eJournals Vox Romanica 71/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2012
711 Kristol De Stefani

Franck Brandsma, The Interlace Structure of the Third Part of the Prose «Lancelot», Cambridge (D. S. Brewer) 2010, xxv + 282 p. (Arthurian Studies 76)

121
2012
Damien  de Carné
vox7110347
Lexeme nicht zu verzeichnen, «which are very common in Old French and Anglo-Norman» (III, 119). So findet man einerseits eine Vielzahl von völlig gebräuchlichen, oft auch im Neufranzösischen verwendeten Wörtern wie etwa achever, acurre, asaillir, baptizer, benigne, chien, haut, mansiun u. a. m.; andererseits sucht man leider vergeblich nach dem Eintrag etwa zu folgenden Lexemen 7 : atant (v. 853), asquanz (v. 1153), assuagié (v. 12906), aukes (v. 744), cuntreiz (v. 13060), demesure (v. 1807), estraire (v. 4343), granter (v. 6591), lessur (v. 14559), nequedent (v. 236), nepurquant (v. 381), que (. . .) que (v. 5-6), sedze (v. 4908) u. a. m. Nach dem zuvor Gesagten kann mein Gesamturteil nur gemischter Natur sein. Während die Textausgabe selbst - und diese ist ja das Wichtigste - vorzüglich erstellt wurde, lassen die in Band 3 enthaltenen Ausführungen sehr zu wünschen übrig. Arnold Arens ★ Franck Brandsma, The Interlace Structure of the Third Part of the Prose «Lancelot», Cambridge (D. S. Brewer) 2010, xxv + 282 p. (Arthurian Studies 76) L’ouvrage publié par Frank Brandsma constitue une pièce remarquable des études consacrées depuis une trentaine d’années au procédé de l’entrelacement, technique narrative typique du roman en prose médiéval et dont le Lancelot donne sans doute le plus bel exemple. Au cours de ses quatre parties, le livre étudie le fonctionnement et les effets de l’entrelacement du point de vue formel et du point de vue thématique. Tout en soulignant que la troisième partie du Lancelot (ou Agravain), sujet de l’ouvrage, n’avait jamais fait l’objet d’une monographie, l’introduction (1-23) rappelle en détail les théories relatives à la composition du Lancelot et du Lancelot-Graal et présente les manuscrits et éditions dans lesquels se lisent différentes versions du roman. Suit l’histoire critique de «l’entrelacement», terme repris par Ferdinand Lot à Joinville pour désigner le fonctionnement reconnaissable de l’enchaînement des chapitres et de la distribution de la matière dans le Lancelot. Après les premières études canoniques consacrant quelques pages à l’entrelacement, de Ferdinand Lot à Eugène Vinaver, l’auteur commente les nombreux travaux consacrés à l’entrelacement dans le domaine anglo-saxon. Il distingue deux acceptions de l’entrelacement: d’une part la structure formelle qui agence les chapitres marqués par les formal switches, les «seuils formulaires» du type Or dist li contes . . .; d’autre part, dans le sillage d’E. Kennedy, un entrelacement thématique, qui désigne la récurrence des thèmes et des évènements, leur distribution alternée aux personnages, leur constitution en réseaux. Ces deux acceptions distinguent les deux parties principales qui suivent. Le chapitre deux (24-112) se consacre à l’entrelacement comme «technique narrative» dans la troisième partie du Lancelot. Par rapport à la source fictionnelle du livre des aventures, écrit sous la dictée des chevaliers eux-mêmes à l’époque arthurienne, l’entrelacement est un outil de sélection et de réorganisation des aventures. FB ne manque pas de souligner le statut très ambigu du conte ou de l’estoire dont il est fait mention dans chaque seuil formulaire: c’est à la fois la source du récit et le récit lui-même tel qu’il se présente au lecteur/ à l’auditeur (FB considère par hypothèse qu’il faut parler d’un auditoire). Puis il examine le fonctionnement des narrative threads, les «voies» narratives 1 , dont la juxtaposition et l’alternance engagent une suggestion de simultanéité qui donne au récit entrelacé sa préten- 347 Besprechungen - Comptes rendus 7 Ich beziehe hier auch die in Band 1 enthaltene Textedition mit ein. 1 A. Combes, Les Voies de l’aventure: réécriture et composition romanesque dans le Lancelot en prose, Paris 2001. tion totalisante. Les voies