Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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Kristol De StefaniÉlaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain. Études de cas
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Cristina Ungureanu
Cet article est une étude de cas de certains néologismes crées ou adoptés dans le cadre de
l’élaboration de notre dictionnaire terminologique de la sociolinguistique, première entreprise
de ce genre en roumain, qui est actuellement en cours. Un des principaux objectifs de notre
démarche était de recenser la terminologie déjà existante en roumain et à la compléter en fonction des principales recherches disponibles dans d’autres langues. Notre nomenclature englobe
actuellement 521 entrées dont 128 sont effectivement nouvelles; celles-ci ont été minutieusement
analysées du point de vue formel et sémantique. Il s’agit d’adapter au roumain, en respectant les modèles traditionnels de création des néologismes en roumain, la terminologie de la
ociolinguistique élaborée dans plusieurs langues européennes occidentales, en particulier
l’anglais et le français. Nous présentons ici les aspects néologiques et néonymiques ainsi
que les aspects terminologiques liés à notre entreprise. Pour les besoins de notre travail, nous distinguons cinq catégories de néologismes: néologismes graphiques/phonétiques, néologismes morphologiques, néologismes sémantiques, calques
et néologismes d’emprunt.
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Vox Romanica 72 (2013): 56-74 Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain. Études de cas 1 Cet article est une étude de cas de certains néologismes crées ou adoptés dans le cadre de l’élaboration de notre dictionnaire terminologique de la sociolinguistique, première entreprise de ce genre en roumain, qui est actuellement en cours. Un des principaux objectifs de notre démarche était de recenser la terminologie déjà existante en roumain et à la compléter en fonction des principales recherches disponibles dans d’autres langues. Notre nomenclature englobe actuellement 521 entrées dont 128 sont effectivement nouvelles; celles-ci ont été minutieusement analysées du point de vue formel et sémantique. Il s’agit d’adapter au roumain, en respectant les modèles traditionnels de création des néologismes en roumain, la terminologie de la sociolinguistique élaborée dans plusieurs langues européennes occidentales, en particulier l’anglais et le français. Nous présentons ici les aspects néologiques et néonymiques ainsi que les aspects terminologiques liés à notre entreprise. Pour les besoins de notre travail, nous distinguons cinq catégories de néologismes: néologismes graphiques/ phonétiques, néologismes morphologiques, néologismes sémantiques, calques et néologismes d’emprunt. Mots clé: terminologie, sociolinguistique, dictionnaire, roumain, néologismes, traduction, définition Keywords: terminology, sociolinguistics, dictionary, Romanian, neologisms, translation, definition 1. Introduction La recherche sociolinguistique est moins développée en Roumanie que d’autres disciplines de la linguistique. Les travaux récents sont relativement rares 2 . En outre, un des inconvénients majeurs d’un grand nombre - voire de la majorité - des travaux disponibles est d’être rédigés en français ou en allemand; ils sont ainsi d’un accès difficile pour une partie des chercheurs roumains actuels, et surtout, 1 Cette étude, fruit d’une collaboration entre l’Université de Pite ş ti (Roumanie) et l’Université de Neuchâtel (Suisse), a été financée par le programme SCIEX (Scientific Exchange Programme, projet n° 12.026) de la Conférence des recteurs des Universités suisses (CRUS), destiné à développer les échanges scientifiques entre la Suisse et les pays de l’Est européen membres de l’Union Européenne. Je remercie Andres Kristol et Raphaël Maître pour leur relecture attentive de ce texte. 2 Parmi les pionniers roumains, on mentionnera Ionescu-Rux Ă ndoiu/ Chi Ț oran 1975, Vulpe 1977, 1978, 1980 et Slama-Cazacu/ Ionescu-Rux Ă ndoiu 1972. Citons en outre Avram 2000, Ciolac 1991, 1992, 1999, Rusu 1973, 1982, 1984, Vintil Ă -R Ă dulescu 2001, Condrea 2007, Sala 1997, Sala/ Vintil Ă -R Ă dulescu 1981, 2001 ainsi que les articles consacrés à la question dans le vol. 3 du LRL (Holtus et al. 1989: articles de M. Ciolac, L. Sfîrlea et E. Lüder) et dans l’Histoire linguistique de la Romania (Ernst et al. 2003: articles de A. Niculescu, V. Popovici, E. Munteanu/ F. Ș uteu, V. Iliescu, E. Suciu et I. Ghe Ț ie). Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 57 dans l’optique qui nous intéresse ici, ils ne contribuent pas au développement du métalangage de la sociolinguistique en roumain. Enfin, il n’existe actuellement aucun dictionnaire véritable, en roumain, consacré à la terminologie spécifique de ce domaine de recherche, en dehors du petit glossaire Sociolingvistica/ Mic Dic ț ionar Terminologic (Colesnic-Codreanca 2002) publié en République de Moldavie, qui se limite à une petite sélection de 76 termes, n’indique pas la source des différents concepts et rend ainsi impossible l’accès aux auteurs des différentes théories et à l’histoire de la recherche 3 . C’est en partant de ce constat que nous avons conçu le projet de réaliser, pour la première fois en Roumanie et en langue roumaine, une vue d’ensemble de ce vaste domaine de recherche, à travers l’élaboration d’un dictionnaire terminologique de la sociolinguistique. Notre objectif est de créer ainsi un instrument de travail pour les chercheurs et les étudiants roumains, qui pourra leur faciliter l’accès aux connaissances actuelles en sociolinguistique et qui contribuera en même temps à développer en roumain le métalangage - la terminologie - nécessaire au développement de la recherche 4 . L’histoire de la langue roumaine est une longue histoire d’emprunts 5 qui continue encore de nos jours - comme dans n’importe quelle langue vivante. Notre projet s’inscrit évidemment dans cette logique: il s’agit d’adapter au roumain, et en respectant les modèles traditionnels de création des néologismes en roumain, la terminologie de la sociolinguistique élaborée dans plusieurs langues européennes occidentales, en particulier l’anglais et le français (anglais parce que les bases de la sociolinguistique ont été posées aux États-Unis, par les travaux de référence de Weinreich, Labov, Ferguson, Gumperz, Fishman, Haugen, etc.; français parce que la sociolinguistique a connu un développement important dans les pays francophones et parce que, du point de vue lexicologique, notre ouvrage se situe dans la longue tradition d’enrichissement lexical du roumain par l’emprunt aux langues romanes); mais nous ne négligeons pas non plus les sociolinguistes catalans (Aracil, Ninyoles, Vallverdú, etc.) qui ont beaucoup contribué à l’élaboration de certains concepts, ainsi que la recherche en langue allemande à laquelle nous devons des théories et des concepts importants, tels que les notions de langue Ausbau/ langue Abstand de Kloss 1967/ 1976. 