Vox Romanica
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Francke Verlag Tübingen
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2011
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Kristol De StefaniAimé du Mont-Cassin, Ystoire de li Normant, édition du manuscrit BnF fr. 688 par Michèle Guéret-Laferté, Paris (Champion) 2011, 688 p. (Classiques français du Moyen Âge 166).
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Gabriele Giannini
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- v. 23810 (546): le sens obscène est plus précis que ne le dit D. B, car ce qu’elle traduit par «corps» devrait plus exactement se traduire par «fourrure». - v. 24734 (565): la traduction de steinbock par «bouquetin» est possible (c’est encore son sens moderne), mais au vu du v. 25542 (580), où il est question, dans un calque approximatif de l’ancien français, du «chevalier à la bique», la traduction par «bélier» voire par «chèvre» serait, quoique moins noble, plus appropriée. - v. 28147 (628): on préférera à la traduction trop littérale de weltgot, «dieu du monde» celle de «[je me sens comme] Dieu sur terre». Alain Corbellari Marianne Derron Corbellari ★ Aimé du Mont-Cassin, Ystoire de li Normant, édition du manuscrit BnF fr. 688 par Michèle Guéret-Laferté, Paris (Champion) 2011, 688 p. (Classiques français du Moyen Âge 166). Le moine Aimé écrivit son Historia Normannorum entre 1078 et 1085 au Mont-Cassin. Cette source capitale pour l’histoire de la conquête normande de l’Italie du Sud a été perdue. Seule reste la traduction glosée en prose française qu’un Italien du Sud en a donnée au XIV e siècle, sous les Angevins. Jusqu’ici, elle était lue - très peu, à vrai dire, par les littéraires et les linguistes - dans la belle édition de 1935 1 . La nouvelle édition proposée par M. Guéret-Laferté au sein d’une collection jouissant d’une large diffusion éveillera, on l’espère, l’intérêt des spécialistes pour ce texte et les autres œuvres historiques qui l’entourent dans le seul témoin connu. L’Ystoire de li Normant est en effet conservée aux f. 125v°-199r° du ms. fr. 688 de la BnF, un recueil vernaculaire de textes historiques ordonnés avec soin dans le but de composer une histoire cohérente de l’Italie du Sud à travers les siècles: à la suite d’un prologue indiquant le commanditaire et ses attentes, le recueil aligne une traduction des Chronica d’Isidore de Séville (f. 1r°-11r°), celles de l’Historia Romana (f. 11v°-72r°) et de l’Historia Langobardorum (f. 72r°-125v°) de Paul Diacre, ensuite l’Ystoire de li Normant et une traduction de l’Historia Sicula (f. 199r°-212v°). Tous ces textes français sont dus, d’après les spécialistes, au même traducteur et forment dès l’origine une véritable compilation. Il n’est donc pas envisageable d’isoler l’Ystoire de son contexte de rédaction, dont le contexte matériel de conservation nous offre par bonheur un tableau fidèle. Eu égard à la tâche, l’éditrice consacre au texte une ample introduction (9-230). Elle y passe en revue le cadre historique dans lequel l’œuvre d’Aimé s’insère, insistant à juste titre sur le rôle culturel et politique joué par l’abbaye du Mont-Cassin dans la deuxième moitié du XI e siècle, notamment sous l’abbatiat de Didier (16-28). Suit un aperçu de l’activité d’Aimé (28-36), ainsi qu’une présentation de la traduction glosée (36-63). D’après l’éditrice, «tout concorde pour dater cette traduction aux alentours des années 1310-1315» (38-39), au vu de la référence au lieu de naissance du pape Clément V (1305-14) que s’autorise le traducteur de l’Historia Romana lorsqu’il rencontre dans sa source la ville de Bordeaux. La remarque, qui était aussi dans De Bartholomaeis (1935: xcviii-xcix), donnait tout juste, chez le savant italien, un terminus post quem à la traduction de l’Historia Romana. Ainsi, la question demeure ouverte, d’autant plus que l’éditrice ne semble pas connaître une étude stimulante parue en 1996, dans laquelle, sur la base d’une citation précise du chant V de l’Enfer de Dante repérée au sein de la traduction de l’Historia Romana (elle concerne Cléo- 342 Besprechungen - Comptes rendus 1 V. De Bartholomaeis (ed.), Storia de’ Normanni di Amato di Montecassino volgarizzata in antico francese, Rome 1935. pâtre: «Et de ceste parle lo Dente par exemple de luxure, quar estoit mult luxuriose