eJournals Vox Romanica 71/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2012
711 Kristol De Stefani

Pia Stalder, Pratiques imaginées et images des pratiques plurilingues. Stratégies de communication dans les réunions en milieu professionnel international. Berne, etc. (Peter Lang) 2010, 401 p.

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2012
Georges  Lüdi
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pretativi dei fenomeni, fra i quali l’autrice ritiene come il più valido quello della cosiddetta Distributed Morphology, la trattazione approda a molte affermazioni rimarchevoli, fra cui ne citiamo ad es. una: «Die Wahrscheinlichkeit, dass ein bilingual deutsch-französisches Kind im Vergleich zu den anderen bilingualen Kindern häufiger auf das Genus des Äquivalents zugreift, ist größer, da es in beiden Sprachen Evidenz für genus-unvaluierte Wurzeln findet» (363). Nelle sei pagine di conclusioni che chiudono il grosso lavoro di Eichler, inevitabilmente in alcune parti ripetitivo, vengono ripresi i risultati più significativi dell’indagine (fra cui va segnalato almeno il seguente: «Die empirischen Befunde haben gezeigt, dass sich unabhängig von der formalen Genustransparenz eines Nomens das Genus der Determinante überwiegend nach dem Genus des Nomens in der gemischten NP richtet», 411), e vengono indicati possibili approfondimenti che potrebbero costituire sviluppi futuri dell’analisi condotta, per es. test sperimentali sui tempi di reazione in riferimento ai procedimenti morfologici di derivazione (non è però vero che nella suffissazione diminutiva in italiano «wird . . . kein Genuswechsel ausgelöst», 414: si veda per es. la scopa/ lo scopino; ed è dubbio che franc. muraille sia diminutivo di mur: se così, comunque, sarebbe lo stesso caso di ital. muro/ muraglia). Il volume (in cui si trovano molti Tippfehler, tutti però facilmente correggibili) è completato da 14 pagine di bibliografia e una ventina di pagine di appendice. Nel complesso, la fatica della lettura di questo lavoro (che avrebbe potuto essere mantenuto entro dimensioni più leserfreundlich, sintetizzando maggiormente le discussioni nei vari capitoli e evitando le ripetizioni di argomenti) è compensata dalla constatazione che si tratta di un bell’esempio di come la ricerca sugli aspetti morfosintattici del code-switching può avere ricadute effettive sulla migliore conoscenza e comprensione delle strutture delle lingue coinvolte e della stessa natura generale dei meccanismi della morfosintassi. Gaetano Berruto ★ Pia Stalder, Pratiques imaginées et images des pratiques plurilingues. Stratégies de communication dans les réunions en milieu professionnel international. Berne, etc. (Peter Lang) 2010, 401 p. Les études sur le plurilinguisme ont longtemps négligé le monde du travail si ce n’était pour focaliser sur la gestion des langues par les managers et la tendance à choisir l’anglais comme langue d’entreprise 1 . Pourtant, des études basées sur l’observation directe de pratiques réelles sont devenues de plus en plus nombreuses 2 . Les deux grands projets européens Li- 249 Besprechungen - Comptes rendus 1 Voir par exemple M. Vollstedt, Sprachenplanung in der internen Kommunikation internationaler Unternehmen. Studien zur Umstellung der Unternehmenssprache auf das Englische, Hildesheim 2002 ou C. Truchot (ed.), Sprachwahl in europäischen Unternehmen/ Choix linguistiques dans les entreprises en Europe/ Language choices in European companies, Tübingen 2009. 2 Voir entre autres: S. Cigada/ M. Matthey/ S. Gilardoni (ed.), Actes du Congrès VALS-ASLA, Communiquer en milieu professionnel plurilingue (Lugano, 14-16. 9. 