3 Il est vrai que l’on trouve en roumain des dictionnaires de linguistique générale, mais qui ne tiennent pas compte des spécificités de la sociolinguistique - même s’il y a évidemment des concepts communs aux deux disciplines. 4 Dans l’état actuel de nos travaux, nous avons consulté près de 300 références bibliographiques: dictionnaires terminologiques de sociolinguistique (Moreau 1997, Simonin/ Wharton 2013, Swann et al. 2004, Trudgill 2003), encyclopédies (Ammon et al. 2004, Goebl et al. 1996, Holtus/ Günter 1990, Holtus/ Metzeltin/ Schmitt 1996), livres, revues, articles en ligne ou sur papier, en roumain, anglais, français, allemand, espagnol et italien. 5 Pour l’emprunt en roumain aux langues slaves, au grec, au turc, etc., cf. Graur 1954, Rosetti 1978, Macrea 1982, et surtout, au sujet de l’important mouvement de «relatinisation» du roumain à partir du XIX e siècle, Goldis-Poalelungi 1973. Cristina Ungureanu Même si la sociolinguistique, à l’heure actuelle, peut être considérée comme une science autonome ayant atteint une maturité certaine - et un volume de publications impressionnant, dont il est désormais difficile de garder la vue d’ensemble - on constate rapidement que sa terminologie est loin d’être consolidée. De nombreux concepts sont nommés de façon multiple et divergente, et surtout, une comparaison inter-linguistique des terminologies anglo-saxonne et française fait rapidement ressortir de nombreux désaccords. C’est dans cette tension que se situe notre tentative d’offrir au public roumain un dictionnaire explicatif, en roumain, proposant une terminologie cohérente sans vouloir être normative, et qui respecte la diversité des approches caractérisant la recherche: chaque entrée sera accompagnée d’exemples illustrant les différents emplois de la notion en question et de renvois aux travaux significatifs. Un premier objectif de notre démarche a été de recenser la terminologie déjà existante en roumain, et de la compléter ensuite en fonction des différentes recherches disponibles dans d’autres langues. La nomenclature ainsi constituée a été systématiquement vérifiée dans les principaux dictionnaires de langue, en roumain (DLRC 1980, DEX 1998, DLRA 1998) et dans l’usage scientifique, dans les publications disponibles, pour relever d’éventuelles divergences dans leur utilisation. La gestion de toutes les divergences rencontrées, liées à l’hétérogénéité des définitions utilisées dans la littérature a sans doute constitué un des défis majeurs de notre travail 6 . La délimitation de la terminologie que nous avons retenue n’est pas stricte: elle dépasse les frontières de la sociolinguistique vers la dialectologie, l’anthropologie, la psychologie, la sociologie et la linguistique, en fonction des chevauchements terminologiques entre ces disciplines. Notre nomenclature - gérée par une base de données relationnelle FileMaker Pro, comprenant également les références bibliographiques 7 - englobe actuellement 521 entrées dont 128 sont effectivement nouvelles, et qui ont été minutieusement analysées du point de vue formel et sémantique. Des créations terminologiques sont introduites quand le terme manque encore en roumain (p.ex.: translanguaging - comunicare translangajier ă ), ou quand la littérature en roumain utilise des termes non traduits, comme language shift (que nous rendons par schimbare de limb ă ), ou bien quand nous introduisons un autre équivalent que nous considérons comme plus pertinent: ainsi, pour schimbare de deasupra (angl. change from above) nous proposons schimbare con ș tient ă . L’objectif de cet article est d’illustrer les aspects néologiques et néonymiques ainsi que les aspects terminologiques liés à nos entrées pour pouvoir ensuite faire une analyse des créations terminologiques introduites dans notre dictionnaire. 58 6 Les difficultés rencontrées ainsi que la typologie des entrées font l’objet d’un autre article (Ungureanu sous presse). 7 Mes plus vifs remerciements vont à Andres Kristol qui a créé la base de données et l’a mise gracieusement à notre disposition. La programmation a été conçue de manière à permettre, à la fin du projet, de générer automatiquement la totalité du dictionnaire dans sa version papier. Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 59 2. Approche théorique 2.1 Aspects néologiques et néonymiques Le lexique d’une langue vivante est un univers dynamique toujours en mouvement. Les changements se font à vitesse variable en fonction d’une série de facteurs sociaux, historiques, géographiques, etc. (cf. Pavel/ Rucareanu 2001: 50) qui nous obligent à recourir à la néologie. Mortureux 2006: 190 définit la néologie comme «l’ensemble des procédés de formation de mots nouveaux». Badulescu 2005: 226 définit le néologisme comme «terme de formation récente ou emprunté depuis peu à une autre langue, ou encore désignation d’une notion nouvelle par un terme existant». Elle fait la distinction entre néologisme de forme (néologisme formé par regroupement d’éléments lexicaux, par emprunt à une autre langue ou par création de toutes pièces, pour désigner ou redésigner une notion) et néologisme de sens (néologisme formé en utilisant un mot déjà existant dans la langue pour désigner une notion). En terminologie on distingue deux types de création du lexique: la néologie qui consiste à créer en langue commune et