et belle fame») 2 , on propose de dater l’activité du traducteur, au plus tôt, aux années 1320: Enfer et Purgatoire commencèrent en effet à circuler à partir de 1314 ou 1315, mais on ne sait pas à quelle époque ils pénétrèrent dans le royaume de Naples, puisque les manuscrits les plus anciens provenant du Sud de l’Italie datent du troisième quart du XIV e siècle 3 . Une autre glose contenue dans le même texte suggérerait que le traducteur œuvrait après la mort de Robert I er de Naples (1343) 4 . La question du commanditaire de la compilation est également éludée. Certes, ce «conte de Militree» qui, d’après le prologue, est peu accoutumé au latin mais «set lire et entendre la lengue fransoize et s’en delitte» 5 , n’a jamais été identifié. Mais l’hypothèse selon laquelle la compilation aurait été rédigée après 1343 ouvre des perspectives nouvelles. Ainsi, développant une suggestion ancienne, Maffei (1995-98: 371-84) a supposé que ce «conte de Militree» serait, tout simplement, le comte de Mélite, c’est-à-dire de Malte, à savoir Angelo Acciaiuoli († 1391), le fils du célèbre grand-sénéchal du royaume, le florentin Niccolò († 1365), qui devint lui aussi grand-sénéchal et eut le titre de comte de Melfi et de Malte dès 1357 ou 1358. Or, l’identification du commanditaire au comte de Malte pose des problèmes, mais elle n’est point saugrenue. Il pourrait d’ailleurs s’agir de l’un des comtes qui ont précédé Angelo Acciaiuoli. En tout cas, l’éditrice ignore la contribution et l’hypothèse, qui placent la compilation dans un contexte politique et culturel tout autre par rapport à celui évoqué d’ordinaire 6 . Elle préfère se concentrer sur les ajouts du traducteur, dont elle propose une analyse au peigne fin, suivant une catégorisation élaborée 7 . 343 Besprechungen - Comptes rendus 2 M. Gasperoni/ S. Maffei, «Considerazioni sul manoscritto f. fr. 688 della biblioteca Nazionale di Parigi: l’Ystoire Romane e l’Ystoire de li Longobart di Paolo Diacono», Francofonia 30 (1996): 53- 80 (58). 3 Cf. M. Boschi Rotiroti, Codicologia trecentesca della Commedia. Entro e oltre l’antica vulgata, Rome 2004: 120 §90, 131 §175, 134 §204, 135 §209. Cependant, I. Baldelli, Medioevo volgare da Montecassino all’Umbria, Bari 2 1983: 179-81 a décelé quatre citations de l’Enfer et du Purgatoire parmi les gloses écrites par une main de la première moitié du XIV e siècle dans l’interligne et les marges d’une copie du chef d’œuvre de Boèce conservée au Mont-Cassin (Archivio dell’Abbazia, 190). 4 Cf. Gasperoni/ Maffei (1996: 61). L’argument est toutefois sujet à caution: certes, en parlant de Robert au moment où il «estoit duc de Calabre», on précise que ce même Robert «fu puiz roy», mais le temps choisi (fu) n’implique pas forcément que son règne s’est déjà achevé (1343). Il peut tout juste signifier que, pour le traducteur, son accession au trône (1309) se situe dans le passé. Ce seul argument a toutefois convaincu J. Kujawi Ń ski, auteur d’une thèse importante sur le recueil parisien (Université de Pozna ń , 2010), dont on lit les conclusions dans «Alla ricerca del contesto del volgarizzamento della Historia Normannorum di Amato da Montecassino: il manoscritto francese 688 della Bibliothèque nationale de France», Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo 112 (2010): 91-136 (109-11). 5 S. Maffei, «Il manoscritto f. fr. 688 della Biblioteca Nazionale di Parigi: appunti per un tentativo di identificazione del committente», Quaderni di filologia romanza 12-13 (1995-98): 371-94 (377). 6 Également persuadé que la compilation est du milieu du XIV e siècle, Kujawi Ń ski (2010: 111- 14) préfère relancer la candidature d’un membre de la haute aristocratie napolitaine, Ruggiero Sanseverino (1312-76), comte de Milet en Calabre, qui fut sénéchal en Provence pour Jeanne I re en 1361- 63. Cette proposition se heurte elle aussi à des difficultés. 