2000), Lugano 2001; L. Mondada, «Ways of ‹Doing Being Plurilingual› in International Work Meetings», in: R. Gardner/ J. Wagner (ed.), Second Language Conversations, London 2007: 27-60; L. Mondada, «Le code-switching pour l’organisation de la parole-en-interaction», Journal of language contact 2004 (http: www.jlcjournal.org); S. Kameyama/ B. Meyer (ed.), Mehrsprachigkeit am Arbeitsplatz, Frankfurt a. M, etc. 2007; B. Apfelbaum/ B. Meyer (ed.), Multilingualism at work, Amsterdam 2010; L. Mondada/ L. Nussbaum (ed.), Interactions cosmopolites. L’organisation de la participation plurilingue, Limoges 2012. nee (http: / / www.linee.info/ ) et Dylan (http: / / www.dylan-project.org) ont contribué à faire de ces pratiques plurilingues au travail un sujet de recherche prioritaire. C’est dans cette dernière tradition que ce situe l’ouvrage de Pia Stalder, issu d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Berne en 2008. La base empirique de ce travail consiste (a) en une cinquantaine d’entretiens avec des collaborateurs de deux entreprises pharmaceutiques internationales et une grande organisation humanitaire non gouvernementale dans lesquels est recueilli le «discours sur» leurs pratiques (qua «pratiques imaginées»), (b) en une dizaine de journées d’observation participante dans des réunions, consignées dans des journaux de terrain, ainsi que (c) en onze heures et demie d’enregistrements vidéo dans ces trois terrains. L’analyse d’extraits choisis de ces bandes vidéo mène à ce que l’auteure nomme des «images des pratiques». L’originalité réside d’une part dans l’approche qualitative et pluriméthodologique, d’autre part dans l’inclusion de la dimension multimodale de l’interaction, dimension accessible grâce à l’interprétation des séquences filmées. Cela va permettre à l’auteure de croiser les représentations des acteurs avec leurs pratiques - je douterais simplement qu’il s’agisse, ici, d’un «coup d’état épistémologique» (xvii), cette approche ayant p.ex. été proposée et employée indépendamment, dès 2006, au sein du projet Dylan -, avec un accent particulier sur les «stratégies de communication» mises en œuvre avec l’objectif de «mieux connaître les manières dont les participants à une réunion en contexte professionnel international organisent leur interaction et résolvent les défis de communication soulevés par leur diversité linguistique, sociale et culturelle» (4). L’ouvrage est organisé en deux parties. La première partie est intitulée «Théories, méthodes et contexte» (11-171). Elle circonscrit d’abord l’objet de la recherche, à savoir des «réunions en contexte professionnel international» (11-44) (on peut se demander, ici, si l’article défini dans le sous-titre du livre ne représente pas une surgénéralisation des résultats obtenus à partir de trois études de cas, intéressantes, certes, mais pas nécessairement représentatives de ce type d’interaction). Est ensuite précisé ce qu’il faut entendre par «culture et communication dans l’entreprise» (45-82). Puis l’auteure rappelle un nombre de dimensions analytiques proposées dans la recherche pour aborder les «pratiques de communication» dans le contexte mentionné, p.ex. la tension entre la langue comme facteur de production (comme «commodité» diraient les sociolinguistes) et la langue comme marqueur identitaire, la qualité de «langue véhiculaire» (compris aussi comme langue d’entreprise) de certaines langues, ainsi que la pertinence de la notion même de «stratégie de communication» (83-124). La première partie se termine par un chapitre qui présente le contexte, la méthode, le corpus et les outils d’analyse, chapitre où l’auteure fait preuve d’un haut degré de réflexivité méthodologique (125-71). Sur un point, la première partie laisse pourtant une impression ambivalente. L’auteure a énormément lu, sa bibliographie impressionnante allant de la sociologie à la linguistique, de l’anthropologie aux sciences de la gestion d’entreprises sans parler des nombreuses références aux recherches sur l’interculturalité. Les réflexions et conclusions qui parsèment ce chapitre sont souvent hautement pertinentes. Mais ces lectures ont-elles toutes le même degré de priorité? Sont-elles congruentes? Y a-t-il des ruptures et des incompatibilités? Parfois, on songe au proverbe français: «Qui trop embrasse, mal étreint».Ainsi, une conception dynamique de la culture (54s.) détonne-t-elle par exemple avec une vision additive («plusieurs langues bien maîtrisées») du plurilinguisme (53) et avec une définition restrictive et très traditionnelle