la néonymie qui concerne la création lexicale dans les langues de spécialité (Berkai 2007: 17). Kocourek 1991: 174 propose de réserver le terme de néonymie à la désignation de la «néologie en langue spécialisée où à la formation des termes nouveaux». Berkai 2007: 17 illustre les principales différences entre les deux types dans le tableau suivant: Néologie Néonymie a. La création est spontanée. a. La création répond toujours à un besoin de communication bien exprimé. b. Le néologisme appartient à la langue b. Le néonyme appartient à une langue de commune. spécialité. c. La durée de son état néologique est c. La durée de son état néonymique est longue avant de passer dans l’usage ou en général réduite avant de passer dans de disparaître. l’usage. d. Sa datation est le plus souvent hypothétique. d. Sa datation est souvent très précise. Par rapport à la langue roumaine, Pavel/ Rucareanu 2001: 53 établissent également deux catégories de néologismes: néologismes de langue commune et néologismes des langues de spécialité (également nommés néonymes). Ils précisent que les véritables néologismes de langue commune apparaissent spontanément sans motivation apparente tandis que la deuxième catégorie apparaît comme une nécessité dénominative, et les formes correspondantes ont une plus grande stabilité dans le temps. Ces néologismes se forment en général par composition savante (affixation) et ils ont souvent un caractère international. Du point fonctionnel, les néologismes peuvent être référentiels (nécessaires dans un domaine particulier de spécialité, en raison de lacunes) ou expressifs (la nécessité d’introduire de nouvelles formes dans la communication). Cristina Ungureanu 60 Pavel/ Rucareanu 2001: 54 considèrent que les néonymes (néologismes terminologiques) doivent avoir plusieurs caractéristiques: a. être mono-référentiels par rapport aux concepts qu’ils expriment b. appartenir à un domaine de spécialité c. représenter une nécessité terminologique d. avoir de préférence des formes syntagmatiques e. être stables en ce qui concerne la prononciation et la graphie f. être inscrits autant que possible dans les configurations internationales des disciplines respectives. En roumain, certains néologismes formés par emprunt présentent des difficultés morphologiques inconnues dans les langues «source» occidentales, en particulier à cause du maintien d’une flexion nominale dans cette langue. Lorsqu’on les soumet aux règles de la langue roumaine, les formes déclinées ou conjuguées conduisent parfois à des formes bizarres. Pour cette raison, à la place de a mitingui, on utilisera plutôt a face un miting, et pour songwriter-i ță , on dira plutôt compozitor). Dans les guides élaborés sous l’égide de l’Académie Roumaine, on stipule que l’introduction des mots importants se fait conformément à leur ancienneté dans la langue: les mots les plus anciens et de circulation large se rendent phonétiquement (ex. miting, lider); les mots plus récents et de circulation plus limitée s’écrivent et se prononcent comme dans la langue d’origine, constituant des exceptions à la règle générale selon laquelle en roumain l’écriture est phonétique. Rien n’est spécifié concernant leur flexion (Pavel/ Rucareanu 2001: 54). Quant à leurs modalités de formation, Pavel/ Rucareanu 2001: 56 distinguent quatre catégories de néologismes: néologismes formels incluant les innovations «structurelles» formées par dérivation avec des affixes, composition, syntagmes, processus de troncation (abréviations, acronymes, siglaison); néologismes de fonction formés par conversion syntaxique; néologismes de sens (par amplification, restriction et changement du sens); néologismes d’emprunt. Nous ne suivrons pas ici toute cette catégorisation, mais développerons notre propre typologie, avec des exemples concrets provenant de notre dictionnaire de sociolinguistique in statu nascendi. 2.2 Aspects terminologiques Dans notre démarche pour élaborer les entrées et les définitions de notre dictionnaire, nous nous sommes inspirée des consignes générales pour le travail terminologique (ISO 704/ 2009) proposées par l’Organisation internationale de normalisation (www.iso.org) afin de garantir l’adéquation des terminologies nouvellement formés. Les critères pour la sélection et la création de termes sont au nombre de sept: (1) motivation/ transparence, (2) cohérence, (3) adéquation, (4) économie linguistique, (5) dérivabilité et composabilité, (6) correction linguistique, (7) prédo- Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 61 minance de la langue maternelle. Nous en reproduisons ci-dessous les définitions tout les illustrant par des exemples généraux ainsi que, dans la mesure du possible, par des exemples provenant des entrées de notre dictionnaire. (1) Motivation/ transparence: la structure du terme rend le sens transparent. «Un terme ou une appellation est motivé lorsque le concept désigné peut être déduit, au moins en partie, sans définition ou explication. En d’autres termes, la signification d’un terme ou d’une appellation peut être déduite de ses parties» (ISO 704/ 2009: 39). ex. (angl.) circular saw, (fr.) clé dynamométrique (ISO 704/ 2009: 39) sociolinguistique (roum.): respect lingvistic; ospitalitate lingvistic ă (2) Cohérence: «Il convient que la terminologie d’un domaine ne soit pas une compilation arbitraire et aléatoire de termes mais plutôt un système terminologique cohérent correspondant au système de concepts. Les termes existants et les appellations, et les néotermes et les appellations doivent s’intégrer de manière cohérente dans le système de concepts» (ISO 704/ 2009: 39). ex. (angl.) e-auction, (fr.) tissus synthétiques: nylon, orlon, dacron, dralon (ISO 704/ 2009: 40) sociolinguistique (roum.): glotonim, glosonim, logonim (voir ci-dessous) (3) Adéquation: «les termes et appellations proposés respectent les schémas de sens établis et familiers d’une communauté linguistique. . . . Il convient d’opter pour des termes aussi neutres que possible. Il est recommandé d’éviter toute connotation, notamment les connotations négatives.» (ISO 704/ 2009: 40). ex. (angl.) AIDS victim est à éviter. «Victim» est dévalorisant; il faut utiliser person living with HIV. (4) Économie linguistique: «opter pour des termes aussi concis que possible. Un terme trop long sans raison présente un sérieux défaut, car il ne respecte pas le principe d’économie linguistique et le recours fréquent à l’ellipse (omission) devient inévitable» (ISO 704/ 2009: 40). ex. (angl.) terminology data base term base, (fr.) courrier électronique courriel (ISO 704/ 2009: 40) (5) Dérivabilité et composabilité: un terme doit être capable de fournir des dérivés. «Il convient de favoriser les formations productives, c’est-à-dire les termes qui permettent la formation de dérivés et de composés (en fonction des conventions en usage dans la langue concernée)» (ISO 704/ 2009: 41). ex. (fr.) herbe, avec ses dérivés herboriste, herboristerie, herborisation prévaut sur le terme plante médicinale qui ne produit pas de dérivé (ISO 704/ 2009: 41); (roum.) blog avec ses dérivés blogui, blog ă ri, bloguire, blogherist, blogu ș or, blog ă rel, blog ă real ă , blog ă rime sociolinguistique (roum.): koine/ koinizare; vernacular/ vernaculizare; verlan/ verlanizare Cristina Ungureanu 62 (6) Correction linguistique: «il convient que la création de néotermes ou d’appellations respecte les normes morphologiques, morphosyntaxiques et phonologiques de la langue concernée» (ISO 704/ 2009: 41). ex. (angl.) Internet adress (roum.) adres ă internet (*internet adres ă ) sociolinguistique: (angl.) status planning (roum.) planificarea statutului limbii (*statut planificare); (angl.) superposed variety (roum.) varietate suprapus ă (*suprapus ă varietate) (7) Prédominance de la langue maternelle. «Même si l’emprunt à d’autres langues est une forme reconnue de formation de termes, il convient que les expressions de la langue maternelle l’emportent toujours sur les emprunts directs» (ISO 704/ 2009: 41). ex.: (angl.) smart card (roum.) card inteligent sociolinguistique: (angl.) situational code-switching (roum.) alternan ță codic ă situa ț ional ă ; (angl.) high variety (H) (roum.) varietate înalt ă (Î) Les deux derniers exemples mentionnés sous (7) illustrent particulèrement bien notre démarche dans le sens que nous avons régulièrement opté pour les ressources linguistiques du roumain au lieu d’emprunter à l’anglais les termes tels quels. Il aurait également été possible de conserver une terminologie anglaise partiellement adaptée au roumain (telle que code-switching situa ț ional ou varietatea H), comme cela se fait dans certaines publications, mais notre but a été justement de trouver ou de créer le plus possible des équivalents dans la langue cible. Précisons que nous nous trouvons exactement dans la situation néologique évoquée par Caso 1980: 107 qui déclare que les néologismes qui jaillissent de l’esprit de leurs inventeurs, sans une histoire précédente, sont rares. Notre point de départ, ce sont des terminologies qui existent déjà dans d’autres langues (anglais, allemand, français, catalan, etc.). Le domaine de recherche et la terminologie existent, mais souvent pas encore pour le roumain. Notre but est donc simplement d’opérer le transfert vers cette langue. Nous nous inscrivons ainsi dans la logique formulée par Dubuc 1997: 131 qui estime que «les termes sont plutôt créés en ajoutant un nouveau sens à des mots existants, par le changement de la morphologie ou de la classe grammaticale de ressources établies et par les emprunts aux autres systèmes linguistiques» 8 . 3. Approche pratique Pour les besoins de notre travail, nous distinguons cinq catégories de néologismes: néologismes graphiques/ phonétiques (3.1), néologismes morphologiques (3.2), néologismes sémantiques (3.3), calques (3.4) et néologismes d’emprunt (3.5). 8 Notre traduction. Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 63 3.1 Néologismes graphiques et/ ou phonétiques À la différence de l’anglais ou du français qui préfèrent actuellement les graphies de type étymologique, le roumain (comme la plupart des autres langues romanes: italien, espagnol) préfère les graphies phonétiques. Les problèmes concernent en particulier les graphies avec het avec -y-, ainsi que les lettres doubles dans les langues d’origine. De manière plus générale, Avram 1990 attire aussi l’attention sur le fait que les lettres k, q, w, y sont spécifiques à d’autres langues et ne s’associent pas avec les caractères spécifiques du roumain ( ă , î, ș , ț ) ou le digramme gh. La première intervention orthographique récurrente qu’il convient de discuter concerne les mots commençant par hdans la langue source. De nombreuses formes anglaises et françaises qui constituent notre point de départ s’écrivent de manière étymologique avec h- (qui, en plus, est prononcé en anglais). Il s’agit donc de développer des formes qui correspondent aux spécificités du roumain. Un cas caractéristique est celui des termes comprenant les éléments formateurs homoet hetero-/ hétéro-: homoglot environment/ milieu homoglotte, heteroglot environment/ milieu hétéroglotte, heterolinguality/ hétérolingualité. En roumain, faut-il privilégier des formes avec ou sans h- (homoglot ou omoglot, heteroou etero-, etc.)? Un regard sur la terminologie correspondante dans les autres langues romanes majeures (italien, espagnol, portugais) permet de constater que les options prises divergent souvent: l’italien préfère les formes sans h-; l’espagnol et le portugais conservent le hen position initiale: it. ambito omeoglotta, mais esp. entorno homoglota, port. área homeoglota. Par conséquent, nous avons dû nous poser la question de savoir s’il fallait transférer les termes correspondants en roumain un hinitial ou non. Le statut du hinitial est en effet ambigu en roumain 9 . Comme les autres langues latines, le roumain a perdu le hétymologique dans les mots héréditaires d’origine latine. En revanche, le hest fréquent dans les emprunts à d’autres langues balkaniques, qui sont parfaitement intégrés depuis longtemps (haimana, haleal ă , hambar, hart ă , halvi ță , etc.). De même, on le trouve dans de nombreux emprunts récents provenant de différentes langues européennes occidentales (anglais, allemand, français: hamburger, handsfree, hard, hipermarket, heroin ă , etc.). Or, dans tous ces exemples, le hreprésente en roumain un [h] réellement aspiré 10 . La question était donc de savoir sous quelle forme nous allions intégrer nos néologismes en roumain: forme savante avec h- (et donc avec un [h] initial prononcé) ou forme plus courante sans. À la suite d’une recherche sur les préfixes (h)eteroet (h)omoen roumain, nous avons constaté que la variation quant à l’emploi du hen position initiale était re- 9 Le DEX mentionne 6106 mots roumains qui commencent par hdont beaucoup - pas seulement savants - semblent parfaitement intégrés. 