7 Ce travail a été amorcé par Gasperoni/ Maffei (1996: 61-80), Maffei (1995-98: 384-94) et S. Maffei, «Dall’Historia Langobardorum all’Ystoire de li Longobart: tra fedeltà e innovazione», in: A. Pioletti (ed.), Le letterature romanze del Medioevo. Testi, storia, intersezioni. Atti del V Convegno Nazionale (Roma, 23-25 ottobre 1997), Soveria Mannelli 2000: 195-210 pour les traductions glosées de l’Historia Romana et de l’Historia Longobardorum. Dans sa thèse, N. Moreau s’est intéressée aux mêmes problèmes dans les deux premiers textes du recueil: cf. «Le manuscrit Bibl. nat. de On revient par la suite à l’œuvre d’Aimé, au sens, aux structures et aux formes de son écriture de l’histoire: un large pan de l’introduction y est consacré (64-154). Cela n’empêche pas de réserver à la langue de l’Ystoire l’espace et l’attention qu’elle mérite (154-217). L’analyse de la morphologie et de la syntaxe, ainsi que du lexique, du français du traducteur, truffé d’interférences latines, italiennes et régionales, est claire et nuancée. Elle ne s’occupe toutefois que de la traduction d’Aimé, alors qu’il aurait été capital de la situer dans le cadre du français écrit au cours du XIV e siècle à Naples. Pour ce faire, on dispose d’un sondage pointu - que l’éditrice ignore - où la scripta des traductions du ms. fr. 688 est décrite et comparée à celles de la traduction française des Epistulae ad Lucilium de Sénèque, réalisée entre 1308 et 1310 pour Bartolomeo Siginulfo, comte de Caserte et grand-chambellan du royaume, et des Statuts de l’Ordre du Saint-Esprit (ou du Nœud), un ordre chevaleresque fondé à Naples en 1352 par Louis de Tarente, le second mari de la reine Jeanne I re (1343-82), à l’instigation du grand-sénéchal Niccolò Acciaiuoli 8 . Le réseau d’interférences dont témoigne le ms. fr. 688 est beaucoup plus étendu et incisif que ceux qu’on observe dans les deux autres textes et «sembra isolare il codice equiparandolo a un testo di area franco-italiana o anglonormanna» (Formisano/ Lee 1993: 158). Ce n’est qu’à la lumière de telles comparaisons qu’on peut saisir la teneur réelle de l’un des aspects fondamentaux de l’opération menée par notre traducteur. Et le constat ne vaut pas que pour l’évaluation globale, mais aussi pour la compréhension et la mise en perspective de certains faits ou tendances ponctuels. C’est le cas, par ex., de la postposition à l’infinitif des formes faibles du pronom personnel régime, qui, certes, s’avère fréquente dans l’Ystoire (180), mais l’est également dans d’autres textes du même recueil et, surtout, l’était déjà chez le traducteur des épîtres de Sénèque, dans de telles conditions et avec une telle insistance que la pression de l’italien y est forcément décisive (cf. Formisano/ Lee 1993: 138, 157). D’ailleurs, le phénomène est également bien connu dans d’autres aires italiennes où l’on écrivait en français, et il est aussi représenté dans la scripta française de l’Orient latin 9 . Pour le participe passé, les alternances du type eslit/ eslut sont bien sûr courantes en français médiéval (194), mais l’essor extraordinaire des formes faibles en -ut dans l’Ystoire (concedut, convertut, croissut et cressut, disponut, garut ‘guéri’, investut, partut, sentut etc.) semble recouper une tendance italienne et, surtout, méridionale et napolitaine 10 . Quant au lexique, dont l’examen dépend beaucoup de De Bartholomaeis (1935: c-cii), c’est la mise en perspective qui fait défaut et aurait épargné certaines méprises: par ex., masserie ‘ensemble des utensiles et des meubles de la maison’ ou ‘bagages’ (211) est un calque de l’it. masseria, dont de tels emplois sont bien attestés (cf. GDLI IX 892 §3), tandis que le traducteur des épîtres de Sénèque a choisi d’adapter l’it. 344 Besprechungen - Comptes rendus France, fr. 688 et son traducteur: édition de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine», in: École nationale des chartes. Position des thèses, Paris 2001: 127-33. Il aurait été précieux de comparer les procédés d’enrichissiment et de mise à jour des différents textes latins traduits. C’est ce que propose désormais Kujawi Ń ski (2010: 117-30), qui a examiné en profondeur la tradition manuscrite des quatre œuvres latines conservées et en a conclu que «la traduzione risulta . . . più conservatrice di quanto uno potesse pensare confrontandola con i soli testi latini editi» (134-35). Il n’est donc pas exclu que l’Ystoire soit une traduction beaucoup plus fidèle du texte d’Aimé que ce qu’on croit à présent. 8 L. Formisano/ Ch. Lee, «Il ‹francese di Napoli› in opere di autori italiani dell’età angioina», in: P. Trovato (ed.), Lingue e culture dell’Italia meridionale (1200-1600), Rome 1993: 133-62. 