du code-switching («par définition le code-switching est caractéristique du parler bilingue en contexte familier», 122). De même, la conception théorique sous-jacente aux travaux de Mondada, fréquemment citée, est épistémologiquement inconciliable avec des affirmations telles que celle sur le rôle «non défini» des langues d’origine dans l’usage de l’anglais comme langue véhiculaire (102) (on regrettera, à ce propos, l’absence de référence aux travaux de Barbara Seidlhofer et de son 250 Besprechungen - Comptes rendus équipe de Vienne [Seidlhofer 2011 3 ] sur l’anglais lingua franca comme usage hybride, 93s.), mais aussi avec le travail préconisé sur les représentations (pourquoi renoncer à profiter d’une analyse de leur forme comme le propose p.ex. Py 2004 4 , p. 163 N39), etc. L’usage quelque peu rapide de nombreuses métaphores (le «marché linguistique» [91], la conversation comme «guerre» ou comme «jeu» [108]) risque de brouiller les pistes encore davantage. Des choix méthodologiques et théoriques plus rigoureux - ou, mieux encore, une présentation intégrative plutôt qu’additive d’un nombre plus restreint de perspectives différentes - auraient sans doute bénéficié à la cohérence de l’ouvrage. L’essentiel des résultats de cette recherche se trouve dans la deuxième partie intitulée «Entre les pratiques et leurs images» (173-365). Un premier chapitre (175-242) est consacré au déploiement du «répertoire des représentations des acteurs sur leurs stratégies en contexte international» (175), qui vont de la prise en compte de «différentes visions du monde» (181). «développer des qualités d’écoute» (189) à des «stratégies d’ajustement et d’adaptation» (193, sans qu’il devienne entièrement clair si cela comprend des stratégies d’accommodation linguistique), de «retenue» (196) et de «respect» (198) et jusqu’à «rompre les barrières culturelles» (213). L’auteure énumère aussi des stratégies spécifiquement linguistiques («trouver une langue commune», «essayer par tous les moyens de parler dans la langue de l’autre», «parler lentement et clairement» voire «suffisamment haut», «thématiser les malentendus», «apprendre les langues», employer plusieurs langues à la fois, etc. [215-25]). Pourtant, la représentation qui semble prévaloir est celle de la transparence de la langue, qui ne serait qu’un véhicule, comme le dit un des interviewés dans l’industrie pharmaceutique: «la langue, surtout dans nos métiers, ne doit être à mon avis qu’un véhicule» (215; voir aussi 241). Pia Stalder cite cet énoncé sans le commenter là où on aurait pu s’attendre, au contraire, à une réflexion de la linguiste qu’elle est sur l’opacité des langues, voire sur les relations entre la diversité linguistique et la diversité cognitive. Nous disions au départ d’une des originalités du projet de Stalder est de confronter ces «pratiques imaginées» avec des «‹prises de vue instantanées› de l’interaction» telle qu’elle a pu l’observer (voir encore p. 243). C’est l’objet d’un deuxième chapitre consacré à l’«observation des stratégies in situ» (243-352). Il est vrai que la manière de procéder est quelque peu contradictoire. En effet, la priorité semble d’abord placée sur une analyse autonome des «stratégies [que] les participants mettent . . . en œuvre dans les réunions» (243). D’autre part, la deuxième question de recherche «Retrouve-t-on les stratégies décrites dans les entretiens? En identifie-t-on d’autres? » (244) focalise sur le parcours inverse, des représentations aux pratiques. Enfin, un troisième procédé domine souvent les analyses: illustrer, à partir des interactions observées, toute une série de stratégies identifiées dans la littérature scientifique. Ce dernier procédé s’impose en particulier là où des représentations précises sont plutôt rares, à savoir pour les stratégies linguistiques telles que le code-switching et des séquences métadiscursives avec des fonctions diverses telles que clarification, réparation, sauvegarde de la face, etc. (245-90), mais aussi pour toutes les dimensions de la multimodalité telles que l’humour et le rire (290-312) ainsi que les stratégies appelées «périlinguistiques» (313-52). Une réflexion approfondie sur les relations entre les théories quotidiennes des acteurs telles qu’elles se reflètent dans leurs discours et les théories scientifiques dans la modélisation par l’auteure (60 et passim) - qui représente par ailleurs une autre forme de représentations (ce qu’elle nomme «images de la pratique») - aurait renforcé la force percutante de ce travail pour en faire effectivement «un résultat en soi» (359). 