10 En revanche, dans les digrammes ch, gh, le -hest un simple signe de nature diacritique qui indique la conservation de la prononciation occlusive de g- [g] et de c- [k] devant les voyelles antérieures e et i: ghem, chin, ghimpe, chem. Cristina Ungureanu 64 lativement fréquente. Ainsi, Duma 2007: 24 cite heterosexual/ homosexual et heteroclit avec h-, mais eterogen/ omogen sans. Face à cette alternative - étant donné que les formes sans hparaissent plus «populaires» en roumain, et que la plupart des autres langues latines, même si elles écrivent le h-, ne le prononcent pas - nous avons décidé de suivre le modèle de eterogen, omogenitate, omologare. Un deuxième groupe de mots qui a retenu notre attention est constitué par ceux qui contiennent une graphie en -ydans la langue source. En roumain, les graphies en -ysont spécifiques pour les néologismes non adaptés, écrits (et parfois prononcés) conformément aux normes de la langue source. Ainsi, les noms propres translittérés de l’alphabet grec sont écrits avec -ylorsqu’on respecte la forme originale du nom grec mais avec i lorsque le nom est adapté au roumain (Aischylos, mais Eschil). Le plus fréquemment, la lettre -yapparaît dans des emprunts d’origine anglaise (lobby, cow-boy, hobby, etc.) ou dans des noms propres (Yale, New York, Byron, Kenya, Uruguay), mais elle est aussi présente dans des mots d’autres origines. Les dénominations adaptées au roumain, en revanche, s’écrivent de manière «phonétique», selon les normes de l’orthographe roumaine. Nous avons donc également opté pour l’adaptation orthographique, en écrivant logonim pour logonym/ logonyme, glotonim pour glottonym/ glottonyme ou criptoglos ă pour cryptogloss/ cryptoglosse. Un troisième groupe méritant l’attention est celui des mots contenant des lettres doubles dans la langue source. Les lettres doubles ont constitué pour l’orthographe roumaine un problème qui a été résolu différemment au fil du temps (cf. Ilincan 2000: 26). Celles qui étaient autrefois utilisées pour la différenciation des homonymes, du type mas ă ‘table, poids’, etc. / v/ mass ă ‘foule’ ont été remplacées par des lettres simples. Dans l’écriture actuelle du roumain, les lettres doubles ne sont utilisées que lorsque deux consonnes qui se suivent sont réellement prononcées, dans deux situations spécifiques: - la même lettre note des phonèmes différents: acces, acceptare, accident, le premier c en notant un / k/ , le deuxième un / t ʃ / - les deux lettres notent le même phonème avec une double prononciation, à la jointure des formes composés (posttraumatic, transsaharian). Dans tous les autres cas, les consonnes ne sont pas redoublées. C’est la règle que nous avons également adoptée, évidemment, en écrivant diglosie pour angl. diglossia/ fr. diglossie, isoglos ă pour angl. isogloss/ fr. isoglosse ou criptoglos ă pour angl. cryptogloss/ fr. cryptoglosse, etc. Un dernier groupe de néologismes concerne des graphies spécifiques complètement étrangères au roumain. Ainsi, ph devient f (comme en italien ou en espagnol), sh anglais et ch français sont rendus par ș : angl. glottophagy/ fr. glottophagie ⇒ roum. glotofagie, angl. shiboleth/ fr. shibboleth ⇒ roum. ș ibolet. Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 65 3.2 Néologismes morphologiques Traditionnellement, les néologismes morphologiques sont formés avec les suffixes historiquement disponibles en roumain, avec leur fonction sémantique spécifique. Dans notre cas, nous avons créé de nouvelles unités lexicales aussi bien à partir d’éléments appartenant au système morphologique habituel du roumain qu’à des systèmes étrangers anciens (latin, grec) ou actuels (anglais, français, allemand, etc.). Parmi les nombreux procédés disponibles, nous ne mentionnerons ici que la composition et la dérivation de noms propres. 3.2.1 Composition En roumain, la composition est traditionnellement peu utilisée. Le seul terme formé par composition que nous avons créé pour l’instant est etero-reprezent ă ri ‘hétéroreprésentations’, formé à partir de deux éléments déjà bien présents en roumain. 3.2.2 Dérivation de noms propres Pour l’instant, le seul exemple de ce type, dans notre nomenclature, est la forme labovian, labovian ă ‘labovien, labovienne’ (teoria labovian ă ), déjà bien introduit dans la recherche roumaine contemporaine (cf. p.ex. un compte rendu d’Ardeleanu 2007 de Condrea 2007: «înt ă rind direc ţ ia labovian ă de cercetare», ou un article récent d’Olariu 2011: «paradigma labovian ă »). Nous définissons donc: teoria labovian ă : teorie (sau: ) metod ă de lucru sociolingvistic ă dezvoltat ă de William → Labov care permite perceperea uzajelor lingvistice sunt determinate de ranguri, de re ț ele ș i de clase sociale; ceea ce explic ă extrema eterogenitate a practicilor discursive. (théorie labovienne: théorie (ou: ) méthode de travail sociolinguistique développée par William → Labov qui permet la perception des usages linguistiques déterminés par rangs, réseaux et classes sociales; ce qui explique l’extrême hétérogénéité des pratiques discursives.) 11 3.3 Calques Même si la définition de calque peut varier dans la littérature, il semble y avoir unanimité sur le fait que le calque est le résultat d’une traduction littérale au cours de laquelle chaque élément d’une forme de la langue source est remplacé par son équivalent de la langue cible. Le calque se présente ainsi comme un emprunt caractérisé par une pure substitution de signifiant, sans modification de signifié. Même si le calque innove moins qu’un néologisme créée de toutes pièces dans la langue cible, il est plus innovateur que le simple emprunt de mot à une langue étrangère. Le fait que les calques restent proches du terme étranger d’origine facilite souvent leur implantation dans la langue cible. 