eJournals Vox Romanica 71/1

Vox Romanica
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2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2012
711 Kristol De Stefani

Patrice Brasseur, Atlas linguistique et ethnographique normand, vol. IV, cartes 1069-1400, Caen (Presses universitaires de Caen) 2011. (Instrumenta)

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2012
Myriam  Bergeron-Maguire
vox7110361
Si on laisse de côté ces détails, on ne peut que saluer le travail publié par SK. Il demeure novateur à bien des égards. Il se donne la peine de vérifier sur la base de corpus de parole spontanée des préjugés restés jusqu’alors à l’état d’hypothèses. Il intègre des éléments nouveaux pour traiter dans un cadre autosegmental la parole non-préparée non-lue (on a particulièrement apprécié le traitement des hésitations et des segments interrompus, 38), et présente une approche originale et novatrice (basée sur la notion de «similarité prosodique») pour comparer l’intonation de différentes variétés de français parlé. En conclusion, cette étude devrait permettre aux chercheurs travaillant sur le français de disposer d’une méthodologie robuste pour l’étude prosodique de la variation régionale, et du même coup, nourrir la réflexion sur un champ de travail encore largement inexploré à l’heure actuelle. Mathieu Avanzi ★ Patrice Brasseur, Atlas linguistique et ethnographique normand, vol. IV, cartes 1069-1400, Caen (Presses universitaires de Caen) 2011. (Instrumenta) S’inscrivant dans le grand projet des Atlas linguistiques de la France par régions, le quatrième et dernier volume de l’Atlas linguistique et ethnographique normand 1 est un pas de plus dans la publication des résultats obtenus lors des enquêtes dialectologiques effectuées sur l’ensemble du territoire de la France et amorcées au début du siècle dernier. Commencé par René Lepelley dans les années 1970 et repris peu après par Patrice Brasseur, l’ALN compte 114 points d’enquête, traversant d’ouest en est le territoire du Royaume-Uni, dans les îles anglo-normandes de Sercq, Jersey et Guernesey et le territoire français, dans les cinq départements de la Normandie. Nous résumerons ici quelques-unes des réponses que propose Patrice Brasseur quant aux questions soulevées par les enquêtes et la cartographie des données dans le quatrième volume, et noterons quelques observations quant à leur application dans la cartographie des matériaux. Macrostructure. Du point de vue de la réalisation matérielle des cartes, le quatrième volume de l’ALN se compare avantageusement avec les volumes précédents. La taille et la lisibilité des caractères d’une carte à l’autre indiquent un progrès continu des ressources informatiques depuis le premier volume. L’épithète ethnographique du titre de l’ALN indique une affiliation à la tradition des atlas de type «Wörter und Sachen», promue par plusieurs dialectologues du début du siècle dernier 2 . Cette orientation méthodologique, qui concerne surtout l’élaboration du questionnaire, soutient que des questions sur les «mots ruraux ayant des attaches avec le sol ou exprimant les coutumes et les traditions régionales» 3 doivent y figurer. La première version du questionnaire, élaborée par René Lepelley avec l’aide d’étudiants de l’Université de Caen, devait sans doute se rapprocher du questionnaire unique imaginé par Albert Dauzat en 1939 pour la collecte globale des données sur tout le territoire français. Cette version comprenait 1200 questions. Des chapitres qui n’avaient pas été abordés par ses prédécesseurs furent ajoutés par Patrice Brasseur, qui bonifia le questionnaire de 1300 questions. Au fil des années d’enquête, ce questionnaire a été remanié; 361 Besprechungen - Comptes rendus 1 Désormais ALN. 2 Cf. K. Jaberg, Aspects géographiques du langage, Paris 1936: 28. 3 A. Dauzat, cité par P. Gardette, «Le questionnaire des atlas linguistiques régionaux de France. Vers un nouveau questionnaire lexicologique», in: Id., Études de géographie linguistique, publiées par B. Horiot et al., Strasbourg 1983: 752. 