eJournals Vox Romanica 72/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2013
721 Kristol De Stefani

Caroline Prud’Homme, Le Discours sur le voyage chez les écrivains de la fin du Moyen Âge, Paris (Honoré Champion) 2012, 290 p. (Essais sur le Moyen Âge 54)

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2013
Philippe  Simon
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Caroline Prud’Homme, Le Discours sur le voyage chez les écrivains de la fin du Moyen Âge, Paris (Honoré Champion) 2012, 290 p. (Essais sur le Moyen Âge 54) Dans cet essai, reprise d’une thèse défendue en 2008 à l’Université de Toronto, C. Prud’Homme se donne pour but de mettre en évidence les enseignements de l’application de la notion de «discours sur le voyage» à certains éléments de l’œuvre d’Eustache Deschamps et de Jean Froissart. En introduction (13-39), l’auteure revient sur ce qui fait la spécificité de ce type d’écriture dans une culture à la fois marquée littérairement par la prégnance du récit de pèlerinage ou de la littérature d’exploration et, anthropologiquement, par l’expérience du voyage comme contrainte - «arrachement à la terre et à la famille, aux repères, aux habitudes, aux certitudes» (19). Pour C. Prud’Homme, le discours sur le voyage comme catégorie textuelle se comprend de la manière suivante: «Ces textes décrivent certains aspects d’une expérience de voyage, ils sont le fait d’écrivains et ont une dimension méta-discursive» (20). Cette définition large, qui s’oppose tant à celle du récit de voyage proprement dit qu’à celle de la littérature de circonstance, permet au surplus selon l’auteur de mettre en évidence l’existence de portions quelques fois brèves d’un tel discours dans une multitude de genres: au sein de la littérature viatique comme moment réflexif, mais également dans «le discours versifié, l’épistolaire, la chronique et les mémoires, la littérature didactique» (23). Au rebours de cette polyvalence, C. Prud’Homme établit son corpus de base par élimination drastique, écartant les œuvres d’Antoine de La Sale, Héraut Berry, Pierre Chastellain, Jean Régnier, Christine de Pizan, Jean le Bel, Philippe de Commynes ou Olivier de La Marche pour se concentrer sur celles d’Eustache Deschamps et de Jean Froissart. Sont retenus, pour le premier, une centaine de poèmes de voyage (ballades, chants royaux, rondeaux, virelais, épîtres en vers), pour le second, les récits de ses séjours en Béarn et en Angleterre (aux troisième et quatrième livres des Chroniques) ainsi que le Dit dou florin - seuls textes, selon C. Prud’Homme, aptes à répondre aux critères du discours sur le voyage: «comporter un développement minimal sur le voyage en question, développement qui soit lié à l’expérience personnelle de l’auteur» (25). La première partie du livre (43-136) est consacrée à Eustache Deschamps. Le corpus retenu par C. Prud’Homme s’articule autour de quelques voyages du poète : séjours à Bruges, en Bretagne, à Calais, en Lombardie, campagnes de Flandre, mission diplomatique en Europe de l’Est, etc. . . . La mise en forme du discours sur le voyage est tout d’abord analysée sous l’angle d’une poétique de la ville (57-76), qui permet de mettre en évidence une rhétorique de l’adieu jouant alternativement du modèle de la departie courtoise (la ville aimée, celle que l’on quitte, est exaltée selon un canon proche de la laudatio puellae) et du registre de la bonne vie: «Adieu Paris, adieu petiz pastez» (bal. 871, v. 8): les plaisirs de la table bientôt oubliés postulent, par renversement, la possibilité d’un motif dysphorique que l’on verra émerger au sujet de cités ennemies - par exemple Gand, «racine de toute traison» (bal. 94, v. 2). Les pièces des campagnes de Flandre offrent par ailleurs à C. Prud’Homme la possibilité de mettre en exergue les interventions réflexives d’Eustache Deschamps aux prises avec la res militaria (77-106): celles-ci se manifestent principalement sous l’angle des récriminations d’un poète dans l’inconfort matériel, et ces critiques ont «trait à quelques réalités bien ciblées: la nourriture et le logement, les bruits inquiétants et le climat» (82). Bien entendu, cet appareil rhétorique, à l’œuvre entre autres dans le jeu avec le destinataire qu’il met en scène dans les envois, participe chez Deschamps d’un dessein argumentatif destiné à améliorer sa propre situation. Le champ de bataille n’est toutefois pas le seul lieu offrant au poète l’occasion de se plaindre - et de se montrer le faisant: à lire le chapitre que C. Prud’Homme lui consacre (107-27), l’altérité en soi semble y suffire. L’exotisme (des climats, des hommes, des langues, des coutumes) et les dangers inhérents à tout voyage 355 Besprechungen - Comptes rendus semblent construire des données intégralement négatives aux yeux de Deschamps. À preuve, les pièces consacrées à la mission diplomatique qu’il mène en Bohême et en Moravie entre janvier 1397 et juillet 1398: constellées de marques d’indignation quant à l’alimentation ou à l’hygiène des lieux visités - vituperatio que renforce évidemment la louange de la «coustume de France» -, elles montrent, encore une fois, un «poète [qui] représente le voyage comme une souffrance pour le corps» (126). On a donc chez Eustache Deschamps, «voyageur bien malgré lui» (136), l’expression, tout à fait caractéristique du Moyen Âge selon C. Prud’Homme, d’un ressenti négatif de l’expérience viatique. La seconde partie du livre (139-233), consacrée à Jean Froissart, montre, par opposition à un Deschamps presque unanimement plaintif, un voyageur d’un type sensiblement différent, «héros de ses Chroniques» (244) - la construction de cette image, comme le montre C. Prud’Homme dans une première étude (139-52), participant aussi à la mise en place d’une rhétorique de validation du discours: «je Jehan Froissart, acteur de ceste istoire», la formule est récurrente chez lui. Le chapitre suivant (153-91) est centré sur le voyage du chroniqueur de Pamiers à Orthez et son accueil à la cour de Gaston III de Foix-Béarn (Gaston Fébus). L’accent de l’analyse est ici porté sur deux constructions auctoriales. Premièrement - retournant par là au thème de la rhétorique de validation - sur celle qui voit Froissart se mettre en scène en tant qu’enquêteur, ce qui donnera lieu à la mise en évidence de plusieurs types de structures dialogiques au gré des conversations que le chroniqueur entretiendra avec ses compagnons de route sur les prouesses militaires du comte ou sur la mort mystérieuse de son fils: «[r]écit de voyage, ce texte est aussi voyage au cœur des sources des chroniques, dans ce cas-ci, les discours des interlocuteurs de Froissart, le chevalier Espan de Lion, un écuyer de la maison de Foix, et le Bascot de Mauléon, capitaine de compagnie» (153). Autre construction auctoriale analysée, celle de Froissart en situation de performance, lorsqu’il se montre, dans les Chroniques mais aussi dans le Dit dou florin, lisant son roman arthurien, Méliador, à Gaston de Foix. L’entremêlement de ces constructions permet à C. Prud’Homme de préciser, dans le droit fil des analyses de William Calin, la diffraction à laquelle l’image de l’auteur est soumise: «Froissart chroniqueur se rend à la cour de Gaston de Foix pour rechercher des informations, Froissart auditeur écoute les récits de ses informateurs, Froissart romancier-poète apporte avec lui son Méliador, Froissart écrivain lit son roman et rédige ses chroniques» (184). Appuyée ici sur des fonctions, cette diffraction peut aussi s’envisager sur le mode de la temporalité: c’est le propos du chapitre suivant (193-215), consacré au voyage qu’effectue Froissart en 1395 en Angleterre. Séjour marqué du sceau de la nostalgie, puisque c’est à la cour anglaise, sous la protection de Philippa de Hainaut, épouse d’Edouard III, que Froissart fit ses débuts d’écrivain, à partir de 1361. C. Prud’Homme analyse ici le jeu des analepses qui, dans les Chroniques, esquissent le cadre dans lequel Froissart s’inscrit en témoin quelque peu déçu de la cour contemporaine de Richard II, mais surtout en homme à la recherche de sa propre jeunesse: l’enquête fait ici place à la quête d’un temps révolu. Un dernier chapitre (217-33) permet à C. Prud’Homme d’ouvrir deux débats. Le premier porte sur les différences, en termes de techniques narratives, qui opposent les deux récits de voyages - entre autres choses, le béarnais manifeste un entremêlement des temporalités, alors que l’anglais postule «un véritable décalage entre le passé et le présent» (220), dans lequel on pourrait d’ailleurs voir le véhicule de la nostalgie. Un second débat porte sur la spécificité de la figure de l’auteur chez Froissart, qui diffère de ce que l’on pourrait trouver chez un Boccace ou