11 Notre traduction. Cristina Ungureanu 66 Nous distinguons trois catégories fondamentales de calques: i. calque lexical: glossonym/ glossonyme ⇒ glosonim, glottonym/ glottonyme ⇒ glotonim, logonym/ logonyme ⇒ logonim. ii. calque morphologique, par substitution de suffixe: ghettoization/ ghettoïsation ⇒ ghetoizare, polylectality/ polilectalité ⇒ polilectalitate, koinésation/ koinéisation ⇒ koineizare, depidginization/ dépidginisation ⇒ depidginizare, vernacularization/ vernacularisation ⇒ vernaculizare, etc. iii. calque syntaxique - c’est le cas de figure le plus fréquent: intraspeaker variation/ variation intralocutorielle ⇒ varia ț ie intralocutorial ă , interspeaker variation/ variation interlocutorielle ⇒ varia ț ie interlocutorial ă , language market/ marché des langues ⇒ pia ț a limbilor, polylectal competence/ compétence polylectale ⇒ competen ță polilectal ă , diamesical variation/ variation diamésique ⇒ varia ț ie diamezic ă , xenolectal variant/ variante xénolectale ⇒ variant ă xenolectal ă , collateral languages/ langues collatérales ⇒ limbi colaterale, near languages/ langues proches ⇒ limbi apropiate, epilinguistic coefficient/ coefficient épilinguistique ⇒ coeficient epilingvistic, epilinguistic rigidity/ rigidité épilinguistique ⇒ rigiditate epingvistic ă , epilinguistic flexibility/ souplesse épilinguistique ⇒ suple ț e epilingvistic ă , linguistic respect/ respect linguistique ⇒ respect lingvistic, linguistic disrespect/ irrespect linguistique ⇒ nerespect lingvistic, linguistic sensitiveness/ susceptibilité linguistique ⇒ susceptibilitate lingvistic ă , linguistic passivity/ passivité linguistique ⇒ pasivitate lingvistic ă , pluricentric languages/ langues pluricentriques ⇒ limbi pluricentrice, endogenous norm/ norme endogène ⇒ norm ă endogen ă , exogenous norm/ norme exogène ⇒ norm ă exogen ă , linguistic security/ sécurité linguistique ⇒ securitate lingvistic ă , linguistic insecurity/ insécurité linguistique ⇒ insecuritate lingvistic ă . Qu’ils soient lexicaux, morphologiques ou syntaxiques, les calques sont dans une grande proportion présents dans notre dictionnaire (avec une dominance nette des calques syntaxiques). Il faudrait également remarquer que les unités lexicales formées par calque ne sont généralement pas perçues comme étrangères, du fait de leur forme autochtone. 3.4 Néologismes sémantiques Le néologisme sémantique consiste à utiliser un signifiant déjà présent dans la langue cible en lui attribuant un nouveau signifié. Plus concrètement, nous distinguons deux cas de figure. 3.4.1 Le mot passe de la langue générale dans la langue spécialisée Un cas intéressant est celui d’accommodation dont la traduction en roumain nous a posé problème. Trudgill 2003: 3 définit le terme comme suit: accommodation: the process whereby participants in a conversation adjust their accent, dialect or other language characteristics according to the language of the other participant(s) Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 67 À première vue, trois formes roumaines s’offraient à l’esprit pour rendre la notion d’accommodation: adaptare, acomoda ț ie et acomodare. Le problème d’adaptare est que le terme existe aussi bien dans la langue générale que dans plusieurs langues de spécialité (biologie, traductologie, etc.): adaptáre, adapt ă ri, s.f. 1. Ac ț iunea de a (se) adapta ș i rezultatul ei; (concr.) lucru modificat, ajustat; adapta ț ie. 2. (Biol.) Proces de modificare a organismelor vii, în urma c ă ruia rezult ă o corelare a structurii morfologice ș i a func ț iunilor fiziologice ale vie ț uitoarelor în raport cu mediul înconjur ă tor. 3. (În sintagma) Adaptare literar ă = dramatizare, ecranizare etc. a unui text literar, în vederea reprezent ă rii lui pe scen ă , la radio, într-un film (DEX 1998, s.v.) Son emploi/ transfert en sociolinguistique risquait donc de provoquer des confusions. En ce qui concerne la forme acomoda ţ ie, conforme aux règles morphologiques du roumain, elle existe déjà avec le sens français d’accommodation ‘action, ou résultat de l’action d’accommoder, de s’accommoder [avec une idée d’arrangement répondant à l’amélioration du confort, de l’utilisation]’ (TLFi, s.v.), mais elle est très rarement utilisée, selon le vieux Dic ţ ionar de neologisme (Marcu/ Mâneca 1986): acomodá Ț ie s.f. (Rar) Acomodare. (Gen. -iei, var. acomoda ț iune s.f. / cf. fr. accommodation, it. accomodazione, lat. accommodatio) La nouvelle version du dictionnaire (Marcu 2000) reprend pourtant la forme sans marque d’usage: acomodá Ț ie s.f. acomodare. ( fr. accommodation) Il nous restait encore la troisième solution, acomodare, qui fait partie de la langue générale: acomodáre, acomod ă ri, s.f. s.f. Ac ț iunea de a se acomoda. ◊ Acomodarea cristalinului (sau acomodare vizual ă ) = modificarea curburii cristalinului, care permite ochiului s ă vad ă clar obiectele aflate la diferite distan ț e de el. - V. acomoda. (DEX 1998, s.v.) Pour arrêter notre choix, nous nous sommes alors adressée à notre réseau de locuteurs natifs 12 . Tous ont jugé l’emploi d’acomoda ț ie plutôt bizarre. En fin de compte, nous avons donc adopté la tournure acomodare lingvistic ă pour rendre le concept de Trudgill: acomodare: procesul prin care participan ț ii unei conversa ț ii î ș i adapteaz ă accentul, dialectul sau alte caracteristici lingvistice în func ț ie de limbajul celorlal ț i participan ț i (notre traduction de Trudgill 2003: 3) 12 Nous tenons à remercier ici le réseau de nos collègues locuteurs roumains natifs non spécialistes auxquels nous avons soumis nos hésitations. Cristina Ungureanu 68 3.4.2 Le mot passe d’une langue de spécialité à une autre Un cas intéressant de passage d’une langue de spécialité à une autre est illustré par le terme fosilizare. Comme c’est le cas des formes analogues dans toutes les langues, le roumain utilise celui-ci dans le domaine de la géologie pour désigner le processus de transformation en fossile, le passage d’un système organisé (végétal ou animal) à l’état de fossile, en se pétrifiant dans des dépôts sédimentaires: fosilizáre, fosiliz ă