleux de l’histoire de la ville d’Amiens à l’époque de Jules César; l’édition de L.-F. Flutre (1971) se fondait sur une copie du XVIII e siècle, alors que Giovanni Palumbo a pu se baser sur un ms. beaucoup plus ancien, du XV e siècle, n.a.f. 18326, acquis par la BnF en 1985. Son édition est exemplaire. L’Introduction fournit toutes les informations utiles, codicologiques, philologiques, historiques, littéraires, linguistiques pour aborder et comprendre le texte. Le ms. est décrit (9-13), mais les copies modernes ne sont pas négligées (14-16), ni les éditions anciennes (avant l’édition Flutre, celle de Th. Link en 1893 et celles, beaucoup plus partielles, du Père Ménestrier en 1680 et de H. Dusevel en 1858, 16-19). Le terminus post quem pour la rédaction du roman est assuré par l’allusion du prologue à l’incendie de la cathédrale d’Amiens de 1258, mais quelques questions épineuses - notamment l’existence d’une source en latin, le rapport entre le prétendu traducteur et Richard de Fournival, le terminus ante quem - restent ouvertes (20-28). L’auteur demeure anonyme: sans doute amiénois, il a pu être un clerc, en relation avec les Frères Prêcheurs de Saint-Jacques (29- 31). Malgré son caractère inachevé et quelque peu hybride, Abladane présente un certain intérêt: il mélange des souvenirs littéraires et des motifs folkloriques à de rares éléments historiques, pour reconstruire, dans un esprit de clocher qui ne fait pas de doute, le passé glorieux, bien qu’illusoire, d’Amiens (31-41). La langue du manuscrit mêle des particularités du dialecte picard à des traits «franciens» et, en même temps, des archaïsmes, qui doivent remonter au texte original, à des formes plus «modernes», caractéristiques du moyen français: le chapitre consacré à la langue du manuscrit (43-58) est éclairant; sur la base de quelques indices sûrs, G. P. conclut que le copiste pouvait être originaire du Nord-Est picard. Tous les critères suivis pour l’établissement du texte sont explicités (65-72). Parmi les solutions adoptées, il n’y en a qu’une que je me permets de discuter: au par. 160, où le ms. donne que il avoit, G. P. propose de «rajoute[r] le l qui [est] tombé» et transcrit donc que il l’avoit; à mon avis on pourrait sauvegarder la leçon du copiste en transcrivant que i l’avoit, d’autant plus que les cas de i pour il pronom sujet sont nombreux dans le ms. (71). Le texte est bref (75-97), suivi d’un précieux apparat de notes qui éclaircissent tous les passages douteux et fournissent des informations et des commentaires que G. P. a en partie empruntés à ses devanciers (99-137). Un seul regret: les notes ne sont pas signalées dans le texte, ce qui oblige le lecteur à des allers-retours pour vérifier les passages éventuellement commentés. J’ai deux petits ajouts lexicographiques: aux occurrences de sarcus données p. 112, on peut ajouter celles qui se lisent dans le Cligés en prose (ms. daté 1455); entremente(s) que (commenté p. 122) est attesté aussi dans la Vie de sainte Katherine de Jean Miélot (ms. autographe de 1457). Dans les deux cas, on ne s’éloigne pas de la Picardie, Miélot étant même originaire du diocèse d’Amiens. Le Glossaire, précédé des critères qui ont présidé à son établissement (139-40) est sélectif, mais rend de précieux services (141-65). Index des noms propres aux p. 167-68. Bibliographie aux p. 169-80. Nous avons là une édition admirable, où le texte proposé à la lecture - sans être un chef d’œuvre, Abladane contient des passages curieux et vivants - est accompagné de tous les apparats qui permettront de le comprendre et de l’apprécier. Maria Colombo Timelli ★ 335 Besprechungen - Comptes rendus