9 Cf. par ex. F. Cigni (ed.), Il romanzo arturiano di Rustichello da Pisa, Ospedaletto 1994: 377 et L. Minervini, «Le français dans l’Orient latin (XIII e -XIV e siècles). Éléments pour la caractérisation d’une scripta du Levant», RLiR 74 (2010): 119-98 (178-79). 10 Cf. Formisano/ Lee 1993: 155-56 et N. De Blasi (ed.), Libro de la destructione de Troya. Volgarizzamento napoletano trecentesco da Guido delle Colonne, Rome 1986: 387. masserizia (pl. masserices: cf. Formisano/ Lee 1993: 135, 147); le terme coingnat ‘beau-frère’ peut être dû à «l’influence de l’italien» cognato (209), il est vrai, mais ce qui importe le plus est l’occurrence isolée de la forme caingnat au chap. 8.10, qui nous renvoie directement aux attestations vernaculaires caynato, caynatu etc., courantes entre le Mont-Cassin et Naples (cf. Formisano/ Lee 1993: 147, De Blasi 1986: 410 et TLIO s. cognato), et relève probablement des habitudes linguistiques du copiste, puisqu’il avait déjà eu recours à caingnat dans la réclame du f. 130v°, alors que le premier mot du f. 131r° est coingnat (chap. 1.25); quant à estuta ‘s’éteignit’, il ne faut pas «y reconnaître l’italien attutire» ou attutare, forme que le traducteur «aurait adaptée en changeant de préfixe» (210 N335), vu qu’estutare (astutare, stutare etc.) ‘éteindre’ *extut Ā re est largement attesté au Sud, dès les premiers poèmes siciliens (cf. FEW 13/ 2: 449, TLIO s. astutare). D’autres pistes ouvertes par les contributions citées - la présence récurrente de traits typiques des variétés françaises du Nord et du Nord- Est, l’appartenance éventuelle de notre traducteur au milieu clérical, sa familiarité avec l’abbaye du Mont-Cassin etc. - restent à explorer. La description du manuscrit (217-19) est superficielle et contient des inexactitudes criantes: par ex., l’écriture du copiste est considérée comme étant «une cursive italique, sans traits superflus» (217), alors qu’il s’agit d’une gothique italienne claire et parfaitement maîtrisée, due à une main professionnelle. Une étude quelque peu approfondie aurait permis de remettre en question les idées reçues qui s’accumulent sur le recueil. Il en est ainsi de sa datation (début du XIV e siècle, d’après la plupart des spécialistes). Or, les historiens de l’enluminure ont indiqué depuis longtemps que l’iconographie et le style de l’illustration - une grande miniature à huit compartiments au f. 1r° (la création du monde), des lettres joliment historiées et des lettres champies - situent le recueil au sein de la production napolitaine du milieu du XIV e siècle 11 . Son style a été rapproché à maintes reprises de celui de l’atelier napolitain de Cristoforo Orimina - «uno stile di radice sostanzialmente toscana e decorazioni figurate marginali debitrici della tradizione francese» -, qui travailla entre le milieu des années 1330 et le début des années 1360, notamment pour la cour royale 12 . À cet atelier on a attribué, entre autres, l’illustration foisonnante du ms. BnF, fr. 4274 (vers 1354), l’original des Statuts de l’Ordre du Saint-Esprit s’ouvrant au f. 2r° par une peinture à pleine page de Louis de Tarente et de sa femme 13 . Le ms. fr. 688 serait d’ailleurs lui aussi «une commande princière» 14 . Puisque tout le monde admet que la traduction et la compilation des textes historiques ne peuvent pas avoir eu lieu à une date bien antérieure à la confection du recueil, il est évident que cette dernière datation du ms. fr. 688 s’accorde pleinement avec les conclusions provisoires de Gasperoni/ Maffei (1996) au sujet de la date de réalisation des traductions (milieu du XIV e siècle). Les hypothèses concernant le commanditaire (Angelo Acciaiuoli ou l’un des comtes de Malte qui l’ont précédé, ou encore Ruggiero Sanseverino) reçoivent elles aussi un soutien, si le manuscrit était destiné à un membre du cercle le plus étroit du pouvoir royal. On voit aisément que les coordonnées chronologiques, politiques et culturelles changent radicalement par rapport à celles sous-jacentes à la présente édition. 345 Besprechungen - Comptes rendus 11 Cf. déjà A. Heimann, «Trinitas Creator Mundi», Journal of the Warburg Institute 2 (1938-39): 42-52 (48 N4). 12 La définition est due à F. Manzari, «La miniatura nel secolo di Giotto», in: A. Tomei (ed.), Giotto e il Trecento. «Il più Sovrano Maestro stato in pittura». I saggi, Milan 2009: 271-89 (283). 