150 questions furent supprimées, 250 ajoutées. Ce remaniement révèle un souci de «comparer ce qui est certainement comparable dans tout le territoire de la France» 4 , sans pourtant négliger «les questions capables de révéler les réalités locales et les mots du terroir» 5 . Les références qui sont faites dans l’ALN à d’autres atlas linguistiques (ALF, ALFs, AL- BRAM, ALIFO, ALPic) se trouvent légèrement compromises par cette orientation, parce que les intitulés des cartes diffèrent, mais il s’agit au final d’une défaillance bien mineure, à laquelle aucune solution miraculeuse n’a été trouvée pour l’heure. Les cartes du quatrième volume sont réparties à l’intérieur de 16 sections, comparables au classement onomasiologique de Hallig et Wartburg 6 . Le questionnaire est divisé en six thématiques: 1. l’espace et le temps; 2. l’homme; 3. la maison et les activités domestiques; 4. les animaux; 5. l’agriculture et les plantes; 6. la morphologie et les mots-outils 7 . Le volume I de l’ALN concerne l’agriculture et les plantes; le volume II, les animaux; le volume III, l’espace, le temps et la maison; et le volume IV, l’homme, la maison et les activités domestiques. Les volumes ne reproduisent donc pas l’ordre des thématiques figurant dans le questionnaire, mais sont confectionnés d’après des regroupements d’ordre sémantique. Cette décision nous paraît d’ailleurs éclairée, parce qu’elle facilite considérablement la recherche dans la collection des volumes de l’atlas. La majorité des cartes de l’ALN sont onomasiologiques, mais quelques-unes mettent en valeur des traits ethnographiques, sémasiologiques, phonétiques et/ ou lexicaux. La carte Faire la collecte de Pâques (1305) répertorie notamment des données ethnographiques et dresse les listes de plusieurs chants entonnés à l’occasion de la collecte de Pâques, pour demander une offrande, par plaisanterie ou encore pour remercier. L’utilisation du sigle C pour «chanter la résurrection» est une solution par ailleurs économique, car elle permet de constater en un coup d’œil la répartition de la locution, qui se trouve vraisemblablement surtout dans le département de la Manche. Les sigles sont d’ailleurs courants dans l’ALN; leurs significations sont toujours explicitées en marge. La carte 1076, intitulée serpillière, montre que les lexèmes serpillière, toile [twèl], emballage et vadrouille sont tous employés avec plus ou moins le même sens. La carte (il est) noir (1397) met en valeur l’isoglosse délimitant l’évolution du [e] tonique latin: à l’ouest [è], à l’est [wè]. Microstructure. De la même façon que pour les volumes précédents, les lexèmes isolés ont été répartis et répertoriés selon un classement sémantique en marge des cartes. Ce classement a pour avantage de rendre disponible et accessible des données normandes dialectales et françaises qui n’ont pas été cartographiées. Cela dit, nous pensons à l’égal de Patrice Brasseur (cf. Introduction) que la mise à disposition de fichiers informatiques permettrait de faciliter considérablement la recherche de ces lexèmes isolés. Le fait que l’auteur ait choisi de ne pas effectuer de classement des réponses selon qu’elles appartenaient au dialecte ou au français nous semble acceptable, dans la mesure où, pour reprendre ses mots, «la notion de dialecte, dans les parlers du domaine d’oïl, ne peut se définir en synchronie que par rapport au français, dans sa variété populaire, sur un continuum où le basilectal est devenu, en Normandie, un point extrême de plus en plus problématique 8 ». 362 Besprechungen - Comptes rendus 4 Ibid.: 754. 5 Id. 6 R. Hallig/ W. v. Wartburg, Begriffssystem als Grundlage für die Lexikographie. Versuch eines Ordnungsschemas/ Système raisonné des concepts pour servir de base à la lexicographie. Essai d’un schéma de classement, Berlin 1963: 101-12. 