des personnages sont alternées par les seuils formulaires (alternation) mais peuvent aussi se séparer ou se rejoindre au cours d’un chapitre (separation et combination). Les voies d’Agravain, de Lancelot et de Bohort sont prises comme exemples pour illustrer à l’aide de ces outils le fonctionnement de la troisième partie du Lancelot. Épisodique, la voie d’Agravain distille des informations sur un personnage encore méconnu; elle le laisse pourtant au second plan. Les voies de Bohort et Lancelot, en revanche, fonctionnent en parallèle, juxtaposent des aventures similaires et rencontrent des personnages analogues: leur juxtaposition forme l’épine dorsale de la troisième partie du Lancelot, ce qui au demeurant présente une importance thématique considérable dans le passage de la chevalerie terrienne à la célestielle. FB s’intéresse également au système de références intradiégétiques (les personnages racontent ou rappellent à d’autres les évènements passés) qui assurent à la fois une cohésion supérieure du récit et le rafraîchissement de la mémoire de l’auditeur. La partie suivante du chapitre deux se penche sur la représentation du temps dans l’Agravain. Dans les pas de Ferdinand Lot, FB constate que la calendrier de cette troisième partie du Lancelot est très précis, et même reconstituable au jour près pour la première subdivision du texte. Il observe cependant que, après une deuxième subdivision un peu moins précise, la fin de la troisième partie du Lancelot voit se dissoudre le calendrier «impeccable depuis le début de la première subdivision, soit plus de 600 pages en amont» dans l’édition Micha (86). Plusieurs explications sont envisagées: en premier lieu, le grand travail mené par les auteurs sur le calendrier est d’une précision qui échappait sans doute, dans le détail, à l’auditoire, si bien que son relâchement était peut-être insensible; en second lieu, le soin calendaire du début de la section est peut-être destiné à former un alibi réaliste, rapprochant le texte de la chronique, et permettant, une fois l’impression réaliste produite, de procéder d’une façon moins attentive dans les subdivisions suivantes. Enfin, FB remarque que ce «changement dans l’attitude chronologique fonctionne de pair avec une sélection plus exigeante de la matière narrative»: on ne pouvait sans doute accorder à chacune des quinze années de la fin du texte le même espace narratif que celui dont avaient bénéficié les deux premières, soit 300 pages par an . . . Cela permet également au roman de manifester l’appel de la Queste del Saint Graal qu’il subit, y compris thématiquement, dans ces dernières centaines de pages. Le chapitre se consacre enfin à l’étude de l’espace, qui soulève moins de faits inattendus. Le chapitre trois s’occupe des thèmes de la troisième partie du Lancelot. «Par le biais de la technique narrative de l’entrelacement, on raconte une histoire qui présente trois lignes thématiques dominantes» (113): le statut chevaleresque, l’amour et le Graal. La première de ces lignes est celle qui donne lieu aux développements les plus intéressants: FB montre les divers moyens par lesquels les auteurs indiquent la position des différents personnages dans la hiérarchie chevaleresque. Un biais notable est celui des emprisonnements: être délivré par un pair chevalier est la marque de son infériorité à son égard. Il est ainsi remarquable que certains personnages secondaires (Teriquan . . .), férus d’emprisonnement de chevaliers, jouent un rôle fondamental dans l’établissement de cette hiérarchie, et appréciable que Lancelot, maintes fois emprisonné, ne soit jamais délivré par un autre chevalier mais toujours par des demoiselles, voire par lui-même. Le problème hiérarchique se pose pourtant d’une façon plus aiguë pour le protagoniste, qui demeure le meilleur chevalier terrestre mais se retrouve en butte à ses premiers échecs dans les aventures orientées vers le temps du Graal. Le fait que Bohort fasse quasiment jeu égal avec lui et rencontre nombre d’aventures similaires, tout en manifestant d’ores et déjà son adéquation à la quête du Graal, contribue