chez un Chaucer en particulier par l’accent mis par le chroniqueur sur «[l]’évocation . . . de l’acte d’écriture» (228). En conclusion (235-46), C. Prud’Homme remet Deschamps et Froissart face à face. Elle reprend ici ce qui oppose les deux auteurs en termes d’attitude face au voyage, mais surtout ce qui les rapproche: des imaginaires de l’espace similaires, une même appréhension de cet 356 Besprechungen - Comptes rendus espace en fonction de son utilité pour l’homme, etc. . . . Mais c’est une autre ressemblance encore qui paraît devoir apporter le plus de poids à l’étude de C. Prud’Homme: celle qui voit l’élaboration chez Deschamps et Froissart de pratiques semblables lorsqu’il s’agit d’enquêter sur l’Autre, et qui fondent sur le témoignage direct - choses vues, choses entendues - la condition de leur accès à la vérité. C. Prud’Homme offre ici une étude serrée de la manifestation de la figure de l’auteur dans le cadre viatique; les analyses des pièces de Deschamps et Froissart, si elles cèdent quelques fois au descriptif, soutiennent cependant dans leur ensemble des vues assurées sur la problématique choisie. Une remarque cependant: il eût été porteur de s’attarder sur la porosité de la notion même de «discours sur le voyage», plutôt que d’en faire une notion aussi close sur elle-même. La question de la nature, explicite ou implicite, de la réflexivité qui peut s’y manifester, devrait être posée: de la réponse qui sera donnée dépendra un élargissement de la thématique, ainsi que du corpus qui pourra y être attaché. De même, par la possibilité de son inscription au sein d’éléments textuels autres et englobants, le discours sur le voyage nous semble devoir générer des effets de transition qui, une fois reconnus, incitent eux aussi à ouvrir son champ d’application. Philippe Simon ★ Philippa Ji-hyun Kim, Pour une littérature médiévale moderne. Gaston Paris, l’amour courtois et les enjeux de la modernité, Paris (Champion) 2012, 218 p. (Essais sur le Moyen Âge 55) L’amour courtois è un tema che, per quanto sfuggente nella sua definizione ultima e enigmatico nella sua fattualità storica, non smette di appassionare i critici che da oltre un secolo gli dedicano le loro riflessioni, talora, a dire il vero, con risultati non pari alla tenacia profusa. Il libro che qui presentiamo s’iscrive precisamente entro le indagini che intendono far luce sul concetto di amour courtois precisamente attraverso lo scavo dell’ambiente culturale, filosofico e sociale che gli diede i natali. La ricerca, che si muove sulla scorta del filone di studi inaugurato da Ursula Bähler, allarga i propri orizzonti fino a esplorare le radici della disciplina accademica professata da coloro (o meglio da colui, Gaston Paris) che precisarono i confini e i contenuti dell’amor cortese, nonché i rapporti tra la filologia romanza ed i movimenti romantici e decadentisti. L’autrice si è formata negli atenei coreani ma si è perfezionata ad Harvard e a Parigi ed oggi è docente nelle università statunitensi; il libro è il frutto della sua tesi di dottorato. L’indagine si divide in quattro capitoli. Il primo di essi esplora il movimento decadentista, e il decadentismo in quanto concetto filosofico professato da ambienti e circoli parigini che ebbero intensi contatti, intellettuali e umani, con Gaston Paris: ne emerge un profilo del padre della filologia romanza decisamente nuovo, di cui Kim non si priva di sottolineare le contraddizioni, le pulsioni, le passioni sentimentali, ma anche i più carnali desideri. Il secondo capitolo introduce il lettore nel salotto letterario e artistico del fondatore della rivista Romania, ed in particolare ne analizza le relazioni umane e culturali con de Bourget, teorico del decadentismo letterario, e soprattutto con Sully Prudhomme, poligrafo premiato, tra critiche e polemiche, con il primo Nobel per la letteratura. L’autrice qui segue dappresso la tesi secondo cui nell’elaborazione della concezione amorosa avrebbe giocato una parte importante, l’amicizia personale tra Paris e Prudhomme, il rapporto nato cioè tra due uomini egualmente frustrati nei loro desideri personali, e sempre anelanti a un nostalgico, e dunque irraggiungibile, amore idealizzato. Rispetto alla struttura complessiva del volume, stona però un po’ aver dedicato un cospicuo numero di pagine (una quindicina 357 Besprechungen - Comptes rendus