13 Cf. F. Avril, «Statuts de l’Ordre du Saint-Esprit au droit désir», in: Dix siècles d’enluminure italienne (VI e -XVI e siècles), Paris 1984: 74-76 et A. Bräm, «Zeremoniell und Miniatur im Neapel der Anjou: die Statuten vom Orden des Heiligen Geistes des Ludwig von Tarent, Paris, Bibliothèque nationale de France, Ms. fr. 4274», Römisches Jahrbuch der Bibliotheca Hertziana 36 (2005): 45-92. 14 M.-Th. Gousset, «Aimé du Mont-Cassin, Ystoire de li Normant», in: M. D’Onofrio (ed.), Les Normands, peuple d’Europe 1030-1200, Venise 1994: 380-81 (381). Le texte, divisé en huit livres, est édité avec soin: des notes de bas de page rendent compte des modifications apportées à la leçon du manuscrit, tandis que les notes de commentaire et d’aide à la lecture sont regroupées à la suite du texte (511-96). Le glossaire proposé vise un lecteur non spécialiste (597-642). Au total, une édition fiable et diligente pour ce qui est du texte établi, mais à reprendre et à intégrer si l’on veut faire la mise au point sur les différents aspects historiques, littéraires et linguistiques de la compilation. Le premier mérite, toutefois, serait celui de stimuler la publication des autres textes du recueil (à présent inédits ou édités au sein de mémoires ou de thèses peu accessibles). Les recherches en cours du médiéviste polonais J. Kujawi ń ski et les contributions citées remontant aux années 1990 vont servir de jalons. Gabriele Giannini ★ Marie-Madeleine Castellani/ Fiona McIntosh-Varjabédian (ed.), Louis XI, une figure controversée. Actes du colloque du Centre d’Études Médiévales et Dialectales de Lille 3, Lille (Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3) 2010, 379 p. (Bien dire et bien aprandre XXVII) Ce numéro de Bien dire et bien aprandre est entièrement consacré à Louis XI. Les contributions portent un regard historique, littéraire et politique sur le roi, son personnage et ses actes. Cette somme montre combien les perceptions du monarque ont varié et évolué selon les époques ou les genres. Cependant, on note que dès les écrits de ses contemporains (Commynes en tête), Louis XI a toujours été l’objet de réinterprétations téléologiques et/ ou engagées. Le volume reprend vingt contributions présentées en 2007 lors d’un colloque organisé par l’ALITHILA à Lille. Elles sont présentées selon six grands axes: Vision des contemporains, Postériorité historiographique, Dans le roman du XIX e siècle: héritages et ruptures, Dans le roman du XX e siècle, Louis XI au théâtre et La figure de Louis XI dans le septième et neuvième arts. Jean Dufournet présente la vision du roi par Commynes. Pour celui-ci, il possède de nombreuses qualités (dissimulation, secret . . .) sans échapper pourtant aux défauts traditionnels des souverains. Le mémorialiste dresse un portrait contrasté du roi suivant les époques (période bourguignonne, après son transfuge à la cour de France puis après son éloignement du pouvoir); ses critiques se font plus vives lors de la troisième phase, son but étant sans doute de montrer qu’un prince ne peut briller «sans consulter des conseillers bien choisis». À travers le personnage de Louis XI, Commynes dessine en filigrane son propre portrait, celui du conseiller idéal ou du conseiller qu’il aimerait être. Irit Ruth Kleiman montre que Basin, contrairement à Commynes, représente davantage les charges contre le roi. Il construit son texte sur une grande culture historique, jouant ainsi avec les intertextes. Sa relation avec Louis XI lui permet de prendre des positions comme moi narrant, laissant apparaître une certaine nouvelle forme d’auteur. La diplomatie du règne de Louis XI n’est peut-être pas l’aspect à ce jour le plus approfondi des études sur l’époque. Alain Marchandisse propose dès lors pour sa part un aperçu des rouages diplomatiques relatifs à la situation politique liégeoise. On a souvent souligné le goût pour la chasse de Louis XI. Bertrand Schnerb décompose les différentes facettes de cette passion et de cette culture cynégétique qui ont généralement frappé ses contemporains et ont en partie contribué à forger sa «légende noire». La lecture ici proposée a le mérite de traquer les idées reçues: non seulement Louis XI s’inscrit dans une lignée de rois chasseurs mais ses contemporains bourguignons ou italiens partageaient la même passion. La chasse possède également plusieurs fonctions: outre l’aspect 346 Besprechungen - Comptes rendus