au premier chef à interroger le statut du héros. On voit ici combien l’entrelacement participe à l’organisation thématique du récit (cf. ci-dessus, les voies de Lancelot et Bohort sont premières tout au long de l’Agravain); en revanche, la forte liaison du thè- 348 Besprechungen - Comptes rendus me du statut de Lancelot à ceux de l’amour et du Graal (unifiés dans son cas par le problème de la «luxure») rend l’examen de ces deux derniers quelque peu redondant, ou à tout le moins assez attendu. Le chapitre quatre, intitulé «Conclusion», se livre tout d’abord à la synthèse des deux parties précédentes. Il s’échappe ensuite vers de très intéressantes réflexions sur l’auditoire. Il reprend les situations présentées en les posant comme sujets possibles de discussion contradictoires pour le public (comme P. Nykrog l’avait fait dans son beau livre sur Chrétien de Troyes 2 ), qui donc sollicitent son jugement. Il réfléchit ensuite aux véhicules des émotions censées être suscitées par le roman, en reprenant notamment le concept de personnage miroir: un personnage, au sein du récit, réagit émotionnellement aux situations et incarne ainsi la réaction émotionnelle attendue de la part du public, réaction qu’en quelque sorte il médiatise. L’ensemble de cette belle étude, soignée, fouillée, d’une très grande précision, offre au lecteur une admirable connaissance du Lancelot. Il stimule aussi la curiosité théorique et fait naître quelques questions générales sur la méthode à utiliser pour se livrer à une telle étude. Tout d’abord, une différence culturelle saute aux yeux du chercheur francophone: dans la bibliographie utilisée, on note l’absence des réflexions d’E. Baumgartner ou de D. James-Raoul sur l’entrelacement et la richesse de ses significations poético-génériques. La contribution si importante d’A. Combes est au fond simplement mentionnée. Il est regrettable que le chapitre fondamental d’A. Micha 3 consacré à l’entrelacement n’ait pas été utilisé: les développements consacrés aux separation et combination y auraient gagné, dans la mesure où le concept de «faux entrelacement» introduit par l’éditeur du Lancelot aide à évaluer le rapport entre ces croisements et l’utilisation des seuils formulaires - par exemple, il est normal qu’aucun seuil n’apparaisse lorsque des personnages se séparent, puisque le récit n’a pas à changer de protagoniste, et l’apparition d’un seuil dans ce cas-là relève du faux entrelacement. De la même façon, un article de Ph. Ménard 4 mettait en évidence une hiérarchie variable des «cassures» induites par les seuils formulaires et suggérait ainsi l’existence de structures de dimensions différentes, impliquant des regroupements de chapitres, question qui n’est pas considérée dans l’ouvrage de FB. Sans doute est-ce là le prolongement de cette différence de repère critique: dans la mesure où la récurrence de thèmes et où la coexistence de personnages à travers le temps et l’espace se retrouvent dans tout récit, ce qui semble caractériser l’entrelacement n’est-il pas essentiellement son dispositif formulaire? Par conséquent, l’entrelacement thématique, prisé par les sources critiques de FB, doit-il être étudié sur le même plan que l’organisation formelle du texte par les seuils? En d’autres termes, est-on toujours en train d’étudier l’entrelacement lorsque l’on constate que le thème de l’amour change de valeur à mesure que le thème du Graal prend de l’importance, ou que Bohort se retrouve à égalité avec Lancelot? Pour intéressant qu’il soit, cet examen ne parle sans doute plus de la façon dont l’entrelacement configure le récit. Les études formelles menées par les auteurs mentionnés ci-dessus s’attachent au contraire à montrer comment l’entrelacement donne au texte sa carrure d’ensemble et de détail. Une mention spéciale doit être faite des annexes fournies par l’auteur. Un résumé du Lancelot fort pratique précède l’introduction. Un index très complet permet une navigation aisée au sein de l’ouvrage, y compris pour la recherche d’épisodes. L’appendice 1 présente 349 Besprechungen - Comptes rendus 2 P. Nykrog, Chrétien de Troyes, romancier discutable, Genève 1995. 