ri, s.f. . . . ansamblu de fenomene fizice, chimice ș i biologice care intervin dup ă moartea unui organism ș i care fac posibil ă conservarea lui în straturile geologice. . . . (DEX 98) Et comme dans les langues sources (anglais et français), nous enrichissons ce terme d’un sens nouveau, proprement sociolinguistique, à partir du signifiant déjà attesté. Ainsi, la définition anglaise fossilisation: stabilisation of some features of an interlanguage (in terms of pronunciation, grammar and semantic) in second language acquisition (Swann et al. 2004: 116). devient, dans notre dictionnaire: fosilizare: stabilizarea unor tr ă s ă turi ale interlimbajului (în ceea ce prive ște pronun ț ia, gramatica ș i semantica) în contextul achizi ț ion ă rii celei de-a doua limbi (cf. Swann et al. 2004: 116). Un autre terme qui a passé d’une langue de spécialité - géodésie, géométrie et trigonométrie - à la sociolinguistique est triangula ț ie. Par analogie, cette notion fait référence à l’usage croisé de techniques de recueil de données dans les études qualitatives: triangulá Ț ie, triangula ț ii, s.f. Ansamblu de opera ț ii geodezice care au ca scop stabilirea foarte precis ă a coordonatelor unui num ă r de puncte de pe teren, prin intermediul unor triunghiuri ale c ă ror vârfuri sunt aceste puncte. ♦ Re ț ea de triunghiuri stabilit ă pe teren, care constituie baza oric ă rei m ă sur ă tori topografice. . . . - Din fr. triangulation. (DEX 98) Le transfert vers un usage linguistique (et proprement sociolinguistique) a été opéré par exemple par Meyerhoff 2011: 29: triangulation: a researcher’s use of several independent tests to confirm their results and aid in the interpretation of their results. For example, use of data from sociolinguistic interviews and a rapid and anonymous study. Par conséquent, nous traduisons: triangula ț ie: folosirea de c ă tre un cercet ă tor a mai multor teste / metode independente care s ă confirme acela ș i rezultat sau concluzie ș i s ă ajute la interpretarea rezultatelor: de ex. interviurile sociolingvistice ș i studiile rapide ș i anonime (cf. Meyerhoff 2011: 29). Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 69 Un dernier exemple relevant de néologie sémantique par transfert d’une langue de spécialité à une autre est autarhie. En roumain, conformément au DEX 1998, ce mot désigne la politique par laquelle on tend vers la création d’une économie nationale fermée, isolée de l’économie des autres pays: autarhíe, (2) autarhii, s.f. 1. Politic ă prin care se tinde spre crearea unei economii na ț ionale închise, izolate de economia altor ță ri. 2. (Rar) Stat care practic ă autarhia (1); stare de autoizolare economic ă a unui stat. . . . - Din fr. autarchie. Eloy 2007: 22 introduit en sociolinguistique la notion d’autarcie linguistique pour exprimer le degré d’isolement des langues (proches ou non) dans les mass-média ou dans la vie ordinaire. autarcie: degré d’isolement de langues autres (proches ou non) dans les médias ou dans la vie (habitudes de contact) Dans le dictionnaire, on lira donc: autarhie: gradul de izolare a altor limbilor (apropiate sau nu) în mijloacele de comunicare în mas ă sau în via ț a de zi cu zi (obi ș nuin ț ele de contact) (cf. Eloy 2007: 22) Dans tous ces cas, ce sont les auteurs des concepts eux-mêmes qui ont fait le transfert d’un domaine à l’autre. Nous nous contentons de procéder par analogie en roumain. 3.5 Néologismes par emprunt Dans un certain nombre de cas, la seule solution viable, à notre avis, a été la création de néologismes par emprunt. Prenons comme premier exemple le terme chicano 13 usité aux États-Unis pour désigner des Américains d’origine mexicaine vivant dans les États du Sud-Ouest qui ont conservé leur langue espagnole malgré la domination économique et sociale de l’anglais. Lorsque ce terme est utilisé en roumain, il s’agit clairement d’un xénisme selon la définition de Bonnard 1972: 1580: c’est un terme qui reprend un forme étrangère donnée pour telle, qui renvoie à une réalité linguistique et sociale inconnue en Roumanie. Dans un tel cas, il n’y a aucun sens de vouloir créer un terme roumain «équivalent»: 13 Selon les informations disponibles, le mot Chicano (plus rarement écrit Xicano) partage une origine commune en nahuatl avec México et mexicano. Mexica [me ˈʃ ika] serait le nom utilisé par les Aztèques pour désigner le ‘territoire’ (cf. http: / / fr.wikipedia.org/ wiki/ Chicano, consulté le 30. 5. 2013). Cristina Ungureanu 70 chicanos: americani de origine mexican ă care tr ă iesc în num ă r foarte mare în sud-vestul Statelor Unite ș i a c ă ror pondere numeric ă este suficient de important ă cât s ă ș i conserve limba de origine spaniol ă , fapt care este puternic discreditat de anglo-americani care domin ă totu ș i din punct de vedere social ș i economic (cf. Lüdi/ Py 2002: 7). Un autre emprunt que nous avons décidé de conserver est verlan. Ce terme, qui désigne un procédé de codage lexical caractéristique du français, par inversion de syllabes 14 , nomme aussi un type particulier d’argot français qui en résulte (TLFi, s.v.), utilisé aujourd’hui en particulier par de jeunes Français issus de la migration. Comme le mot est utilisé ainsi dans d’autres langues et ne pose aucun problème à l’orthoépie roumaine, nous le maintenons tel quel dans notre dictionnaire, avec un statut de xénisme. verlan: form ă de argou francez care const ă în r ă sturnarea silabelor, a ș ezarea lor invers ă , de unde ș i numele codului în francez ă (l’envers = verlan) (Calvet in Moreau 1997: 290). Pentru a «verlaniza» un cuvânt, se separ ă în silabe, acestea se inverseaz ă , dup ă care se rea ș eaz ă în noul cuvânt. ex. taxi xita; pourri ripou. Un cas plus complexe est celui de koinè (écrit aussi koinê en français, koine en anglais) 15 . Ce mot d’origine grecque désigne à l’origine la variété commune de la langue grecque qui s’est développée entre 450-200 au Pyrée où il existait un contact entre les gens de toutes les parties du bassin méditerranéen parlant plusieurs dialectes grecs, mais surtout l’attique (Swann et al. 2004: 160). Cependant, à l’heure actuelle, il est également employé pour désigner toute variété linguistique commune issue