7 P. Brasseur, «Macroet microstructure de l’ALN: le traitement des données», in: B. Horiot (ed.), La dialectologie hier et aujourd’hui (1906-2006). Actes du colloque international tenu à l’Université Lyon III (7, 8 et 9 décembre 2006), Lyon 2009: 192. 8 Ibid. Par ailleurs, attend-on véritablement d’un atlas linguistique qu’il tranche sur ces questions? La perspective de Brasseur est différentielle; sa méthode est d’engranger tous les écarts par rapport au français. Quant à l’argot, il est représenté lui aussi sur le même plan que les autres données. Un premier supplément a été ajouté à la fin du volume IV. Il comprend quelques corrections ainsi que des formes isolées qui ont été récoltées lors d’un dépouillement postérieur aux publications des volumes précédents et auxquelles l’auteur a indiqué la place qu’elles auraient dû occuper. L’importance des travaux de l’ALN n’est plus à démontrer. Pour l’étude du lexique, de la phonétique et de la morphologie des dialectes et du français régional de Normandie, l’ensemble des quatre volumes de l’ALN est une référence incontournable. Son inventaire sera vraisemblablement achevé avec la parution d’un volume sur la morphologie et les éléments grammaticaux. Myriam Bergeron-Maguire ★ Jürgen Erfurt/ Maria Amelina, La francophonie. Bibliographie analytique de la recherche internationale 1980-2005, Frankfurt am Main (Peter Lang) 2011, 763 p. (Sprache, Mehrsprachigkeit und sozialer Wandel 11) Lors de la parution d’un répertoire bibliographique consacré à un domaine de recherche précis on s’attend spontanément à y voir réunis tous les travaux réalisés dans la période considérée. En réalité, même un volume imposant comme celui-ci ne peut pas rendre compte de la totalité de ces études, ce qui montre l’intérêt que la francophonie suscite et la richesse des publications consacrées à ce champ d’investigation. En effet, comme les auteurs tiennent à le préciser dans leur «Introduction» (9-55), leur intention n’est pas «de fournir une bibliographie exhaustive, encore moins une liste de toutes les œuvres des chercheurs nommés» (20); leur travail se base plutôt sur une sélection qui tient compte de l’importance et de la pertinence des publications, déterminées à travers un système de classement basé sur quatre critères: le rapport entre la langue de la communauté locale et le français; le processus d’identification identitaire des pays membres de l’OIF; les concepts qui guident les acteurs de la francophonie; les conditions historiques, sociales, économiques, médicales etc. des États membres. Le résultat est un riche recueil qui permet de se rendre compte de la dimension pluridisciplinaire des études portant sur la francophonie ainsi que de leur évolution récente; le rôle de la langue et de la culture françaises dans les processus de mondialisation y est également valorisé. Il faut cependant remarquer que les travaux des chercheurs actifs dans des pays non francophones se trouvent sans doute sous-représentés (c’est du moins ce que je constate à propos du contexte italien). Inspiré par les travaux de Jürgen Erfurt, ce répertoire met à profit les résultats d’une enquête menée auprès des chercheur(e)s des pays germanophones, enrichis par la consultation de plusieurs listes bibliographiques et catalogues (cf. 15-16); ont été exclus les travaux dépourvus d’une visée scientifique, les recherches non publiées (thèses et mémoires), les comptes rendus, les textes courts et les ouvrages numériques. Quant au choix des années de référence, et en particulier au choix de prendre l’année 1980 comme point de départ, cela relève de l’intention de s’interroger sur la production des décennies qui marquent de la façon la plus significative le développement et la diversification des études francophones, dont l’étendue était bien plus limitée avant cette époque. Les 7372 publications ainsi sélectionnées ont fait l’objet d’une méta-analyse qualitative et quantitative qui permet de décrire l’évolution de la recherche sur la francophonie dans 363 Besprechungen - Comptes rendus