3 A. Micha, Essais sur le cycle du Lancelot-Graal, Genève 1987, chap. 4, «Notes sur la composition». 4 Ph. Ménard, «Chapitres et entrelacement dans le Tristan en prose», Et c’est la fin pour quoy sommes ensemble. Hommage à Jean Dufournet, vol. 2, Paris 1993: 955-62. un tableau récapitulatif de tous les supports manuscrits du Lancelot connus à ce jour, avec la mention de leur contenu. L’appendice 2, témoin du travail considérable que réclame une étude suivie de l’entrelacement, représente habilement, sous forme de tableaux, la coexistence des voies tout au long du texte étudié. Enfin, l’appendice 3 doit servir de document pour des réflexions ultérieures sur le mode de transmission des textes en prose: il établit la durée d’une lecture orale du texte, chapitre après chapitre, afin d’estimer si des regroupements permettraient de distinguer des sessions de lecture - les résultats, présentés p. 206 N15, inclinent à dégager des sessions d’une durée de deux heures, mais cela souffre des exceptions. Ce n’est pas le seul point sur lequel cette étude importante engage de nouvelles recherches pour l’avenir. Damien de Carné ★ Madeleine Tyssens/ René Raelet (ed.), La version liégeoise du Livre de Mandeville, Bruxelles (Académie royale de Belgique) 2011, lv + 277 p. Le Livre de Mandeville a connu depuis sa rédaction un succès notable (de nombreux manuscrits et traductions en sont la preuve) et sa récente édition dans sa version liégeoise n’est qu’un nouveau témoignage de cette réussite. La tradition philologique avait initialement classé, depuis J. Bennett (The rediscovery of Sir John Mandeville, 1954), les versions en trois types: anglo-normande (la plus fidèle), française et liégeoise (xxiv). Ces positions ont été revues par Guy de Poerck 1956, dont les propos font dès lors autorité: on parle désormais de version insulaire et de version continentale; la version liégeoise étant un sous-groupe de la continentale. En 2000, l’édition intégrale de la version insulaire par Christiane Deluz met enfin à la disposition des amateurs et des chercheurs l’œuvre dans une édition remarquable et facile d’accès qui fait alors autorité. Si Madeleine Tyssens, aidée de René Raelet, a choisi d’éditer la version liégeoise, c’est pour poursuivre les nombreux travaux préliminaires menés par Guy de Poerck (1952-65). On notera, pour l’anecdote, que le Livre de Mandeville (dont la rédaction elle-même est passée par tant de mains, parfois d’un talent inégal) aura connu pour la postérité le même processus éditorial de rédaction à plusieurs mains. Dans l’introduction au volume, Madeleine Tyssens revient sur le but premier de l’œuvre: «une exploration du monde, offerte au public qui n’entendait pas le latin, d’autant plus séduisante qu’elle se présentait comme un reportage, comme l’expérience vécue de celui qui l’avait mise par écrit» (xiv-xv). Cette valeur testimoniale a souvent été remise en cause et d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier Mandeville de «voyageur en fauteuil», sous-entendant par là qu’il n’avait voyagé que dans sa bibliothèque - ce qui ferait le grand bonheur de Pierre Bayard, dans son récent Comment parler des lieux où l’on n’a pas été? (Paris 2012) pour qui ce type de voyageur est parfois tout aussi intéressant que les intrépides baroudeurs. L’énigme qui entoure la personnalité de Mandeville a pourtant une relative certitude: la rédaction du Livre à Liège (xx). Ce n’est pourtant pas par chauvinisme que les éditeurs (liégeois) de la présente version se sont attelés à cette publication. Trois spécificités intrinsèques justifient le travail. On y remarquera les nombreuses additions consacrées au héros épique Ogier (xxv). Par ailleurs, contrairement à son modèle, le remanieur de la version liégeoise introduit dans son texte une série de «petites phrases qui imposent plus fortement la présence d’un énonciateur et d’un témoin de visu» (xxvi). Enfin, dans un souci de vulgarisation sans doute, il traduit en français presque toutes les citations latines. 350 Besprechungen - Comptes rendus