251 Besprechungen - Comptes rendus 3 B. Seidlhofer, Understanding English as a Lingua Franca. A complete introduction to the theoretical nature and practical implications of English used as a lingua franca, Oxford 2011. 4 B. Py, «Pour une approche linguistique des représentations sociales», Langages 154 (2004): 6-19. À partir de ses journaux de terrain, Pia Stalder fait preuve simultanément d’une capacité d’observation fine et d’une bonne connaissance d’importantes parties de la recherche précédente dans l’interprétation de séquences perçues comme pertinentes («rich points» [244]) dans les enregistrements. L’image qu’elle dessine des pratiques communicatives dans un contexte international de travail est à la fois riche et différenciée. Elle se fonde sur une foule d’observations et commentaires de détail dont nous ne pouvons énumérer, ici, que quelques exemples choisis au hasard. On notera d’abord l’interprétation de changements de langue comme donnant suite à et en même temps induisant des modification du cadre participatif (p. 254), le lien entre le mode bilingue, voire trilingue et la «co-construction» d’une «interculture» (259 et 276) - on peut s’étonner que la mise en œuvre des stratégies multilingues mentionnées par les acteurs (260) n’aient pas été rendues plus visibles dans le chapitre II.1 -, l’identification de stratégies que j’appellerais exolingues-bilingues auprès de bilingues asymétriques (264), la caution du plurilinguisme «par la dimension managériale à un bas niveau hiérarchique» (274) (nos propres enquêtes ont pourtant révélé une telle caution aux plus hauts niveaux de l’hiérarchie dans des entreprises similaires ou identiques), etc. Dans le domaine de la multimodalité de la communication au travail, on relèvera les différentes fonctions de l’humour comme stratégies d’atténuation, d’évitement, de réparation, de distanciation, etc. mais aussi comme source de malentendus potentiels (290s.), la manière d’exploiter l’espace dans lequel se déroule l’interaction (317s.), l’utilisation d’«objets médiateurs», mais aussi de «personnes médiatrices» (328) (on peut pourtant se demander dans quelle mesure la «médiation linguistique» [332] ne devrait pas être catégorisée différemment). Dans un chapitre de synthèse, l’auteure met en lumière les processus de construction d’«intercultures plurilingues» - «en d’autres termes de ‹cultures tierces›» (est-ce la même chose que la third culture d’Homi Bhaba 1994 5 ? ) - variées et variables (353s.) comme résultat d’une «micro-politique managériale» (356) et la dimension formatrice de la confrontation entre l’autoet l’hétéro-analyse des pratiques des acteurs. En conclusion, on dira que la conception de cette thèse est innovatrice, que la réalisation du projet offre, certes, le flanc à la critique, mais que cette dernière ne diminue pas l’importance et la valeur de la prestation fournie, n’omettons pas de le dire, par une chercheuse travaillant seule et non pas, comme c’est de plus en plus souvent le cas, comme membre d’une équipe. On ne peut que soutenir son appel «à l’adoption et au développement d’une perspective plurielle sur les interactions en milieu professionnel international» (367) (et sans doute national aussi) et la conclusion qu’il est, pour ce faire, «fondamental de développer, dans et avec les institutions, de nouveaux espaces de réflexion, de discussion et de valorisation des pratiques professionnelles» (368). Cet ouvrage constitue sans aucun doute un pas important dans la bonne direction. Georges Lüdi 252 Besprechungen - Comptes rendus 5 H. K. Bhabha, The location of culture, New York 1994.