d’un processus de nivellement et d’uniformisation (Lodge 2004: 71). C’est la raison pour laquelle nous nous sommes demandé s’il fallait faire appel à l’emprunt ou s’il était préférable de forger un équivalent en roumain, tel que limb ă comun ă . Cette deuxième solution nous a d’abord tentée parce que la forme koinè contient deux graphèmes peu communs en roumain: k et è. La lettre k pour transcrire / k/ apparaît généralement dans des néologismes roumains d’origine allemande (kitsch, kaizer, etc.), anglaise (know-how, ketchup, whisky, marketing), française (kilo, kaki [pour la couleur]) ou bien grecque (kuna, katharevusa) (Ilincan 2000: 24). Le plus souvent, ce sont des mots de large diffusion internationale. Koinè étant d’origine grecque peut donc parfaitement s’intégrer dans le dernier cas de figure. Cependant, de nombreux néologismes s’écrivant avec k dans leur langue source ont été orthographiquement adaptés en roumain avec c (ou ch devant voyelle antérieure): cangur, chefir, fachir etc. Fallait-il donc opter pour un néologisme roumain coinè? 16 14 Pour les règles de formation du verlan, cf. p.ex. Méla 1988: 47-72. 15 La tradition orthographique roumaine, en revanche, préfère la graphie koiné (cf. DEX, s.v.): koiné s.f. (Lingv.) Variant ă lingvistic ă ce serve ș te comunic ă rii între vorbitori de dialecte sau graiuri diferite; limb ă comun ă (b). - Din fr. koiné. 16 C’est la solution effectivement adoptée par le Dic ț ionar de neologisme de Marcu/ Mâneca 1986: coiné s.n. Limb ă comun ă (mai ales limba greac ă de circula ț ie). . . . scris ș i koine. Élaborer la terminologie de la sociolinguistique en roumain 71 Le deuxième problème est constitué par la graphie en -è, avec son accent diacritique qui n’a aucune équivalence en roumain. Pourquoi la conserver? Une certaine justification pour son maintien se trouve dans le fait qu’elle indique d’emplacement de l’accent tonique, alors qu’en roumain, on pourrait hésiter entre kóine ou koiné. On remarque aussi qu’en anglais, la lettre accentuée, étrangère au code écrit de l’anglais, est tout de même souvent conservée. Une dernière raison qui nous pousse à préserver l’emprunt est la question de la dérivation: c’est ici que le critère (5) de l’ISO 704/ 2009 (cf. ci-dessus) prend toute sa valeur. Si on privilégie la traduction limb ă comun ă , que faire du dérivé koinizare? En fin de compte, nous avons provisoirement opté pour la conservation dans notre nomenclature des deux entrées, koiné et limb ă comun ă , en tant que synonymes, afin de profiter de tous les aspects sociolinguistiques évoqués par les deux notions. limb ă comun ă / koiné: form ă de comunicare supraregional ă curent ă pe un teritoriu, este o faz ă anterioar ă celei de limb ă na ț ional ă , care permite istorice ș te a în ț elege mai bine atât fenomenele lingvistice, cât ș i cele sociolingvistice ce caracterizeaz ă uniformizarea prin monolingvism a unui spa ț iu comunicativ care corespunde unui teritoriu na ț ional (cf. Colesnic-Codreanca 2002: 30). Deux autres emprunts que nous avons pris en considération sont limb ă Ausbau et limb ă Abstand. Le concept de langue Ausbau (Ausbausprache ‘langue par élaboration’) et de langue Abstand (Abstandsprache ‘langue par distance’) a été développé par le sociolinguiste allemand Kloss pour analyser et catégoriser des langues (Kloss 1967: 9). Dans ce cas, nous avons décidé de calquer en roumain les deux traductions françaises qui nous semblent assez réussies (limb ă prin elaborare et limb ă prin distan ț are), tout en conservant dans la définition les emprunts à l’allemand (limb ă Ausbau et limb ă Abstand), car les deux concepts font désormais partie du vocabulaire courant en sociolinguistique. 4. Conclusions ouvertes Les néologismes introduits dans notre dictionnaire se répartissent en trois catégories: ceux qui prédominent sont les néologismes morphologiques, suivis par les néologismes sémantiques et enfin par un pourcentage assez faible de néologismes par emprunt - bien que le roumain soit une langue peu puriste et assez ouverte aux innovations. Dans le cadre de notre travail, nous avons rencontré les problèmes qui ont toujours caractérisé l’histoire du roumain et que nos prédécesseurs ont également rencontrés en relatinisant notre langue. Ce qui a changé cependant, entre le XIX e et le XXI e siècle, c’est que le roumain du XIX e siècle a été surtout influencé par des terminologies à base italienne et française, tandis qu’aujourd’hui, en tout cas dans notre domaine d’étude spécifique, nous sommes les témoins d’une forte in- Cristina Ungureanu 72 fluence surtout anglaise mais aussi française grâce à une recherche et une terminologie sociolinguistiques hautement développées dans ces deux langues. Comme tous les domaines de spécialité, la sociolinguistique représente un terrain privilégié pour la néologie. Nous avons constaté qu’il s’agit vraiment d’une nécessité de procéder à la néologie pour avoir et donner l’accès à toute la recherche dans le domaine. Nous avons aussi constaté que la vitalité de notre lexique ne surgit pas uniqument de la quantité d’unités lexicales mais aussi des ajouts sémantiques apportés aux termes déjà présents dans la langue. Sans ce sens la langue nous a permis aussi d’ajouter un sens nouveau aux termes existants, suivant les procédés néologiques adopés par les créateurs des définitions dans les langues respectives. Pite ş ti Cristina Ungureanu Bibliographie Ammon, U. et al. 2004: Sociolinguistics / Soziolinguistik. An International Handbook of the Science of Language and Society / Ein internationales Handbuch zur Wissenschaft von Sprache und Gesellschaft, Berlin Ardeleanu, S.-M. 2007: *Condrea, I. 2007: Studii de sociolingvistic ă , Chi ş in ă u; LimbaR 17 (http: / / limbaromana.md/ index.php? go=articole&n=624) Avram, A. 2000: Pidginurile si creolele cu baza englez ă si francez ă ca tip particular de contact lingvistic, Bucure ș ti Avram, M. 1990: Ortografie pentru to ț i, Bucure ș ti Badulescu, S. M. 2005: Le renouveau des langues de spécialité. Enjeux linguistiques et pédagogiques, Bucure ș ti Berkai, A. 2007: Lexique de la linguistique français-anglais-berbère. 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