Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniMadeleine Tyssens/René Raelet (ed.), La version liégeoise du Livre de Mandeville, Bruxelles (Académie royale de Belgique) 2011, lv + 277 p.
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Laurent Bozard
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un tableau récapitulatif de tous les supports manuscrits du Lancelot connus à ce jour, avec la mention de leur contenu. L’appendice 2, témoin du travail considérable que réclame une étude suivie de l’entrelacement, représente habilement, sous forme de tableaux, la coexistence des voies tout au long du texte étudié. Enfin, l’appendice 3 doit servir de document pour des réflexions ultérieures sur le mode de transmission des textes en prose: il établit la durée d’une lecture orale du texte, chapitre après chapitre, afin d’estimer si des regroupements permettraient de distinguer des sessions de lecture - les résultats, présentés p. 206 N15, inclinent à dégager des sessions d’une durée de deux heures, mais cela souffre des exceptions. Ce n’est pas le seul point sur lequel cette étude importante engage de nouvelles recherches pour l’avenir. Damien de Carné ★ Madeleine Tyssens/ René Raelet (ed.), La version liégeoise du Livre de Mandeville, Bruxelles (Académie royale de Belgique) 2011, lv + 277 p. Le Livre de Mandeville a connu depuis sa rédaction un succès notable (de nombreux manuscrits et traductions en sont la preuve) et sa récente édition dans sa version liégeoise n’est qu’un nouveau témoignage de cette réussite. La tradition philologique avait initialement classé, depuis J. Bennett (The rediscovery of Sir John Mandeville, 1954), les versions en trois types: anglo-normande (la plus fidèle), française et liégeoise (xxiv). Ces positions ont été revues par Guy de Poerck 1956, dont les propos font dès lors autorité: on parle désormais de version insulaire et de version continentale; la version liégeoise étant un sous-groupe de la continentale. En 2000, l’édition intégrale de la version insulaire par Christiane Deluz met enfin à la disposition des amateurs et des chercheurs l’œuvre dans une édition remarquable et facile d’accès qui fait alors autorité. Si Madeleine Tyssens, aidée de René Raelet, a choisi d’éditer la version liégeoise, c’est pour poursuivre les nombreux travaux préliminaires menés par Guy de Poerck (1952-65). On notera, pour l’anecdote, que le Livre de Mandeville (dont la rédaction elle-même est passée par tant de mains, parfois d’un talent inégal) aura connu pour la postérité le même processus éditorial de rédaction à plusieurs mains. Dans l’introduction au volume, Madeleine Tyssens revient sur le but premier de l’œuvre: «une exploration du monde, offerte au public qui n’entendait pas le latin, d’autant plus séduisante qu’elle se présentait comme un reportage, comme l’expérience vécue de celui qui l’avait mise par écrit» (xiv-xv). Cette valeur testimoniale a souvent été remise en cause et d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier Mandeville de «voyageur en fauteuil», sous-entendant par là qu’il n’avait voyagé que dans sa bibliothèque - ce qui ferait le grand bonheur de Pierre Bayard, dans son récent Comment parler des lieux où l’on n’a pas été? (Paris 2012) pour qui ce type de voyageur est parfois tout aussi intéressant que les intrépides baroudeurs. L’énigme qui entoure la personnalité de Mandeville a pourtant une relative certitude: la rédaction du Livre à Liège (xx). Ce n’est pourtant pas par chauvinisme que les éditeurs (liégeois) de la présente version se sont attelés à cette publication. Trois spécificités intrinsèques justifient le travail. On y remarquera les nombreuses additions consacrées au héros épique Ogier (xxv). Par ailleurs, contrairement à son modèle, le remanieur de la version liégeoise introduit dans son texte une série de «petites phrases qui imposent plus fortement la présence d’un énonciateur et d’un témoin de visu» (xxvi). Enfin, dans un souci de vulgarisation sans doute, il traduit en français presque toutes les citations latines. 350 Besprechungen - Comptes rendus L’introduction de cette édition consacre donc tout naturellement une série de commentaires à la personnalité (réelle ou fictive) de Mandeville (xvi-xxiii). On y retrouve ainsi les noms de Jean d’Outremeuse et de Jean de Bourgogne. Les éditeurs tranchent catégoriquement les rapports entre les trois noms: le Livre a été rédigé par un Liégeois, Jean de Bourgogne, sous pseudonyme (Mandeville), pour rédiger ce traité peu conventionnel par rapport aux traités scientifiques qu’il avait rédigés par ailleurs. La version liégeoise est quant à elle rédigée par Jean d’Outremeuse dont on connaît l’intérêt pour Ogier (xxxiii-xxxiv). «Vers la fin du siècle, Jean de Bourgogne est mort depuis plus de vingt ans; le Livre, vieux d’une quarantaine d’années, connaît un grand succès à travers toute l’Europe, y compris dans sa version liégeoise. Jean d’Outremeuse, dans le Quart Livre du Myreur, révèle l’équation: Jean de Mandeville = Jean de Bourgogne, mais en intervertissant les termes, c’est-à-dire en affirmant l’existence historique d’un Jean de Mandeville caché à Liège sous un nom d’emprunt. Vérité littéraire, le demi mensonge devint la vérité de la tradition liégeoise, qui combinera le nom «Jean de Mandeville» avec le surnom «à la Barbe» de Jean de Bourgogne (xxxv). Les éditeurs expliquent alors leur choix éditorial (le manuscrit P11, B.N.f.fr. 24436) en analysant les sept manuscrits reprenant la version liégeoise et en confirmant le stemma codicum proposé par Guy de Poerck. Sur cette base, on note que la langue du remanieur «s’harmonise à celle du texte [de la version continentale] qu’il retranscrit fidèlement» (l) à l’exception de certains traits lexicaux caractéristiques de la région orientale et particulièrement du wallon: gaet (‘jais’), bouterolle (‘nombril’), rayer (‘arracher’), botons (‘moyeu de roue’), entre autres. Il n’est pas étonnant de retrouver des traits liégeois dans ce manuscrit P puisque «le copiste s’est clairement situé: ‹Escript par moy, Ogier de Caumont, en la cité de Liege, et finy le penultieme jour de juillet, l’an mil ccc iiij. et xvj.›» (lii). Le volume en soi comporte, outre un avant-propos (vii-xi) et une introduction (xiii-lv), le texte de Mandeville (dont les variantes figurent dans l’apparat critique en bas de page; 1-175), des notes de critiques (177-89), une table des noms propres (191-233), un glossaire (235-66) et cinq annexes (267-76) renvoyant pour la plupart à l’origine liégeoise de l’auteur et aux interpolations ogériennes (extrait du Quart Livre de Jean d’Outremeuse; témoignages sur la tombe des Guillemins; liste des interpolations ogériennes; leçons différentes des copies C Cambridge et Ma Madrid, qui quittent la version liégeoise au profit de la version continentale; titres-sommaires des chapitres). Le lecteur de cette seule édition pourrait, par moments, rester quelque peu sur sa faim dans la mesure où, dans les notes de critique notamment, les éditeurs ont privilégié les seules notes philologiques (à l’exception de l’un ou de l’autre trait liégeois, des notes ne traitent quasiment que des variantes) au détriment parfois de commentaires sur le fond du texte lui-même. Nul doute qu’ils auront voulu éviter les doublons inutiles face à l’édition Deluz et que ce volume est avant tout destiné aux philologues avides de travailler sur ce matériau publié pour la première fois en l’état qu’aux curieux à la recherche d’un «voyage casanier». Laurent Bozard ★ 351 Besprechungen - Comptes rendus
